1947

Série de tracts ronéotés recto-verso
Parution toutes les deux semaines
Il s'agit de la période précédant directement le déclenchement de la grève Renault d'avril 47


La voix des travailleurs de chez Renault nº 4

Barta

1er avril 1947


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CHRONOMETRAGES

Les temps d'avant guerre sont nettement insuffisants d'autant plus que les machines se sont usées, certaines ont été détériorées par les bombardements. D'autre part un ouvrier de 1947 ne peut soutenir la même cadence qu'un ouvrier de 1938 car la nourriture d'aujourd'hui est loin d'être ce qu'elle était avant-guerre. Les privations de 5 années de guerre ont usé nombre d'ouvriers dont beaucoup furent déportés ou prisonniers. Enfin, on ne peut tenir pendant 45, 54 et même 60 h. la même cadence que l'on tenait pendent 40 h.

Dans de nombreux endroits en attendant les nouveaux chronométrages, les contremaîtres ont alloué des suppléments qui sont payés par des bons chamois.

Depuis que ce système existe il aurait été juste de revendiquer l'homologation des suppléments à l'exception de quelques cas particuliers.

La C.G.T. qui a toujours capitulé sur les revendications de salaire met en avant la révision des chronométrages. Or nous savons que lorsque les chronos descendent c'est pour saboter les temps et non pour les augmenter. Effectivement les temps officiels d'avant-guerre sont augmenté mais les temps réels sont diminués. Ainsi un temps qui était de 4' et qui bénéficiait d'un supplément de 4' ce qui le portait à 8' est chronométré à 6' soit une perte de 2'.

Comment se défend la direction ? Elle dit : " Actuellement vous marchez à 75 et 80' dans l'heure, c'est anormal. Nous allons diminuer les temps pour les ramener à 60'.  Mais nous augmenterons le taux minute. Or les temps actuels ont été établis sur la base de 60' et non de 80'. Si nous faisons 80' et plus dans l'heure (130 et 135%) c'est que nous avons poussé notre cadence au maximum.

Baisser les temps est un vol manifeste qui consiste à nous imposer la cadence maximum comme temps normal.

Le temps maximum il y a un an (70' dans l'heure) deviendra un temps coulé alors que le temps maximum d'aujourd'hui deviendra un temps minimum.

La direction a d'ailleurs d'autres moyens de diminuer les temps. Ainsi dans certains travaux, on établissait des bons toutes les 100 pièces. Chaque opération bénéficiait donc d'un montage toutes les 100 pièces. Maintenant on établit des bons pour 500 et même 1000 pièces avec un seul montage.

De cette façon on arrive à voler une heure et plus à chaque ouvrier sur une journée de 8 heures. Si la révision des chronométrages n'a amené aucune amélioration pour l'ensemble des ouvriers, par contre dans beaucoup d'endroits elle a entraîné une diminution de salaire ou, pour un salaire équivalent, une augmentation de la cadence.

A l'artillerie à la suite d'une descente des chronos les salaires qui étaient de 62 a 68 frs. sont descendus à 54 frs. ce qui a provoqué le débrayage.

Ainsi la révision des chronométrages, revendiquée par la C.G.T., se retourne contre nous.

Le travail au rendement sous toutes ses formes est une vaste duperie. Quand nous revendiquons un meilleur salaire, une journée de travail plus courte, le patronat se défend. Mais dès que nous cessons la lutte, non seulement la bourgeoisie ne nous augmente pas mais encore elle nous attaque sans cesse. Elle cherche à nous embrouiller dans un tas de combines qui n'ont qu'un but : augmenter notre travail et diminuer notre salaire.

Aux combines patronales du travail aux pièces et au boni, la C.G.T. oppose les combines du salaire progressif et des primes à la production. Nous les ouvriers, nous rejetons toutes les combines et revendiquons un salaire minimum vital indépendamment de la cadence réalisée.


A BAS LE SALAIRE AU RENDEMENT

Pétition au secteur Collas La liste de pétition réclamant une augmentation de 10 frs. de l'h. a circulé dans la moitié du département 6 (secteur Collas) et a recueilli 307 signatures. Partout où les listes ont été présentées elles ont recueilli la grosse majorité des signatures. Dans certains ateliers nous n'avons pas pu faire circuler les listes, dans d'autres n'ayant pas été surveillées, elles ont été subtilisées. Néanmoins la revendication étant appuyée par une majorité d'ouvriers, des camarades l'ont portée au délégué Facompré qui a pris l'engagement de poser la revendication à la direction accompagné par des signataires de la pétition.

Si la premiére pétition au sujet de la prime a pu être étouffée, les délégués ont été obligés de tenir compte de la seconde car ils ne peuvent à l'infini passer outre la volonté de la majorité. Néanmoins nous ne devons pas nous faire d'illusion sur l'appui des délégués. En effet, Facompré ne déclarait-il pas le jour du débrayage ? : "10 frs. vous ne les aurez pas". Nous posons alors la question : "Lorsque la CGT a mis en avant le minimum vital (10 frs. de l'heure sur le taux de base) était-ce de la démagogie, puisque vous les délégués, vous n'y croyez pas ?".

Nous savons que la direction ne nous donnera pas les 10 frs.

C'est par notre combattivité et notre action organisée que nous ferons plier la direction. Nous n'attendons pas qu'on nous donne les 10 frs. Nous entendons les imposer par notre lutte.


Où sont les diviseurs ?

Dans tous les secteurs de l'usine où il y a eu des débrayages, la direction s'est employée à les briser et à les étouffer. Lorsque mardi dernier les " responsables" syndicaux ont annoncé que l'on quitterait à 5 h. de nombreux ouvriers ont réagi en disant : " vous avez saboté notre mouvement nous n'iront pas à votre manifestation". Certains allèrent à la manifestation, la plus grande partie quitta à 5 h. mais rentra directement à la maison. D'autres arrêtèrent à 5 h. pour ne pas agir en jaunes mais restèrent a leur machine pour marquer leur désapprobation vis à vis de manifestations de parade. D'autres enfin, moins conscients, continuèrent à travailler. C'est ainsi en lançant des mots d'ordre anti-ouvriers tels que les primes a la production et en brisant les mouvements revendicatifs, les"dirigeants" syndicaux brisent l'unité ouvrière.


Aux essieux.

Les ouvriers désertent de plus en plus la CGT et chaque mois les collecteurs enregistrent de nouveau refus de payer le timbre. Aussi, les délégués soumettent-ils les réfractaires à un interrogatoire en règle sur les raisons de leur démission. La semaine dernière pour se venger de certains, ils ont chronométré le temps qu'ils passalent au WC la journée durant afin de pouvoir les faire mettre à la porte. Et ceci ouvertement.

Est-ce ainsi que nos délégués espèrent faire rentrer les timbres ?


A bas les 48 heures !

Il est question de nous faire travailler 48 heures par semaine. Nul doute qu'au nom du mot d'ordre "produire" la section syndicale laisse passer la chose.

Il ne faut pas que nous nous laissions faire. Voici les chaleurs, le travail sera plus pénible.

Les salaires sont bas ? Mais ce n'est pas 3 heures de travail supplémentaire qui nous ferons boucler notre budget. Il nous en manque plus que cela. Mais ce sera 3 h. de plus à passer dans le bagne Renault, et un peu moins de repos et de liberté.

A bas les heures supplémentaires ! Un salaire suffisant pour un travail décent !  


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