1931

 

Pierre Nikiforov

la Grève

AVANT-PROPOS DE L'ÉDITION RUSSE

1931

AVANT-PROPOS DE L'ÉDITION RUSSE

Le livre de Pierre Nikiforov, la Grève, dé­peint avec vigueur la lutte du prolétariat sous le régime tsariste au moment où la première révolution russe — ayant atteint son point culminant, lors du soulèvement d'octobre 1905, à Moscou, et étant écrasée au centre de son mouvement — déferla irrésistiblement sur les villes et les villages éloignés du cœur du pays. Dans les villes, elle prit la forme de grèves.

L'auteur est un bolchévik, matelot. C'est lui qui dirigea la mutinerie qui éclata à bord du yacht impérial Etoile polaire, en octobre 1905.

Cette mutinerie fut écrasée et Nikiforov fut obligé de fuir. Il partit en Crimée où il travailla illégalement pour le Parti.

En 1906, les bolchéviks furent obligés de soutenir une lutte acharnée, non seulement contre la contre-révolution tsariste qui relevait la tête, mais encore au sein de leur propre parti contre les menchéviks, car, à cette époque, le Parti social-démocrate russe réunissait encore les bolchéviks et les menché­viks et, officiellement, était uni.

Alors que le front unique des masses, qui s'était constitué pendant la période de poussée révolutionnaire, obligeait les menchéviks, en dépit de leur nature revisionniste, à participer involontairement aux combats de ces masses, lorsque le flot révolutionnaire se mit à refluer, ces mêmes menchéviks se sentirent les maîtres de la situation.

Après la défaite du soulèvement de Moscou, le chef et l'idéologue du menchévisme, G. Plé­khanov, prononça sa phrase célèbre : « Il ne fallait pas prendre les armes » et les militants menchéviks locaux, solidement installés dans les comités s'efforçèrent, avec un zèle digne d'un sort meilleur, d'étouffer par leur poli­tique opportuniste le feu révolutionnaire qui ne s'était pas éteint dans les masses.

C'est justement dans cette période de propagande menchévik qu'arriva en Crimée l'au­teur de la Grève, qui avait reçu son éducation et sa trempe bolchéviks dans le groupe de combat du Parti à Pétersbourg (Léningrad). Ce groupe était dirigé par les bolchéviks.

L'auteur reçut la tâche difficile de défendre la ligne bolchévik dans un comité du Parti composé de menchéviks. Cette tâche était d'autant plus difficile que Nikiforov, quoique agitateur et organisateur de talent, ne possédait pas encore les connaissances théoriques nécessaires pour faire prévaloir ses conceptions sur celles des comitards menchéviks.

Néanmoins, nous voyons par son livre que l'auteur défendait une ligne bolchévik exacte en organisant les masses pour la lutte, en al­lant au combat avec les masses et en se pla­çant à leur tête, en vrai bolchévik.

En ce sens la Grève est très instructive, très actuelle même, bien qu'elle nous parle d'évé­nements qui se déroulèrent il y a 25 ans.

Début Précédent Sommaire Début de page Suite Fin