1845

"Aux classes laborieuses de Grande-Bretagne : Travailleurs, c'est à vous que je dédie un ouvrage où j'ai tenté de tracer à mes compatriotes allemands un tableau fidèle de vos conditions de vie, de vos peines et de vos luttes, de vos espoirs et de vos perspectives. (...)"


La situation de la classe laborieuse en Angleterre

Friedrich Engels

Annexe

 


Complément à la situation des classes laborieuses [a] en Angleterre [b]

Une grève anglaise  [c]

Dans le livre que j'ai consacré à la situation de la classe laborieuse en Angleterre, il ne m'a pas été possible de donner des faits à l'appui de chacun des points abordés. Pour que mon livre ne fût pas trop volumineux et indigeste, j'ai dû tenir mes affirmations pour suffisamment démontrées, quand je les avais attestées par des citations tirées de documents officiels, d'écrivains impartiaux, ou de textes émanant des partis, dont j'attaquais les intérêts. C'était suffisant pour me garder du risque d'être contredit, dans les cas où je ne pouvais parler de ce que j'avais vu moi-même, pour autant que je décrivais en détail des situations et des vies précises. Mais cela ne suffisait pas pour faire naître chez le lecteur cette certitude irréfutable que seuls donnent des faits frappants, incontestables, et que ne sauraient produire de simples raisonnements, quelle que soit la valeur des autorités qui les formulent, surtout en un siècle que l'infinie « sagesse des ancêtres » contraint au scepticisme. Les faits sont plus encore d'une absolue nécessité, quand il s'agit de résultats d'envergure, de faits groupés pour en déduire des principes, lorsqu'on veut décrire non pas la situation de petits groupes isolés de la population, mais la position réciproque de classes entières. Pour les raisons que j'ai dites, ces faits, je n'ai pu toujours les donner dans mon livre. Je vais ici combler cette lacune inévitable en produisant de temps en temps, les faits que je puise dans les sources dont je dispose. Pour démontrer du même coup que ma description est exacte aujourd'hui encore, je ne choisirai que des événements qui ont eu lieu après mon départ d'Angleterre, l'an passé et que je n'ai connus qu'après l'impression de mon livre.

Les lecteurs de mon livre se souviennent sans doute, que ce qui m'importait principa­lement, c'était de décrire la position réciproque de la bourgeoisie et du prolétariat et la nécessité de la lutte entre ces deux classes; il s'agissait spécialement pour moi de prouver que le prolétariat avait parfaitement le droit de mener ce combat et d'écarter les belles formules de la bourgeoisie anglaise en les remplaçant par ses actes odieux. De la première à la dernière page, c'est l'acte d'accusation contre la bourgeoisie anglaise que je dressai. je vais à présent produire quelques jolies pièces à conviction. Du reste, je me suis assez passionné au sujet de ce bourgeois anglais; je n'ai point l'intention de m'échauffer après coup de nou­veau à son propos et je vais m'efforcer, autant que faire se peut, de garder ma belle humeur.

Le premier bon citoyen et bon père de famille à qui nous ayons affaire, est une vieille connaissance. Pour être exact, ils sont deux. Messieurs Pauling et Henfrey étaient déjà en conflit avec leurs ouvriers en l'an 1843 et Dieu seul sait combien de fois auparavant; aucune bonne raison ne put convaincre les ouvriers d'abandonner leur revendication : travaillant davantage, ils voulaient davantage de salaire et cessèrent le travail. MM. Pauling et Henfrey, qui sont des entrepreneurs importants et occupent de nombreux briquetiers, charpentiers, etc., embauchèrent d'autres ouvriers; ceci provoqua un conflit et pour finir, aboutit à une bataille sanglante à coups de gourdins et de fusils dans la briqueterie de Pauling et Henfrey, lutte qui se termina par la déportation au Van Diemens Land  [d] d'une demi-douzaine d'ouvriers, comme on a pu le lire en long et en large dans l'ouvrage précité  [e] . Mais MM. Pauling et Henfrey ont besoin d'avoir maille à partir avec leurs ouvriers, sans quoi il manque quelque chose à leur bonheur; aussi en octobre 1844, ils firent de nouveau des histoires. Cette fois, c'étaient les charpentiers, dont ces entrepreneurs philanthropes s'étaient proposé de faire le bien. Depuis des temps immémoriaux, régnait chez les charpentiers de Manchester et des environs, la coutume suivante : de la Chandeleur au 17 novembre, « on n'allumait pas de lumière », c'est-à-dire que quand les jours étaient longs, on travaillait de six heures du matin à six heures du soir et pendant les jours courts, on commençait dès qu'il faisait jour, pour finir quand la nuit tombait. A partir du 17 novembre, on allumait de la lumière et on travaillait à plein temps. Pauling et Henfrey, qui en avaient assez depuis longtemps de cette coutume « barbare », résolurent d'en finir avec ce vestige « d'obscurantisme », en ayant recours à l'éclairage au gaz; et un soir que les charpentiers, n'y voyant plus jusqu'à six heu­res, déposaient leurs outils et prenaient leurs vestes, le chef d'atelier alluma le gaz et fit remar­quer qu'il fallait travailler jusqu'à six heures. Les charpentiers, à qui cela ne convenait pas, convoquèrent une assemblée générale de leur profession. Fort étonné, M. Pauling demanda à ses ouvriers s'ils n'étaient pas contents, puisqu'aussi bien ils avaient convoqué une assemblée. Quelques-uns firent observer que ce n'étaient pas eux directement, mais le bureau de l'Union professionnelle qui avait convoqué la réunion; à quoi M. Pauling répliqua qu'il se souciait de l'Union professionnelle comme d'une guigne, mais qu'il voulait bien leur faire une proposition : s'ils acceptaient qu'on allume la lumière le soir, il leur accorderait le samedi en échange trois heures de liberté et - quelle générosité ! - il leur permettrait de travailler chaque jour un quart d'heure en plus, qui leur serait payé à part ! En contre-partie, il est vrai, quand tous les autres ateliers commenceraient à allumer la lumière, ils devraient travailler une demi-heure de plus ! Les ouvriers réfléchirent à cette proposition et calculèrent que par ce moyen, pendant la période des jours courts, MM. Pauling et Henfrey gagneraient chaque jour une heure entière; au total, chaque ouvrier devrait travailler quatre-vingt-douze heures, c'est-à-dire neuf jours un quart en plus, sans toucher un pfennig; étant donné le nombre d'ouvriers occupés par l'entreprise, ces messieurs économiseraient pendant les mois d'hiver, de ce fait, 400 livres sterling (2,100 talers) de salaire. Les ouvriers tinrent donc leur réunion, expli­quèrent à leurs compagnons que si une entreprise imposait cet horaire, toutes les autres suivraient son exemple, ce qui provoquerait indirectement un abaissement général des salaires, qui dépouillerait les charpentiers de la région de 4,000 livres sterling par an à peu près. Il fut donc décidé que le lundi suivant, tous les charpentiers de Pauling et Henfrey donneraient leur congé avec préavis de trois mois, et que, si leurs patrons ne venaient pas à de meilleurs sentiments, ils cesseraient le travail à l'expiration du préavis. L'Union profes­sionnelle leur promit en échange, de les aider par un versement de tous les autres charpen­tiers, durant le temps, où, éventuellement, ils n'auraient pas de travail.

Le lundi 21 octobre  [f] les ouvriers allèrent présenter leur congé on leur répondit qu'ils pouvaient s'en aller tout de suite, ce que, naturellement, ils firent. Le même soir se tint une autre réunion de tous les ouvriers du bâtiment, où tous les corps de métier employés dans la construction promirent leur appui aux ouvriers sans travail. Les mercredi et jeudi suivants, tous les charpentiers qui travaillaient dans la région pour Pauling et Henfrey, cessèrent eux aussi le travail : ainsi la strike   [g] était parfaitement bien en train.

Les entrepreneurs laissés de la sorte brusquement en plan, envoyèrent aussitôt des émis­saires dans toutes les directions, et jusqu'en Écosse, pour embaucher des ouvriers, car dans les environs, il n'y avait pas âme qui vive qui voulût entrer à leur service. En quelques jours il vint tout juste treize personnes du Staffordshire. Mais dès que les grévistes eurent l'occa­sion de parler avec eux, leur expliquant qu'ils avaient arrêté le travail par suite de désaccords et donnant les raisons de la grève, plusieurs des nouveaux arrivants se refusèrent à continuer de travailler. Là contre, les patrons avaient trouvé un moyen pratique : ils firent citer les récalcitrants avec le meneur devant le juge de paix, Daniel Maude, esquire. Avant de les suivre devant le tribunal, il nous faut d'abord montrer sous leur vrai jour les vertus de Daniel Maude, esquire.

Daniel Maude, esquire, est le « stipendiary magistrale », le juge de paix appointé de Manchester. D'ordinaire, les juges de paix anglais sont de riches bourgeois ou propriétaires fonciers, parfois aussi des ecclésiastiques que le ministère nomme à ce poste. Mais comme ces Dogberries n'entendent rien à la loi, ils commettent les infractions les plus graves, font honte et dommage à la bourgeoisie : en effet, même devant un ouvrier, s'il est défendu par un avocat malin, ils ne savent plus très souvent où ils en sont; ou bien ils le condamnent en négligeant les formes légales, ce qui entraîne un appel que l'ouvrier gagne ou bien même, ils se laissent aller à prononcer un acquittement. De plus, les riches fabricants des grandes villes et des districts industriels, n'ont pas le temps de venir s'ennuyer jour après jour au tribunal et préfèrent installer un remplaçant à leur place. Dans ces villes par conséquent, on nomme le plus souvent à la demande des municipalités elles-mêmes, des juges de paix appointés, des juristes de profession, qui sont en mesure de faire profiter la bourgeoisie de toutes les astuces et les subtilités du droit anglais, complété et amendé au besoin. L'exemple ci-dessous va nous montrer comment ces juges se comportent.

Daniel Maude, esquire, est un de ces juges libéraux qui furent nommés en masse sous le gouvernement des whigs. De ses exploits dans l'arène de la Borough Court de Manchester et hors de celle-ci, nous n'en mentionnerons que deux. Lorsqu'en 1842, les industriels réussirent à pousser les ouvriers du sud du Lancashire à une insurrection, qui éclata au début d'août à Stalybridge et Ahston, le 9 août, dix mille ouvriers environ marchèrent de ces villes sur Manchester avec le chartiste Richard Pilling à leur tête « pour négocier avec les industriels à la bourse de Manchester, et aussi pour voir comment les affaires s'y traitaient au marché  [h] ». A l'entrée de la ville les accueillit Daniel Maude, esquire, entouré de la bonne et brave police au grand complet, d'un détachement de cavalerie et d'une compagnie de chasseurs à pied. Mais ce déploiement n'avait lieu que pour la forme : les industriels et les libéraux avaient en effet intérêt à ce que le soulèvement s'étende et arrache l'abolition des lois sur les grains. Daniel Maude, esquire, était parfaitement d'accord avec ses dignes collègues sur ce point : il commença par capituler devant les ouvriers et les laissa entrer en ville sous la promesse qu'ils « respecteraient l'ordre public » et suivraient un itinéraire déterminé. Il savait très bien que les insurgés ne le feraient pas et il ne le souhaitait pas non plus - en faisant preuve de quelque énergie il aurait pu, en effet, étouffer dans l’œuf l'insurrection délibérément provoquée, mais alors il n'aurait pas agi dans l'intérêt de ses amis partisans de l'abolition des lois sur les grains, mais dans celui de Mr. Peel; il fit donc retirer la troupe et laissa les ouvriers pénétrer dans la ville, où ils arrêtèrent sur-le-champ toutes les usines. Mais quand l'insurrection s'orienta résolument contre la bourgeoisie libérale en ignorant totalement les « satanées lois sur les grains », Daniel Maude, esquire, se drapa de nouveau dans sa dignité de juge, fit arrêter les ouvriers par douzaines et les expédia en prison, sans pitié, pour « avoir troublé la paix publique » - en somme, c'était lui qui commençait par troubler la paix et les sanctionnait ensuite. Voici un autre trait caractéris­tique de la carrière de ce Salomon de Manchester. La ligue contre les lois sur les grains tient à Manchester, depuis que ses adhérents se sont à plusieurs reprises fait rosser en public, des réunions secrètes, où on n'entre que sur présentation de cartes, mais dont les résolutions et les pétitions doivent passer aux yeux du grand public pour les décisions d'une assemblée publique, pour les manifestations de « l'opinion publique » de Manchester. Pour mettre un terme à ces mensonges présomptueux des industriels libéraux, trois ou quatre chartistes, parmi lesquels mon ami James Leach, se procurèrent des cartes et se rendirent à une de ces réunions. Lorsque Mr. Cobden se leva pour parler, James Leach demanda au président si la réunion était publique. En guise de réponse, celui-ci appela la police et fit arrêter Leach sans plus de cérémonie! Un deuxième chartiste posa la même question une seconde fois, puis un troisième, un quatrième : l'un après l'autre ils furent empoignés par les « homards » (la police), qui étaient en grand nombre à la porte de la salle, et expédiés à l'Hôtel de Ville. Le lendemain matin, ils comparurent devant Daniel Maude, esquire, qui était déjà au courant de tout. Ils furent accusés d'avoir troublé une réunion, purent à peine parler et durent entendre ensuite une homélie solennelle de Daniel Maude, esquire : il les connaissait bien, leur dit-il, ils étaient des trublions qui ne savaient que faire du scandale dans toutes les réunions, semer la perturbation chez les gens pondérés et rassis, et il fallait en finir avec ces agissements. C'est pourquoi - Daniel Maude, esquire, savait bien qu'il ne pouvait les condamner à une peine quelconque - c'est pourquoi il voulait cette fois les condamner aux dépens.

C'est donc devant ce Daniel Maude, esquire, dont nous venons de décrire les vertus de bourgeois, que furent traînés les ouvriers récalcitrants de chez Pauling et Henfrey. Mais par prudence, ils avaient amené un avocat. D'abord comparut l'ouvrier qui venait d'arriver du Staffordshire et qui se refusait à continuer de travailler dans une entreprise où d'autres, pour se défendre, avaient cessé le travail. MM. Pauling et Henfrey avaient en main un engagement écrit  [1] des ouvriers venus du Staffordshire, qu'ils soumirent alors au juge de paix. Le défenseur des ouvriers objecta que cet accord ayant été signé un dimanche, il n'était pas vala­ble. Daniel Maude, esquire, reconnut avec beaucoup de dignité que les « transactions d'affai­res » réalisées un dimanche, n'étaient pas valables; mais il ne pouvait pas croire que MM. Pauling et Henfrey tinssent cet accord pour une « transaction d'affaires » ! Il déclara donc au pauvre diable, sans lui demander longuement s'il « tenait » ce document pour une « transac­tion d'affaires » qu'il lui fallait ou bien reprendre son travail ou aller s'amuser trois mois au bagne. - Oh! Salomon de Manchester ! Quand ce cas eût été réglé, MM. Pauling et Henfrey amenèrent le deuxième accusé. Il s'appelait Salmon; c'était un des anciens ouvriers de l'entreprise qui avaient arrêté le travail. On l'accusait d'avoir intimidé les nouveaux ouvriers, pour les amener à faire grève aussi. Le témoin - un de ces ouvriers-là, - déclare que Salmon l'avait pris par le bras et avait discuté avec lui. Daniel Maude, esquire, demanda si l'accusé n'avait pas, par hasard, proféré des menaces, ou s'il l'avait frappé ? - Non, dit le témoin. Daniel Maude, esquire, tout heureux de trouver l'occasion de faire éclater son impartialité - après avoir, à l'instant rempli ses devoirs envers la bourgeoisie -déclara qu'il n'y avait rien qu'on pût imputer à crime à l'accusé. Il avait parfaitement le droit de se promener sur la voie publique et de parler avec d'autres personnes, tant qu'il ne commettait pas d'actes ou ne prononçait pas de paroles d'intimidation; en conséquence, il l'acquittait. Cependant, MM. Pauling et Henfrey avaient au moins eu la satisfaction, contre versement des frais du procès, de faire passer au sieur Salmon, une nuit au violon - et c'était toujours ça. De plus, la joie de Salmon ne dura pas longtemps. Relâché le jeudi, 31 octobre, le mardi 5 novembre il comparaissait déjà à nouveau devant Daniel Maude, esquire, sous l'accusation d'avoir attaqué dans la rue MM. Pauling et Henfrey. Le jeudi même où Salmon avait été acquitté, arrivèrent à Manchester, un certain nombre d'Écossais qu'on y avait attirés sous des prétextes mensongers, alléguant que le conflit était terminé et que Pauling et Henfrey ne pouvaient trouver dans la région assez d'ouvriers pour réaliser les importants travaux qu'ils avaient soumissionnés. Le vendredi plusieurs menuisiers écossais, travaillant depuis assez longtemps à Manchester, vinrent les trouver pour expliquer à leurs compatriotes la cause de la cessation de travail. Leurs compagnons s'assemblèrent en foule - dans les quatre cents - autour de l'auberge où logeaient les Écossais. On les y retint prisonniers à l'intérieur, et un contremaître fut posté en sentinelle devant la porte. Au bout de quelque temps, arrivèrent MM. Pauling et Henfrey, pour accompagner en personne leurs nouveaux ouvriers à l'atelier. Lorsque le cortège sortit de l'auberge les ouvriers rassemblés interpellèrent les Écossais, les invitant à ne pas violer les normes de travail en usage à Manchester et à ne pas faire honte à leurs compatriotes. De fait, deux des Écossais restèrent un peu en arrière et M. Pauling leur courut lui-même après, pour les entraîner. La foule était calme, empêchant le cortège d'avancer trop vite, disant aux ouvriers de ne pas se mêler des affaires d'autrui, de rentrer chez eux, etc.; finalement, M. Henfrey se fâcha; il aperçut plusieurs de ses anciens ouvriers et parmi eux, Salmon; pour en finir donc, il l'attrapa par le bras; M. Pauling le saisit par l'autre bras et tous deux appelèrent la police de toutes leurs forces. Le commissaire de police les rejoignit et leur demanda de quoi ils accusaient cet homme, ce qui plongea les deux associés dans un grand embarras; mais, dirent-ils, « nous connaissons cet homme » Oh! dit le commissaire, cela suffit, nous pouvons donc pour l'heure le laisser partir. Forcés de porter quelque plainte contre Salmon, MM. Pauling et Henfrey réfléchirent plusieurs jours, jusqu'à ce qu'enfin, sur le conseil de leur avocat, ils portassent la plainte sus-indiquée. Lorsqu'on eût entendu tous les témoins contre Salmon, s'avança soudain, comme défenseur de l'accusé, W. P. Roberts, « l'avocat général des mineurs », terreur de tous les juges de paix, qui demanda s'il devait encore produire ses témoins puisqu'aussi bien, rien n'avait été produit à la charge de Salmon ? Daniel Maude, esquire, le laissa citer ses témoins qui prouvèrent que Salmon s'était comporté calmement jusqu'au moment où M. Henfrey l'avait empoigné. Lorsqu'on eut entendu défense et accusation, Daniel Maude, esquire, déclara qu'il rendrait sa sentence samedi. De toute évidence, la présence de l'avocat général Roberts l'incitait à y réfléchir à deux fois avant de parler  [i] .

Le samedi, Pauling et Henfrey déposèrent une nouvelle plainte pour crime de complot et d'intimidation contre trois de leurs anciens ouvriers : Salmon, Scott et Mellor. Ce faisant, ils voulaient porter un coup mortel à l'Union professionnelle et pour s'assurer contre Roberts qu'ils craignaient, ils firent venir de Londres un juriste renommé, M. Monk. M. Monk pro­duisit comme témoin d'abord un des Écossais nouvellement embauchés, Gibson, qui avait déjà servi de témoin contre Salmon le mardi d'avant. Il déclara que le vendredi novembre, quand il était sorti avec ses camarades de l'auberge, une foule de gens, les avaient entourés, bousculés et tiraillés et que les trois accusés étaient parmi la foule. A ce moment, Roberts se mit à interroger le témoin, le confronta avec un autre ouvrier et demanda si lui, Gibson, n'avait pas dit hier à cet ouvrier, que le mardi d'avant, quand il témoignait, il n'avait pas su qu'il déposait sous serment et plus généralement, qu'il n'avait pas su ce qu'il avait à faire et à dire au tribunal; Gibson répondit qu'il ne connaissait pas cet homme; qu'il s'était trouvé la veille au soir avec deux personnes, mais il faisait sombre et il ne pouvait pas dire si cet homme était l'un de ses interlocuteurs; il était bien possible qu'il eût dit quelque chose comme ça, car la façon de prêter serment n'était pas la même en Écosse et en Angleterre; il ne se souvenait pas bien. A ce moment M. Monk se dressa, prétendant que M. Roberts n'avait pas le droit de poser des questions de ce genre; M. Roberts lui répliqua que ces objections étaient tout à fait de mise, quand on avait à défendre une mauvaise cause, mais qu'il avait le droit de poser les questions qu'il voulait et pas seulement de demander où le témoin était né, mais aussi où il avait séjourné jour après jour, depuis ce moment, et ce qu'il avait mangé à chaque repas. Daniel Maude, esquire, confirma que M. Roberts avait bel et bien ce droit, lui donnant simplement le conseil paternel de s'en tenir autant que possible à l'objet du débat. Après que M. Roberts eut fait dire au témoin qu'il n'avait commencé à travailler réellement pour Pauling et Henfrey que le lendemain de l'incident sur lequel se fondait la plainte, donc le 2 novem­bre, il le laissa se retirer. Alors s'avança à la barre des témoins, M. Henfrey lui-même et, sur l'incident, il répéta ce qu'avait dit Gibson. Sur quoi, M. Roberts lui posa la question suivante : « Ne cherchez-vous pas à vous assurer sur vos concurrents, un avantage illégitime ? » M. Monk éleva de nouveau des objections contre cette question. Bien, dit Roberts, je vais la poser plus clairement. « Savez-vous, monsieur Henfrey, que l'horaire de travail des charpentiers est déterminé à Manchester par certaines règles ? »

M. HENFREY : je n'ai rien à voir avec ces règles. J'ai le droit d'établir mes propres normes.
M. ROBERTS : Très juste. Monsieur Henfrey, sous la foi du serment, n'exigez-vous pas de vos ouvriers une durée de travail plus longue que les autres entrepreneurs du bâtiment ou les autres patrons charpentiers ?
M. HENFREY : Si.
M. ROBERTS Combien d'heures approximativement ?
M. Henfrey ne le savait pas exactement, il tira son carnet de sa poche pour le calculer.
DANIEL MAUDE, esquire : Vous n'avez pas besoin de faire de longs calculs; il suffit que vous nous disiez à peu près combien cela fait.
M. HENFREY : Eh! bien, à peu près une heure le matin et une heure le soir pendant les six semaines qui précèdent l'époque où d'ordinaire on allume les lumières et autant pendant les six semaines après le jour où d'habitude, on cesse d'allumer la lumière.
DANIEL MAUDE, esquire : Cela fait donc soixante-douze heures, avant qu'on allume et soixante-douze heures après, soit cent quarante-quatre heures en douze semaines que chacun de vos ouvriers doit faire en plus ?
M. HENFREY : Oui.

Cette déclaration fut accueillie par le public par des signes marqués de désapprobation; M. Monk jeta des regards furieux à M. Henfrey et celui-ci un regard confus à son juriste, tandis que M. Pauling tirait M. Henfrey par le pan de sa redingote, mais c'était trop tard. Daniel Maude, esquire, qui voyait bien que ce jour-là il devrait encore jouer les impartiaux, avait entendu l'aveu et l'avait rendu public.

Après l'audition de deux témoins sans importance, M. Monk déclara qu'il en avait terminé avec ses preuves contre les accusés.

Daniel Maude, esquire, dit alors que le plaignant n'avait pas justifié une enquête crimi­nelle contre les accusés, puisqu'il n'avait pas été prouvé que les Écossais menacés aient été au service de Pauling et Henfrey avant le novembre; il n'avait pas été établi qu'il existât un contrat de travail, ou que les intéressés aient été employés avant le 2 novembre, alors que la plainte avait été déposée le premier; ce jour-là donc, les ouvriers n'étaient pas encore au service de Pauling et Henfrey et les accusés avaient le droit de les détourner de façon légale d'entrer au service de ces patrons. M. Monk objecta que les plaignants avaient été sous contrat à partir du moment où ils avaient quitté l'Écosse et mis le pied sur le bateau. Daniel Maude, esquire, fit observer que l'on avait bien dit qu'un tel contrat de travail avait été établi, mais que ce document n'avait pas été versé au dossier. M. Monk répondit que cette pièce était en Écosse et il priait M. Maude de laisser l'affaire en suspens, jusqu'à ce qu'on ait pu la faire venir. Ici, intervint M. Roberts : Voilà qui était nouveau. On avait déclaré que les preuves à l'appui de la plainte étaient produites et pourtant le plaignant demandait qu'on différât l'affaire pour apporter de nouvelles pièces à l'appui. Il insistait pour que le procès se poursuive. Daniel Maude, esquire, décida qu'il était superflu et de poursuivre et de remettre le procès puisque la plainte n'était pas fondée - et les prévenus furent remis en liberté  [j] .

Entre temps, les ouvriers non plus n'étaient pas restés inactifs semaine après semaine, ils tenaient des réunions dans la salle des charpentiers ou dans celle des socialistes, sommaient les différentes associations professionnelles, de collecter des fonds, qui parvenaient en abondance, ne cessaient point de faire connaître en tous lieux les procédés de Pauling et Henfrey et finalement, envoyèrent des délégations aux quatre coins du pays pour expliquer à leurs camarades de travail, partout où Pauling et Henfrey faisaient embaucher, la raison de cette embauche et empêcher ainsi les ouvriers charpentiers d'entrer au service de cette entreprise.

Quelques semaines à peine après le début de la grève, sept délégués étaient en route et dans toutes les grandes villes du pays des affiches mettaient en garde les charpentiers sans travail contre Pauling et Henfrey. Le 9 novembre, quelques-uns de ces délégués étaient de retour et rendaient compte de leur mission. L'un d'eux, du nom de Johnson, qui était allé en Écosse, raconta que l'envoyé de Pauling et Henfrey avait embauché trente ouvriers à Edimbourg; mais dès qu'ils apprirent la véritable situation, ils déclarèrent qu'ils préféraient mourir de faim qu'aller à Manchester dans ces conditions. Un autre avait été à Liverpool et avait visité les bateaux qui arrivaient; mais pas un seul homme n'était arrivé, et ainsi il n'avait rien eu à faire. Un troisième avait parcouru le Cheshire, mais partout où il passait, il n'y avait plus rien à faire, car le Northern Star, le journal des ouvriers, avait diffusé partout l'état réel des choses, enlevant aux gens toute envie de se rendre à Manchester; bien plus, dans une ville, à Macclesfield, les charpentiers avaient déjà fait une collecte pour aider les grévistes et lui avaient promis en cas de besoin, de verser par la suite un shilling par tête. Dans d'autres localités, il amena les camarades de travail à souscrire de tels versements.

Pour donner encore une fois l'occasion à MM. Pauling et Henfrey de s'entendre avec les ouvriers, le lundi 18 novembre, tous les corps de métiers travaillant dans le bâtiment se rassemblèrent dans la salle des charpentiers, désignèrent une délégation chargée d'apporter une adresse aux deux entrepreneurs et défilèrent en cortège avec drapeaux et emblèmes, en direction des bureaux de Pauling et Henfrey. En tête, marchait la délégation, suivie du comité chargé d'organiser l'arrêt de travail; puis venaient les charpentiers, les mouleurs de briques et ceux qui les faisaient cuire, les manœuvres, les maçons, les scieurs de long, les vitriers, les stucateurs, les peintres, une troupe de musiciens, les tailleurs de pierre, les menuisiers. Ils passèrent devant l'hôtel de leur avocat général, Roberts, et le saluèrent au passage de bruyants hourras. Arrivés devant les bureaux, la délégation s'avança, tandis que la foule continuait à défiler pour aller tenir une réunion publique dans le square Stevenson. La délégation fut accueillie par la police, qui demanda les noms et adresses des délégués, avant de les laisser continuer leur chemin. Dans les bureaux, les associés MM. Sharps et Pauling leur déclarèrent qu'ils se refusaient à recevoir une adresse écrite émanant d'une foule qu'on avait seulement rassemblée à des fins d'intimidation. La délégation nia le fait, puisque le défilé n'avait même pas fait halte, mais avait continué sa route immédiatement. Tandis que ce cortège de cinq mille personnes continuait à défiler, la délégation finit par être reçue et conduite dans une pièce en présence des chefs de la police, d'un officier et de trois journalistes. M. Sharps, associé de Pauling et Henfrey, usurpa le siège présidentiel en faisant remarquer que la délégation prenne bien garde à ce qu'elle allait dire : tout allait être noté dans un procès-verbal et ses déclarations pourraient éventuellement être utilisées contre elle en justice. On commença alors à leur demander de quoi ils se plaignaient, etc., on déclara qu'on voulait bien donner du travail aux gens, selon les normes en usage à Manchester. Les délégués demandèrent si les ouvriers qu'on était allé pêcher dans le Staffordshire et en Écosse travaillaient aux conditions de Manchester pour chaque corps de métier ? - Non, répondit-on, avec ces gens-là, nous avons une convention particulière. - Donc vos ouvriers auraient de nouveau du travail aux conditions habituelles ? - Oh ! nous ne voulons pas discuter avec une délégation; mais laissez donc venir à nous les ouvriers, ils apprendront alors, à quelles conditions nous voulons leur donner du travail. - M. Sharps ajouta que toutes les entreprises où figurait son nom, s'étaient toujours bien conduites avec leurs ouvriers et payaient le salaire le plus élevé. La délégation rétorqua que si, comme elle l'avait entendu dire, il avait des participations dans l'entreprise Pauling, Henfrey et Co, celle-ci avait contré violemment les intérêts des ouvriers. - Un ouvrier briquetier, membre de la délégation, se vit demander de quoi sa profession avait à se plaindre. – Oh ! actuellement, de rien, mais nous avons eu assez de sujets de plainte  [k] . - Ah, vraiment, répliqua M. Pauling en ricanant. Vous en avez eu assez, vous en avez eu assez ? et il profita de l'occasion pour faire un long exposé sur les associations professionnelles, les arrêts de travail, etc., et sur la misère où ils plongeaient les ouvriers - sur quoi un membre de la délégation fit observer, qu'ils n'avaient nullement l'intention de se laisser voler leurs droits morceau par morceau et qu'ils ne voulaient pas, par exemple, comme on l'exigeait d'eux à présent, travailler cent quarante-quatre heures par an gratis. - M. Sharps fit valoir qu'il fallait aussi calculer ce que perdaient les manifestants, en ne travaillant pas ce jour-là, ainsi que les frais de la grève, la perte de salaire pour les grévistes, etc. - Un délégué : cela ne regarde personne d'autre que nous et nous ne vous demanderons pas de verser un sou de votre poche. Sur ces mots, la délégation se retira, rendit compte de l'entrevue aux ouvriers rassemblés dans la salle des charpentiers et au cours du meeting on apprit qu'étaient venus, non seulement tous les ouvriers qui travail­laient pour Pauling et Henfrey dans la région (et qui n'étaient pas charpentiers, donc n'avaient pas cessé le travail) pour prendre part au défilé, mais qu'aussi plusieurs des Écossais récem­ment importés avaient arrêté le travail ce matin-là. En outre, un peintre montra que Pauling et Henfrey exigeaient les mêmes conditions illégitimes des peintres que des menuisiers et dit que les peintres eux aussi étaient résolus à résister. On décida pour simplifier les choses et abréger la lutte que tous les ouvriers du bâtiment de chez Pauling et Henfrey allaient cesser le travail. Ainsi fut fait. Le samedi suivant les peintres et le lundi les vitriers, cessèrent de travailler et sur le chantier du nouveau théâtre  [l] , dont Pauling et Henfrey avaient pris l'adjudication, ne travaillaient plus au bout de quelques jours que deux maçons et quatre manœuvres au lieu de deux cents personnes. Plusieurs des nouveaux arrivants aussi cessèrent le travail.

Pauling, Henfrey et Co, écumaient. Quand trois autres des nouveaux arrivants se mirent en grève on les traîna le vendredi 22 novembre devant Daniel Maude, esquire. Les camou­flets antérieurs n'avaient pas suffi. D'abord comparut un certain Read, accusé de rupture de contrat; on produisit un contrat que le prévenu avait signé à Derby. Roberts, qui était de nouveau à son poste, fit observer immédiatement qu'il n'y avait pas le moindre point com­mun entre le contrat et le chef d'accusation : c'étaient deux choses tout à fait différentes. Daniel Maude, esquire, le comprit tout de suite, puisque le terrible Roberts l'avait dit, mais il dut se donner beaucoup de mal pour essayer de le faire entendre au représentant de la partie adverse. Finalement, celui-ci demanda la permission de modifier ce chef d'accusation et revint au bout de quelque temps avec une plainte bien pire encore que la première. Quand il vit qu'elle ne portait pas non plus, il demanda un nouveau délai et Daniel Maude, esquire, l'autorisa à réfléchir jusqu'au vendre­di 30 novembre; une semaine entière de délai de réflexion. Je ne trouve pas d'indication de son succès ou de son échec, car dans la série d'exemplaires du journal, il me manque juste celui qui doit contenir la décision  [m] . Roberts cependant, passa alors à l'offensive et fit citer plusieurs des ouvriers nouvellement embau­chés, ainsi qu'un contremaître de Pauling et Henfrey pour avoir pénétré dans le domicile d'un gréviste et avoir malmené sa femme; dans deux autres cas, quelques grévistes avaient été victimes d'agressions. A son grand regret, Daniel Maude, esquire, dut condamner tous les accusés, mais il les traita avec la plus grande indulgence possible et leur fit seulement verser une somme comme caution de leur bonne conduite à venir.

Finalement, à la fin décembre, Pauling, Henfrey & Co, réussirent à arracher un jugement contre deux de leurs adversaires, ici encore, pour mauvais traitements infligés à un de leurs ouvriers. Mais cette fois le tribunal ne fut pas si indulgent. Il les condamna sans barguigner à un mois de prison et au dépôt d'une caution pour garantir leur bonne conduite à l'expiration de la peine  [n] .

A partir de ce moment, les informations sur la grève se font rares. Le 18 janvier, elle tenait encore à plein  [o] . Je n'ai pas trouvé d'autres comptes rendus par la suite. Probablement elle s'est terminée comme la plupart des autres; Pauling, Henfrey et Co se sont sans doute, à la longue, procuré un nombre suffisant d'ouvriers embauchés dans des régions éloignées, grossi de quelques transfuges du parti adverse. La masse des ouvriers en grève aura trouvé ailleurs une occupation après un arrêt de travail plus ou moins long, avec toute la misère qu'il implique - au moins ont-ils, pour les consoler, la conscience de n'avoir pas fait grève en vain et d'avoir maintenu le salaire de leurs camarades de travail; et pour ce qui est des points en litige, Pauling, Henfrey & Co auront trouvé qu'ils ne pouvaient imposer strictement leurs points de vue initiaux, étant donné que la grève a entraîné pour eux aussi de grosses pertes - et les autres entrepreneurs, n'auront pas idée, après une lutte si violente, de modifier de si tôt les anciennes normes de la profession de charpentier.


Notes

Texte surligné : en français dans le texte.

Notes de l'auteur

[1] Voici quelle était la teneur de ce contrat : l'ouvrier s'engageait à travailler six mois pour Pauling & Henfrey et à se déclarer satisfait du salaire qu'ils lui verseraient; mais Pauling & Henfrey n'étaient pas obligés de le garder six mois, mais pouvaient le renvoyer à tout moment avec un préavis d'une semaine; et si Pauling & Henfrey avaient bien déboursé ses frais de voyage du Staffordshire à Manchester, ils les lui retiendraient sur son salaire à raison de 2 shillings (20 groschen d'argent) par semaine ! Que dites-vous de ce bel exemplaire de contrat ?

Notes de l'éditeur

[a] Engels a bien employé le pluriel; on a vu que dans le titre de l'ouvrage principal, il avait au contraire choisi le singulier.

[b] Ce texte a été publié dans la revue mensuelle Das Westphälische Dampfboot (Le Vapeur westphalien), numéros de janvier (pp. 17-21) et de février 1846 (pp. 61-67). Cette revue était éditée par le socialiste « vrai » Otto Lüning. Elle parut de janvier 1845 à décembre 1846 à Bielefeld et de janvier 1847 à mars 1848 à Paderborn. Engels résidait à Bruxelles quand il écrivit cet article qui s'inspire, quant à la documentation, surtout du Northern Star.

[c] Ici, Engels emploie l'ancien mot anglais Turnout; dans le texte, revient très souvent le terme anglais de strike (grève). Manifestement, Engels ne fait pas de différence entre les deux termes. Il écrit turnout, alors que précédemment on trouvait l'orthographe turn-out, seule correcte en anglais.

[d] Van Diemens Land colonie pénitentiaire anglaise du Pacifique qui reçut en 1853 son nom actuel de Tasmanie.

[e] Voir ci-dessus, pp. 276-277 et Northern Star , 19 octobre 1844.

[f] Il semble bien qu'Engels se trompe d'une semaine. Il faudrait lire le 14 octobre. (Cf. Northern Star, 19 et 26 octobre 1844).

[g] Grève.

[h] Extrait de la motion adoptée à l'issue du meeting qui se tint le mardi 9 août 1842 à Ahston under Lyne et dont voici le texte exact : « Les ouvriers veulent être payés comme en 1840; et puisque leurs patrons ne veulent pas les recevoir, ils iront les trouver sur la place de la Bourse et verront où en est le marché de Manchester. » (Quarterly Review, vol. 71, décembre 1842, p. 294.)

[i] Northern Star, 9 novembre 1844; Manchester Guardian, 6 novembre 1844. Les deux journaux ne sont d'accord ni sur l'origine, ni sur la nature des violences commises.

[j] Northern Star , 16 novembre; Manchester Guardian , 13 novembre 1844.

[k] Cf. ci-dessus la sanglante échauffourée dans la briqueterie de Pauling & Henfrey [voir P. 362 et pp. 276-277].

[l] Il s'agit du théâtre royal, Peter Street, à Manchester, inauguré en 1845, Northern Star, 23 et 30 novembre 1844.

[m] Northern Star, 7 décembre 1844. « Encore une victoire pour les travailleurs. » Roberts obtint l'acquittement des ouvriers inculpés en faisant valoir qu'on n'avait mentionné qu'une partie du contrat du 19 octobre. Selon le journal « l'annonce de l'acquittement fut accueillie par des applaudissements ».

[n] Le 24 décembre 1844, John O'Neile fut traduit devant les juges pour coups et blessures sur la personne de M. Burton, employé de MM. Pauling & Henfrey O'Neile fut condamné à verser une provision de 10 livres sterling. D'autres ouvriers furent libérés sous caution.

[o] Northern Star, 18 janvier 1845, décrit le meeting du 11 janvier 1845 comme « assez houleux ». Aucune décision ne fut prise quant à la fin de la grève qui, d'après le Manchester Guardian était terminée depuis le 23 décembre ! En tout état de cause, un autre meeting eut lieu le 14 janvier 1845. Il semble que les grévistes aient obtenu que Pauling & Henfrey se conforment aux horaires en usage à Manchester.


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