1847

Le texte de conférences données par Marx en 1847 à l'Association des ouvriers allemands  de Bruxelles, puis publiées sous formes d'articles dans la Neue Rheinische Zeitung.


Travail salarié et Capital

K. Marx

Annexe : LE SALAIRE


c

  1. QUEL EST L'EFFET DE L'ACCROISSEMENT DES FORCES PRODUCTRICES SUR LE SALAIRE ? (cf. VI 3)   [1]
  2. Machines : division du travail.

    Le travail est simplifié. Ses frais de production moindres. Il devient meilleur marché. La concurrence des ouvriers entre eux grandit.

    Le passage d'une branche de travail dans une autre. Ce qu'en dit le Dr Bowring en 1835 au Parlement au sujet des tisseurs de coton à bras du district de Dacca aux Indes.

    Le nouveau travail dans lequel est jeté l'ouvrier, pire que le travail précédent; de caractère plus subordonné. Travail des adultes remplacé par celui des enfants, celui des hommes par celui des femmes, des ouvriers plus qualifiés par de moins qualifiés.

    Ou bien augmentation des heures de travail, ou diminution du salaire.

    Concurrence des ouvriers entre eux, non seulement du fait que l'un se vend meilleur marché que l'autre, mais parce qu'un seul fait le travail de deux.

    L'accroissement des forces productrices en général a pour conséquences:

    1. Que la situation des ouvriers empire relativement à celle des capitalistes, étant donné que la valeur des jouissances est relative. Les jouissances elles-mê­mes ne sont pas autre chose que des jouissances, des relations, des rapports sociaux.

    2. L'ouvrier devient une force productrice de plus en plus exclusive qui produit le plus possible dans le moins de temps possible. Le travail qualifié se transforme de plus en plus en travail simple.

    3. Le salaire dépend de plus en plus du marché mondial, de même la situation de l'ouvrier.

    4. Dans le capital producteur, la partie consacrée aux machines et aux ma­tières premières croît plus rapidement que celle consacrée à l'approvisionne­ment en moyens de subsistance pour les ouvriers. L'augmentation du capital producteur n'est donc pas accompagnée d'une augmentation nécessaire de la demande de travail.

    Sur ces deux points, l'ouvrier est sans influence.

    (S'il n'y avait pas les oscillations du salaire, l'ouvrier ne prendrait aucune part au développement de la civilisation, il resterait stationnaire.) Dans la concurrence des ouvriers avec la machine, il faut remarquer que les ouvriers travaillant à la main (par exemple les tisseurs de coton à bras) souffrent encore davantage que les ouvriers de machines occupés directement dans la fabrique.

    Chaque développement d'une nouvelle force productrice est en même temps une arme contre les ouvriers. Par exemple, toutes les améliorations des moyens de communications facilitent la concurrence des ouvriers en divers endroits et font d'une concurrence locale une concurrence nationale, etc.

    L'abaissement des prix de toutes les marchandises, ce qui, d'ailleurs, n'est pas le cas pour les moyens de subsistance les plus immédiats, fait que l'ouvrier porte des haillons rapiécés et que sa misère porte les couleurs de la civilisation.

  3. CONCURRENCE ENTRE LES OUVRIERS ET LES EMPLOYEURS
    1. Pour déterminer le salaire relatif, il faut remarquer qu'un thaler pour un ouvrier et un thaler pour un employeur n'ont pas la même valeur. L'ouvrier est obli­gé de tout acheter de plus mauvaise qualité et plus cher. Son thaler ne com­mande ni autant, ni d'aussi bonnes marchandises que celui de l'employeur. L'ouvrier est obligé d'être un gaspilleur et d'acheter et de vendre contre tous les principes économiques.

      Il nous faut remarquer en général que nous n'examinons ici qu'un seul côté, le salaire lui-même. Mais l'exploitation de l'ouvrier recommence dès qu'il échange à nouveau le fruit de son travail contre d'autres marchandises. Épiciers, prêteurs sur gage, prêteurs à domicile, tout le monde l'exploite encore une fois.

    2. Ayant le commandement des moyens d'occupation, l'employeur a le commandement des moyens de subsistance de l'ouvrier, c'est-à-dire que la vie de celui-ci dépend de lui; de même que l'ouvrier lui-même ravale son activité vitale à un simple moyen d'existence.

    3. La marchandise-travail a de grands désavantages par rapport à d'autres marchandises. Pour le capitaliste, il ne s'agit dans la concurrence avec les ouvriers que du profit, pour les ouvriers, il s'agit de l'existence.

      Le travail est de nature plus périssable que les autres marchandises. Il ne peut être accumulé. L'offre ne peut pas être augmentée ou diminuée avec la même facilité que pour les autres marchandises.

    4. Règlements de fabrique. Législation de l'habitation. Trucksystem, par lesquels l'employeur trompe l'ouvrier en haussant le prix des marchandises, tout en laissant sans changement son salaire nominal.

  4. CONCURRENCE DES OUVRIERS ENTRE EUX
    1. Suivant une loi économique générale, il ne peut y avoir deux prix du mar­ché. Sur 1 000 ouvriers de même habileté, ce ne sont pas les 950 occupés qui déter­mi­nent le salaire, mais les 50 inoccupés. Influence des Irlandais sur la situa­tion des ouvriers anglais et des ouvriers allemands sur la situation des ouvriers alsaciens.

    2. Les ouvriers se font concurrence non seulement parce que l'un s'offre à meilleur marché que les autres, mais aussi parce qu'un travaille pour deux.

    Avantage de l'ouvrier célibataire sur les ouvriers mariés, etc. Concurrence entre les ouvriers de la campagne et les ouvriers des villes.

  5. FLUCTUATIONS DU SALAIRE
  6. Elles sont provoquées:

    1. Par les changements de mode.

    2. Par les changements de saison.

    3. Par les fluctuations du commerce.

    En cas de crise:

    1. L'ouvrier réduira ses dépenses ou, pour augmenter sa productivité, il travaillera un plus grand nombre d'heures, ou il produira davantage dans le même temps. Mais comme leur salaire est réduit, du fait que la demande du produit qu'ils fabriquent a baissé, ils augmentent encore le rapport défavorable entre l'offre et la demande et le bourgeois dit alors: Si seulement les gens voulaient travailler. Du fait de leur surmenage, leur salaire s'abaisse donc encore davantage.

    2. Au cours de la crise:

      Absence complète d'occupation. Réduction du salaire. Maintien du salaire [2] et diminution du nombre des jours de travail.

    3. Dans toutes les crises, le mouvement cyclique suivant en ce qui concerne les ouvriers:

      L'employeur ne peut employer les ouvriers parce qu'il ne peut pas vendre son produit. Il ne peut vendre son produit parce qu'il n'a pas de preneurs. Il n'a pas de preneurs parce que les ouvriers n'ont rien à échanger que leur travail, et c'est précisément à cause de cela qu'ils ne peuvent échanger leur travail.

    4. Lorsqu'on parle de hausse du salaire, il est à remarquer qu'il faut toujours avoir en vue le marché mondial et que la hausse du salaire n'est acquise qu'au prix que dans d'autres pays des ouvriers soient privés de pain.

  7. MINIMUM DU SALAIRE
    1. Le salaire journalier que touche l'ouvrier est le profit que rapporte à son possesseur sa machine, son corps. Il contient la somme qui est nécessaire pour remplacer l'usure de la machine ou, ce qui est la même chose, pour remplacer les ouvriers âgés, usés, par de nouveaux.

    2. Dans le minimum de salaire, il y a le fait que, par exemple, la suppression du dimanche serait une pure perte pour l'ouvrier. Il lui faudrait gagner son salaire dans des conditions plus difficiles. Tel est l'état d'esprit de ces braves philan­thropes qui tonnent contre le repos du dimanche.

    3. Bien que le minimum du salaire soit en moyenne déterminé par le prix des moyens de subsistance les plus indispensables, on doit cependant remarquer:

    Premièrement: que le minimum est différent dans les divers pays, par exem­ple, la pomme de terre en Irlande [3].

    Deuxièmement: il n'y a pas que cela. Le minimum lui-même a un mouvement historique et il s'abaisse de plus en plus vers le niveau absolu le plus bas. Exemple de l'eau-de-vie. D'abord faite avec du marc de raisin, puis du grain, puis du schnaps.

    Contribuent à amener au minimum réellement le plus bas:

    1. Le développement général de l'emploi des machines dans la production, la division du travail, la concurrence mobile et débarrassée des entraves locales des ouvriers entre eux, ensuite:

    2. L'accroissement des impôts et des dépenses du budget de l'État, car bien que la suppression d'un impôt, comme nous l'avons vu, ne soit d'aucune utilité pour l'ouvrier, l'établissement de chaque nouvel impôt lui est préjudiciable aussi longtemps que le minimum du salaire n'est pas encore ramené à sa dernière ex­pres­sion possible, et c'est le cas pour tout ce qui trouble et rend plus difficile le commerce bourgeois. L'accroissement des impôts, remarquons-le en passant, devient la ruine des petits paysans, des petits bourgeois et des artisans.

      Un autre exemple, la période qui suit la guerre de libération [4]. Le progrès de l'industrie qui fait surgir des produits à meilleur marché et des produits similaires.

    3. Le minimum tend à s'égaliser dans les différents pays.

    4. Lorsque le salaire a baissé et qu'il remonte ensuite, il ne s'élève jamais plus, par contre, à son niveau précédent.

      Au cours de son développement, le salaire fait donc une double chute:

      Premièrement: de façon relative par rapport au développement de la richesse générale.

      Deuxièmement: de façon absolue, par le fait que la quantité de marchandises que l'ouvrier reçoit en échange devient toujours plus petite.

    5. Au cours du développement de la grande industrie, le temps devient de plus en plus la mesure de la valeur des marchandises, c'est-à-dire aussi la mesure du salaire. En même temps, la production de la marchandise-travail devient toujours meilleur marché et coûte de moins en moins de temps de travail au cours du développement de la civilisation.

    Le paysan a encore des loisirs et il peut encore gagner quelque chose à côté. Mais la grande industrie (non pas l'industrie manufacturière) supprime cette situa­tion patriarcale. Chaque moment de la vie, de l'existence de l'ouvrier est ainsi de plus en plus intégré dans ce trafic sordide.

    Viennent encore les chapitres suivants:

    1. Propositions pour améliorer la situation des travailleurs, Malthus, Rossi, etc. Proudhon, Weitling.

    2. Associations de travailleurs.

    3. Sens positif du travail salarié.

  8. PROPOSITIONS POUR Y REMÉDIER
  9. I - Une des propositions favorites est le système des caisses d’épargne.

    Nous ne parlerons pas de l'impossibilité d'épargner où se trouve la plus grande partie des ouvriers eux-mêmes.

    Le but - du moins le sens économique strict des caisses d'épargne - doit être que les ouvriers compensent, grâce à leur prudence et leur clairvoyance, le temps où le travail est défavorable par celui où il est favorable; que, par conséquent, au cours du cycle par lequel passe le mouvement industriel, ils répartissent leur salaire de manière à ne dépenser jamais plus que le minimum de salaire indis­pensable pour vivre.

    Mais nous avons vu que ce ne sont pas seulement les fluctuations du salaire qui révolutionnent les ouvriers, mais que, sans sa hausse momentanée au-dessus du minimum, l'ouvrier resterait en dehors de tous les progrès de la production, de la richesse publique, de la civilisation, c'est-à-dire en dehors de toute possibilité d'émancipation. On veut donc que l'ouvrier se transforme lui-même en une machi­ne à calculer bourgeoise, qu'il fasse de la parci­monie un système et qu'il donne à la misère en haillons un caractère stable, conservateur.

    Abstraction faite de cela, le système des caisses d'épargne est une triple machine de despotisme:

    1. La caisse d'épargne est la chaîne d'or par laquelle le gouvernement tient une grande partie des ouvriers. Ceux-ci ne trouvent pas seulement de cette manière intérêt au maintien des conditions existantes. Il ne se produit pas seulement une scission entre la partie de la classe ouvrière qui participe aux caisses d'épargne et la partie qui n'y prend point part. Les ouvriers mettent ainsi dans les mains de leurs ennemis mêmes des armes pour la conservation de l'organisation existante de la société qui les opprime.

    2. L'argent reflue à la Banque nationale, celle-ci le prête de nouveau aux capitalistes et tous deux se partagent le profit et ainsi, à l'aide de l'argent que le peuple leur prête à vil intérêt — et qui ne devient un levier industriel puissant que grâce à cette centralisation même —, ils augmentent leur capital, leur domination directe sur le peuple.

    II - Une autre proposition très goûtée des bourgeois est l'instruction, tout spécialement l'instruction industrielle générale.

    1. Nous n'attirerons pas l'attention sur la contradiction absurde qui réside dans le fait que l'industrie moderne remplace de plus en plus le travail compliqué par le travail plus simple et pour lequel aucune instruction n'est nécessaire; nous ne voulons pas non plus faire remarquer qu'elle jette de plus en plus d'enfants dès la septième année derrière la machine et qu'elle en fait des sources de profits non seulement pour la classe bourgeoise, mais aussi pour leurs propres parents prolétaires. Le régime de la fabrique rend vaines les lois scolaires — exemple, la Prusse ; nous ne ferons pas non plus remarquer que la culture intellectuelle, si l'ouvrier la possédait, serait sans influence directe sur son salaire; que l'instruction dépend en général des conditions d'existence et que le bourgeois entend par éducation morale le gavage de principes bourgeois, et qu'enfin la classe bour­geoise n'a pas les ressources qu'il faut pour cela et que, si elle les avait, elle ne les emploierait point à offrir au peuple une instruction véritable.

      Nous nous bornerons à envisager un point de vue purement économique.

    2. Le sens réel de l'instruction chez les économistes philanthropes est celui-ci: faire apprendre à chaque ouvrier le plus de branches de travail possibles de façon que, s'il est évincé d'une branche par l'emploi d'une nouvelle machine ou par une modification dans la division du travail, il puisse se caser ailleurs le plus facilement possible.

    Supposons que ce soit possible:

    La conséquence en serait que, lorsqu'il y aurait excédent de bras dans une bran­che de travail, cet excédent se produirait aussitôt dans toutes les autres bran­ches de la production, et que la diminution du salaire dans une branche entraîne­rait encore plus fortement qu'aupa­ravant une diminution générale immédiate.

    Abstraction faite de cela, par le seul fait déjà que partout l'industrie moderne simplifie beaucoup le travail et le rend facile à apprendre, la hausse du salaire dans une branche d'industrie provoquera aussitôt l'afflux des ouvriers vers cette branche d'industrie et donnera plus ou moins directement un caractère général à la diminution du salaire.

    Naturellement nous ne pouvons nous arrêter ici aux nombreux petits palliatifs préconisés du côté bourgeois. [5]

    III - Mais il nous faut en arriver à la troisième proposition qui a entraîné et entraîne journellement dans la pratique des conséquences très importantes — la théorie malthusienne.

    Cette théorie tout entière, dans la mesure où nous devons l'examiner ici, aboutit à ceci:

    1. Le niveau du salaire dépend des rapports entre les bras qui s'offrent et les bras qui sont demandés.

      Le salaire peut s'accroître de deux manières:

      Ou bien lorsque le capital, qui met en mouvement le travail, s'accroît si rapi­de­ment que la demande d'ouvriers augmente plus rapidement—dans une progres­sion plus rapide que leur offre.

      Ou, deuxièmement, lorsque la population s'accroît à une lenteur telle que la concurrence parmi les ouvriers reste faible, bien que le capital ne s'accroisse pas rapidement.

      Sur un côté du rapport, sur la croissance du capital productif, vous, les ou­vriers, vous ne pouvez exercer aucune influence.

      Par contre, vous le pouvez bien sur l'autre côté.

      Vous pouvez diminuer l'offre parmi les ouvriers, c'est-à-dire la concurrence entre les ouvriers, en faisant le moins possible d'enfants.

      Pour dévoiler toute la bêtise, la vilenie et l'hypocrisie de cette doctrine, ce qui suit suffira:

    2. (Ceci doit être ajouté à : I. Quel est l'effet de la croissance des forces productrices sur le salaire ?)

    Le salaire s'accroît lorsque s'accroît la demande de travail. Cette demande s'accroît lorsque le capital, qui met en mouvement le travail, s'accroît, c'est-à-dire lorsque le capital producteur augmente.

    Mais à ce sujet il faut faire deux remarques principales:

    Premièrement: Une condition principale de la hausse du salaire est l'accroisse­ment du capital productif et un accroissement aussi rapide que possible de celui-ci. La condition principale pour que l'ouvrier soit dans une situation supportable est donc d'abaisser de plus en plus sa situation par rapport à la bourgeoisie, d'aug­menter le plus possible la puissance de son adversaire — le capital. Cela signifie: Il ne peut être dans une situation supportable qu'à la condition d'engendrer et de renforcer la puissance qui lui est hostile, son propre antagoniste. À cette condi­tion, du fait qu'il crée cette puissance qui lui est hostile, affluent de celle-ci des moyens d'occupation qui font à nouveau de lui une partie du capital producteur et le levier qui augmente ce dernier et lui imprime un mouvement de croissance accéléré.

    Remarquons en passant que, lorsqu'on a compris ce rapport entre le capital et le travail, les essais de conciliation de Fourier ou d'autres apparaissent dans tout leur ridicule.

    Deuxièmement: Une fois que nous avons expliqué ce rapport absurde, en général, il s'y ajoute un deuxième élément encore plus important.

    Notamment que veut dire: croissance du capital producteur et dans quelles conditions se produit-il ?

    Croissance du capital est équivalent à accumulation et concentration du capital. Au fur et à mesure que le capital s'accumule et se concentre, il conduit au travail à une échelle plus grande et par conséquent à une nouvelle division du travail qui le simplifie encore davantage; puis à l'introduction du machinisme sur une plus grande échelle et à l'introduction de nouvelles machines.

    Cela veut donc dire que, au fur et à mesure que s'accroît le capital producteur, la concur­rence entre les ouvriers grandit parce que la division du travail est sim­plifiée et que chaque branche de travail est plus accessible à tous.

    La concurrence grandit en outre parmi eux parce qu'ils entrent dans la même mesure en concurrence avec les machines et sont privés de leur pain. En agrandissant toujours l'échelle à laquelle on produit, en diminuant, en outre, de plus en plus, l'intérêt de l'argent par la concurrence entre les capitaux offerts, la concentration et l'accumulation du capital productif ont donc pour conséquence:

    Les petites entreprises industrielles périclitent et ne peuvent soutenir la concurrence contre les grandes. Des couches entières de la classe bourgeoise sont rejetées dans la classe ouvrière. La concurrence entre les ouvriers augmente donc avec la ruine des petits industriels qui est liée fatalement à l'accroissement du capital producteur.

    Et dans le moment même où l'intérêt de l'argent baisse, les petits capitalistes qui aupara­vant ne participaient pas directement à l'industrie sont contraints de devenir des industriels, c'est-à-dire de fournir encore de nouvelles victimes à la grande industrie. Donc la classe ouvrière s'accroît de ce côté également et la concurrence parmi les ouvriers augmente.

    L'accroissement des forces productrices engendrant le travail à une plus grande échelle, la surproduction momentanée devient une nécessité de plus en plus grande, le marché mondial s'élargit de plus en plus et, par conséquent, avec la concurrence universelle, les crises deviennent de plus en plus violentes. Et comme stimulant soudain donné aux ouvriers pour se marier et se reproduire, on les concentre en masses plus grandes, ce qui rend leur salaire de plus en plus instable. Chaque nouvelle crise provoque donc immédiatement une concurrence beaucoup plus grande parmi les ouvriers.

    En général: la croissance des forces productrices avec leurs moyens de communication plus rapides, la circulation accélérée, le mouvement fébrile du capital consiste en ceci que, puisqu'il peut être produit davantage dans le même temps, il faut donc, suivant la loi de la concurrence, qu'il soit produit davantage. Cela veut dire que la production a lieu dans des conditions de plus en plus diffici­les, et que dans ces conditions, afin que la concurrence puisse être maintenue, il faut travailler à une échelle de plus en plus grande et concentrer le capital dans un nombre de mains de plus en plus petit. Et afin que cette production fructifie à une échelle plus grande, il faut élargir constamment et disproportionnellement la divi­sion du travail et l'emploi des machines.

    Cette production dans des conditions de plus en plus difficiles s'étend égale­ment à l'ouvrier en tant que partie du capital. Il lui faut produire davantage dans des conditions de plus en plus difficiles, c'est-à-dire pour toujours moins de salaire et toujours plus de travail, pour des frais de production de plus en plus bas. C'est ainsi que le minimum lui-même est réduit à une dépense de force de plus en plus grande pour un minimum de jouissance de la vie.

    La disproportion progresse de façon géométrique et non arithmétique [6].

    La croissance de forces productrices entraîne donc une domination renforcée du grand capital, un abêtissement accru et une simplification plus grande de la machine qu'on appelle ouvrier, une concurrence directe entre les ouvriers aggra­vée par la division plus grande du travail et par l'emploi de la machine, par des primes formellement fixées d'après la production de la machine, par la concurr­ence des fractions ruinées de la classe bourgeoise, etc.

    Nous pouvons formuler la chose de façon encore plus simple:

    Le capital producteur se compose de trois éléments:

    1. La matière première à transformer;

    2. Les machines et les matériaux, comme le charbon, etc., qui sont nécessaires pour actionner les machines, les bâtiments, etc.;

    3. La partie du capital destinée à entretenir les ouvriers.

    Mais, au cours de l'accroissement du capital produc­teur, comment se comportent ces trois éléments du capital les uns envers les autres ?

    À la croissance du capital producteur est liée sa concentration et à celle-ci le fait qu'il ne peut être exploité de façon fructueuse qu'à une échelle toujours plus grande.

    Une grande partie du capital sera donc transformée directement en instruments de travail et sera mise en œuvre comme tel, et plus les forces productrices s'accroîtront, plus cette partie du capital transformée directement en machines sera grande.

    L'augmentation du nombre des machines ainsi que celle de la division du tra­vail a pour conséquence qu'on peut, dans un temps plus court, produire infiniment plus. Il faut, par conséquent, que le stock de matières s'accroisse dans les mêmes proportions. Au cours de l'accroissement du capital producteur, la partie du capital transformée en matières premières augmente nécessairement.

    Il reste maintenant la troisième partie du capital producteur qui est destinée à la subsistance de l'ouvrier, c'est-à-dire celle qui se transforme en salaire.

    Or comment se comporte l'accroissement de cette partie du capital producteur envers les deux autres ?

    La division plus grande du travail a pour conséquence qu'un ouvrier produit autant que produisaient trois, quatre, cinq précédemment. La machine conduit aux mêmes rapports à une échelle infiniment plus grande.

    Tout d'abord, il est donc tout à fait évident que la croissance des parties du capital pro­duc­teur transformées en machines et matières premières ne s'accom­pagne pas d'un accrois­sement analogue de la partie du capital destinée au salaire. Sinon, en effet, le but recherché par l'emploi des machines et de la plus grande division du travail ne serait pas atteint. Il en résulte donc nécessairement que la partie du capital producteur destinée au salaire ne s'accroît pas dans la même mesure que la partie destinée aux machines et aux matières premières. Bien plus. Au fur et à mesure que s'accroît le capital producteur, c'est-à-dire la puissance du capital comme tel, s'accroît aussi au même degré la disproportion entre le capital investi dans la matière première et la machine et le capital placé dans le salaire. Par conséquent, cela veut dire que la partie du capital producteur destinée au salaire devient de plus en plus petite par rapport à la partie du capital mise en œuvre en tant que machine et matière première.

    Une fois que le capitaliste a investi un capital plus grand en machines, il est contraint d'employer un capital plus grand à l'achat de la matière première et de ce qui est nécessaire à actionner les machines. Mais s'il a occupé précédemment 100 ouvriers, il n'aura peut-être maintenant plus besoin que de 50. Sinon, il lui faudrait doubler encore peut-être les autres parties du capital, c'est-à-dire augmenter encore la disproportion. Il en congédiera donc 50, ou bien les 100 seront obligés de travailler pour le même prix que les 50 précédemment. Il se trouvera donc des ouvriers en excédent sur le marché.

    Si l'on modifie la division du travail, il n'y aura lieu d'augmenter que le capital pour la matière première. Un seul ouvrier prendra peut-être la place de trois.

    Mais supposons le cas le plus favorable: le capitaliste étend son entreprise de façon à pouvoir non seulement garder le chiffre précédent de ses ouvriers—et, bien entendu, il n'attendra pas le moment où il pourra le faire—, mais encore en augmen­ter même le nombre. Il lui faudra alors accroître la production d'une manière énor­me pour pouvoir garder le même nombre d'ouvriers ou même encore l'augmenter. Et dans le rapport entre le nombre d'ouvriers et les forces productrices il y a une disproportion infiniment plus grande. La surproduction s'en trouve accélérée, et lors de la crise prochaine le nombre d'ouvriers non occupés sera plus grand que jamais.

    Il ressort donc nécessairement de la nature des rapports entre le capital et le travail cette loi générale que, au cours de l'accroissement des forces productrices, la partie du capital producteur qui est transformée en machines et en matière première, c'est-à-dire le capital comme tel, s'accroît d'une façon disproportionnée par rapport à la partie qui est destinée au salaire, c'est-à-dire, en d'autres termes: relativement à la masse totale du capital producteur les ouvriers ont une partie de plus en plus petite à se partager et leur concurrence devient par conséquent de plus en plus violente. En d'autres termes: plus le capital s'accroît, et plus les moyens d'occupation et de subsistance diminuent relativement pour les ouvriers, plus rapidement encore s'accroît, en d'autres termes, la population laborieuse par rapport à ses moyens d'occupation. Et cela augmente, notamment, dans la mesure même où le capital producteur s'accroît en général.

    Pour compenser la disproportion indiquée plus haut, il faut qu'il y ait accrois­sement en progression géométrique. Et pour qu'il y ait compensation par la suite en temps de crise, il faut qu'il y ait encore une augmentation plus grande.

    Cette loi qui ressort uniquement des rapports entre l'ouvrier et le capital, et qui, par conséquent, transforme la situation même la plus favorable pour lui: l'ac­crois­sement rapide du capital producteur, en une situation défavorable, les bour­geois en ont fait d'une loi sociale une loi naturelle en disant que la population s'accroît suivant une loi naturelle plus rapidement que les moyens d'occupation et de subsistance.

    Ils n'ont pas compris que c'est dans l'accroissement du capital producteur qu'est impliqué l'accroissement de cette contradiction.

    Nous y reviendrons plus tard.

    La force productrice, en particulier la force sociale des ouvriers eux-mêmes ne leur est pas payée, elle est même dirigée contre eux.

    1. Première absurdité:

      Nous avons vu que lorsque le capital producteur s'accroît — cas le plus favo­rable supposé par les économistes —, lorsque, par conséquent, la demande de travail s'accroît relativement, le caractère de l'industrie moderne et la nature du capital veulent que les moyens d'occupation des ouvriers ne s'accroissent pas dans la même mesure; que les mêmes circonstances qui font s'accroître le capital produc­teur font croître encore plus rapidement la disproportion entre l'offre et la deman­de de travail, en un mot que l'accroissement des forces productrices fait croître en même temps la disproportion entre les ouvriers et leurs moyens d'occupation. Cela ne dépend ni de l'augmentation des moyens de subsistance ni de l'augmenta­tion de la population considérée en elle-même. Cela résulte nécessairement de la nature de la grande industrie et des rapports entre le travail et le capital.

      Mais lorsque l'accroissement du capital producteur ne progresse que lente­ment, reste stationnaire ou régresse même, le nombre d'ouvriers est toujours trop grand par rapport à la demande de travail.

      Dans les deux cas, le cas le plus favorable et le cas le plus défavorable, il résul­te des rapports entre le travail et le capital, de la nature du capital même, que l'offre d'ouvriers sera toujours plus grande que la demande de travail.

    2. Abstraction faite de cette absurdité que la classe ouvrière est dans l'impossi­bilité de prendre la résolution de ne pas faire d'enfants, sa situation fait au contraire du désir sexuel son plaisir principal et le développe exclusivement.

      Après avoir réduit l'existence de l'ouvrier à un minimum, la bourgeoisie veut encore réduire également son chiffre de reproduction à un minimum.

    3. Mais ce qu'il y a et peut y avoir de peu sérieux dans ces phrases et ces conseils de la bourgeoisie, ressort de ce qui suit:

      Premièrement: en substituant aux adultes des enfants, l'industrie moderne a institué une prime à la mise au monde des enfants.

      Deuxièmement: la grande industrie a constamment besoin d'une armée de réserve d'ouvriers non occupés pour les moments de surproduction. Le but prin­cipal de la bourgeoisie envers l'ouvrier n'est-il pas, en général, d'avoir la marchandise-travail aussi bon marché que possible, ce qui n'est possible que si l'offre de cette marchandise est la plus grande possible par rapport à la demande de celle-ci, c'est-à-dire s'il existe le plus de surpopulation possible ?

      La surpopulation est donc dans l'intérêt de la bourgeoisie, et celle-ci donne un bon conseil aux ouvriers, parce qu'elle sait qu'il est impossible à suivre.

    4. Comme le capital ne s'accroît que s'il occupe des ouvriers, l'augmentation du capital inclut une augmentation du prolétariat, et comme nous l'avons vu, conformément à la nature des rapports entre le capital et le travail, l'augmentation du prolétariat doit se produire relativement plus vite encore.

    5. Cependant, la théorie citée plus haut, appelée volontiers une loi naturelle, à savoir que la population s'accroît plus vite que les moyens de subsistance, a été accueillie par le bourgeois avec d'autant plus de faveur qu'elle tranquillise sa con­science, qu'elle fait de sa dureté de cœur un devoir moral, transforme des consé­quences sociales en conséquences naturelles, et qu'elle lui fournit enfin l'occasion de regarder, sans remuer le petit doigt, la disparition du prolétariat par la famine avec la même tranquillité que d'autres événements naturels, et, d'autre part, de considérer et de punir la misère du prolétariat comme étant de sa faute à lui. Le prolétariat n'a qu'à mettre un frein, n'est-ce pas, par sa raison, à l'instinct de la nature et empêcher par son contrôle moral la loi naturelle de prendre un déve­loppement pernicieux.

    6. On peut considérer la législation de l'assistance publique comme une application de cette théorie. Destruction des rats, arsenic, asiles de travail, paupé­risme en général. Galères à nouveau en pleine civilisation. La barbarie réapparaît, mais engendrée au sein même de la civilisation et comme partie intégrante de celle-ci; de là, barbarie l’épreuve, barbarie en tant que lèpre de la civilisation. Les asiles de travail, les bastilles des ouvriers. Séparation de la femme et de l'homme.

      IV - Nous en venons maintenant à parler brièvement de ceux qui veulent améliorer la situation des ouvriers par une autre détermination du salaire.

      Proudhon.

      V - Enfin, parmi les remarques faites sur le salaire par des économistes phi­lanthropes, il faut encore citer une opinion.

      1. Entre autres économistes, Rossi a notamment expliqué ce qui suit:

        Le fabricant n'escompte à l'ouvrier sa part de produit que parce que celui-ci ne peut en attendre la vente. Si l'ouvrier pouvait se subvenir jusqu'à la vente du produit, il pourrait ensuite faire valoir sa part en tant qu'associé, tout comme entre le capitaliste à proprement parler et le capitaliste industriel. Le fait que la part de l'ouvrier ait donc justement la forme du salaire est un hasard, c'est le résultat d'une spéculation, d'un acte spécial qui joue à côté du processus de production et qui ne forme pas nécessairement un élément constitutif de celui-ci. Le salaire n'est qu'une forme accidentelle de notre état social. Il n'appartient pas nécessairement au capital. Il n'est pas un fait indispensable à la production. Il peut disparaître dans une autre organisation de la société.

      2. Toute cette plaisanterie aboutit à ceci: Si les ouvriers possédaient assez de travail accumulé (c'est-à-dire assez de capital) pour ne pas être obligés de vivre directement de la vente de leur travail, la forme du salaire disparaîtrait. C'est-à-dire si tous les ouvriers étaient en même temps des capitalistes, ce qui revient donc à présupposer et maintenir le capital sans son antinomie, le travail salarié, sans lequel il ne peut exister.

      3. Cependant, cela est un aveu et nous devons le retenir. Le salaire n'est pas une forme accidentelle de la production bourgeoise, mais toute la production bour­geoise est une forme historique temporaire de la production. Tous les rap­ports, capital aussi bien que salaire, rente foncière, etc., sont temporaires et peuvent être supprimés à un certain point de l'évolution.

  10. LES ASSOCIATIONS OUVRIÈRES
  11. Un des thèmes de la théorie de la population était de vouloir diminuer la concurrence parmi les ouvriers. Les associations ont pour but de la supprimer et de la remplacer par l'union entre les ouvriers.

    Ce que font remarquer les économistes contre les associations est juste:

    1. Les frais qu'elles causent aux ouvriers sont, le plus souvent, plus grands que l'augmen­tation du gain qu'elles veulent obtenir. À la longue, elles ne peuvent résis­ter aux lois de la concurrence. Ces coalitions entraînent de nouvelles machi­nes, une nouvelle division du travail, le transfert d'un lieu de production dans un autre. En conséquence de tout cela diminution du salaire.

    2. Si les coalitions réussissaient à maintenir dans un pays le prix du travail, de façon que le profit baisse considérablement par rapport au profit moyen dans d'autres pays, ou que le capital fût arrêté dans sa croissance, la stagnation et le recul de l'industrie en seraient la conséquence et les ouvriers seraient ruinés ainsi que leurs maîtres, car telle est, comme nous l'avons vu, la situation de l'ouvrier. Sa situation s'aggrave par bonds lorsque le capital producteur s'accroît, et il est ruiné à l'avance lorsque le capital diminue ou reste stationnaire.

    3. Toutes ces objections des économistes bourgeois sont, comme nous l'avons dit, justes, mais justes seulement de leur point de vue. S'il ne s'agissait vraiment dans les associations que de ce dont il s'agit en apparence, notamment de la déter­mination du salaire, si les rapports entre le capital et le travail étaient éternels, ces coalitions échoueraient, impuissantes devant la nécessité des choses. Mais elles servent à l'unification de la classe ouvrière, à la préparation du renversement de toute l'ancienne société avec ses antagonismes de classes. Et de ce point de vue, les ouvriers se moquent avec raison des malins pédants bourgeois qui leur font le compte du coût de cette guerre civile en morts, blessés et sacrifices d'argent. Celui qui veut battre son adversaire ne va pas discuter avec lui les frais de la guerre. Et ce qui prouve aux économistes mêmes combien les ouvriers ont le cœur généreux, c'est que ce sont les ouvriers de fabriques les mieux payés qui forment le plus de coalitions et que les ouvriers emploient tout ce qu'ils peuvent économiser, en se privant, de leur salaire pour créer des associations politiques et industrielles et couvrir les frais de ce mouvement. Et si messieurs les bourgeois et leurs écono­mistes les prestidigitateurs philanthropes sont assez bons pour consentir à ajouter au minimum de salaire, c'est-à-dire au minimum vital un peu de thé ou de rhum, de sucre et de viande, il doit, par contre, leur sembler aussi honteux qu'incompré­hensible de voir les ouvriers comprendre dans ce minimum un peu des frais de la guerre contre la bourgeoisie, et trouver dans leur activité révolutionnaire même le maximum des jouissances de leur vie.

  12. COTÉ POSITIF DU SALARIAT
  13. Avant de conclure, il faut encore attirer l'attention sur le côté positif du salariat.

    1. Lorsqu'on dit: côté positif du salariat, on dit: côté positif du capital, de la grande industrie, de la libre concurrence, du marché mondial et je n'ai pas besoin de vous expliquer que sans ces rapports de production, ni les moyens de produc­tion, ni les ressources maté­rielles pour la libération du prolétariat et la création d'une nouvelle société n'auraient été créés, ni le prolétariat n'aurait entrepris lui-même son union et son développement qui le rendront vraiment capable de révolutionner l'ancienne société ainsi que lui-même. Compensation du salaire.

    2. Prenons nous-mêmes le salaire dans ce qu'il a de plus condamnable, à savoir que mon activité devient une marchandise, que je suis entièrement à vendre.

    Premièrement. Tout ce qu'il y avait de patriarcal se trouve supprimé du fait que le trafic sordide, l'achat et la vente restent les seules relations, les rapports d'argent les seuls rapports entre employeur et ouvrier.

    Deuxièmement: L'auréole disparaît en général de tous les rapports de l'ancien­ne société puisqu'ils sont réduits à de simples rapports d'argent.

    De même, tout ce qu'on appelle les travaux supérieurs, intellectuels, artisti­ques, etc., ont été transformés en articles de commerce et ont par conséquent perdu leur ancien prestige. Quel grand progrès ce fut que tout le régiment de curés, de médecins, de juristes, etc., c'est-à-dire la religion, la jurisprudence, etc. n'ont plus été estimés que suivant leur valeur commerciale!  [7]

    (Troisièmement: Le travail étant devenu une marchandise et étant soumis à la libre concurrence, on cherchait à le produire le moins cher possible, c'est-à-dire avec des frais de production aussi bas que possible. De ce fait tout travail physi­que est devenu infiniment facile et simple pour une organisation à venir de la société à généraliser.)

    Troisièmement: Du fait que tout est vendable, les ouvriers ont constaté que tout pouvait être séparé, détaché d'eux, ils se sont libérés de leur subordination à un rapport déterminé. Avantage que l'ouvrier peut utiliser son argent comme il veut, aussi bien contre les livraisons en nature que contre les manières de vivre uniquement prescrites par la classe (féodale).

Écrit fin décembre 1847.
Traduit de l'allemand


Notes

[1] Voir le présent livre, la partie VII : Propositions pour y remédier : III

[2] En anglais dans le texte : combinations of trade.

[3] Citant le livre de Carlyle, Le Chartisme, Marx utilise le passage suivant: « En Irlande il existe une population ouvrière de près de 7 millions de personnes, dont le tiers, ainsi que le montrent les statistiques, ne disposent pas en quantité suffisante pendant 30 semaines de l'année de pommes de terre de troisième qualité.» (Ch. Carlyle, Chartism, Londres, 1840, p. 25).

[4] Allusion à la guerre menée par le peuple allemand contre l'hégémonie de Napoléon au cours des années 1813-1815.

[5] Ici Marx a ajouté: paupérisme (N. R.)

[6] Cette phrase de Marx figure dans la marge du manuscrit. (N. R.)

[7] Ici Marx a ajouté: Lutte de classes nationale, rapports des biens. (N. R.)


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