1939

Liu Shaoqi (1898-1969), nè á Ningxiang, dans la province de Hunan, a occupé les fonctions de vice-président du Comité central du Parti communiste chinois et de président de la République populaire de Chine. Quand la Révolution culturelle a commencé en 1966, il a été  accusé d'être un tenant de la voie capitaliste et un renégat. Persécuté physiquement, il est mort de maladie en 1969. En 1980, le Comité central a adopté une résolution décrétant sa réhabilitation.


Pour Être Un Bon Communiste

Liu Shaoqi


IX. ATTITUDE A L’EGARD DES IDEES ERRONEES ET DE LA LUTTE AU SEIN DU PARTI

L’influence des classes exploiteuses et de la petite bourgeoisie, l’existence de couches différentes au sein de la classe ouvrière et les différences d’origine de classe de nos membres engendrent parmi eux des idées différentes, certaines différences dans leurs points de vue, leurs habitudes et leurs sentiments, dans leur conception du monde et de la morale, et des différences dans leur façon d’envisager et de penser les choses et les phénomènes en général, les problèms de la révolution en particulier.

Dans notre Parti, certains sont capables d’observer les choses et les phénomènes dans leur développement et leur interrelation; d’autres sont habitués à les considérer comme s’ils étaient statiques et isolés. Les premiers sont à même de les envisager dans leur ensemble et d’une manière objective et par suite d’en tirer des conclusions justes qui puissent nous guider correctement dans l’action. Parmi les derniers, les uns remarquent seulement ou exagèrent tel aspect des choses et des phénomènes, tandis que les autres en voient seulement ou exagèrent tel autre, de sorte que ni les uns ni les autres n’envisagent les choses et les phénomènes dans leur ensemble et d’une manière unilatérale et subjective, si bien qu’ils ne peuvent ne dégager des conclusions justes ni donner une bonne direction à nos actions.

Leurs façons différentes d’envisager les problèmes amènent les membres du Parti à les résoudre selon des méthodes différentes et font surgir des divergences et des controverses dans leurs vues et opinions, ainsi que des luttes au sein du Parti. Sous l’influenece des classes exploiteuses et de leur idéologie, ces cases divergences et ces controverses deviennent néssairement plus aiguës quand la révolution se trouve à un tournant critique, ou lorsque la lutte s’intensifie et que nos difficultés s’accroissent.

Le nœud de la question n’est donc pas se savoir s’il y a des idées différentes ou des divergences d’opinions, car il en existe toujours; c’est de savoir comment résoudre les contradictions au sein du Parti, comment aplanir ces divergences, comment triompher des idées erronées non prolétairiennes. Evidemment, seule la lutte à l’intérieur du Parti nous permettra de résoudre ces contradictions, d’aplanir ces divergences et de triompher des idées erronées. Comme l’a dit Engels: “Les contradictions ne peuvent jamais être estompées pour longtemps. Elles se règlent par la lutte(118).”

A l’egard des insuffusances, des erreurs et de tout ce qui est indésirable dans le Parti, différentes catégories de gens professent des opinions différentes et adoptent des attitudes difféerentes.

Il y a une première catégorie de gens qui ne voient pas ou ne veulent pas voir qu’il y a dans le Parti des insuffisances, des erreurs et d’autres phénomènes indésirables; ils croient aveuglément qu’on n’y rencontre rien de tel, c’est pourquoi ils relâchent leur vigilance et laissent s’affaiblir leur lutte contre ces phénomènes. Une seconde catégorie d’entre eux ne voient que ou guère que les insuffisances, les erreurs et les choses indésirables. Ils ne voient pas ce qui est juste et lumineux dans le Parti, c’est pourquoi ils s’abandonnent au pessimisme, sont deçus, perdent confiance; ou bien, la vue de ces phénomènes indésirables les laisse tout étonnés et désemparés. Ces manières de voir sont toutes incorrectes et unilatérales. Notre manière de voir à nous diffère de l’une et de l’autre. D’une part, nous savons que notre Parti est le parti du prolétariat, le parti le plus progressiste et le plus révplutionnaire qui soit en Chine. D’autre part, nous savons bien que, dans notre Parti, il existe encore, à des degrès variables, des insuffisances, des erreurs, des choses indésirables. En même temps, nous connaissons clairement leur origine, les moyens de les corriger et de les éliminer progressivement, nous nous appliquons sans relâche à nous former, nous redoublons d’efforts dans le travail et nous poursuivons les luttes nécessaires pour faire progresser notre Parti et la révolution.

Comme les hommes diffèrent par leur position de classe et leurs vues, ils adoptent des attitudes différentes à l’égard de ce qui est indésirable dans le Parti. La première attitude est celle des éléments étrangers à la classe ouvrière et des éléments hostiles qui se sont glissés dans le Parti. La deuxième est celle de nos adhérents qui n’ont pas une position prolétarienne ferme et dont le mode de pensée est erroné. La troisième est celle des membres du Parti qui s’en tiennent fermement aux principes du marxisme-léninisme.

Les éléments étrangera à la classe ouvrière et les éléments hostiles qui sont glissés dans le Parti se réjouissent des insuffisances, des erreurs et d’autres choses indésirables qu’ils voient dans notre Parti. Ils en tirent une joie maligne, exploitent nos lacunes et cherchent par tous les moyens à utiliser et à grossir telles ou telles de nos insuffisances, erreurs et autres choses indésirables, afin de pouvoir miner notre Parti. Parfois, ils font même semblant de lutter contre certaines erreurs et de soutenir la ligne du Parti, dans le but de pousser les choses jusqu’à faire commettre les erreurs opposées.

Dans la deuxième catégorie, on trouve les cas suivants:

1. Certains membres du Parti approuvent et partagent des idées erronées et suivent les mauvais exemples d’autres adhérents pour satisfaire leurs ambitions et désirs personnels. Ils considèrent que l’existence de certaines insuffisances et erreurs dans le Parti est à leur avantage, qussi favorisent-ils consciemment ou inconsciemment leur développement pour en profiter ensuite. C’est l’attitude adoptée dans le Parti par les arrivistes et les adhérents d’un très mauvais naturel.

2. Certains membres du Parti ferment les yeux sur les insuffisances, erreurs et autres phénomènes indésirables qui existent au sein du Parti et les abandonnent à leur cours. Ils s’accommodent de tout et se dérobent à la lutte contre ces défaits. Ils craignent la lutte et l’autocritique à l’intérieur du Parti, les considérant comme nuisibles, comme nullement profitables au Parti; ou bien ils demeurent insensibles à ces phénomènes indésirables et ne veulent pas les reconnaître; ou encore ils ne les combattent que pour la forme et sont prêts au compromis. Telle est l’attitude des membres qui n’ont qu’un faible sens de leur devoir envers le Parti, qui sont tout imbus de libéralisme ou coupables de bureaucratie.

3. Certains membres du Parti “ont en horreur” les insuffisances et les erreurs et aussi les camarades dont les idées ne sont pase toujours très justes. Ils rompent à la légère avec les camarades qui ont commis une faute et cherchent de but en blanc à obtenir leur exclusion. S’ils n’y réussussent pas du premier coup et essuient des refus, ils jettent le manche après la cognée et tombent dans le pessimisme et l’abattement; ou bien ils “préservent leur pureté”, se tiennent à l’écart et se séparent même nettement du Parti. Cette attitude outrancière se traduit aussi par la façon méchanique qu’ont certains de comprendre la lutte et l’autocritique au sein du Parti. Ceux qui l’adoptent pensent que la lutte intérieure doit être dans n’importe quelles conditions, et que plus elle est fréquente et acharnée, mieux cela vaut. Ils considèrent la moindre bagatelle comme une question “de principe”, et qualifient d’“opportunisme” politique les plus petites fautes. Ils ne mènent pas la lutte à l’interieur du Parti de façon appropriée et concrète, selon les besoins de la réalité et les lois objectives du développement, des choses, amis “luttent” mécaniquement, subjectivement, violemment, sans se soucier des conséquences. C’est l’attitiude adoptée par les membres du Parti qui sont à court de moyens pour faire contradictions au sein du Parti, ou qui n’ont qu’une conception mécanique de la lutte à l’intérieur du Parti. Pendant un certain temps, cette attitude outrancière à l’égard de la lutte interne a été exploitée par les opportunistes “de gauche”. Ces derniers ont poussé cette lutte mécanique et excessive jusqu’à chercher délibérément des “cibles de lutte” au sein du Parti, jusqu’à y susciter délibérément les luttes internes et à punit des camarades en abusant des mesures disciplinaires prévues par le Parti, voire en recourant contre eux à des moyens destinés aux luttes extérieures; c’est par telles “luttes” et “mesures disciplinaires” qu’ils essayaient de faire avancer le travail.

L’attitude que nous devons adopter est celle du prolétariat, celle du marxisme-léninisme. A l’encontre des attitudes erronées mentionnées ci-dessus, nous préconisons ce qui suit:

1. Parmi les diverses phénomènes, idées, opinions et points de vue apparus dans le Parti, reconnaître et distinguer avant tout ce qui est juste et profitable au Parti et à la révolution et ce qui ne l’est pas, ou bien voir si les parties en controverse ne sont pas dans une trosième opinion, un trosième point de vue. Après avoir bien réfléchi et tout considéré avec sérénité, prendre une attitude claire et nette et se ranger du côté juste. Ne pas suivre aveuglément les autres, ni se laisser entrainer par le courant.

2. S’inspirer de tous les bons exemples et de tous les actes de probité dans le Parti pour les encourager et les multiplier, soutenir activement toutes les vues et opinions justes; ne pas suivre les mauvais exemples ni se laisser influencer par des idées erronées, quels qu’ils soient.

3. Ne pas adopter une attitude libérale, ni craindre la lutte nécessaire à l’intérieur du Parti. Poursuivre une lutte intransigeante contre toutes les idées ou opinions qui constituent des erreurs de principe, contre tous les phénomènes indésirables dans le Parti, de sorte que nous puissions toujours en triompher; ne jamais les laisser se développer au détriment du Parti et de la révolution.

4. Ne pas adopter une attitude mécanique et outrancière. Combiner comme il faut la rigueur et la clarité en matière de principes avec la souplesse et la peeersuasion patiente dans les méthodes de lutte, pour éduquer, critiquer, tremper et transformer, au cours d’une période de lutte prolongée, les camarades qui ont commis des fautes, mais qui ne sont pas incorrigibles. Engager, d’une manière concrète et appropriée, les luttes idéologiques indispensables à divers moments, sur différentes questions de principe, mais ne pas engager d’une manière subjective, mécanique et gratuite une lutte sans discrimination à l’intérieur du Parti, ni devenir un maniaque de la “lutte”.

5. Consolider l’unité du Parti, renforcer sa dicipline et relever son prestige au cours de la lutte à l’intérieur du Parti. Infliger des sanctions statuaires aux éléments incorrigibles, ou même les excluire du Parti. Considérer comme notre devoir suprême de défendre l’unité du Parti, de préserver la purité de son idéologie et de renforcer son organisation.

Telle est l’attitude qu’adoptent tous lese bons communistes. C’est la seule attitude marxiste-léniniste correcte.

Il n’y a rien d’étonnant à ce que nos ennemis se servent de toutes nos insuffisances et de toutes nos erreurs pour miner notre Parti. Outre que nous devons aiguiser constamment notre vigilance, nous devons donner le moins de prise possible à l’ennemi chaque fois que surgissent les insuffisances et des erreurs au sein du Parti. Tel est le devoir de tout camarade attaché au Parti. Si, au cours de la lutte à l’intérieur du Parti, un membre néglige ce point, s’il ne fait que suivre son caprice, s’il va jusqu’à se joindre à de mauvais éléments au lieu de rejeter leur assistance, on recourt même l’aide de forces extérieures pour atteindre un certain but à l’intérieur du Parti, il commettera une faute politique impardonnable, une infraction impardonnable à la discipline du Parti.

Nos membres doivent refléter l’idéologie juste dans le Parti et se régler sur les bons exemples, ils doivent les combattre, non les suivre. Mais ce qui se passe en fait dans le Parti, c’est que certains camarades qui, en général, ont des idées justes et suivent les bons exemples, reflètent parfois des idées erronées, suivent parfois de mauvais exemples. Pour d’autres, il semble qu’il leur est facile d’apprendre ce qui est mauvais, mais difficile d’apprendre ce qui est bon. Voilà qui mérite de notre part une sérieuse attention. Ces camarades, lorsque certains erreurs sont commises dans le Parti, sont souvent portés à les encourager ou à les aggraver, intentionnellement ou non. Dans les luttes à l’intérieur du Parti, ils se rangent souvent du côté de ceux qui l’emportent, sans se préoccuper de ce qui est vrai ou faux. Ces camarades ne feront guère de progrès s’ils ne sont pas soumis à une critique sévère et à une formation rigoureuse.

Quant aux camarades qui adoptent dans le Parti une attitude libérale ou bureaucratique à l’égard des insuffusances, erreurs et autres phénomènes indésirables, ils ont, bien entendu, également tort. Ceci, je pense, est très claire pour vous, étudiants de l’Institut Marx-Lénine. En effet, dans le cours sur l’Edification du Parti, que vous avez étudié, la nécessité de l’autocritique et de la lutte idéologique au sein du Parti est expliquée clairement et à fond; vous pouvex vous y référer, je ne m’y attarderai pas ici. Ce que je tiens à relever cependant, c’est que les camarades du Parti qui adoptent cette attitude libérale sont encore assez nombreux. Souvent, nous manquons de cette critique et de cette autocritique, faites avec un réel sens de la responsabilité, en toute sincérité et conformément aux principes d’organisation du Parti, qui visent à dénoncer, corriger et éliminer les insuffisances, les erreurs et les autres phénomènes indésirables; en particulier la critique de bas en haut et l’autocritique font encore trop souvent défaut et doivent être grandement développées. Par contre, il y a dans le Parti, à propos de telle personne ou de telle question, quantité de critiques irresponsables et contraires à nos principes d’organisation, ainsi que des médisances et de cancans derrière le dos des intéressés. Ce sont là deux formes d’expression du libéralisme dans le Parti. Cela montre que certains camarades ne sont pas assez mûrs politiquement, qu’ils manquent de courage dans la lutte révolutionnaire et que la démocratie à l’intérieur du Parti n’a pas encore atteint un développment convenable. Certains camarades n’osent braver les convenances ni offenser les gens, de peur d’encourir leur animosité ou leur contre-critique; ils préfèrent laisser subsister les insuffisances et les erreurs; leur attitude est de s’accomoder de tout, d’avoir le moins ennuis possible et de régler les choses par manière d’acquit. Et pourtant, ils critiquent les autres derrière leur dos. Tout cela nuit au Parti, loin de lui être profitable. Les critiques et les propos irresponsables peuvent provoquer dans le Parti des différends sans principes et des dissensions, mais ne serviront jamais à y corriger les insuffisances et les erreurs. Nous sommes pour une critique et une autocritique responsables, profitables au Parti et conformes à ses principes d’organisation.

Puisque des insuffisances et des fautes existent dans le Parti en même temps que des idées erronées non prolétariennes dont chaqune peut, à certain moments, devenir une tendance, donner naissance à des divergences de principe et affecter l’unité d’action du Parti, nous ne serons pas capables d’éduquer correctement le Parti, le prolétariat et les masses si, au lieu de développer la critique et l’autocritique, de dénoncer et de corriger constamment les insuffisances et les erreurs, de triompher de toutes les idées erronées et d’engager la lutte à l’intérieur du Parti pour y aplanir les divergences, nous adoptons une attitude conciliatrice et une ligne “moyenne”, si nous nous accommodons de tout et ne cherchons qu’à nous tirer d’affaire tant bien que mal.

Le libéralisme dans la lutte à l’intérieur du Parti se manifeste encore sous une autre forme. Quand une controverse éclate dans le Parti, de nombreux camarades délaissent leur travail pour passer des jours et des mois en vaines discussions, ou ne connaissent plus de limites, de sorte que l’unité du Parti s’en trouve relâchée, sa discipline affaiblie et son prestige compromis et que les organisations et organismes militants du Parti sont convertis en parlotes. Ces choses se sont produites plus d’une fois dans certaines organisations de notre Parti. Elles n’ont rien de commun avec la critique et l’autocritique que nos préconisins. Si nous recourons à la critique et à l’autocritique, ce n’est pas pour entamer le prestige du Parti, saper sa discipline et affaiblir sa direction, c’est pour relever le prestige du Parti, consolider sa discipline et renforcer sa direction.

On a donc tort d’adopter une attitude libéerale ou bureaucratique à l’égard des insuffisances, erreurs et phénomènes indésirables au sein du Parti. Nous sevons développer la critique et l’autocritique et mener correctement la lutte à l’intérieur du Parti, afin de combattre tous les phénomènes indésirables et d’aplanir les divergences. C’est seulement ainsi que le Parti pourra se consolider, se développer et progresser.

Les camarades qui adoptent une attitude outrancière dans la lutte à l’intérieur du Parti sont également dans l’erreur.

L’attitude outrancière est l’exacte antithèse du libéralisme. Ceux qui l’adoptent le font parce qu’ils ne comprennent pas que les idées erronées dans le Parti ont des racines profondes dans la société et ne sauraient aucunement être éliminées d’un seul coup. Beaucoup de nos camarades peuvent, à différents moments et à des degrés divers, refléter des idées non prolétariennes, commettre quelques erreurs dans le travail; c’est ce qu’aucun camarade ne peut éviter complètement. S’il fallait refuser d’admettre ou de tolérer, s’il fallait repousser absolument ou même exclure du Parti tous les camarades qui reflètent, à des degrés divers, des idées non prolétairiennes ou qui ont commis des erreurs mais ne sont pas incorrigibles, alors la tâche de notre Parti qui consiste à éduquer les camarades et à consolider ses organisations deviendrait sans objet. Si notre Parti suivait cette politique outrancière, les camarades qui l’adoptent finiraient eux-mêmes par être exclus. En particulier, ces camarades ne comprennent pas que la réalisation du communisme comporte la tâche immense et difficile de transformer tous les hommes en citoyens désintéressés de la société communiste, de transformer, par un long processus de formation et d’éducation au cours de la lutte même, tous les hommes, avec toutes leurs faiblesses, en communistes hautement cultivés. S’ils se rendent compt de cela, ils doivent comprendre que notre Parti a l’importante et constante tâche d’éduquer et de réformer ceux qui sont déjà de ses membres, mais qui ont encore, plus ou moins, des idées non prolétariennes.

Naturellement, éduquer ces camarades et les réformer constituent une tâche ardue qui demande de longs et patients efforts. Pourtant, si nous répugnons à nous attaquer à cette tâche, si nous reculons délà devant ces difficultés, comment pouvons-nous parler de transformer le monde et le genre humain? Et puisque nous sommes décidés à entreprendre cette tâche ardue, sans précédent, qu’est la transformation du monde et du genre humain, sans reculer devant les difficultés, quelle autre tâche au monde pourrait nous effrayer? Les membres du Parti qui ont la conception communiste du monde sont des hommes sans peur qui ne reculent devant aucune tâche, si difficile et si ardue soit-elle, et ils comprennent que le développment des choses et des phénomènes suit un cours sineux. Les camarades qui adoptent une attitude outrancière ne comprennent pas qu’il faut parcourir un chemin pénible et sineux pour parvenir au communisme, ils craignent les difficultés, désirent suivre une route droite, veulent éliminer d’un seul coup tout ce qui les contrarie et sauter immédiatement dans leurs univers idéal. Avec cette façon de penser et d’agir, ils se cogneront sûrement la tête contre le mur. Et souvent, après s’être cassé le nez, ils deviendront pessimistes, se décourageront, perderont leur confiance dans l’avenir du communisme. Ils passeront ainsi de l’extrême gauche à l’extrême droite, dévoilant complètement le fond de leur idéologie non prolétarienne. Il est regrettable qu’il y ait encore dans notre Parti tant de camarades qui donnent plus ou moins dans cette attitude outrancière et eronée à l’égard des insuffisances et des erreurs dans le Parti, bien qu’elle soit extrêmement nuisible au Parti, à leurs camarades et à eux-mêmes.

Si la lutte intérieur est necessaire, ce n’est pas que subjectivement nous nous plaisons à lutter ou à controverser, mais parce qu’au cours de développement du Parti et de la lutte du prolétariat, des divergences de principe ont surgi dans le Parti. A de tels moments, “on ne peut éliminer les contradictions qu’en luttant pour tels ou tels principes, pour tels ou tels objectifs de la lutte, pour telles ou telles méthodes de lutte conduisant au but”(119). Aucun compromis ne servirait à rien. Cela signifie que, quand une controverse porte sur une question de principe, à laquelle la lutte seule peut mettre un terme, nous devons, pour y parvenir, mener la lutte à l’intérieur du Parti, sans jamais cheercher à l’éluder; et cela ne veut pas dire aue sur toutes les affaires courantes, sur les problèmes d’ordre purement pratique, nous ayons, le visage de marbre, à engager une lutte à l’intérieur du Parti et à repousser tout compris, de manière à soulever une têmpete dans un verre d’eau. “On peut et on doit accepter toute sorte d’accords avec ceux qui, à l’intérieur du Parti, pensent différement quant aux problèmes de politique courante, aux problèmes d’ordre purement pratique(120).”

Quand des idées opportunistes et des divergences de principe apparaissent dans le Parti, nous devons, bien entendu, lutter contre ces idées et ces erreurs de principe pour en triompher; mais cela ne signifie nullement qu’à défaut de divergences de principe et d’idées opportunistes nous devions encore essayer de grossir des divergences d’opinion entre camarades sur des problèmes d’ordre purement pratique au point d’en faire des “divergences de principe”.

Le camarade Mao Zedong a dit:

...le Parti doit, d’une parte, mener une lutte sérieuse contre les conceptions erronées, mais, d’autre part, donner pleine possibilité aux camarades qui ont commis des erreurs d’en prendre conscience. Dans ces circonstances, une lutte pousée à l’excès est évidemment inadéquate(121).

Il est nécessaire d’adresser des critiques sévères ou même d’infliger des sanctions statuaires aux camarades qui, ayant commis des erreurs opportunistes ou autres erreurs de principe, font la sourde oreille à la persuasion et aux critiques, persistent dans leurs erreurs, se retranchent dans une obstination irréductible, regimbent contre la politique du Parti ou ont une attitude qui marque de ,a duplicité. Mais si ces camarades ne persistent pas dans leurs erreurs, s’ils veulent bien, après discussion, tentatives de persuasion et critiques menées en toute sérénité, corriger leurs erreurs, renoncer à leurs points de vue antérieurs, ou bien s’ils réfléchissent calmement à leurs erreurs et en discutent sans passion avec d’autres camarades, nous devons nous réjouir du moindre progrès qu’il ont fait et non leur infliger des sanctions sans discernement. En préconissant la critique et la lutte intérieur du Parti, nous ne voulons pas dire que plus nos visages deront séverès et plus nous punirons de camarades, mieux cela vaudra; notre but le plus élevé, c’est d’arriver vraiment à éduquer les camarades qui ont commis des erreurs, de les aider à s’en corriger, d’éduquer tous les membres et de renforcer le Parti.

L’attitude des opportunistes “de gauche” à l’égard de la lutte à l’intérieur du Parti était manifestement erronée. Selon ces gens, qu’on dirait atteints de démence, tout paix à l’intérieur du Parti serait condamnable, même celle qui résulterait de l’accord unanime sur les principes et la ligne politique. A défaut de divergences de principe dans le Parti, il faisaient délibérément “la chasse” aux cibles, qualifiant d’“opportunistes” certains camarades et les prenant pour “mennequins de paille” dans leur lutte à l’intérieur du Parti. Ils voyaient dans ces luttes erronées, dans ces tirs sur des “mannequins de paille” les formules magiques pour développer le Parti et remporter la victoire dans la lutte de la révolutionnaire du prolétariat. Ils croyaient que le seul moyen pour mériter l’appellation de “bolchévik”(16) est de “soulever des tempêtes sur un mer calme” et de provoquer intentionnellement la lutte à l’intérieur du Parti. Bien sûr, ce n'est pas là conduire celle-ci sérieusement, c’est se moquer du Parti et transformer en un jeu cette lutte de caractère extrêmement sérieux. Ceux qui préconisent dette façon d’agir ne sont pas des bolchéviks, mais des éléments quasi incorrigibles ou des arrivistes usurpant le nom de “bolchévik”.

Ce qui vient d’être dit se rapporte à l’attitude que nous devons adopter à l’égard des insuffinces, erreurs et autres phénomènes indésirables dans le Parti. C’est par la lutte contre ce qui est ténébreux à l’intérieur et à l’extérieur du Parti que nos transformons le monde et le genre humain aussi bien que notre Parti et nous-mêmes. La lutte intérieur est le reflet au sein du parti des contradictions qui existent dans la société entre les classes et entre l’ancien et le nouveau. Au cours de la lutte des classes à l’extérieur du Parti — de la lutte révolutionnaire des masses ”, le Parti s’aguerrit, se développe et se renforce et, en même temps, par la lutte à l’intérieur du Parti, il réalise sa consolidation et son unité, qui lui permittent d’assurer une direction plus systématique, plus adéquate et plus énergique de la lutte révolutionnaire des masses. C’est pourquoi adopter une attitude libérale à l’égard des insuffisances,erreurs et autres phénomènes indésirables qui existent dans le Parti, chercher à ignorer les divergences de principe, à dissimuler les contradictions au sein du Parti, à éluder la lutte à l’intérieur du Parti et à ne régler les choses pour la forme et par manière d’acquit serait entièrement erroné, profitable à l’ennemi, contraire aux lois du développement de la lutte des classes à l’extérieur du Parti ou du mouvement révolutionnaire des masses et de transformer la lutte à l’intérieur du Parti en vains bavardages. Car le Parti ne saurait absolument pas s’aguerrur, se développer et se renforcer s’il était coupé de la lutte révolutionnaire des masses. Cependant, il serait tout aussi erroné et contraire aux lois du développement du Parti que nous passions d’un extrême à l’autre et adoptions une attitude outrancière à l’égard de dous les camarades qui présentent des insuffisances ou commettent des erreurs mais qui ne sont pas incorrigibles, ou que nous ne fassions aucune distinction entre eux et les ennemis, en menant d’une manière mécanique et exagérée la lutte à l’intérieur du Parti ou même en la suscitant de propos délibéré. Nous ne devons pas rompre avec des camarades qui ont commis des erreurs mais qui sont loyaux; nous devons, en leur témoignant de l’affection et de la sympathie, les persuader, les éduquer, les aider à se transformer eux-mêmes dans la lutte. S’ils ne persistent pas dans leurs erreurs, s’ils ne sont pas incorrigibles, nous ne devons pas leur infliger des sanctions ou les exclure du Parti.

Bien qu’il existe encore certains insuffisances et erreurs, certains phénomènes indésirables, isolés et partiels, dans notre Parti, nous avons la ferme conviction que nous pourrons les éliminer et que nous les éliminerons effectivement au cours du développment du mouvement ouvrier et dans la grande lutte révolutionnaire des masses. L’histoire de la lutte entreprise par le Parti communiste chinois depuis près de vingt ans, les grands progrès qu’il a réalisés et l’histoire du développement du mouvement ouvrier dans les différents pays du monde sont à cet égard tout à fait convaincants.

La lutte à l’intérieur du Parti est une composante essentielle, indispensable, de la lutte révolutionnaire dans son ensemble. C’est pourquoi nos camarades doivent s’aguerrur et s’éduquer tant dans la lutte à l’extérieur du Parti que dans la lutte sur deux fronts au sein du Parti. Cependant, bon nombre de nos camarades ne comprennent pas encore parfaitement cette lutte intérieur et n’ont pas encore reçu la formation ou atteint le degré de perfectionnement nécessaires. Cela se manifeste non seulement par les luttes incessantes et sans principes menées par quelques camarade, même de ceux qui ont un long passé de lutte militante, ne supportent pas d’être critiqués ou méjugés. Dans le combat livré à la contre-révolution, ils n’ont jamais flanché, ne se sont jamais plaints, ne se sont jamais découragés, quelque cruelle et ardue que fût la lutte, quelque sévères que fussent les coups qu’ils eurent à subir. Mais dans la lutte à l’intérieur du Parti, ces camarades ne peuvent supporter la moindre critique, la moindre attaque, la moindre injustice, ni même un seul parole déplaisante. Ou bien ils soupçonnent les autres de raire des allusions malveillantes à leur égard, s’en plaignent et en viennent à être tout déprimés. C’est là in fait qui doit retenir notre attention.

Il faut dire qu’il s’agit là, en général, de très bons camarades, qui ont combattu résolument la contre-révolution et qui considèrent le Parti comme une mère pleine d’affection. Quand ils reviennent dans les bras de leur rendre mère, après de durs combats, ils s’attendent à trouver non des attaques et des injustices, mais les encouragements, les consolations, l’affection qu’ils méritent. De telles espérances ne sont que trop naturelles. Cependant, il y a quelque chose dont ils ne tiennent pas compte, du moins pas pleinement, c’est qu’il existe encore dans le Parti des insuffisances, des erreurs et des luttes intérieures, et que tout camarade doit passer par ces luttes. Si le Parti critique et combat les insuffisances et les erreurs, ce n’est nullement parce qu’il est inpitoyable, c’est parce qu’il ne peut éviter de le faire au cours de sa lutte révolutionnaire. Il est indispensable que dans la lutte à l’intérieur du Parti chacun reçoive des critiques bien fondées, cela est profitable à soi-même, aux autres camarades, à tout le Parti. D’autre part, il est inévitable que certains camarades reçoivent, à certains moments et sur certains sujets, des critiques mal fondées, subissent des attaques, voire même des vexations et des injustices. Faute d’en tenir compte, les camarades dont nous parlons tombent de nues lorsque de telles choses leur arrivent inopinément et en sont très malheureux et abattus.

A cet égard, je pense que nos camarades doivent, d’une part, veiller à l’union avec les autres camarades, les traiter avec franchise et sincérité, se garder de les blesser par des remarques faites à la légère ou des propos sarcastiques, acerbes, et surtout de les critiquer de façon irresponsable derrière leur dos. A l’égard des erreurs de quelque camarade que ce soit, l’attitude qu’il convient d’adopter est de lui donner sincèrement des conseils et de le critiquer en face, par sollicitude et désir de lui venir en aide. C’est à quoi nous devons tous être attentifs, et particulièrement les camarades qui ont une certaine responsabilité.

D’autre part, je pense que nos camarades doivent toujours être préparés moralement à la lutte à l’intérieur du Parti, qu’ils doivent accepter sincèrement toutes les critiques bien fondées et avoir en même temps le courage de supporter les malentendus, les attaques, voire même les vexations et les injustices; surtout, il ne faut pas qu’ils s’irritent ou qu’ils s’emportent pour des critiques irresponsables et injustifiées, pour de faux bruits. En dehor de la critique pratiquée correctement entre camarades par la voie de l’organisation du Parti, on peut, si c’est nécessaire faire une mise au point ou donner quelques explications en répones à des méprises ou à des critiques irresponsables; mais si ces explications restent sans effer, on n’a quu’à laisser dire les gens, du moment qu’on a un idéologie juste et un comportement sans reproche. Rappelons-nous ces deux dictons chinois: “Sur qui ne fait-on pas de commérages derrière son dos et qui ne fait pas de commérage sur autrui?”, “Qu’importe la tempête, assied-toi tranquillement dans ta barque de pêche!” Personne en ce monde ne peut éviter tout à fait d’être mal compris; tot ou tard, les malentendus se dissiperont. Nous devons être capables de supporter un malentendu sans nous engager jamais dans les luttes sans principes. En même temps, nous devons constamment nous tenir en éveil et surveiller nos pensées et notre comportement.

Autrement dit, s’il faut éviter de blesser les camarades par des remarques désobligeantes, il faut être capable, pour sa part, de supporter les propos offensants des autres.

Nous sommes absolument opposés aux controverses sans principes dans le Parti. Pusiqu’elles sont sans principes, elles sont inutiles et nuisibles au Parti, et il n’est guère possible, en général, de se distinguer en elles le juste et le faux, le bon et le mauvais. N’essayons donc pas de découvrir dans une lutte sans principes qui a tort et qui a raison, qui est bon et qui est le mauvais, c’est une affaire qu’on ne saurait tirer au clair. Ce que nous pouvons faire, c’est de nous opposer absolument à ce genre de lutte et de demander aux camarades qui y sont engagés de la cesser inconditionnellement et revenir aux au questions principe. Telle est la règle que nous devons observer à l’égard de contraverses et des luttes sans principes. Mais que ferons-nous si ces controverses viennent nous chercher et que nous y soyons mêlés? Dans ce cas encore, tout ce que nous pouvons faire, c’est de mettre l’accent sur les questions de principe en évitant de le mettre sur celles qui n’engagent aucun principe. Comme le veut la ligne de conduite définie plus haut, nous devons traiter ces controverses sans principes avec la riguer nécessaire, sans nous y laisser entraîner, et rester toujours fermement sur notre position de principe. Quand quelqu’un vous fait du tort, ne ripostez pas en lui faissant du tort. Soyez toujours du côté de ce qui est juste et opposez-vous au tort. qu’on vous fait. Il n’est pas facile à certains camarades de se comporter ainsi, ce qui montre pourquoi il faut veiller particulièrement à la formation et à l’éducation de soi-même.

Je vais maintenant résumer en quelques mots ce que je viens de dire.

En entreprenant leur éducation idéologique, les communistes ont pour but s’aguerrir afin de devinir des membres et des cadres modèls du Parti, fidèls et purs, toujours en progrès. Ce but nous impose les devoirs suivants:

1. Acquérir la conception communiste du monde et la ferme position du Parti et du prolétariat par l’étude du marxisme-léninisme et par la participation à la lutte révolutionnaire.

2. Examiner notre pensée et notre comportement, corriger toutes nos idées erronées et, en même temps, juger les questions et les camarades sous l’angle de la conception communiste du monde et de la ferme position du Parti et du prolétariat.

3. Adopter constamment une attitude correcte et des méthodes appropriées dans la lutte contre les idées erronées dans le Parti, spécialement contre celles qui affectent la lutte révolutionnaire de l’heure présente.

4. Se maîtriser rigoureusement dans ses pensées, ses paroles et ses actions, surtout quand elles revêtent un caractère politique et se rapportent à la lutte révolutionnaire présente, en prenant une position ferme et en adhérant aux principes justes. En outre, il est bon d’être scrupuleux envers soi-même jusque dans les “vétilles” (vie privée, comportement, etc.). Mais avec les autres camarades, sauf pour les questions de principe et les questions politiques importantes, il ne faut pas se montrer trop exigeant, ni les chicaner sur des “vétilles”.

Voilà, à mon avis, comment il faut entendre essentiellement l’éducation idéologique des communistes par leurs propres efforts.

 


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