Marx-Engels : Lettres à L. Kugelmann

Le 25 octobre 1866.

Mon cher ami,

Ces quelques lignes inimédiatement,

pour vous remercier de vos efforts [1];
pour vous informer que j'ai reçu votre lettre ainsi que les précédentes
vous vous méprenez sur la nature de mes relations avec Engels : c'est mon ami le plus intime. Je n'ai pas de secrets pour lui; sans lui, il y a longtemps que j'aurais été obligé de me mettre à « travailler ». Je désire donc que sous aucun prétexte un tiers n'intervienne auprès de lui à mon sujet. D'ailleurs, il ne peut naturellement agir que dans certaines limites.
Le docteur Jacobi, d'après ce que m'ont écrit des ouvriers, est devenu un parfait bourgeois. Il ne faut donc, en aucune façon, l'importuner avec mes affaires privées.

Je vais voir quel parti prendre, mais je vois que vous avez tenté tout ce qui était en votre pouvoir. Je vous prie donc de considérer cette affaire comme réglée.

Je n'écris pas dans le Commonwealth.

Votre

K. Marx.

Miquel et compagnie peuvent attendre longtemps pour devenir ministres prussiens [2].

Notes

[1] Dans sa lettre du 23 octobre 1866 Kugelmann faisait savoir à Marx que ses efforts pour lui venir financièrement en aide étaient « restés totalement stériles ». Il demandait l'adresse d'Engels parce que, disait‑il, il trouverait, avec Engels, un biais. D'où la réponse de Marx.

Kugelmann suggérait en outre à Marx de s'adresser au Dr. Abraham Jacobi, de New York, car celui‑ci, qui avait une bonne clientèle, avait dù lui‑même durement lutter dans sa vie et témoignerait de la compréhension pour la situation de Marx. Kugelmann demandait si Marx était disposé à écrire un article (et lequel) pour le Commonwealth. A propos de Johannes Miquel, enfin il disait que celui‑ci rêvait de quelque siège ministériel à Berlin.

[2] Marx se trompait, Miquel sera ministre sous Bismarck.

Texte surligné en jaune : en français dans le texte.

Texte surligné en bleu : en anglais dans le texte.