1922

1922 : le dernier congrès de l'Internationale Communiste avant sa stalinisation. Lénine, malade, n'y assistera qu'en partie.


IV° Congrès

Internationale Communiste

Résolution sur la Révolution russe

Le 4° Congrès mondial de l'Internationale Communiste exprime au peuple travailleur de la Russie des Soviets ses remerciements les plus profonds et son admiration sans bornes pour avoir, non seulement conquis le pouvoir au moyen de la lutte révolutionnaire et établi la dictature du prolétariat, mais pour avoir su défendre victorieusement jusqu'à aujourd'hui contre tous les ennemis de l'intérieur et de l'extérieur les conquêtes de la révolution. Il a ainsi rendu des services immortels à la libération des opprimés et des exploités de tous les pays.

Le 4° Congrès mondial constate avec la plus grande satisfaction que le premier Etat ouvrier du monde, issu de la révolution prolétarienne, a complètement prouvé sa force de vie et de développement au cours des cinq années de son existence, malgré des difficultés et des dangers inouïs. L'Etat soviétique est sorti renforcé des horreurs de la guerre civile. Grâce à l'héroïsme incomparable de l'armée rouge, il a abattu sur tous les fronts la contre-révolution militaire équipée et soutenue par la bourgeoisie mondiale. Il a repoussé toutes les tentatives des Etats capitalistes pour lui imposer, au moyen de ruses diplomatiques et d'une pression économique, l'abandon du contenu prolétarien des buts communistes de la révolution, à savoir la reconnaissance du droit de propriété privée sur les moyens de production sociaux et la renonciation à la nationalisation de l'industrie. Inébranlablement, il a défendu contre l'assaut de la bourgeoisie mondiale ce qui constitue la condition fondamentale de la libération prolétarienne, à savoir la propriété collective des moyens de production. En s'opposant à la reconnaissance d'une dette nationale immense, il s'est opposé à ce qu'on rabaisse les ouvriers et les paysans de la République des Soviets au niveau des serfs coloniaux des capitalistes.

Le 4° Congrès mondial constate que l'Etat ouvrier, depuis qu'il n'est plus obligé de défendre son existence les armes à la main, s'efforce avec la plus grande énergie de rétablir et de développer la vie économique de la République et qu'il continue à se fixer comme but l'établissement du communisme. Les étapes et les mesures diverses menant à ce but, la « Nouvelle politique économique », sont le résultat, d'une part, des conditions objectives et subjectives du pays, d'autre part, de la lenteur du développement de la révolution mondiale et de l'état d'isolement de la République des Soviets au milieu d'Etats capitalistes. Malgré les difficultés inouïes qui sont ainsi créées, l'Etat ouvrier peut faire des progrès décisifs dans le domaine de la reconstruction économique. De même que les ouvriers russes ont chèrement payé pour les ouvriers du monde entier les enseignements qui se dégagent de la conquête et de la défense du pouvoir politique et de l'établissement de la dictature prolétarienne, ce sont eux encore qui font les sacrifices les plus pénibles pour résoudre les problèmes de la période de transition du capitalisme au communisme. La Russie des Soviets est et reste le foyer le plus riche d'expériences révolutionnaires pour le prolétariat mondial.

Le 4° Congrès mondial constate avec satisfaction que la politique de la Russie des Soviets a assuré et renforcé la condition la plus importante pour l'instauration et le développement de la société communiste, le régime des Soviets, c'est-à-dire la dictature du prolétariat. Car, seule, cette dictature est capable de surmonter toutes les résistances bourgeoises à l'émancipation totale des travailleurs et d'assurer ainsi la défaite complète du capitalisme et la voie libre vers la réalisation du communisme.

Le 4° Congrès mondial constate la part décisive prise par le Parti Communiste russe, en tant que parti dirigeant du prolétariat soutenu par les paysans, à la conquête et à la défense du pouvoir politique. L'unité idéologique et organique du Parti, sa discipline sévère, ont donné aux masses l'assurance révolutionnaire du but à atteindre et des méthodes à employer, ont élevé ses qualités de décision et de dévouement jusqu'à l'héroïsme et créé un lien organique indestructible entre les masses et les chefs.

Le 4° Congrès mondial rappelle aux travailleurs de tous les pays que la révolution prolétarienne ne pourra jamais vaincre à l'intérieur d'un seul pays, mais dans le cadre international, en tant que révolution prolétarienne mondiale. La lutte de la Russie des Soviets pour son existence et pour les conquêtes de la révolution est la lutte pour la libération des travailleurs, des opprimés et exploités du monde entier. Les travailleurs russes ont fait surabondamment leur devoir en tant que champions révolutionnaires du prolétariat mondial. Le prolétariat mondial devra aussi remplir sa tâche. Dans tous les pays, les ouvriers, les déshérités et les opprimés devront manifester moralement, économiquement et politiquement leur complète solidarité avec la Russie des Soviets. Ce n'est pas seulement la solidarité internationale, mais c'est leur intérêt le plus élémentaire qui doit les décider à engager un combat acharné contre la bourgeoisie et l'Etat capitaliste. Dans tous les pays leurs mots d'ordre devront être les suivants :

Ne touchez pas à la Russie des Soviets ! Reconnaissance de la République des Soviets ! Assistance vigoureuse de toute sorte pour la reconstruction économique de la Russie des Soviets !

Tout renforcement de la Russie des Soviets équivaut à un affaiblissement de la bourgeoisie mondiale Le maintien depuis cinq ans du régime des Soviet est le coup le plus dur que le capitalisme mondial ait reçu jusqu'à présent.

Le 4° Congrès mondial demande aux travailleur de tous les pays capitalistes de s'inspirer de l'exemple de la Russie des Soviets, et de porter au capitalisme le coup mortel, de tendre toutes leurs force pour réaliser la révolution mondiale.


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