1848-49

Marx et Engels journalistes au coeur de la révolution...

Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec.


La Nouvelle Gazette Rhénane

K. Marx – F. Engels

La note russe

n° 64, 3 août 1848


Cologne, 1° août

Au lieu d'envoyer une armée, la diplomatie russe a expédié à toutes les ambassades russes d'Allemagne une note sous forme de circulaire. Cette note a pris ses premiers quartiers dans un organe officiel du vicariat d'Empire allemand de Francfort [1] et reçu bientôt bon accueil dans d'autres feuilles officielles et non officielles. Il est inhabituel que M. Nesselrode, le ministre russe des Affaires étrangères, pratique ainsi une politique officielle; cette façon de faire mérite d'autant plus d'être examinée de très près.

À l'époque heureuse d'avant 1848, la censure allemande veillait à ce que rien ne fût imprimé qui puisse être mal vu du gouvernement russe, même pas sous la rubrique de Grèce ou de Turquie.

Depuis les mauvais jours de mars, ce chemin détourné et commode est malheureusement bouché. Nesselrode s'est donc fait publiciste.

D'après lui, c'est la « presse allemande dont la haine à l'égard de la Russie semblait disparue » qui, à propos des mesures de sécurité prises par la Russie à la frontière, a suscité des « hypothèses et des commentaires sans fondement ». Cette entrée en matière, d'une délicate retenue, se poursuit sur un ton plus ferme : « La presse allemande propage journellement les bruits les plus ineptes, les calomnies les plus haineuses à notre égard ». Mais il est bientôt question de « déclamations furieuses », de « têtes folles » et de « malignité perfide ».

Lors du prochain procès de presse, un procureur allemand pourra appuyer son réquisitoire sur un document accrédité : la note russe.

Et pourquoi y a-t-il lieu d'attaquer, et si possible d'anéantir la presse allemande et la presse « démocratique », en particulier ? Parce qu'elle méconnaît « les opinions aussi bienveillantes qu'altruistes » et les « intentions ouvertement pacifiques » de l'empereur de Russie !

« Quand l'Allemagne a-t-elle eu à se plaindre de nous ? » interroge Nesselrode au nom de son maître. « Durant toute la période où un conquérant étendait sur le continent un pouvoir d'oppression, la Russie a versé son sang pour « soutenir » l'Allemagne et l'aider à maintenir son intégrité et son indépendance. » Le territoire russe était depuis longtemps libéré que la Russie continuait à suivre et à assister ses alliés allemands sur tous les champs de bataille d'Europe. »

Malgré ses agents nombreux et bien rétribués, la Russie est victime de la plus fâcheuse des duperies si, en 1848, elle pense éveiller des sympathies en évoquant les souvenirs des guerres de libération [2]. Et c'est pour nous, Allemands, que la Russie aurait répandu son sang ?

Sans parler du fait qu'avant 1812 la Russie « soutenait l'intégrité et l'indépendance » de I'Allemagne par une alliance officielle et des tractations secrètes avec Napoléon [3], elle s'est ensuite largement dédommagée de son soi-disant soutien par des pillages et des brigandages. Son soutien allait aux princes coalisés avec elle et, malgré la proclamation de Kalisz [4], aux représentants de l'absolutisme « de droit divin » contre un souverain issu de la révolution. La Sainte-Alliance et ses œuvres impies, les congrès de brigands de Karlsbad, Laibach, Vérone, les persécutions en Russie et en Allemagne contre toute expression d'une pensée libérale, toute la politique depuis 1815 dirigée par la Russie, ont dû évidemment nous empreindre d'une profonde gratitude. Que la maison des Romanovs et ses diplomates soient sans souci - cette dette là, nous ne l'oublierons jamais. Quant à l'aide de la Russie au cours des années 1814-1815, elle nous inspire un tout autre sentiment que la reconnaissance de cette assistance payée par les subsides de l'Angleterre.

Pour un esprit averti, les motifs en sont apparents. Si Napoléon était resté le vainqueur en Allemagne, il aurait, en appliquant sa formule énergique et bien connue, écarté au moins trois douzaines de souverains, pères bien-aimés de leurs peuples. La législation et l'administration françaises auraient créé une base solide pour l'unité allemande et nous auraient épargné trente-trois ans de honte et la tyrannie de la Diète fédérale, naturellement si estimée par M. Nesselrode. Il aurait suffi de quelques décrets de Napoléon pour anéantir complètement tout ce fatras moyen-âgeux, ces corvées et ces dîmes, ces exemptions et ces privilèges, l'ensemble de cette exploitation féodale et de cette organisation patriarcale avec lesquelles actuellement encore nous devons nous colleter aux quatre coins de nos patries. Le reste de l'Allemagne se trouverait depuis longtemps au stade atteint par la rive gauche du Rhin peu après la première Révolution française; nous n'aurions plus actuellement ni Grands de l'Uckermarck, ni Vendée poméranienne, et nous n'aurions plus besoin de respirer l'air méphitique des marais « historiques » « du Saint-Empire romain germanique ».

Mais la Russie est magnanime. Même quand nous ne lui disons pas merci, son empereur nous conserve, après comme avant, ses « dispositions aussi bienveillantes qu'altruistes ». En effet, « malgré les vexations et les provocations, on n'a pas réussi à modifier nos dispositions » (celles de la Russie).

Ces dispositions se manifestent pour l'instant dans une « attitude systématique de passivité et d'expectative  », où indéniablement la Russie est parvenue à une grande virtuosité. Elle sait attendre jusqu'à ce que le moment propice semble venu. Sans tenir compte des formidables mouvements de troupes qui ont eu lieu en Russie depuis mars, M. Nesselrode est assez naïf pour vouloir nous faire accroire que les troupes sont « restées » continuellement dans leurs cantonnements sans manœuvrer. Malgré le classique : « Maintenant, Messieurs, à cheval ![5] », malgré la façon dont Abramowicz, ministre de la Police à Varsovie, épanche familièrement son cœur et sa bile contre le peuple allemand, malgré, ou au contraire à cause des notes menaçantes et couronnées de succès émanant de Pétersbourg, le gouvernement russe est et reste animé de dispositions « pacifiques et conciliatrices ». La Russie persévère dans son attitude « ouvertement pacifique et défensive ». Dans la circulaire de Nesselrode, la Russie est la patience même et la pieuse innocence, souvent blessée et provoquée.

Nous citerons quelques-uns des crimes commis par l'Allemagne contre la Russie et mentionnés dans la note : 1°: « l'esprit hostile » et 2° : la « fièvre de changements dans toute l'Allemagne ». En réponse à tant de bienveillance du tsar, un esprit « hostile » ! Comme cela est vexant pour le cœur paternel de notre cher beau-frère [6]. Et puis encore, cette maudite maladie : « la fièvre de changement » ! Bien qu'elle soit ici la deuxième, c'est vraiment la première des horreurs. De temps en temps, la Russie nous gratifie d'une nouvelle maladie - du choléra. Soit ! Toutefois cette « fièvre de changements » n'est pas seulement contagieuse, elle prend souvent des formes si malignes et si aiguës qu'il arrive facilement à de grands seigneurs d'être contraints à un voyage précipité en Angleterre [7]. La « fièvre de changements allemande » était peut être un des motifs qui ont poussé la Russie à ne pas intervenir en mars et en avril ? Troisième crime : Le Parlement préparatoire de Francfort a présenté la guerre contre la Russie comme une nécessité de l'époque. Il en fut de même dans les clubs et les journaux, et c'est d'autant plus impardonnable que, selon les clauses de la Sainte-Alliance et les traités scellés plus tard par la Russie, l'Autriche et la Prusse, nous devions, nous Allemands, répandre notre sang uniquement pour les intérêts des princes et non pour les nôtres. 4° : on a parlé en Allemagne de la restauration de la Pologne dans ses frontières de 1772 [8]. Le knout, et puis en route pour la Sibérie, c'est tout ce que vous méritez ! Mais non, lorsque Nesselrode écrivit sa circulaire, il ignorait encore le vote du Parlement de Francfort sur l'incorporation de la Posnanie. Le Parlement a expié notre faute et un doux sourire de pardon flotte maintenant sur les lèvres du tsar. Cinquième crime de l'Allemagne : « Sa guerre regrettable contre une monarchie du Nord [9]. » Eu égard au succès de la note menaçante de la Russie et à la retraite rapide de l'armée allemande, ordonnée de Potsdam, et en considération de la déclaration de l'ambassadeur de Prusse à Copenhague sur les motifs et les buts de la guerre, l'Allemagne pourrait être punie pour une telle audace avec plus de mansuétude qu'il ne serait admissible sans ces circonstances. 6° : « avoir prêché ouvertement une alliance offensive et défensive entre l'Allemagne et la France ». 7° : enfin, l'accueil fait aux réfugiés politiques, leur voyage gratuit en chemin de fer et l'insurrection en Posnanie.

Si le langage n'était pas donné aux diplomates et aux personnes compétentes « pour dissimuler leurs pensées », Nesselrode et le beau-frère Nicolas devraient nous sauter au cou dans une explosion de joie et nous remercier ardemment d'avoir attiré en Posnanie tant de Polonais, de Français, d'Anglais, de Belges, etc., de leur avoir donné toutes facilités de transport pour les abattre à coups de fusils et de shrapnells, les marquer à la pierre infernale, les massacrer, les renvoyer la tête rasée et, par ailleurs à Cracovie, pour les exterminer si possible en les bombardant traîtreusement.

Et en face de ces sept péchés mortels de l'Allemagne, la Russie a-t-elle continué à rester sur la défensive et à ne pas passer à l'attaque ? Il en est bien ainsi, et c'est pourquoi le diplomate russe engage le monde à admirer l'amour de la paix et la modération de son empereur.

La règle de conduite de l'empereur de Russie « dont jusqu'à présent il ne s'est pas écarté un instant » est, d'après M. Nesselrode, la suivante :

« Ne s'ingérer en aucune façon dans les affaires intérieures des pays qui veulent changer leur organisation, laisser au contraire, sans aucune entrave de sa part, les peuples entièrement libres de réaliser les expériences politiques et sociales qu'ils veulent entreprendre, n'attaquer aucune puissance qui ne l'aurait pas attaqué lui-même; mais en revanche repousser résolument tout affaiblissement de sa propre sécurité intérieure et veiller à ce que, si l'équilibre territorial devait être détruit ou modifié en un point quelconque, ce ne soit pas aux dépens de nos intérêts légitimes. »

La note russe oublie d'ajouter les exemples qui l'illustrent. Après la révolution de juillet, l'empereur concentra une armée à la frontière occidentale pour démontrer pratiquement aux Français, avec l'aide de ses fidèles, comment il pense « laisser les peuples réaliser librement leurs expériences politiques et sociales ». S'il fut perturbé dans sa règle de conduite, ce ne fut pas sa faute, mais celle de la révolution polonaise de 1830 qui orienta autrement ses projets. Nous avons constaté le même procédé peu après, au sujet de l'Espagne et du Portugal. Son soutien ouvert et secret accordé à Don Carlos et Don Miguel en témoignent. Lorsqu'à la fin de 1842, le roi de Prusse voulut donner, sur la base « historique » la plus généreuse une sorte de constitution par corps qui devait jouer un rôle si parfait dans les patentes de 1847 [10], on sait que ce fut Nicolas qui l'interdit sévèrement et nous priva pendant plusieurs années, nous les « Germains chrétiens », des joies des patentes. Il agit ainsi, comme dit Nesselrode, parce que jamais la Russie ne s'ingère dans l'organisation intérieure d'un pays. Nous n'avons pas besoin de mentionner Cracovie. Rappelons-nous seulement le dernier exemple de la « règle de conduite » impériale.

Les Valaques renversent l'ancien gouvernement et en mettent provisoirement un nouveau à sa place. Ils voulaient bouleverser tout l'ancien système pour s'organiser suivant le procédé des peuples civilisés. « Pour les laisser alors entièrement libres de réaliser les expériences politiques et sociales », un corps de troupes russe envahit le pays [11].

Chacun pourrait déjà, selon cet exemple, trouver tout seul l'application de cette « règle de conduite » en Allemagne. Cependant la note russe nous épargne de faire nous-même cette déduction :

« Tant que la Confédération, quelle que soit la forme nouvelle qu'elle se donne, ne s'attaque pas aux États voisins, et ne cherche pas à étendre par la contrainte les limites de son territoire, ou à faire valoir sa compétence hors des limites prescrites par les traités, l'empereur respectera aussi son indépendance intérieure. »

Le second passage se rapportant au même sujet est plus explicite :

« Si l'Allemagne parvient réellement à résoudre le problème de son organisation sans inconvénient pour sa tranquillité interne, sans que les formes nouvelles imprimées à sa nation soient telles qu'elles mettent en danger la tranquillité des autres États, nous nous en félicitons sincèrement, pour les mêmes raisons qui nous font nous féliciter énergiquement et unanimement de ses formes politiques antérieures. »

Mais le passage le plus clair et le plus dépourvu d'ambiguïté, c'est celui où la circulaire parle des efforts incessants de la Russie pour recommander et maintenir la concorde et l'unité de l'Allemagne :

« Non pas évidemment cette unité matérielle dont rêve aujourd'hui une démocratie avide de niveler et d'agrandir et qui, si elle pouvait réaliser comme elle les a conçues ses théories ambitieuses, mettrait immanquablement tôt ou tard l'Allemagne en guerre avec tous les États voisins - mais l'unité morale, la sincère harmonie des vues et des intentions dans toutes les questions politiques que la Confédération allemande avait à négocier pour l'extérieur.
Maintenir cette unité, resserrer les liens qui unissent entre eux les gouvernements allemands, c'est le seul but qu'a poursuivi notre politique.
Ce que nous avons voulu à cette époque là, nous le voulons encore aujourd'hui. »

L'unité morale de l'Allemagne, le gouvernement russe nous l'accorde de tout cœur, ainsi que nous pouvons le voir dans ce qui précède, pourvu que ce ne soit pas une unité matérielle, pourvu qu'il ne s'agisse pas de repousser dans l'ombre l'actuel système fédéral au profit d'un pouvoir central fondé sur la souveraineté du peuple, un pouvoir central qui ne soit plus seulement apparent, mais réel et qui prenne des mesures énergiques et sérieuses ! Quelle magnanimité !

« Ce que nous avons voulu à cette époque-là (avant février 1848), nous le voulons encore aujourd'hui. »

Voilà la seule phrase de la note russe que certainement personne ne mettra en doute. Nous faisons simplement la remarque à M. Nesselrode que vouloir et réaliser font toujours deux.

Les Allemands savent maintenant parfaitement à quoi s'en tenir sur la Russie. Tant que dure l'ancien régime repeint de couleurs neuves et modernes ou si on y rentre docilement, une fois sorti de la voie « historique » et russe dans « l'ivresse et l'exaltation du montent » - la Russie restera « ouvertement pacifique ».

La situation à l'intérieur de la Russie, les ravages du choléra, les soulèvements sporadiques dans des districts isolés, la révolution ourdie à Pétersbourg et arrêtée encore à temps, le complot de la citadelle de Varsovie, sol volcanique du royaume de Pologne [12], voilà en tout cas des circonstances qui ont contribué à mettre le tsar dans des « dispositions » bienveillantes et « pacifiques » vis-à-vis de l'Allemagne.

Mais en Allemagne même, le cours des événements a jusqu'à ce jour, sans aucun doute, exercé une influence bien plus puissante sur « le système de passivité et d'expectative » du gouvernement russe.

Nicolas en personne aurait-il pu veiller mieux à ses affaires, réaliser plus rapidement ses intentions qu'il ne l'a fait jusqu'à présent à Berlin-Potsdam, à Innsbruck, Vienne et Prague, à Francfort comme à Hanovre et dans presque tous les autres recoins familiers de notre patrie comblée de nouveau par l'unité morale russe ? Pfuel (de la Pierre infernale), Colomb et le général aux shrapnells [13] en Posnanie, comme Windischgraetz à Prague, n'ont-ils pas agi pour que le cœur du tsar nage dans la félicité? Windischgraetz n'a-t-il pas reçu des mains du jeune M. Meyendorf une brillante lettre de félicitations au sujet de Potsdam ? MM. Hansemann, Milde, Schreckenstein à Berlin, les Radowitz, Schmerling et Lichnowski à Francfort ont-ils laissé à la Russie quoi que ce soit à désirer ? La Biedermannie et la Basserrnannie [14] au Parlement de Francfort ne doivent-elles pas être un baume pour certaines souffrances d'un passé récent ? Dans de telles circonstances, la diplomatie russe n'a pas besoin d'armée d'invasion. C'est à juste raison que le système « de passivité et d'expectative » - et  la note que nous venons de commenter - lui suffisent.


Notes

[1] C'est la Frankfurter Oberpostamts-Zeitung, journal qui parut à Francfort de 1617 à 1806 qui est visée ici. Pendant la révolution de 1848-1849, ce journal fut l'organe du pouvoir central provisoire, du vicaire d'Empire et du ministère d'Empire. La circulaire de Nesselrode aux ambassadeurs russes auprès des États allemands fut publiée par ce journal dans le numéro 210 du 28 juillet 1848.

[2] C'est ainsi que les Allemands désignent les luttes qui, en 1813, les ont délivrés de la tyrannie napoléonnienne.

[3] Le 25 juin 1807, Napoléon I° et le tsar Alexandre I° se rencontrèrent une première fois sur le Niémen. Cette entrevue qui eut lieu sans témoin ouvrait les pourparlers de paix (la Russie avait pris part depuis 1806 à la coalition contre Napoléon) et préparait la conclusion d'une alliance entre la France et la Russie. Au traité de Tilsitt, le tsar entrait dans le système continental, et c'est avec son accord que Napoléon obtint de grands territoires de la monarchie prussienne; d'autres régions prusssiennes et leurs 185 000 habitants furent cédés à la Russie. Lors de l'entrevue d'Erfurt (17 septembre-14 octobre 1808) l'alliance entre Napoléon et le tsar fut renouvelée.

[4] « Appel aux Allemands » rédigé le 13 (25) mars 1813 dans la ville de Kalisz. Le tsar et le roi de Prusse appelaient les Allemands à la lutte contre Napoléon et leur promettaient avec démagogie la liberté et l'indépendance.

[5] Un contemporain raconte qu'à l'annonce de la révolution de février 1848 en France, Nicolas I° s'adressa en ces termes aux officiers présents au bal de la Cour : « Sellez vos chevaux, Messieurs, la République est proclamée en France ! »

[6] Nicolas I° ayant épousé en 1817 la fille du roi de Prusse Frédéric Guillaume III, il était le beau-frère de Frédéric-Guillaume IV de Prusse.

[7] Allusion à la fuite de Louis-Philippe et surtout à celle du prince de Prusse en Angleterre.

[8] En 1772 eut lieu le premier partage de la Pologne par la Prusse, la Russie et l'Autriche. Frédéric Il obtint la Prusse royale, moins Torun et Dantzig. L'Autriche annexa la Galicie et ses deux millions et demi d'habitants. La Russie prit une longue bande peuplée d'une million d'âmes.

[9] Il s'agit de la guerre avec le Danemark au sujet des duchés du Schleswig et du Holstein.

[10] Il s'agit de la « Patente concernant l'organisation corporative », de l'« Ordonnance sur la Diète unifiée » et de l'« Ordonnance sur la convocation périodique des États-généraux unifiés et leurs attributions », toutes les trois du 3 février 1847. Dans ces ordonnances, le roi se référait aux lois sur la représentation par corps promulguée à partir de 1820 et en particulier à l'ordonnance sur la formation d'une assemblée par corps dans le royaume de Prusse du 21 juin 1842 sur laquelle le roi s'appuya pour convoquer les assemblées des représentants de toutes les Diètes provinciales. Cette convention fut présentée comme un développement des institutions par corps et un élément d'unification de l'État bien qu'on se soit efforcé de restreindre au maximum les attributions de cette assemblée. Cela n'empêcha pas le gouvernement autrichien de mettre le roi de Prusse en garde contre ce pas encore timide et tout à fait insuffisant Vers une représentation corporative centrale.

[11] Après la fuite du prince Bibesco en juin 1848, un gouvernement fut formé en Valachie (Bucarest) par des éléments libéraux qui aspiraient à des réformes bourgeoises et à une constitution de type européen, ainsi qu'à un accord avec les Turcs. Là-dessus un corps d'armée russe franchit le Prouth le 10 juillet. Le gouvernement tsariste réussit à entraîner le gouvernement turc dans la répression de ce mouvement libéral. Dans le courant de septembre, des troupes turques envahirent la Valachie et maltraitèrent la population. Un des commissaires du gouvernement turc, Fouad Effendi, publia un manifeste proclamant la nécessité de rétablir l'ordre et de supprimer les séquelles de la révolution.

[12] De sérieuses difficultés économiques (une mauvaise récolte), le choléra et des incendies dévastateurs provoquèrent au printemps de 1848 en Russie un renouveau de l'agitation paysanne, des troubles à Saint-Pétersbourg et à Riga et des mouvements populaires dans quelques régions (à Vladimir, en particulier). L'un des principaux foyers de fermentation révolutionnaire était constitué à l'époque par la partie de la Pologne annexée par la Russie, où le mouvement avait un caractère national et par le soulèvement dans le grand-duché de Posnanie.

[13] Hirschfeld.

[14] Dans le texte : Biederkeit und  Basserkeit. Jeu de mot sur les noms des députés Biedermann et Bassermann; Biederkeit signifie « droiture » en allemand, mais Basserkeit est un mot forgé de toutes pièces.


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