1948

Bulletin du SYNDICAT DEMOCRATIQUE RENAULT – Numéro spécial


QU'EST-CE QUE LE S.D.R. ?

Barta

8 juin 1948


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QU'EST-CE QUE LE S.D.R. ?

Les élections générales de délégués doivent avoir lieu sous peu dans l'usine.

Aux dernières élections, il y a un an, le S.D.R., qui venait de se créer, n'avait pas pu poser sa candidature. Car, selon la loi Croizat alors en vigueur, seules les organisations reconnues "représentatives", en l'occurrence la C.G.T. et la C.F.T.C., pouvaient présenter des candidats, le scrutin étant la liste unique et majoritaire.

C'est ainsi que les dirigeants du comité de grève de mai, qui fondèrent le S.D.R., furent évincés des élections et que la C.G.T., malgré le discrédit qui pesait sur elle à la suite de son sabotage criminel de la grève, vit passer l'ensemble de ses candidats, même dans les départements où elle n'avait recueilli qu'un nombre dérisoire de voix.

Pendant des mois le S.D.R. a mené campagne pour la suppression de toutes les restrictions bureaucratiques et patronales aux élections de délégués. Il s'est élevé contre les lois faites pour entraver le libre choix des ouvriers et selon lesquelles les délégués n'étaient pas responsables envers les ouvriers, mais liés aux organisations qui les avaient portés sur les listes, et au patronat qui reconnaissait ces organisations "représentatives".

Il a réclamé le retour à la loi de 1936, c'est-à-dire les élections par département, tous les ouvriers du rang pouvant poser leur candidature, et les délégués élus devant être révocables par un simple vote local des ouvriers.

Les autres organisations syndicales, la C.G.T. en premier, ont fait obstruction à ces demandes.

Aujourd'hui encore, les élections sont régies par les mêmes lois qu'il y a un an, sauf une modification, le scrutin n'étant plus majoritaire, mais à la proportionnelle. Aujourd'hui encore, la direction, avec la complicité des bureaucrates syndicaux, voudrait empêcher que le S.D.R. puisse poser sa candidature, en contestant sa "représentativité". Cependant, ce ne sont ni le patronat ni son inspection du travail qui doivent décider de la représentativité des organisations ouvrières, mais les ouvriers eux-mêmes.

Car il suffit de faire le bilan d'une année de lutte du S.D.R. pour comprendre que la direction vise les ouvriers en s'opposant à la représentativité du S.D.R., malgré le jugement récent rendu en notre faveur par la justice de paix de Boulogne (ô respect des lois !).

Le S.D.R. a lutté dès le mois de mai 1947 pour un salaire minimum vital (les 10 frs. sur le taux de base revendiqués par le comité de grève) et garanti par l'échelle mobile des salaires. Ce sont les dirigeants cégétistes qui ont saboté cette revendication en faisant reprendre le travail avec 3 francs de "prime".

Le S.D.R. a lutté pour une baisse effective des prix, en proposant, dès le mois de septembre de l'année dernière, une action aux représentants cégétistes du Comité d'entreprise pour l'ouverture des livres de comptes de la régie dans le but de faire baisser le prix des voitures. Ceux-ci se refusèrent de prendre en considération la démarche du S.D.R.

Le S.D.R. a lutté contre les brimades et fait régner à Collas un régime de liberté inconnu auparavant en usine. Il a défendu le droit syndical, bien avant les cégétistes (qui demandaient à la direction et au gouvernement de prendre des sanctions contre les militants ouvriers), en réclamant dès le mois d'août 1947 le paiement d'une heure par mois sur le temps de travail pour les réunions syndicales, celles-ci devant avoir lieu dans les locaux de l'usine.

Le S.D.R., bien que n'ayant pas de représentants du Comité d'entreprise, a été le premier et le seul à dénoncer et à mener une action contre les abus des cantines (août 1947).

Il a été le premier et le seul à dénoncer le système des primes et du travail au rendement, défendu à outrance par la C.G.T. et qui donne aujourd'hui ses tristes résultats.

Le S.D.R. a mené le combat dans une multitude d'actions revendicatives locales : chronométrages, acomptes sur la paye, manifestations, etc.

Après la grève de mai, le S.D.R. s'est efforcé de généraliser le mouvement tant qu'il était temps encore, pour éviter les mouvements fractionnés. La C.G.T. sabota le mouvement déclenché par les ouvriers de Collas le 15 octobre 1947 (au moment de la grève générale du métro) ; elle empêcha aux départements 7 et 49 un vote pour ou contre la grève d'avoir lieu.

En novembre 1947, quand la C.G.T. déclara, à l'improviste, une grève antidémocratique, le S.D.R. appela les ouvriers à soutenir le mouvement et à être présents à l'usine pour prendre, eux-mêmes, tous ensemble, les décisions qui s'imposaient. Mais les bureaucrates cégétistes exclurent du Comité central de grève les militants du S.D.R., pour mieux garder le monopole incontrôlé d'un mouvement qu'ils ont mené à l'échec.

Le S.D.R. s'est toujours fait le défenseur des ouvriers, indépendamment de leur appartenance syndicale. Il a soutenu, face à la direction patronale, l'unité et la dignité des ouvriers.

L'action et l'attitude du S.D.R. expliquent l'acharnement qu'a mis la direction, avec la complicité des bureaucrates syndicaux, à nous refuser la "représentativité", c'est-à-dire le droit d'assister aux discussions avec la direction, de présenter des délégués, etc.

La direction cherche par tous les moyens à empêcher la candidature du S.D.R. aux prochaines élections. Elle s'est acquis pour cela la complicité des bureaucrates syndicaux ; la C.G.T. conteste la représentativité du S.D.R., non celle de F.O., "frère ennemi".

Mais des élections auxquelles le S.D.R. ne pourrait pas participer seraient d'avance entachées d'illégalité.

Il faut imposer le respect de la démocratie ouvrière ! Il faut imposer le libre choix des délégués. Après toutes ces dernières expériences, les ouvriers ne peuvent sous-estimer l'importance, pour eux, d'avoir des représentants qui ne soient pas les délégués des vieilles bureaucraties syndicales, mais les délégués des ouvriers.

En votant pour les délégués du S.D.R., les ouvriers remporteront une victoire sur la direction !

Votez pour la liste S.D.R. !


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