1843-50

"On remarquera que, dans tous ces écrits, et notamment dans ce dernier, je ne me qualifie jamais de social-démocrate, mais de communiste... Pour Marx, comme pour moi, il est donc absolument impossible d'employer une expression aussi élastique pour désigner notre conception propre.." F. Engels, 1894.

Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec.


Le parti de classe

K. Marx - F. Engels

Préparation de la révolution (1847-1848)

Activités de parti de Marx : février 1848 à début mars 1848


13 FÉVRIER :
Marx polémique dans la Deutsche Brüsseler Zeitung contre le journal radical Débat social qui, en termes voilés, avait attaqué le communisme  [1].
Il participe à la séance de l'Association démocratique dont les débats portent sur le premier congrès international des démocrates, ainsi que sur la réponse à l'invitation faite par les Démocrates fraternels anglais de participer à ce congrès. Cette réponse (contenant un compte rendu sur les progrès effectués par l'Association, cosigné de Marx en qualité de vice-président) sera publiée le 4 mars par le Northern Star.
MI-FÉVRIER :
Engels, expulsé de Paris, arrive à Bruxelles.
19 FÉVRIER :
Marx quitte Ixelles, rue d'Orléans, pour s'installer à Bruxelles, plaine Sainte-Gudule ; il n’informera la police de son changement d'adresse que le 26 février. (Cf. ministère de la Justice, Bruxelles. Documents concernant Marx dans le dossier « Risquons tout » : MEGA, I/6, p. 657  [2].)
20 FÉVRIER :
Marx préside une réunion de l'Association démocratique dans laquelle, entre autres, Engels expose les raisons politiques de son expulsion de Paris. (Cf. Deutsche Brüsseler Zeitung, du 24 février 1848.)
22 FÉVRIER :
À l'occasion de la commémoration de l'insurrection de Cracovie de 1846, Marx tient un discours qui sera publié dans le compte rendu de cette réunion, mi-mars. Une controverse se produit à ce meeting entre Marx et Jottrand (président de l'Association démocratique de Bruxelles), à la suite de laquelle Marx démissionne de la vice-présidence. Cependant, après la lettre de Jottrand du 25 février, Marx retire sa démission. (Cf. Jottrand à Marx, 24 février 1848, d'après la copie trouvée dans le carnet de notes de Marx, 1860. Notices autobiographiques de Marx pour le conseiller à la cour Weber, mars 1860, publiées dans Grünberg Archiv, X, 65. MEGA, 1/6, p. 409, 676.)
FIN FÉVRIER :
Parution à Londres du Manifeste du parti communiste. (Cf. MEGA, 1/6, p. 683.)
DU 25 FÉVRIER AU 4 MARS :
Marx prend une part active aux préparations d'un soulèvement armé en faveur de la république à Bruxelles. Il donne des sommes d'argent importantes pour l'armement des ouvriers de Bruxelles  [3]. Il participe, en outre, aux préparatifs d'un soulèvement armé à Cologne en liaison avec les éléments cléricaux, et libéraux qui s'efforçaient de séparer les provinces rhénanes de la Prusse. (Cf. La Nouvelle Gazette rhénane, du 18-8-1848, correspondance d'Anvers. Criminalzeitung de New York, 25-11-1853, voir Neue Zeit, XXI/1, p. 719 ; F.-A. SORGE, « En commémoration du 14 mars ». Archives de l'État prussien de Berlin, A. A. l., rapport IV, police n° 232, vol. l.)
VERS LE 27 FÉVRIER :
Marx reçoit la décision du Conseil central londonien de la Ligue des communistes qui lui transmet les pleins pouvoirs pour le district directeur de Bruxelles. (Cf. ministère de la Justice de Bruxelles : Sûreté publique, no 73 946 cé ; reproduit dans WERMUTH- STIEBER, Les Conjurations communistes du XIX° siècle, Berlin, 1853, vol. l, p. 65; G. ADLER, Geschichte der ersten soz.-pol. Arbeiterbewg in Deutschland, Breslau, 1885, p. 211. ENGELS, La Ligue des communistes, p. 11.) Avec la participation de Marx, l'Association démocratique, dans une adresse au conseil municipal de Bruxelles, réclame que la garde civile régulière soit complétée par un second contingent formé d'ouvriers et d'artisans. Le conseil municipal rejette cette revendication le 4 mars. (Cf. Ville de Bruxelles, Bulletin des séances du conseil communal, année 1848-1849, p. 129, ainsi que MEGA, I/6, p. 655.)  VERS LES 27-28 FÉVRIER : Marx participe à l'élaboration de deux adresses de l'Association démocratique : l'une aux Démocrates fraternels et au Northern Star afin de rendre compte de l'activité de l'Association lors des événements révolutionnaires français de février 1848 ; l'autre pour saluer le gouvernement provisoire de la République française. (Cf. MEGA, I/6, p. 653, 655.)
VERS LE 3 MARS :
Marx reçoit du gouvernement provisoire français une invitation, signée par Flocon, afin qu'il revienne en France. (Cf. MARX, Herr Vogt, Londres, 1860, p. 187 : Flocon à Marx, ler mars 1848.)
3 MARS :
Le comité de district bruxellois, agissant comme Conseil central, décide de transférer à Paris le siège du Conseil central de la Ligue des communistes et transmet ses pouvoirs à Marx. (Cf. les références du 27 février.)
Vers 5 heures de l'après-midi, Marx reçoit du cabinet royal belge l'ordre de quitter la Belgique dans les 24 heures. (Cf. ministère de la Justice, Bruxelles, dossier Marx ; reproduit en fac-similé dans LaRevue générale, Bruxelles, 15-9-1928. T. BASYN, L'Arrestation de Karl Marx à Bruxelles. MEGA, I/6, p. 421, 471.)
Parution de la première partie du Manifeste communiste dans la Deutsche Londoner Zeitung, n° 174 28-3-1848.
4 MARS :
À 1 heure du matin, Marx est arrêté par la police, alors qu'il était en train de préparer ses bagages pour quitter Bruxelles, comme l'ordre lui en avait été donné ; après plusieurs de garde à vue, il est amené, sous escorte policière, jusqu'à la frontière française, d'où il poursuit son voyage jusqu'à Paris, avec ses enfants ainsi que sa femme qui, au cours de la même nuit, avait été arrêtée également et maltraitée par la police. (Cf. MEGA, I/6, p. 417,657.)
6 AU 10 MARS À PARIS :
Marx prend la parole le 6 mars dans une réunion organisée par la colonie allemande des artisans pour s'opposer au recrutement de volontaires en vue de « faire » la révolution en Allemagne à l'instigation de la Société démocratique allemande (Herwegh, Bornstedt, etc.). Rencontre avec Julian Harney, Ernest Jones, Bauer et Moll. Il développe l'agitation parmi les travailleurs allemands contre le retour immédiat en Allemagne et pour la participation au prochain soulèvement armé du prolétariat parisien. (Cf. Northern Star, 25-3-1848, p. 5. S. SEILER, Das Komplott vom 13. Juni 1849, Hamburg. 1850, p. 21.)
VERS LE 6 MARS :
Marx informe le conseil local londonien du transfert à Paris du siège du Conseil central, il obtient l'accord exprès de Londres le 8 mars. (Cf. conseil local de Londres au Conseil central, 8 mars 1848.)
8 MARS :
Marx publie dans La Réforme une lettre ouverte sur son expulsion de Belgique et les brutalités policières contre sa femme. (Cf. MEGA, I/6, p. 417.) Participation, comme secrétaire, à une réunion commune des quatre sections parisiennes de la Ligue des communistes pour décider de la création d'un Club des travailleurs allemands en opposition à la Société démocratique allemande. (Cf. protocole de séance de la main de Marx dont l'original se trouve à l'Institut Marx- Engels-Lénine de Moscou.)
9 MARS :
Dans la réunion commune des quatre sections parisiennes de la Ligue des communistes, Marx lit son projet de statuts pour le Club des travailleurs allemands de caractère non conspiratif. Il propose que tout membre de la Ligue porte un bandeau rouge. (Cf. protocole de séance, de l'écriture de Marx.)
MARS :
Marx reçoit une lettre de Daniels et Weerth sur la situation politique de Cologne et les affaires courantes de la commune locale. (Cf. Daniels à Marx, vers le 18 mars 1848 ; Weerth à Marx, 25 mars 1848.)
VERS LE 10 MARS :
Le Conseil central de la Ligue des communistes se constitue à Paris, élit Marx comme président, Schapper comme secrétaire, et comme membres, Bauer, Engels — encore à Bruxelles à ce moment-là —, Moll, Wallau et W. Wolff  [4]. (Cf. Marx à Engels, vers le 12 mars 1848.)

FAITS MARQUANTS DE FÉVRIER 1848 À FIN AOÛT 1849


Notes

[1]  Cet aperçu de l'activité de Marx au cours de la période charnière de février 1848 illustre les activités politiques (ou militantes) de Marx-Engels. Nous l'extrayons de Karl Marx : Chronik seines Lebens in Einzeldaten (Marx-Engels Verlag, Moskau, 1934) préparé par M. Riazanoff à partir des lettres, écrits et autres documents datés qui ont permis, parfois au jour le jour, de reconstituer l’emploi du temps de Marx.

[2] Nous mettons entre parenthèses les données ou écrits à  partir desquels Riazanoff a pu établir les activités de Marx. Nous utilisons les abréviations utilisées par Chronik. MEGA est le sigle pour Marx-Engels Gesamtausgabe, œuvres complètes de Marx-Engels préparées par Riazanoff.

[3] À en croire les rapports de la police bruxelloise, sur les 6 000 francs que Marx venait de recevoir comme héritage de son père, il en aurait dépensé 5 000 pour acheter des armes destinées aux ouvriers de Bruxelles.

[4] En s'appuyant sur les Fraternal Democrats, dont une délégation était arrivée à Paris début mars, ainsi que sur le comité londonien de la Ligue, Marx pouvait maintenant, au nom de la Ligue communiste, rompre avec les organisations démocratiques d'artisans allemands qui formèrent le projet de constituer une légion allemande recrutée à Paris pour propager la révolution en Allemagne. Bornstedt, qui avait été admis à Bruxelles comme membre de la Ligue, fut radié. Marx et ses partisans démissionnèrent de la Société démocratique et créèrent une nouvelle organisation : l'Union ouvrière, composée presque exclusivement de travailleurs manuels.


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