1971

"L'histoire du K.P.D. (...) n'est pas l'épopée en noir et blanc du combat mené par les justes contre les méchants, opportunistes de droite ou sectaires de gauche. (...) Elle représente un moment dans la lutte du mouvement ouvrier allemand pour sa conscience et son existence et ne peut être comprise en dehors de la crise de la social-démocratie, longtemps larvée et sous-jacente, manifeste et publique à partir de 1914."


Révolution en Allemagne

Pierre Broué

1

De la guerre à la révolution - Victoire et défaite du gauchisme


V : La fondation du Parti Social-Démocrate Indépendant

USPD

En dehors de Borchardt, l'homme de Lichtstrahlen, Bertha Thalheimer et Ernst Meyer pour Internationale, deux autres social-démocrates allemands avaient pris part à la conférence de Zimmerwald, où ils avaient soutenu les thèses de la majorité que Lénine qualifiait de « centriste ». Georg Ledebour et Adolf Hoffmann, tous deux députés au Reichstag, étaient des figures bien connues de la gauche radicale dont ils avaient été souvent les porte-parole dans les polémiques d'avant guerre contre révisionnistes et réformistes. Contrairement à l'opinion de Franz Borkenau selon laquelle la guerre aurait provoqué des regroupements sur des bases entièrement nouvelles [1], les oppositions anciennes reparaissaient au lendemain d'août 1914, après quelques défections individuelles : les quatorze députés qui, le 3 août, avaient soutenu la position d'un vote hostile aux crédits militaires étaient dans la ligne même du bloc radical dont ils reflétaient l'attachement au programme d'Erfurt, et, en l'occurrence, l'hostilité de principe à l'État bourgeois excluant toute collaboration formelle des socialistes.

Mais l'ampleur des contradictions, aggravées par la guerre, les initiatives prises par Liebknecht, soulevaient des problèmes nouveaux et ouvraient des perspectives que l'ancien bloc de la gauche n'avait jamais envisagées. En refusant de s'incliner devant la discipline du parti, en lançant un appel à l'initiative des masses par-dessus sa tête, Liebknecht aboutissait à faire éclater le bloc radical. Il en avait d'ailleurs conscience, déclarant :

« Ce qu'il faut maintenant, c'est une agitation à l'extérieur et la clarification, non pas la recherche d'un accord sur une position médiane » [2].

La réaction des autres députés de l'opposition ne pouvait être que vive. A partir de la nuit du 1° au 2 décembre 1914 où Liebknecht se sépare de ceux qu'on appellera désormais les centristes, la polémique fait rage entre anciens radicaux. Pour Haase et ses amis, comme Ledebour et Adolf Hoffmann, Liebknecht se conduit en sectaire irresponsable, fournit à l'exécutif un prétexte à des sanctions qui ne peuvent que fausser l'optique des nécessaires débats internes. Liebknecht rétorque qu'en s'inclinant devant les décisions de l'exécutif les opposants qui se veulent loyaux s'en font les complices. Ce risque, les centristes l'acceptent : le parti, pour eux, demeure le parti, indépendamment de ses erreurs - et le vote du 4 août en est une, aggravée par de nouvelles erreurs « annexionnistes » - : c'est dans le parti, dans le respect de ses statuts et de ses traditions, que, pour eux, doit être conduite la lutte politique pour son redressement.

Une opposition loyale.

L'exécutif comprend parfaitement cette situation. Il a, pour le moment, besoin de conserver ces opposants décidés à ne pas faire de scandale. Il peut les utiliser pour tenter d'isoler Liebknecht et ses partisans, de les présenter comme des saboteurs de l'unité, des « ennemis du parti ». L'existence d'une opposition loyale est en effet un démenti à l'accusation de Liebknecht selon laquelle son acte d'indiscipline aurait été l'unique moyen d'exprimer son opposition. Aussi l'exécutif décide-t-il, le 3 février 1915, d'autoriser une certaine forme d'opposition publique, en permettant aux députés qui ne pourraient en conscience appliquer la discipline de vote, de s'absenter au moment du scrutin [3]. Lors de la séance du Reichstag du 20 mars suivant, le député Otto Rühle rejoint Liebknecht et vote contre les crédits militaires, tandis que les amis de Haase quittent la salle avant le vote [4].

Tandis que les majoritaires mettent l'accent sur le caractère patriotique de la guerre, la nécessité de la paix civile pour assurer la défense nationale, les minoritaires centristes, eux, insistent sur la volonté de paix des social-démocrates, leur désir de chercher un compromis honorable et une paix sans annexions ni sanctions, leur attachement aux libertés démocratiques. Liebknecht et ses camarades refusent de jouer ce jeu et critiquent la thèse de la « paix sans annexions », qu'ils analysent comme la suite de celle du « désarmement général » de Kautsky avant guerre, une simple couverture de gauche de la politique de guerre des majoritaires.

Les événements semblent bien leur donner raison. Dès 1915, il est évident que la guerre s'est installée, que les dirigeants allemands ont un programme d'annexions, et que l'exécutif social-démocrate n'est pas près de le désavouer. Les atteintes aux droits démocratiques, la répression policière, la détérioration de la condition ouvrière facilitent la tâche de tous les opposants, et les centristes vont durcir leur critique et l'exprimer pour la première fois à la limite du parti. En mars, Haase et Stadthagen prennent la parole au Reichstag pour attaquer état de siège et censure, et le caractère anti-ouvrier de la politique intérieure. Ledebour dénonce l'oppression des minorités nationales dans les régions occupées [5]. Haase accuse la politique gouvernementale de creuser un fossé entre les classes. Ces critiques, qui font écho à un mécontentement grandissant, se situent encore dans le cadre de la politique de guerre : la thèse soutenue par Haase est qu'il faut corriger les abus qui risquent de porter atteinte au moral des défenseurs de la patrie [6].

Trois mois plus tard, devant l'affirmation ouverte des visées annexionnistes du gouvernement soutenues par l'exécutif - et pour éviter que Liebknecht ne se livre à une protestation solennelle -, les centristes se décident à faire un pas de plus à la suite de la protestation du 9 juin 1915 [7], dont le texte a été préparé par Liebknecht, Ströbel, Marchlewski, Ernst Meyer et d'autres [8]. De leur côté, Bernstein, Haase et Kautsky publient dans Leipziger Volkszeitung un véritable manifeste d'opposition loyale intitulé « Les Tâches de l'heure » [9]. Tout en s'abstenant de critiquer la position prise par le parti en août 1914, les trois déclarent en effet que le moment est venu, puisque la sécurité de l'Allemagne est assurée et ses frontières protégées, de mettre l'accent sur la partie du programme social-démocrate laissée jusque-là en retrait, mais plus que jamais d'actualité, la lutte pour le retour au statu quo d'avant 1914, par une paix sans annexions. Le texte évite toute allusion à la lutte de classes mais affirme que le parti doit refuser sa confiance au gouvernement Bethmann-Hollweg ; il propose au parti de prendre l'initiative d'une campagne pour la paix. Malgré le caractère anodin des propositions, le gouvernement s'inquiète : après tout, les trois hommes, ensemble, symbolisent tout le mouvement social-démocrate d'avant guerre. Leipziger Volkszeitung est suspendu [10]. L'exécutif, de son côté, fait mine de jeter du lest : le 15 décembre, Scheidemann interpelle le chancelier sur son programme d'annexions [11]. Le ton de son intervention, le contenu de la réponse de Bethmann-Hollweg donnent aux centristes le sentiment qu'il s'agit d'une comédie et que l'exécutif a déjà approuvé ce programme. C'est en tout cas ce qu'ils disent pour se justifier de rompre, à leur tour, la discipline : lors du vote des crédits militaires, le 29 décembre 1915, vingt-deux députés social-démocrates quittent la séance pour ne pas voter, mais vingt y restent, et votent contre [12].

La première brèche sérieuse vient de se produire entre l'exécutif et l'opposition loyale. Celle-ci, le 29 décembre, publie une déclaration dans laquelle elle justifie l'attitude des députés opposants au Reichstag par le fait que, les frontières étant désormais en sécurité, il ne saurait être question, conformément à la tradition du parti, de faire confiance à ce gouvernement pour mener une politique de paix [13]. L'exécutif, pour sa part, riposte le 12 janvier par l'exclusion de Liebknecht du groupe parlementaire, menace non déguisée contre les autres indisciplinés [14]. Or les signes se multiplient d'un mécontentement croissant dans les rangs du parti : le Zentralvorstand du Grand Berlin approuve par 41 voix contre 17 la déclaration de la minorité, Ledebour la fait approuver à une large majorité par 320 responsables du parti de la 6° circonscription de Berlin. Des votes semblables ont lieu à Leipzig, à Halle, à Brême [15] : une partie de l'appareil semble rejoindre l'opposition loyale. C'est que son audience au sein de la classe ouvrière l'exige. Haase, que sa profession d'avocat met en contact quotidien avec la réalité de la répression, est décidé à ne plus faire désormais aucune concession sur la question des libertés publiques [16] : le 24 mars 1916, il prononce au Reichstag un violent discours contre l'état de siège et la minorité vote avec lui contre son renouvellement [17]. La réplique est immédiate : la fraction les exclut par 58 voix contre 33 [18].

Vers la scission du parti.

Les trente-trois députés exclus constituent au Reichstag un « collectif de travail social-démocrate » (Sozialdemokratische Arbeitsgemeinschaft [19]) : la scission du groupe parlementaire est acquise. Il y a toujours en principe un seul parti, mais en fait deux groupes parlementaires, et trois tendances.

Révolutionnaires et pacifistes ne semblent pas près de s'entendre : Liebknecht, depuis décembre 1915, est tenu à l'écart par les députés qui constituent maintenant le collectif [20]. Au cours d'une entrevue qui a lieu à Neukölln, ils refusent de s'associer à la manifestation qu'il prépare avec ses camarades pour le 1° mai [21]. A Brême, le député Henke, membre du groupe Haase, rompt avec Knief et Frölich qui se préparent à fonder Arbeiterpolitik [22]. Les premières lettres de Spartakus contiennent de violentes attaques contre les centristes. C'est que, désormais, les deux oppositions se concurrencent, l'une comme l'autre cherchant à élargir ses assises dans le parti [23].

Les initiatives de l'exécutif vont les rapprocher. A partir de mars, celui-ci déclenche en effet une violente campagne de reprise en main des organisations : elle culmine en septembre avec la tenue d'une conférence nationale sur le thème de l'unité du parti. En octobre, les autorités militaires confisquent le Vorwärts, bastion des centristes autour de Hilferding, et le remettent à l'exécutif, qui en fait son principal organe sous la direction de Hermann Müller [24]. Les ouvriers berlinois du parti qui sympathisent avec les oppositions n'oublieront pas ce qu'ils considèrent comme un acte de piraterie et le symbole de la rupture des dirigeants social-démocrates avec l'idéal socialiste. Quand le Reichstag discute de la loi sur la mobilisation de la main-d'œuvre, Haase la qualifie de « deuxième loi antisocialiste » [25]. Son groupe accuse les députés majoritaires qui la votent et les dirigeants syndicaux qui l'acceptent d'« aider à forger les chaînes du prolétariat » [26]. L'adoption de cette loi au cœur de l'« hiver des rutabagas » porte à son paroxysme la crise du parti, qui se déchire sous la pression des forces sociales antagonistes, classes dirigeantes agissant par l'intermédiaire de l'exécutif, classes laborieuses contraignant les opposants à exprimer leur volonté de résistance. L'exécutif se trouve placé en face des conséquences de sa politique : il n'a d'autre recours que d'imposer dans le parti l'état de siège qui pèse déjà sur le pays. L'opposition loyale, elle, doit se défendre, et cesser d'être loyale sous peine de mort.

A l'initiative du « collectif social-démocrate », de Haase, Ledebour et leurs collègues, est convoquée à Berlin, le 7 janvier 1917, une conférence nationale des oppositions. Il s'agit de se concerter sur les mesures à prendre pour la défense des minorités, la protection des militants menacés d'exclusion, la préservation de leurs organes menacés de saisie [27]. Tous les courants sont représentés [28]. Personne ne propose de prendre l'initiative de la scission. Au nom des spartakistes, Ernst Meyer suggère de refuser le paiement des cotisations à l'exécutif, ce que font déjà les organisations de Stuttgart et de Brême [29]. La majorité des délégués refuse de le suivre dans cette voie qu'elle juge grosse de risques de scission. Le seul résultat de la conférence est le vote d'une résolution décidant d'entretenir entre les oppositions « des contacts permanents » afin de développer leur influence « dans le cadre des statuts du parti [30] » ; elle est votée par 111 voix, contre 34 à une résolution spartakiste et 6 à un texte de Borchardt [31].

La riposte de l'exécutif, dix jours plus tard, démontre l'inanité de ces précautions. Le 16 janvier, en effet, il proclame que l'opposition « s'est d'elle-même mise en dehors du parti » en tenant cette conférence, qu'il considère comme « fractionnelle », Il donne instruction aux organisations locales de prendre toutes mesures nécessaires - au mépris des statuts - contre les « saboteurs », qui doivent être exclus dans les plus brefs délais [32]. La purge est menée tambour battant : là où les partisans de l'exécutif sont en majorité dans les organismes dirigeants, les minoritaires sont exclus. Là où les opposants détiennent les leviers de commande, l'exécutif exclut en bloc l'organisation locale et passe à la construction d'une nouvelle, qu'il confie à des hommes de confiance [33] : quatre-vingt-onze organisations locales sont ainsi exclues, l'écrasante majorité des militants à Berlin, Leipzig, Brême, Brunswick [34]. L'opposition n'a plus qu'à tirer les conclusions que l'exécutif lui a imposées sans discussion ni appel : elle est en état de scission avant même de l'avoir décidé et, au cours d'une nouvelle conférence tenue à Gotha à Pâques, elle décide de se constituer en parti social-démocrate indépendant d'Allemagne (U.S.P.D.).

La fondation du parti social-démocrate indépendant.

Ainsi le parti social-démocrate se scinde, au cours de l'année cruciale de la guerre, contre la volonté affirmée de la presque totalité des dirigeants des oppositions. Il ne s'agit ni du départ de quelques dirigeants, ni de la sécession d'organisations locales. Le parti se fend du haut en bas. Quelque 170 000 militants demeurent dans la vieille maison, cependant que le nouveau parti en revendique 120 000 [35]. Parmi ces derniers, les dirigeants les plus connus de toutes les tendances d'avant guerre, Liebknecht et Luxemburg, Haase et Ledebour, Kautsky et Hilferding, et même Bernstein. Ni voulue ni préparée par les opposants, la scission résultait de la double pression de la montée de la colère ouvrière et de la détermination de l'exécutif, au service de la politique de guerre, de juguler toute résistance. Les dirigeants du nouveau parti, qui avaient lutté pendant des années avec l'objectif avoué d'éviter la scission, se retrouvaient paradoxalement à la tête d'un parti scissionniste.

La présence dans les rangs du parti indépendant des militants de Spartakus n'était pas moins surprenante, dans la mesure où elle survenait après une lutte acharnée contre les centristes et opposants loyaux. Depuis décembre 1915, tous leurs textes mettaient l'accent sur la nécessité de la clarté politique la plus totale, de la démarcation d'avec les centristes. Dans un retentissant article du Vorwärts, Otto Rühle s'était prononcé pour la scission, une scission corrrespondant à la réalité des divergences, et qui ne pouvait associer dans la même entreprise centristes et révolutionnaires [36] - ce qui lui avait valu la chaude approbation de Lénine [37].

En mars 1916, tout en saluant la fondation, par la minorité pacifiste, du « collectif de travail social-démocrate » au Reichstag, les spartakistes s'étaient soigneusement démarqués de leur politique, écrivant :

« Le mot d'ordre n'est pas scission ou unité, nouveau parti ou ancien parti, mais reconquête du parti par en bas, par la révolte des masses, qui doivent prendre en main les organisations et leurs instruments. » [38]

A la conférence de l'opposition de janvier 1917, Ernst Meyer avait développé et expliqué cette position :

« L'opposition demeurera dans le parti non seulement pour y combattre par la plume et en actes la politique de la majorité, mais pour s'interposer, pour protéger les masses de la politique impérialiste pratiquée sous le manteau par la social-démocratie et afin d'utiliser le parti comme un champ de recrutement pour la politique antimilitariste prolétarienne de classe. (...) Nous ne restons dans le parti que tant que nous pouvons y mener la lutte de classe contre l'exécutif. Du moment que nous en serions empêchés, nous ne voudrions pas y rester. Mais nous ne sommes pas pour la scission. » [39]

Or la détermination de l'exécutif, créant la scission de fait, ouvre le développement redouté par les spartakistes. Nombreux sont ceux qui pensent le moment venu de rompre également avec les centristes. Déjà, à la conférence du 1° décembre 1916, Johann Knief, délégué de Brême, soutenu par Rudolf Lindau, de Hambourg, avait demandé que l'opposition se donnât comme objectif la construction d'un parti révolutionnaire indépendant [40]. Quelques semaines après, les militants de Brême décident de ne plus payer leurs cotisations à l'exécutif et de fonctionner de façon autonome [41]. Dans les colonnes de leur Arbeiterpolitik, Karl Radek défend la thèse de la construction d'un parti révolutionnaire passant par une rupture décisive avec les centristes :

« L'idée de construite un parti en commun avec les centristes est une dangereuse utopie. Les radicaux de gauche, que les circonstances s'y prêtent ou non, doivent, s'ils veulent remplir leur mission historique, construire leur propre parti. » [42]

Nombre de spartakistes pensent de même : telle est la position initiale de Heckert et de ses camarades de Chemnitz [43], des militants du Wurtemberg que Jogiches s'emploie avec succès à convaincre. Tel est également le point de vue de Paul Levi qui, en février 1917, a adressé à Arbeiterpolitik un article signé de ses initiales, précisant sa qualité de militant du groupe Internationale, dans lequel il se prononce pour une rupture nette et claire avec les centristes [44].

Tout repose en fait sur la décision que vont prendre les gens de Die Internationale dans une situation nouvelle qu'ils n'ont ni désirée ni prévue. Les radicaux de gauche de Brême le reconnaissent :

« Les radicaux de gauche se trouvent devant une grande décision. La plus grande responsabilité se trouve entre les mains du groupe Internationale en  qui, en dépit de critiques que nous avons dû lui faire, nous reconnaissons le groupe le plus actif et le plus nombreux, le noyau du futur parti radical de gauche. Sans lui - nous devons en convenir franchement - nous ne pourrons, nous et l'I.S.D., construire dans un délai prévisible un parti capable d'agir. C'est du groupe Internationale qu'il dépend que la lutte des radicaux de gauche se mène en un front ordonné, sous un drapeau à eux, sinon, en attendant, en une petite armée, ou bien que les oppositions à l'intérieur du mouvement ouvrier qui sont apparues dans le passé, et dont la compétition est un facteur de clarification, mettent longtemps à se régler dans la confusion, et d'autant plus lentement. » [45]

Mais les dirigeants spartakistes ne se décident pas. Persuadés que les autorités sont décidées à étouffer leur voix par tous les moyens, ils redoutent d'être isolés des masses s'ils ne disposent pas de la couverture d'un parti légal. Et ils décident d'adhérer au parti indépendant, malgré les réserves de nombre d'entre eux, les militants du Wurtemberg notamment, à qui Jogiches écrit pour leur rappeler que le groupe s'était prononcé nettement contre la formation d'un parti indépendant susceptible de dégénérer rapidement en une secte [46]. Ces réserves s'expriment même au congrès de fondation du parti où une militante de Duisburg, Rosi Wolfstein, proclame sa défiance profonde à l'égard des centristes [47]. Au nom du groupe, Fritz Rück déclare son intention de conserver à l'intérieur du nouveau parti une liberté de mouvement totale, affirme la nécessité de lutter pour l'autonomie la plus large des organisations de base contre les « instances » et se prononce pour une « politique révolutionnaire » en actes, et non seulement en paroles [48]. Le résultat le plus clair de la décision spartakiste est de couper en deux la minorité révolutionnaire - puisque l'I.S.D. de Borchardt et les militants de Brême restent à l'écart [49] - et surtout d'apporter au parti indépendant l'énorme prestige que sa courageuse lutte contre la guerre a valu à Karl Liebknecht.

Au premier abord, l'adhésion au parti social-démocrate indépendant d'hommes comme Kautsky, Bernstein ou Wurm, considérés comme l'aile droitière des centristes, n'était pas moins surprenante. On savait que, selon eux, l'essentiel était la lutte pour une paix de compromis, seule façon, en outre, d'éviter des troubles révolutionnaires graves. On les savait convaincus que cette lutte n'avait de chances d'aboutir que si elle était menée par le vieux parti social-démocrate ; ils s'étaient fermement opposés, même après les premières exclusions massives, à la création d'un nouveau parti : bien des centristes auraient voulu, avec eux, éviter de proclamer un parti à Gotha, et se contenter de l'étiquette d'« organisation de l'opposition », qui avait le double avantage à leurs yeux de maintenir la perspective du redressement du vieux parti et de fermer la route aux révolutionnaires partisans de la construction d'un nouveau parti et d'une nouvelle Internationale. Il semble bien, en définitive, que Kautsky et Bernstein ne se soient décidés à adhérer à la nouvelle organisation, après consultation de leurs amis, que pour y servir de contrepoids aux spartakistes et contribuer à y limiter leur influence [50].

Devant les congressistes, Kautsky et les anciens révisionnistes Bernstein et Eisner défendront finalement, aux côtés de Haase, le maintien du titre ancien pour l'organisation nouvelle. Kautsky déclara que le parti « continuait » : dans la réalité, c'étaient, selon lui, les « socialistes gouvernementaux » qui l'avaient abandonné, trahissant son programme et désertant sa mission [51]. Ce qui était pour lui une position de repli était sans aucun doute le sentiment réel de l'écrasante majorité des délégués. Haase, qui avait l'oreille du congrès, voulait sincèrement un nouveau parti, ayant corrigé ce qu'il considérait désormais comme la faute d'août 1914 et reprenant la ligne qu'il n'aurait jamais dû abandonner, « l'union pour conduire la lutte de classes avec vigueur et efficacité » [52]. En ce sens, c'était le vieux parti qu'il désirait ressusciter, le parti d'avant 1914 dans sa composition politique et ses conflits de tendance : les révolutionnaires Liebknecht et Rosa Luxemburg y avaient leur place aux côtés du révisionniste Bernstein. Ledebour se distingue par la vivacité - et même la hargne - de ses critiques contre les spartakistes et ce qu'il juge leur « nihilisme ». Il soutient le principe de la défense nationale, préconise la pression populaire sur le gouvernement pour l'ouverture de négociations. Il expose au congrès sa conception de la paix négociée - une conception très wilsonienne - : auto-détermination, tribunaux d'arbitrage, désarmement général, interdiction de la diplomatie secrète [53].

L'écrasante majorité des membres du nouveau parti partage le sentiment des délégués au congrès de fondation : il faut lutter simultanément pour la démocratie et pour le socialisme, en d'autres termes relever le drapeau de la social-démocratie traditionnelle foulé aux pieds par les majoritaires, réconcilier à nouveau programme minimum et objectif révolutionnaire. La réadoption solennelle par le congrès de Gotha du vieux programme d'Erfurt [54] donne à la fondation du parti tout son sens : il s'agit de faire revivre l'ancien parti social-démocrate et ses vieilles méthodes de combat, sa tradition d'opposition et de refus de collaboration, mais aussi son scepticisme à l'égard de la révolution prolétarienne, toujours considérée comme un objectif désirable mais hors d'atteinte.

Sur un seul point il n'y aura pas résurrection du parti tel qu'il était avant guerre : celui de sa structure, de la centralisation et du rôle de l'appareil. La majorité des délégués sont convaincus que c'est du mode d'organisation de l'ancien parti que provient tout le mal. Ils décident de limiter l'autorité des permanents, qui ne peuvent être membres qu'à titre consultatif des organismes de direction [55], uniformément rebaptisés « comités d'action » (Aktionausschuss). Les secrétaires d'organisations locales ou régionales seront désormais recrutés et payés par l'organisme qui les emploie directement et non par la direction nationale [56]. Celle-ci se voit interdire de posséder des titres de propriété dans les entreprises du parti, notamment dans sa presse [57]. La direction nationale est d'ailleurs flanquée d'un conseil (Beirat)d'élus des différentes régions, qui doit être obligatoirement consulté pour toute décision importante [58].

Ainsi que le note Carl Schorske, les centristes demeuraient ainsi installés dans le passé jusque dans leurs efforts pour innover. Ils ne concevaient les problèmes d'organisation que dans les termes où ils les avaient éprouvés au cours des dernières années de l'avant-guerre et s'employaient à prévenir la renaissance d'un appareil bureaucratique à optique opportuniste, alors qu'étaient précisément à l'ordre du jour une répression sérieuse et le mûrissement d'une situation révolutionnaire où une véritable centralisation était probablement nécessaire. Mais les spartakistes allaient plus loin dans leur opposition à la centralisation, non seulement en proposant de réduire au maximum le nombre des permanents et les ressources financières du centre, mais encore en réclamant pour les organisations régionales et surtout locales une liberté d'expression et d'action totales [59]. L'un de leurs porte-parole, le jeune Fritz Rück, le précisait sans ambages : « Nous voulons être libres de poursuivre notre propre politique » [60].

Il est évidemment possible d'expliquer l'adhésion, dans ces conditions, des spartakistes au parti indépendant, par les raisons qu'invoquera Liebknecht l'année suivante : « pour le pousser en avant, pour l'avoir à portée de fouet, pour en gagner les meilleurs éléments » [61], et parce qu'il était le milieu de travail le plus supportable pour des gens qui ne pouvaient, en tant que tendance, s'exprimer publiquement avec tout le poids nécessaire.

Ces explications ne règlent qu'une partie des problèmes ; l'attitude des spartakistes dans le nouveau parti ne s'explique pourtant que par leur conception de la nature de la révolution, élaborée dans la lutte contre la centralisation bureaucratique et ne laissant que peu de place à l'organisation ; c'est là que se trouvent les racines de leurs divergences, non seulement sur le plan international avec les bolcheviks, mais, sur le plan national, avec les radicaux de gauche de Brême. S'ils n'avaient pas été convaincus que les masses trouveraient spontanément les formes d'organisation adéquates au cours de leur action et que le rôle du parti était seulement de les éclairer et de les stimuler pour l'action, les spartakistes auraient sans doute créé leur propre organisation ou, tout au moins, organisé solidement leur propre fraction à l'intérieur du parti social-démocrate indépendant, ce qu'ils n'ont pas fait.

Commentant les structures que le parti social-démocrate indépendant venait de se donner à Gotha, Carl Schorske écrit :

« Les indépendants s'étaient ainsi privés de tout instrument d'organisation grâce auquel les actions spontanées de masse de la révolution pouvaient être unifiées en une force unique et percutante. L'expérience et la frustration d'hier avaient aveuglé les dirigeants révolutionnaires d'aujourd'hui » [62].

Eclatement dans l'aile gauche.

Les radicaux de gauche avaient énergiquement combattu la décision de Spartakus d'adhérer au nouveau parti. En février, Knief, dans une réunion tenue à Brême, avait présenté une résolution pour une rupture totale, sur le plan des idées et de l'organisation, avec les « social-patriotes » comme avec les centristes. Il écrivait :

« La scission réalisée par les instances social-patriotiques du parti exige impérativement la lutte la plus dure contre les social-patriotes et le centre du parti au sein des syndicats et des coopératives également ; elle exige ensuite le rassemblement immédiat de tous les éléments radicaux de gauche dans un parti ouvrier et enfin la préparation d'un rassemblement international de la classe ouvrière socialiste pour la poursuite de l'œuvre de Zimmerwald et de Kienthal » [63]

Début mars, les groupes radicaux de gauche de Brême, Hambourg, Hanovre, Rüstringen, se prononcent pour la rupture avec le centre et la construction d'un parti indépendant des radicaux de gauche [64]. Borchardt fait de même, en justifiant sa position par la nécessité d'éliminer tous les « chefs » du mouvement ouvrier [65].

Au lendemain du congrès de Gotha, les groupes de Brême et de Hambourg lancent un appel à la construction d'une organisation révolutionnaire indépendante [66]. Arbeiterpolitik proclame en juillet :

« Le groupe Internationale est mort. (...) La base solide du nouveau parti socialiste international d'Allemagne est là. Un groupe de camarades s'est constitué en un comité d'action afin de prendre les premières mesures pour constituer le nouveau parti. » [67]

Et c'est finalement au mois d'août que se tient à Berlin, en présence de délégués de Brême, Berlin, Francfort-sur-le-Main, Rüstringen, Moers et Neustadt, une conférence des groupes radicaux de gauche en vue de créer un « parti socialiste international » [68]. La résolution adoptée par la conférence met pour la première fois l'accent sur la nécessité de lutter contre la division du mouvement ouvrier en « partis » et « syndicats » et se prononce pour l'organisation d'« unions ouvrières » (Einheitsorganisationen) - position profondément différente de celle de bolcheviks, dont les radicaux de gauche paraissaient jusque-là les disciples : au même moment, d'ailleurs, Julian Borchardt affirme dans une brochure l'impossibilité absolue d'une révolution en Allemagne [69]. Bientôt Otto Rühle, toujours député, rejoint les « socialistes internationaux », avec les militants de Dresde et de Pirna qui le suivent.

Les premières conséquences de la scission social-démocrate et de la fondation du parti indépendant sont donc une autre scission, celle de la gauche révolutionnaire, et une extrême confusion. Des éléments positifs se font jour cependant. En Suisse, l'influence des bolcheviks s'est pendant la dernière période considérablement accrue sur les révolutionnaires allemands émigrés. D'une part Jugend Internationale, sous la direction de Willi Münzenberg, se fait le véhicule jusqu'en Allemagne des thèses bolcheviques, et nombre de militants des jeunesses, qu'ils soient spartakistes ou radicaux de gauche, sont par son intermédiaire influencés par Lénine [70]. D'autre part, introduit par Radek auprès de Lénine qui le considère à cette époque comme un « véritable bolchevik [71] », Paul Levi a accepté sur l'invitation de Zinoviev d'entrer en qualité de représentant allemand dans le bureau de la « gauche de Zimmerwald » [72]. Lorsque Lénine entreprend en avril 1917 le long voyage qui va le ramener en Russie, Levi est le premier à signer - de son pseudonyme de Paul Hartstein - le manifeste des internationalistes qui donnent leur caution à ce voyage organisé avec l'accord du gouvernement impérial allemand, assurant que « les révolutionnaires russes (...) ne veulent retourner en Russie que dans le but d'y travailler pour la révolution », et que, « par cette action, ils aideront le prolétariat de tous les pays, notamment d'Allemagne et d'Autriche, à commencer sa lutte révolutionnaire contre les gouvernements » [73]. Peu après, Levi retourne en Allemagne où il joue un rôle important à la tête du groupe spartakiste tout en collaborant - sous le pseudonyme de Hartlaub - au Sozialdemokrat indépendant de Francfort [74]. Karl Radek, lui, est parti de Suisse en même temps vue Lénine : il s'arrêtera à Stockholm avec Vorovski et Hanecki. Ensemble, ils organisent la parution de deux journaux, Bote der Russischen Revolution et Russische Korrespondenz-Prawda, qui diffuseront en Allemagne les informations venues de Russie et les thèses bolcheviques [75].


Notes

[1] Borkenau, op. cit., p. 61.

[2] Klassenkampf.., pp. 51-52.

[3] Prager. Geschichte des U.S.P., pp. 53-54.

[4] Ibidem p. 60.

[5] Schorske,  op. cit., p. 303.

[6] Stenographische Berichte der Verbandlungen des deutschen Reichstages, CCCVI, p. 46. Prager, op cit., pp. 56-57, ne relève pas les phrases nationalistes.

[7] Voir chap. IV, note 112.

[8] Dok. u. Mat., II/1, p. 169, n° 1.

[9] « Das Gebot der Stunde », Leipziger Volkszeitung, 19 juin 1915; Prager,  op. cit., pp. 72-74.

[10] Bartel, op. cit., p. 240, n° 1.

[11] Scheidemann, Der Zusammenbruch, pp. 30-32 ; Stenographische Berichte... CCCVI, p. 443.

[12] Prager, op. cit, pp. 87-88.

[13] Ibidem, p. 87.

[14] Ibidem, p. 90.

[15] Ibidem, p. 91.

[16] Schorske,  op. cit., p. 309.

[17] Prager, op. cit., pp. 94-95.

[18] Ibidem, pp. 95-96.

[19] Texte de la déclaration dans Prager, op. cit., p. 96.

[20] Klassenkampf..., pp. 90-92; « Die Dezembermänner von 1915 », Spartakusbriefe, pp. 86-91.

[21] Spartakusbriefe, pp. 165-166.

[22] Unter den roten Fahne, pp. 90-91.

[23] Kautsky écrit à Adler le 7 août 1916 : « Le danger qui nous menace de la part du groupe Spartakus est grand. ( ... ) Si la gauche de la fraction s'était manifestée en affirmant son autonomie il y a un an, comme je le souhaitais, le groupe Spartakus n'aurait pu prendre aucune importance » (Brielwechsel.... p. 361).

[24] Prager, op. cit., pp. 116-119.

[25] Stenographische Berichte..., CCCVIII, pp. 2290-2294.

[26] Protokoll über die Verbandlungen des Gründungsparteitages der U.S.P..., « Bericht », p. 88.

[27] Ibidem, pp. 97-98 ; Prager,  op. cit., p. 124.

[28] 35 spartakistes sur 157 délégués (Prager,  op. cit., p. 125).

[29] Protokoll U.S.P., p. 99 ; Prager,  op. cit., pp. 125-126.

[30] Prager,  op. cit., pp. 126-127, en donne le texte.

[31] Ibidem, p. 126.

[32] Prager,  op. cit., pp. 129-130, Protokoll des S.P.D. Parteitages, 1917, p. 36.

[33] Prager, op. cit., pp. 130-131.

[34] Ibidem, p. 131.

[35] Ill. Gesch., p. 148. Ossip K. Flechtheim, Die K.P.D. in der weimarer Republik, p. 109, mentionne une autre estimation, celle de Drahn, qui attribue 248 000 membres au S.P.D. Et 100 000 àl'U.S.P.D. Il note que, selon Ebert, l'U.S.P.D. avait à Berlin 14 000 adhérents, contre 12 000 au S.P.D.

[36] Vorwärts, 12 janvier 1916 ; reproduit dans Dok. u. Mat., II/1, pp. 301-305.

[37] « Les Tâches de l'opposition en France », lettre au camarade Safarov,  Œuvres, t. XXII, pp. 131-136.

[38] « Nüchterne Prüfung und scharfe Entscheidung », Dok. u. Mat., II/1, 328-333.

[39] E.Meyer, Spartakus im Kriege, p. 14.

[40] F. Globig, ... aber verbunden sind wir mächtig, p. 138.

[41] Unter der roten Fahne, p. 90.

[42] « Unterm eigenen Banner », Arbeiterpolitik, 1917, n° 8 et 9, dans In den Leoben der Deutscben Revolution, p. 411.

[43] S. Beckett, « Die Linken in Chemnitz im Kampf gegen den  für die Herausbildung einer neuen, revolutionären Partei », BzG,  n° 1, 1967, pp. 109 sq.

[44] « Wir und die andern », signé « P. L. », Arbeiterpolitik, n° 9, 1917.

[45] Arbeiterpolitik, n° 10, 10 mars 1917.

[46] Extraits de sa lettre dans  Ill. Gesch., pp. 147-148.

[47] Leipziger Volkszeitung, 15 avril 1917.

[48] Protokoll U.S.P., 1917, pp. 19-23. L'orateur spartakiste provoque des mouvements divers en citant élogieusement les écrits d'avant-guerre de Radek (pp. 62-67).

[49] Déclaration de Brème et Hambourg dans Dok. u. Mat., II/1, p. 605.

[50] Schorske, op. cit., pp. 314-315.

[51] Protokoll U.S.P. 1917, p. 49.

[52] Ibidem, pp. 39-40.

[53] Protokoll U.S.P. 1917, p. 56.

[54] Ibidem, p. 47.

[55] Ibidem, p. 48.

[56] Ibidem.

[57] Ibidem.

[58] Le projet d'organisation était présenté par Wilhelm Dittmann. La direction comprenait Dittmann, Haase, Hofer, Laukant, Ledebour, Wengels et Luise Zietz. Ernst Meyer avait été battu. Le Beirat comprenait Dissmann, Paul Dittmann, Fleissner, Grütz, Henke, Sepp Oerter et Schnellbacher (Prager, op. cit., p. 154).

[59] Ibidem, pp. 24-26, 29.

[60] Ibidem, p. 22.

[61] Bericht über den Gründungsparteitag der K.D.P., p. 4.

[62] Schorske, op. cit., p 321.

[63] Arbeiterpolitik, n° 8, 24 février 1917, Dok. u. Mat., I/1, p. 571.

[64] Arbeiterpolitik, n° 10, 10 mars 1917, Ibidem. , p. 573.

[65] Ibidem, p. 578.

[66] Arbeiterpolitik, n° 18, 5 mai 1917, Dok. u. Mat., I/1, p. 605.

[67] Arbeiterpolitik, n° 30, 28 juillet 1917.

[68] Wohlgemuth, Die Enstehung der K.P.D., p. 219, donne le premier compte-rendu de cette conférence, jamais mentionnée auparavant.

[69] J. Borchardt, Revolutionshoffnung ! (2° éd., 1917), non consulté.

[70] W. Münzenberg, Die Dritte Front, pp. 197-204.

[71] Œuvres, t. XXXII, p. 549.

[72] A la conférence d'Olten, selon H. Guilbeaux, Du Kremlin au Cberche-Midi, p. 106.

[73] « Déclaration des internationalistes faite à Berne le 7 avril 1917 », Demain, n° 13, mai 1917.

[74] Ch. Beradt,  Paul Levi, p. 18.

[75] H. Schuter, « Radek and the German Revolution », Survey, n° 53, octobre 1964, p. 65.


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