1917

Rapport : Paru pour la première fois en 1922 dans la revue «Prolétarskaïa Révolioutsia» n° 10
Conforme à l'exemplaire manuscrit du procès-verbal

Résolution : Paru pour la première fois en 1922 dans la revue
« Prolétarskaïa Révolioutsia» n° 10
Conforme au manuscrit

Œuvres t. 26, pp. 192-194, Paris-Moscou


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Lénine

Séance du Comité Central du P.O.S.D.(b)R. du 10(23) octobre 1917 [1]


un

Rapport

Procès-verbal

Le camarade Lénine constate qu'il se manifeste depuis le début de septembre une certaine indifférence à l'égard de l'insurrection. Cela est pourtant inadmissible si nous lançons sérieusement comme mot d'ordre la prise du pouvoir par les Soviets. Aussi aurait-il fallu depuis longtemps envisager l'aspect technique de la question. Maintenant, il apparaît qu'on a laissé passer beaucoup de temps.

Néanmoins, la question se pose avec acuité et le moment décisif est proche.

La situation internationale est telle que nous devons prendre l'initiative.

Ce qui se trame pour le recul du front jusqu'à Narva et la reddition de Pétrograd nous oblige encore davantage à des actions décisives.

La situation politique nous amène à conclure dans le même sens. Les 3-5 juillet, nos actions décisives auraient été vouées à l'échec car il n'existait pas de majorité pour nous soutenir. Depuis, notre ascension s'est poursuivie à pas de géants.

L'absentéisme et l'indifférence des masses peuvent s'expliquer par le fait que les masses en ont assez des paroles et des résolutions.

La majorité est aujourd'hui avec nous. La situation politique est tout à fait mûre pour la prise du pouvoir.

Le mouvement agraire va dans le même sens, car il est clair qu'il faudrait des efforts héroïques pour le refréner. Le mot d'ordre de la remise de toute la terre aux paysans est devenu le mot d'ordre de tous les paysans. Les conditions politiques sont donc réalisées. Il faut examiner l'aspect technique de la question. Tout est là. Cependant nous sommes enclins, comme les jusqu'auboutistes, à considérer la préparation méthodique de l'insurrection comme une sorte de péché politique.

Attendre jusqu'à l'Assemblée constituante qui, chose évidente, ne sera pas pour nous, est impensable, car cela signifie aggraver nos difficultés.

Il faut profiter du congrès régional et de la proposition de Minsk [2] pour passer aux actions décisives.

deux

Résolution

Le Comité central reconnaît que la situation internationale de la révolution russe (la mutinerie de la flotte en Allemagne, manifestation extrême de la croissance de la révolution socialiste mondiale dans toute l'Europe ; et, par ailleurs, la menace de voir la paix impérialiste étouffer la révolution en Russie), - de même que la situation militaire (décision indubitable de la bourgeoisie russe et de Kérenski et consorts, de livrer Pétrograd aux Allemands), - de même que l'obtention par le parti prolétarien de la majorité aux Soviets, - tout cela, lié au soulèvement paysan et au changement d'attitude du peuple qui fait confiance à notre parti (élections de Moscou) et enfin la préparation manifeste d'une nouvelle aventure Kornilov (retrait des troupes de Pétrograd, transfert des cosaques à Pétrograd, encerclement de Minsk par les cosaques, etc.) - tout cela met l'insurrection armée à l'ordre du jour.

Considérant donc que l'insurrection armée est inévitable et tout à fait mûre, le Comité central propose à toutes les organisations du parti de déterminer leur attitude en fonction de cet état de choses, d'examiner et de résoudre de ce point de vue toutes les questions pratiques (congrès des Soviets de la région du Nord, retrait des troupes de Pétrograd, actions à réaliser à Moscou et à Minsk, etc.).


Notes

Les notes rajoutées par l’éditeur sont signalées par [N.E.]

[1]. Le 10 (23) octobre 1917, le Comité central tint une séance à la quelle prit part, Lénine de retour de Vyborg. A cette séance, présidée par Sverdlov, Lénine présenta un rapport sur la situation politique. Le Comité central adopta la résolution proposée par Lénine qui mettait à l'ordre du jour la question de l'insurrection armée. Seuls Zinoviev et Kaménev s'élevèrent coutre cette résolution. A la séance du Comité central Trotski ne vota pas contre la résolution sur l'insurrection. Mais il considérait que l'insurrection devait être remise jusqu'à la convocation du IIe Congrès des Soviets, ce qui en réalité donnait le temps au Gouvernement provisoire de concentrer les forces suffisantes pour écraser toute action. Le. C.C. s'opposa résolument aux faibles. La séance du Comité central du 10 (23) octobre eut une immense portée historique. La résolution fut adoptée par dix voix contre deux ; elle donnait la consigne à tout le Parti bolchévik de préparer immédiatement l'insurrection armée. Un Bureau politique fut élu avec, à sa tête, Lénine pour assurer la direction politique de l'insurrection. [N.E.]

[2]. Il s'agit de la communication de Sverdlov à la séance du Comité central du 10 (23) octobre 1917 sur le troisième point de l'ordre du jour : «Minsk et le Front du Nord». Sverdlov informa le C.C. de la possibilité technique d'une intervention armée à Minsk et de la proposition de venir en aide à Pétrograd en envoyant un corps révolutionnaire. [N.E.]


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