1848-49

Marx et Engels journalistes au coeur de la révolution...

Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec.


La Nouvelle Gazette Rhénane

K. Marx

Le ministère Pfuel

n° 116, 14 octobre 1848


Cologne, 13 octobre

Lors de la chute du ministère Camphausen nous disions :

« Le ministère Camphausen avait dépouillé le vêtement du libéralisme bourgeois qui cachait la contre-révolution. La contre-révolution se sent assez forte pour rejeter ce masque gênant. Il est possible que quelque ministère sans stabilité du centre gauche (Hansemann) suive, pour quelques jours, le ministère du 30 mars. Son véritable successeur est le ministère du prince de Prusse. » (Nouvelle Gazette rhénane, n° 23 du 23 juin).

Et en effet le ministère Pfuel (von Neuchâtel [1]) a succédé au ministère Hansemann.

Le ministère Pfuel se répand en belles phrases constitutionelles, comme le pouvoir central de Francfort parle de l' « unité allemande ». Si nous comparons le corpus delicti, le véritable corps du ministère et son écho, ses déclarations constitutionnelles, ses apaisements, ses arrangements, ses compromis avec l'Assemblée de Berlin, il n'y a qu'un seul mot que nous puissions lui appliquer, celui de Falstaff :

« Que les vieillards que nous sommes sont donc encore soumis au vice du mensonge [2]. »

Seul un ministère de la révolution peut succéder au ministère Pfuel.

 

Notes

[1] Au Congrès de Vienne, Neuchâtel fut attribué au roi de Prusse et admis comme vingt-et-unième canton de la communauté helvétique. En 1831, les républicains tentèrent, par un soulèvement, d'obtenir la séparation complète d'avec la Prusse. Ce soulèvement fut réprimé avec brutalité par le général von Pfuel qui devint le gouverneur prussien de Neuchâtel. Tout de suite après la Révolution de février, un nouveau soulèvement éclata. Un gouvernement provisoire fut constitué et il fut effectivement mis fin à la domination de la Prusse. En 1854, le roi de Prusse dut renoncer officiellement à ses prétentions sur Neuchâtel.

[2] Shakespeare : Henri IV, 2° partie, acte III, scène 2.


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