1943

LA LUTTE de CLASSES  - n° 10
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
Organe du Groupe Communiste (Quatrième Internationale)


Barta

28 février 1943


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"Fils du peuple travailleur... je m'engage d'orienter toutes mes pensées et toutes mes actions vers la grande fin de l'émancipation des travailleurs et de ne ménager ni mes forces ni ma vie pour la République des Soviets, le socialisme et la fraternité des peuples". (Serment de l'Armée Rouge rédigé par Trotsky).


LES VICTOIRES DE L'ARMEE ROUGE SERONT LES VICTOIRES DU SOCIALISME
SI LES OUVRIERS DES PAYS CAPITALISTES D'EUROPE
ACCOMPLISSENT LA REVOLUTION PROLETARIENNE

La victoire de l'URSS aide à la victoire du prolétariat mondial

Les ouvriers de tous les pays ont salué avec joie le 25ème anniversaire de l'Armée Rouge dont les victoires ont sauvegardé (sur le territoire resté soviétique ou reconquis par l'URSS) l'économie planifiée de l'Union Soviétique.

Tous les travailleurs, quelles que soient leurs convictions politiques et leurs méthodes d'action, savent que l'économie planifiée, conquête principale de la Révolution prolétarienne d'Octobre 17, est l'objectif suprême de la classe ouvrière pour mettre fin aux maux engendrés par le capitalisme. Tous les travailleurs donc, sauf les traîtres à leur classe, sont du côté de l'URSS dans sa lutte contre l'armée capitaliste allemande.

En faisant obstacle à la restauration du capitalisme en URSS par les armes, l'Armée Rouge a accompli et continue à accomplir sa mission. Mais la lutte entre l'Allemagne impérialiste et l'URSS n'est pas un conflit isolé auquel assiste le reste du monde. La guerre à l'Est, quelle que soit son importance militaire aussi bien pour les alliés que pour les puissances de l'Axe, met en présence des INTERETS DE CLASSE opposés : d'une part le capitalisme pourrissant essayant de se survivre, d'autre part l'économie planifiée de la dictature du prolétariat.

Or, quelle est la cause, la base de cette deuxième guerre impérialiste mondiale ? L'impossibilité pour le capitalisme de maintenir sa domination sur le globe sans réduire le prolétariat et tous les peuples à une exploitation renforcée.

Les ouvriers savaient cela dès avant la guerre – ceux qui ne le savaient pas, l'ont compris depuis –. Peut-on donc croire, à moins de se payer de mots pour se soustraire à la nécessité d'agir, que le monde capitaliste et l'économie planifiée de l'URSS pourront encore subsister côte à côte AU-DELA de cette guerre ? Si les capitalistes de Londres et de Washington sèment cette illusion parmi les ouvriers en parlant de pactes d'amitié de vingt ans (!!) (chiffons de papier) avec l'URSS, c'est pour cacher aux exploités la nature du brigandage de la guerre qu'ils mènent et pour leur faire croire que la capitulation des puissances de l'Axe mettrait fin à la guerre.

En réalité, à travers les conflits militaires et les alliances changeantes, le véritable enjeu est le suivant : ou bien renforcement de l'exploitation capitaliste sur tout le globe, donc destruction de l'économie planifiée de l'URSS, ou bien renversement du capitalisme par la révolution prolétarienne établissant les Etats-Unis socialistes d'Europe qui tendront une main fraternelle à l'URSS pour lutter ensemble pour les Etats-Unis Socialistes du monde.

La lutte est une lutte mondiale et la victoire pour l'URSS signifie tout autre chose que seulement des victoires militaires. La tâche de défendre l'URSS par les armes a été remplie avec succès par l'Armée Rouge, mais la tâche de renverser le capitalisme sur les 5/6 du globe ne peut être accomplie que par la révolution prolétarienne dans les pays impérialistes, révolution facilitée par les succès de l'Armée Rouge et qui doit soulever les peuples coloniaux (Chine, Inde, Afrique du Nord, etc...) contre l'impérialisme.

Le décret du Conseil des Commissaires du Peuple instituant l'Armée Rouge (12 janvier 1918) fait de celle-ci "le rempart du pouvoir des Soviets... et l'appui de la prochaine révolution socialiste d'Europe".

La bureaucratie à la rescousse de Hitler

"L'ennemi a été battu, mais non vaincu" proclame Staline dans son ordre du jour à l'occasion du 25ème anniversaire de l'Armée Rouge. Depuis que la bureaucratie, qui a un bœuf sur la langue, utilise une phraséologie destinée à masquer les intérêts de classe, les ouvriers ne peuvent plus comprendre le "pourquoi" des événements. Qu'est-ce que cet "ennemi" battu mais non vaincu? Toute armée est une armée de classe ! L'armée allemande est une armée capitaliste parce que les ouvriers et les paysans revêtus de l'uniforme du Reich sont trompés ou contraints à se soumettre au corps des officiers, instrument, comme le parti nazi, du capitalisme allemand. Pourquoi les défaites subies par cette armée en URSS n'ont-elles pas séparé les soldats des officiers, les exploités des exploiteurs ? L'unique raison en est que la bureaucratie soviétique, par sa diplomatie secrète avant la guerre et par sa politique pendant la guerre a détourné le prolétariat international de la révolution prolétarienne pour sauver sa domination politique incontrôlée et sa situation économique privilégiée au sein de la société soviétique. Prétendant défendre les intérêts soi-disant "nationaux" de l'URSS, elle espère maintenir le statu-quo de ses privilèges dans un monde déchiré par les contradictions inter-impérialistes.

C'est ainsi que la bureaucratie laisse dans l'ombre la différence essentielle, de classe, entre l'Armée Rouge et les armées impérialistes : là où l'Armée Rouge avance, comme en Finlande, en Pologne, dans les pays baltes, en Roumanie, la bureaucratie, parce que son existence dépend encore de l'économie planifiée de l'URSS, doit introduire l'économie planifiée à la place de l'économie capitaliste, doit par conséquent exproprier les capitalistes et les propriétaires fonciers, doit donc transformer les rapports entre la bourgeoisie et le prolétariat en faveur de ce dernier, quoiqu'elle exerce en même temps sur celui-ci sa lourde tutelle politique et économique ; par contre, là où l'armée impérialiste allemande a avancé en URSS, elle a ouvert la voie à la domination du capital financier allemand, c'est-à-dire à l'industrie et à la banque privées de l'Allemagne. Les sovkhozes et les kolkhozes (collectivités agricoles) sont abolis et leurs membres expropriés en faveur d'une infime minorité capitaliste, l'industrie nationalisée de l'URSS tombe sous la domination des trusts allemands.

Tant que les ouvriers et les paysans allemands n'auront pas compris que la cause pour laquelle ils versent leur sang est celle des capitalistes leurs exploiteurs, ils continueront à suivre leurs dirigeants qui prétendent les avoir émancipés réellement par la destruction du traité de Versailles, en les transformant en geôliers de l'Europe. Mais la claire intelligence de leur situation ne peut leur venir ni de la bureaucratie soviétique et ses instruments dans les pays européens (partis se prétendant communistes) ni des radios impérialistes "démocratiques", qui ont comme objectif la capitulation sans conditions des peuples devant l'impérialisme. Et tant que les ouvriers et les paysans allemands n'auront de choix qu'entre Hitler et l'impérialisme "démocratique", ils resteront impuissants à se débarrasser du fascisme et son soutien, le capitalisme allemand. Tant qu'ils resteront impuissants, l'URSS ne pourra pas vaincre l'Allemagne impérialiste.

La victoire du prolétariat mondial peut seule sauver l'URSS

Le caractère de classe de l'URSS explique pourquoi les derniers succès de l'Armée Rouge ébranlent le capitalisme européen en créant une situation favorable pour la lutte des masses en Europe. Mais d'autre part, la bureaucratie soviétique, utilisant les restes de son influence dans les pays capitalistes, fait tout ce qu'elle peut pour détourner les masses d'une activité révolutionnaire indépendante.

En 1918, entourés de toutes parts d'ennemis capitalistes sur un territoire très restreint, les Soviets furent en grand danger. Cependant ils vainquirent, car la politique révolutionnaire de Lénine et de Trotsky fut adoptée par les masses exploitées qui provoquèrent la chute ou l'affaiblissement du capitalisme en Russie et dans le monde. Inversement, aujourd'hui l'Armée Rouge peut vaincre, mais l'URSS succombera en tant qu'Etat ouvrier si le capitalisme sort indemne de cette guerre. L'absence prolongée d'une activité révolutionnaire dans les pays capitalistes ouvrant la voie vers le socialisme, aurait pour conséquence inévitable, quelle que soit la situation au front, une contre-révolution capitaliste en URSS.

Nous n'avons aucune raison de penser qu'il en sera ainsi, tout au contraire. Dans la phase actuelle de la guerre, les succès de l'Armée Rouge sont un appui inestimable pour les ouvriers des pays capitalistes d'Europe dans leur lutte contre leurs exploiteurs. Des succès plus grands encore mèneraient sûrement à des explosions révolutionnaires sur le continent. Mais cela à une seule condition, c'est que les ouvriers adoptent un programme révolutionnaire établi sur l'expérience du mouvement ouvrier de tous les pays et rompent résolument avec tous les impérialismes et tous les opportunistes qui les servent au sein de la classe ouvrière.

La IVème Internationale appelle tous les ouvriers conscients qui ne veulent pas se laisser écraser par le capitalisme fauteur de guerre et de misère, à étudier, à discuter et à essayer l'efficacité pratique des idées contenues dans son programme révolutionnaire, notamment dans le "programme de transition" élaboré à son Congrès de 1938, et dans les thèses sur la guerre publiées par son Secrétariat international en 1934. Les ouvriers conscients en tireront les leçons pour leurs luttes à venir. Les militants de la IVème Internationale ne prétendent pas "diriger" les masses, mais les mener à se pénétrer de la conscience de leurs propres intérêts et lutter avec elles pour renverser le capitalisme. Ainsi l'émancipation des travailleurs qui est le but suprême de la Quatrième Internationale, sera L'ŒUVRE DES TRAVAILLEURS EUX-MEMES !


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