1848-49

Marx et Engels journalistes au coeur de la révolution...

Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec.


La Nouvelle Gazette Rhénane

K. Marx - F. Engels

Stein

n°225, 18 février 1849


Cologne, le 16 février.

« L'Association pour l'ordre légal » de Breslau (une association « avec Dieu, pour le roi et la patrie ») adresse une lettre ouverte au docteur Julius Stein où il est dit entre autres que la Nouvelle Gazette rhénane s'est laissée abuser par les discours conservateurs de M. Stein comme l'ont été les braves bourgeois de Breslau, et qu'elle le considère comme « perdu pour la démocratie ».

Nous aimons les positions nettes. Nous n'avons jamais été en coquetterie avec un parti parlementaire. Le parti que nous représentons, le parti du peuple n'existe actuellement en Allemagne qu'à un stade élémentaire. Mais quand il s'agit de combattre le « gouvernement en exercice », nous nous allions même avec nos ennemis. Nous acceptons comme un fait existant l'opposition prussienne officielle telle qu'elle est sortie des pitoyables conditions de la civilisation allemande, et c'est pourquoi, au cours de la campagne électorale, nous avons fait passer à l'arrière-plan nos propres conceptions. Maintenant, après les élections, nous réaffirmons notre ancien point de vue, sans ménagement à l'égard du gouvernement et aussi de l'opposition officielle [1] .

« L'Association pour l'ordre légal » se trompe. Nous ne considérons pas MM. Stein, Waldeck et consorts comme « perdus pour la démocratie ». Nous avons toujours félicité la démocratie de n'être pas représentée par les Stein, les Waldeck et consorts.

Dans un de nos premiers numéros, nous déclarions que dans une Convention, l'extrême-gauche de l'Assemblée ententiste de Berlin [2] formerait l'extrême-droite, à l'exception de trois ou quatre personnes [3] . Nous n'avons jamais compté Stein et Waldeck au nombre de ces trois ou quatre.

En ce qui concerne spécialement M. Stein, nous nous rappelons l'époque où, partisan fanatique d'une royauté constitutionnelle, il s'opposait aux républicains et dans la Schlesische Zeitung [4] dénonçait formellement les républicains de la classe ouvrière et les faisait dénoncer par un pédant d'opinions analogues, actuellement membre de « l'Assemblée pour l'ordre légal ».

La soi-disant fraction démocratique de l'Assemblée ententiste était aussi pitoyable que l'Assemblée ententiste elle-même. Il était prévisible que, pour être réélus, ces Messieurs reconnaîtraient la Constitution octroyée. Ce qui caractérise le point de vue de ces Messieurs c'est que, dans les clubs démocratiques, ils renient après coup ce qu'ils approuvaient avant les élections dans les réunions électorales. Cette ruse mesquine, finaude et libérale n'a jamais été une diplomatie de caractère révolutionnaire.


Notes

[1] Séance du Comité de l'Association ouvrière du 16 janvier 1849.

[2] Cette idée est exprimée dans l'article d'Ernst Dronke intitulé : « La séance de l'Assemblée nationale des 7 et 8 août », paru dans le n° 74, du 13 août 1848, de la Nouvelle Gazette rhénane.

[3] Appartenaient entre autres à la gauche de l'Assemblée nationale prussienne les députés Waldeck, Jacoby, Jung, Julius Berends et d'Ester. La Nouvelle Gazette rhénane critiquait souvent l'attitude hésitante et indécise de la gauche et l'engageait à agir avec plus d'énergie et à mener la lutte en dehors du Parlement.

[4] La Schlesische Zeitung était un quotidien qui parut à Breslau de 1742 à 1945. Pendant la révolution de 1848, il fut l'organe des milieux monarchistes constitutionnels.


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