1848-49

Marx et Engels journalistes au coeur de la révolution...

Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec.


La Nouvelle Gazette Rhénane

K. Marx

Réponse du Roi de Prusse à la délégation de l’Assemblée Nationale

n° 120, 19 octobre 1848


Cologne, 18 octobre.

Le roi en tout cas est logique. Sa Majesté ne se contredit jamais. À l'occasion de la fête donnée en l'honneur de l'édification de la cathédrale de Cologne, il a déclaré à la délégation de l'Assemblée nationale de Francfort :

« Je comprends très bien, Messieurs, ce que représente votre assemblée. Je saisis très bien l'importance de votre assemblée ! » - la voix de Sa Majesté prit ici une intonation très grave et très tranchante - « Mais n'oubliez pas non plus qu'il y a encore des princes en Allemagne » - ici Sa Majesté posa la main sur son cœur et dit en insistant lourdement - « et n'oubliez pas que j'en suis un ! »

C'est une réponse analogue que reçut également la délégation de l'Assemblée de Berlin lorsque, le 15 octobre, elle rendit visite à Sa Majesté pour la congratuler. Le roi déclara :

« Nous sommes en train de construire un édifice qui doit durer des siècles. Mais, Messieurs, je tiens à vous faire remarquer ceci : Nous avons encore - ce que beaucoup nous envient certainement - une autorité héréditaire de droit divin » - le roi prononça ces mots avec insistance - « dotée encore d'un pouvoir absolu. Elle constitue les fondations, et les seules, sur lesquelles peut être construit cet édifice s'il doit durer comme je l'ai dit. »

Le roi est logique. Il aurait toujours été logique si les journées de mars n'avaient malheureusement glissé ce fatal papier entre Sa Majesté et le peuple.

Sa Majesté semble croire en ce moment comme avant les journées de mars aux « pieds de fer » de l'esclavage [1]. Le peuple de Vienne peut être le magicien qui transformera le fer en argile.

 

Notes

[1] Allusion à un passage de la Bible (Daniel, chapitre 2, 33). Son ventre et ses cuisses étaient d'airain, ses jambes de fer, ses pieds en partie de fer et en partie d'argile.


Début Précédent Haut de la page Sommaire Suite Fin