1879

Circulaire à A. Bebel, W. Liebknecht, W. Bracke à propos du « Sozialdemokrat » et de la tactique sous l'illégalité
Pour les parties I. et II., d'après le brouillon, écrit à la mi-septembre 1879. Source pour la partie III. : Œuvres choisies en deux volumes, Éditions du Progrès, 1955


 

Lettre circulaire à A. Bebel, W. Liebknecht, W. Bracke et autres

 

Karl Marx et Friedrich Engels

17-18 septembre 1879



Londres, les 17-18 septembre 1879.

Cher Bebel,

La réponse à votre lettre du 20 août a quelque peu traîné en longueur, en raison aussi bien de l'absence prolongée de Marx. que de divers incidents, d'abord l'arrivée des Annales de Richter, ensuite la venue de Hirsch lui-même.

Je suis obligé d'admettre que Liebknecht ne vous a pas montré la dernière lettre que je lui avais adressée, bien que je le lui aie demandé expressément, car sinon vous n'eussiez sans doute pas avancé les arguments mêmes que Liebknecht avait fait valoir et auxquels j'ai déjà répondu dans ladite lettre.

Passons maintenant aux divers points sur lesquels il importe de revenir ici.

I. Les négociations avec C. Hirsch

Liebknecht demande à Hirsch s'il veut prendre la responsabilité de la rédaction de l'organe du parti qui doit être créé à Zürich (le Sozialdemokrat). Hirsch désire des précisions pour la mise en œuvre de ce journal : de quels fonds disposera-t-il, et de qui proviendront-ils ? La première question l'intéresse, afin de savoir si le journal ne s'éteindra déjà au bout de quelques mois, la seconde pour connaître celui qui détient les cordons de la bourse, autrement dit celui qui tient en dernier ressort entre ses mains l'autorité sur la vie du journal. La réponse du 27 juillet de Liebknecht à Hirsch (« Tout est en ordre, tu apprendras la suite à Zürich ») ne parvient pas à son destinataire. Mais de Zürich arrive une lettre à Hirsch en date du 24 juillet, Bernstein l'y informe que « l'on nous a chargés de la mise en œuvre et du contrôle » (du journal). Un entretien aurait eu lieu « entre Viereck et nous », au cours duquel on se, serait aperçu « que votre position serait difficile en raison des divergences que vous avez eues avec plusieurs camarades du fait que vous appartenez au journal Laterne [La Lanterne] ; cependant, je ne tiens pas ces réticences pour bien importantes ». Pas un mot d'explication sur les causes.

Par retour de courrier, Hirsch demande le 26, quelle est la situation matérielle du journal. Quels camarades se sont portés garants pour couvrir un éventuel déficit ? Jusqu'à quel montant et pour combien de temps ? Il n'est pas du tout question, à ce stade de la question du traitement que touchera le rédacteur, Hirsch cherche simplement à savoir si « les moyens sont assurés pour tenir le journal un an au moins ».

Bernstein répond le 31 juillet : un éventuel déficit serait couvert par les contributions volontaires, dont certaines (!) sont déjà souscrites. A propos des remarques de Hirsch sur l'orientation qu'il pensait donner au journal, il fait remarquer, entre autres remarques désobligeantes et directives (cf. ci-dessus) : « La Commission de surveillance doit s'y tenir d'autant plus qu'elle est elle-même sous contrôle, c’est-à-dire responsable. Vous devez donc vous entendre sur ces points avec la Commission de surveillance. » On souhaite une réponse immédiate, par télégraphe si possible.

Mais, au lieu d'une réponse à ses demandes justifiées, Hirsch reçoit la nouvelle qu'il doit rédiger sous la surveillance d'une commission siégeant à Zürich , commission dont les conceptions divergent substantiellement des siennes et dont les noms des membres ne lui sont même pas cités !

Hirsch, indigné à juste titre par ces procédés, préfère s'entendre avec les camarades de Leipzig. Vous connaissez sans doute sa lettre du 2 août à Liebknecht, étant donné que Hirsch y demandait expressément qu'on vous informe - vous et Viereck - de son contenu. Hirsch est même disposé à se soumettre à une commission de surveillance à Zürich , à condition que celle-ci fasse par écrit ses remarques à la rédaction et qu'il puisse faire appel de la décision à la commission de contrôle de Leipzig.

Dans l'intervalle, Liebknecht écrit à Hirsch le 28 juillet : « L'entreprise a naturellement une base, étant donné que tout le parti (Höchberg inclusivement) la soutient. Mais ne te soucie pas des détails. »

Même la lettre suivante de Liebknecht ne fait aucune mention de cette base; en revanche, elle assure que la commission de Zürich ne serait pas une commission de rédaction, mais ne se préoccuperait que d'administration et de finances. Le 14 août encore, Liebknecht m'écrit la même chose et me demande de convaincre Hirsch d'accepter. Vous-même, vous êtes encore si peu au courant du contenu effectif de la question le 20 août que vous m'écrivez « Il (Höchberg) n'a pas plus de voix dans la rédaction du journal que n'importe quel autre camarade connu. »

Enfin Hirsch reçoit une lettre de Viereck, en date du 11 août, dans laquelle il reconnaît que « les trois camarades, domiciliés à Zürich et formant la commission de rédaction, ont commencé à mettre en place le journal et s'apprêtent à élire un rédacteur qui doit être confirmé dans sa fonction par les trois camarades de Leipzig Pour autant que je m'en souvienne, il était également dit dans les résolutions portées à votre connaissance que le comité de fondation (Zürichois) devrait assumer aussi bien les responsabilités politiques que financières vis-à-vis du parti (...). De tout cela, il me semble que l'on puisse conclure que (...) sans la collaboration des trois camarades domiciliés à Zürich et chargés par le parti de cette fondation, on ne pouvait concevoir la formation de la rédaction. »

Hirsch tenait enfin là quelque chose de précis, même si ce n'était que sur la position du rédacteur vis-à-vis des Zürichois. Ils forment une commission de rédaction, et ont aussi la responsabilité politique; sans leur collaboration, on ne peut former de rédaction. Bref, on indique à Hirsch qu'il doit s'entendre avec les trois camarades de Zürich , dont on ne lui fournit toujours pas les noms.

Mais, pour que la confusion soit totale, Liebknecht apporte une nouvelle au bas de la lettre de Viereck : « P. Singer de Berlin vient de passer ici et rapporte : la commission de surveillance de Zürich n'est pas, comme le pense Viereck, une commission de rédaction, mais essentiellement une commission d'administration qui est responsable vis-à-vis du parti, en l'occurrence nous, pour ce qui est des finances du journal. Naturellement, les membres ont aussi le droit et le devoir de discuter avec toi des problèmes de rédaction (un droit et un devoir qu'a tout membre du parti, soit dit en passant); ils ne peuvent pas te mettre sous tutelle. »

Les trois Zürichois et un membre du comité de Leipzig - le seul qui ait été présent lors des négociations - soutiennent que Hirsch doit être placé sous la direction administrative des Zürichois, tandis qu'un second camarade de Leipzig le nie tout uniment. Et, dans ces conditions, il faut que Hirsch se décide, avant que ces messieurs ne se soient mis d'accord entre eux. Que Hirsch soit justifié à connaître les décisions prises au sujet des conditions auxquelles on estime devoir le soumettre, c'est à quoi on n'a même pas pensé, et ce, d'autant plus qu'il ne semble même pas qu'il soit venu à l'esprit des camarades de Leipzig de prendre eux-mêmes bonne note de ces décisions ! Autrement, comment les contradictions mentionnées ci-dessus eussent-elles été possibles ?

Si les camarades de Leipzig ne peuvent se mettre d'accord sur les fonctions à attribuer aux Zürichois, comment ces derniers peuvent-ils y voir clair !

Schramm à Hirsch, le 14 août : « Si vous n'aviez pas écrit à ce moment-là, vous vous seriez trouvé dans le même cas que Kayser et vous eussiez procédé de même : vous vous seriez mis au travail et on n'en aurait plus parlé. Mais, de la sorte, nous devons, face à votre déclaration, nous réserver le droit de décider par un vote quels seront les articles à accepter dans le nouveau journal. »

La lettre à Bernstein, dans laquelle Hirsch aurait répété cela, est du 26 juillet, bien après la conférence à Zürich au cours de laquelle on avait fixé les pouvoirs des trois Zürichois. Mais on se gonfle déjà tellement à Zürich dans le sentiment de la plénitude de son pouvoir bureaucratique que l'on revendique déjà, dans la lettre ultérieure à Hirsch, de nouvelles prérogatives, à savoir décider des articles à accepter dans le journal. Déjà le comité de rédaction devient une commission de censure.

C'est seulement à l'arrivée de Höchberg à Paris que Hirsch apprit de lui le nom des membres des deux commissions.

En conséquence, si les tractations avec Hirsch ont échoué, à quoi cela tient-il ?

1. Au refus obstiné des camarades de Leipzig aussi bien que des Zürichois de lui faire part de quoi que ce soit de tangible sur les bases financières, donc sur les possibilités du maintien en vie du journal, ne serait-ce que pour un an. La somme souscrite, il ne l'a apprise qu'ici par moi (après que vous me l'aviez communiquée). Il n'était donc pratiquement pas possible, à partir des informations données précédemment (le parti + Höchberg), de tirer une autre conclusion que celle selon laquelle le journal reposerait essentiellement sur Höchberg, ou dépendrait tout de même bientôt de ses contributions. Or, cette dernière éventualité n'est pas encore, et de loin, écartée aujourd'hui. La somme de - si je lis bien - 800 marks est exactement la même (40 L.) que celle que l'association de Londres a dû mettre en rallonge pour la Liberté au cours de la première moitié de l'année.

2. L'assurance renouvelée, qui depuis s'est révélée tout à fait inexacte, de Liebknecht, selon laquelle les Zürichois ne devaient absolument pas contrôler la rédaction, ainsi que la comédie et les méprises qui en sont résultées.

3. La certitude, enfin acquise, que les Zürichois ne devaient pas seulement contrôler la rédaction, mais encore exercer une censure sur elle, et que Hirsch ne tiendrait dans tout cela que le rôle d'homme de paille.

Nous ne pouvons que lui donner raison si, après cela, il a décliné l'offre. Comme nous l'avons appris par Höchberg, la commission de Leipzig a encore été renforcée par deux membres non domiciliés dans cette ville. Elle ne peut intervenir rapidement que si les trois camarades de Leipzig sont d'accord. De ce fait, le centre de gravité se trouve totalement déplacé à Zürich , et Hirsch, pas plus que n'importe quel autre rédacteur véritablement révolutionnaire et d'esprit prolétarien, ne pourrait à la longue travailler avec les individus de cette localité. Davantage à ce sujet plus tard.

II. L'orientation prévue du journal

Dès le 24 juillet, Bernstein informe Hirsch que les divergences qu'il avait eues avec « certains camarades » en tant que journaliste de la Laterne rendraient sa position plus difficile.

Hirsch répond que l'orientation du journal devrait être, selon lui, la même en gros que celle de la Laterne, soit une politique qui évite les procès en Suisse et n'effraie pas inutilement en Allemagne. Il demande quels sont ces camarades, et poursuit : « Je n'en connais qu'un seul, et je vous promets que je recommencerai à le critiquer de la même façon s'il commet le même genre d'infraction à la discipline. »

Gonflé du sentiment de sa nouvelle dignité officielle de censeur, Bernstein lui répond aussitôt : « En ce qui concerne maintenant l'orientation du journal, le comité de surveillance est néanmoins d'avis que Ia Laterne ne saurait servir de modèle au journal; à nos yeux, le journal ne doit pas tant se lancer dans une politique radicale, il doit s'en tenir à un socialisme de principe. Dans tous les cas, il faut éviter des incidents comme la polémique contre Kayser qui a été désapprouvée par tous les camarades sans exception [sic] ».

Et ainsi de suite, et ainsi de suite. Liebknecht appelle la polémique contre Kayser une « gaffe », et Schramm. la tient pour si dangereuse qu'il a aussitôt établi la censure à l'encontre de Hirsch.

Hirsch écrit une nouvelle fois à Höchberg, en lui expliquant qu'un incident comme celui qui est advenu à Kayser « ne peut se produire lorsqu'il existe un organe officiel du parti, dont les claires explications ainsi que les discrètes et bienveillantes indications ne peuvent atteindre aussi durement un parlementaire ».

Viereck écrit lui aussi qu'il fallait prescrire au journal « une attitude sans passion et une opportune ignorance de toutes les divergences pouvant surgir »; il ne devrait pas être une « Laterne plus grande », et Bernstein d'ajouter : « On peut tout au plus lui reprocher d'être une tendance trop modérée, mais - cela ne saurait être un reproche en des temps où l'on ne peut pas naviguer toutes voiles dehors. »

En quoi consiste donc l'affaire Kayser, ce crime impardonnable que Hirsch aurait commis ? Kayser est le seul parlementaire social-démocrate qui ait parlé et voté au Reichstag sur les droits douaniers. Hirsch l'accuse d'avoir violé la discipline du Parti du fait qu'il ait : 1. Voté pour des impôts indirects, dont le programme du parti avait expressément exigé la suppression; 2. Accordé des moyens financiers à Bismarck, violant ainsi la première règle de base de toute notre tactique de parti : « Pas un sou à ce gouvernement ! »

Sur ces deux points, Hirsch avait indubitablement raison. Et après que Kayser eut foulé aux pieds, d'une part, le programme du parti sur lequel les parlementaires avaient été assermentés pour ainsi dire par décision du congrès et, d'autre part, la toute première et indéclinable règle de la tactique du parti, en accordant par son vote de l'argent à Bismarck comme pour le remercier de la loi anti-socialiste, Hirsch avait parfaitement le droit, à notre avis, de frapper aussi fort.

Nous n'avons jamais pu comprendre pour quelles raisons on a pu se mettre tant en colère en Allemagne sur cette attaque contre Kayser ! Or voici que Höchberg me raconte que la « fraction parlementaire » a autorisé Kayser à intervenir de la sorte, et l'on tient Kayser pour couvert par cette autorisation.

Si les choses se présentent de la sorte, c'est tout, de même un peu fort. D'abord, Hirsch, pas plus que le reste du monde, ne pouvait connaître cette décision secrète. Dans ces conditions, la honte, qui auparavant ne pouvait atteindre que le seul Kayser, n'en deviendrait encore que plus grande pour le parti, tandis que ce serait toujours le mérite de Hirsch d'avoir dévoilé aux yeux du monde entier les discours ineptes et le vote encore plus inepte de Kayser, et d'avoir sauvé du même coup l'honneur du parti. Ou bien la social-démocratie allemande est-elle véritablement infectée de la maladie parlementaire, et croit-elle qu'avec les voix populaires aux élections le Saint-Esprit ne soit déversé sur ses élus, transformant les séances de la fraction en conciles infaillibles, et les résolutions de la fraction en dogmes inviolables ?

Une gaffe a certainement été faite; cependant, elle n'a pas été faite par Hirsch, mais par tes députés qui ont couvert Kayser avec leur résolution. Or, si ceux-là-mêmes qui sont appelés à veiller en premier au respect de la discipline de parti se mettent à violer de manière si éclatante cette même discipline en prenant une telle décision, la chose n'en est que plus grave. Mais là où cela atteint son comble, c'est lorsqu'on se réfugie dans la croyance, sans vouloir en démordre, que ce n'est pas Kayser avec son discours et son vote, ainsi que les autres députés avec leur décision de le couvrir, qui auraient violé la discipline de parti, mais Hirsch en attaquant Kayser bien que cette dernière décision lui restât cachée.

Au demeurant, il est certain que, dans cette question de protection douanière, le parti a pris la même attitude obscure et indécise que dans presque toutes les autres questions économiques qui se posent dans la pratique, par exemple celle des chemins de fer nationaux. Cela provient de ce que l'organe du parti notamment le Vorwärts, au lieu de discuter à fond de ces problèmes réels, s'étend avec complaisance sur la construction de l'ordre de la société future. Lorsque, après la loi anti-socialiste, la protection douanière est subitement devenue un problème pratique, les opinions divergèrent suivant les orientations et tendances les plus variables, et il n'eût pas été possible d'en trouver un seul dans le tas qui détienne ne serait-ce que la condition préalable à la formation d'un jugement clair et juste sur la question : la connaissance des rapports de l'industrie et de la position de celle-ci sur le marché mondial. Chez les électeurs, il ne pouvait pas ne pas se manifester çà et là des tendances protectionnistes, mais fallait-il en tenir compte ? Le seul moyen pour trouver une issue à ce désordre, c'était de poser le problème en termes purement politiques (comme on le fit dans la Laterne), mais on ne voulait pas le faire avec clarté et fermeté. Il ne pouvait donc pas manquer d'advenir ce qui advint : dans ce débat, le parti intervint pour la première fois d'une manière hésitante, incertaine et confuse, et finit par se ridiculiser sérieusement avec Kayser.

Cependant, l'attaque contre Kayser devient maintenant l'occasion de prêcher sur tous les tons à l'intention de Hirsch que le nouveau journal ne doit à aucun prix imiter les excès de la Lanterne, qu'il doit le moins possible suivre une politique radicale, mais s'en tenir sans passion à des principes socialistes. On l'entendit tout autant de la bouche de Viereck que de celle de Bernstein, qui précisément parce qu'il voulait modérer Hirsch, apparaissait comme l'homme d'une situation où l'on « ne peut cingler toutes voiles dehors ».

Or, pour quelles raisons. s'expatrie-t-on, si ce n'est précisément pour cingler toutes voiles dehors ? A l'étranger, rien ne s'y oppose. Il n'y a pas en Suisse les lois allemandes sur les délits de presse, d'association etc. On y a donc non seulement la possibilité, mais encore le devoir de dire ce que l'on ne pouvait dire en Allemagne, même avant la loi anti-socialiste, du fait du régime courant des lois. En outre, on ne s'y trouve pas seulement devant l'Allemagne, mais encore face à l'Europe entière, et on a le devoir - pour autant que les lois suisses le permettent - de proclamer ouvertement les voies et les buts du parti allemand. Quiconque voudrait se laisser lier les mains en Suisse par des lois allemandes démontrerait précisément qu'il est digne des lois allemandes, et qu'il n'a, en fait, rien d'autre à dire que ce que l'on était autorisé à dire en Allemagne avant les lois d'exception. Il ne faut pas davantage se laisser arrêter par l'éventualité selon laquelle les rédacteurs se verraient temporairement interdire tout retour en Allemagne. Quiconque n'est pas prêt à prendre un tel risque n'est pas fait pour un poste d'honneur aussi exposé.

Mais il y a plus. Les lois d'exception ont mis le parti allemand au ban de l'Empire, précisément parce qu'il était le seul parti d'opposition sérieux en Allemagne. Si, dans un organe publié à l'étranger, il exprime à Bismarck sa reconnaissance d'avoir perdu ce poste de seul parti d'opposition sérieux en se montrant bien docile, s'il encaisse ainsi le coup sans manifester la moindre réaction, il ne fait que prouver qu'il méritait ce coup de pied. Parmi les feuilles allemandes publiées en émigration depuis 1830, la Laterne figurait parmi les modérées. Mais si l'on considère déjà qu'elle était trop frondeuse, alors le nouvel organe que l'on veut créer ne pourra que compromettre le parti devant nos camarades des pays non allemands.

III. Le Manifeste des Trois de Zurich

Entre-temps nous est parvenu l'annuaire de Höchberg qui contient un article intitulé « Coup d'œil rétrospectif sur le mouvement socialiste en Allemagne1 », fruit de la collaboration, comme me l'a dit Höchberg lui-même, des trois membres du comité de Zurich. Nous avons ici leur critique authentique du mouvement passé et, partant, leur programme authentique de l'attitude du nouvel organe, pour autant que cette attitude dépende d'eux.

On lit dès le début :

Le mouvement, que Lassalle considérait comme purement politique, auquel il invitait non seulement les ouvriers, mais aussi tous les démocrates honnêtes et à la tête duquel devraient marcher les représentants indépendants de la science et tous les hommes pénétrés d'un véritable sentiment d'humanité, s'est abaissé, sous la présidence de Johann Baptist Schweitzer, au niveau d'une lutte étroite des ouvriers industriels pour leurs intérêts.

Je n'entre pas dans la question de savoir s'il en est ainsi historiquement ou à quel degré il en est ainsi. Le reproche essentiel qu'on a adressé là à Schweitzer consiste en ce qu'il a abaissé le lassallianisme — qu'on représente ici comme un mouvement philanthropique bourgeois et démocratique — au niveau d'une lutte exclusive d'intérêts des ouvriers industriels, et cela par le fait qu'il a approfondi le sens de ce mouvement en y soulignant la lutte de classe des ouvriers industriels contre les bourgeois. Ensuite, on lui reproche « d'avoir repoussé la démocratie bourgeoise ». Mais qu'est-ce que la démocratie bourgeoise vient faire dans la social-démocratie ? Si elle est composée d'« hommes honnêtes », elle peut ne pas vouloir entrer dans le mouvement et si elle le veut tout de même, c'est seulement pour y semer la discorde.

Le parti lassallien « préférait se comporter exclusivement comme un parti ouvrier ». Les messieurs qui écrivaient ceci sont eux-mêmes membres d'un parti qui se comporte exclusivement comme un parti ouvrier, ils y occupent maintenant des postes et y tiennent un rang honorable. C'est là une incompatibilité absolue. S'ils croient à ce qu'ils écrivent, ils doivent abandonner le parti, ou au moins renoncer à leurs postes et à leur rang. S'ils ne le font pas, ils avouent par là qu'ils ont l'intention, en leur qualité de fonctionnaires, de faire abus d'autorité, en contestant le caractère prolétarien du parti. Le parti se trahit ainsi lui-même en leur conservant leurs fonctions.

Donc, de l'avis de ces messieurs, le parti social-démocrate ne doit pas être un parti exclusivement ouvrier, mais un parti large, groupant « tous les hommes pénétrés d'un véritable sentiment d'humanité ». Il devrait avant tout le prouver en faisant fi des grossières passions prolétariennes, et en se mettant sous la férule des bourgeois-philanthropes instruits, en vue de « se former un bon goût » et d'apprendre le « bon ton » (p. 85). La « conduite abominable » de certains leaders devra alors, elle aussi, céder le pas à la « conduite bourgeoise » bienséante (comme si la conduite en apparence abominable des personnes auxquelles on fait allusion ici n'était pas la moindre chose qu'on puisse leur reprocher). Alors, de « nombreux adhérents, issus du milieu des classes instruites et possédantes, y entreraient volontiers. Mais ceux-ci ne pourront être acquis à la cause que... quand l'agitation aura donné des résultats sensibles ». Le socialisme allemand « a fait trop de cas de la nécessité de gagner les masses et a, partant, négligé celle de gagner les couches dites supérieures par une propagande énergique (!) ». « Encore manque-t-il au parti des hommes capables de le représenter au Reichstag ». Et cependant « il est désirable et nécessaire de confier les mandats aux gens qui ont eu assez de possibilité et de temps pour se familiariser à fond avec les matières correspondantes. Les simples ouvriers et artisans... n'ont pour cela — sauf quelques rares exceptions — aucun loisir ». Faites donc élire des bourgeois !

Bref : la classe ouvrière est incapable de s'affranchir par ses propres forces. Pour pouvoir le faire, elle doit se mettre sous la férule des bourgeois « instruits et possédants » qui, seuls, « ont la possibilité et le temps » d'apprendre à fond ce qui peut profiter aux ouvriers. Et, en second lieu, la bourgeoisie ne peut aucunement être vaincue, elle peut seulement être gagnée à la cause par une propagande énergique.

Toutefois, si l'on veut gagner à la cause les couches supérieures de la société, ou au moins ses éléments le mieux inspirés, on ne doit à aucun prix les effrayer. Les Trois de Zurich croient avoir fait ainsi une découverte tranquillisante :

Justement de nos jours, sous la pression de la loi contre les socialistes, le parti montre qu'il n'est pas disposé à entrer dans la voie de la révolution sanglante et violente, mais qu'il est décidé... à prendre la voie de la légalité, c'est-à-dire des réformes ».

Donc, si les 5 à 600 000 électeurs social-démocrates, c'est-à-dire le dixième ou le huitième du nombre total des électeurs qui, de plus, sont éparpillés dans tout le vaste pays, sont à tel point sages qu'ils ne veulent pas enfoncer les murs avec leurs têtes en essayant une « révolution sanglante », se trouvant à un contre dix, cela prouve qu'il font vœu de ne jamais profiter d'un événement violent de politique étrangère, d'une subite poussée révolutionnaire consécutive et même de la victoire du peuple gagnée dans la collision ainsi survenue. Si un jour Berlin se montre de nouveau si mal élevé pour faire un 18 mars2, les social-démocrates, au lieu de prendre part à la lutte en qualité de « canailles brûlant de monter sur les barricades » (p. 88), devront alors plutôt « prendre la voie de la légalité », enlever les barricades et, si besoin est, marcher au pas avec les troupes glorieuses contre les masses exclusives, brutales et illettrées. Si ces messieurs viennent affirmer qu'ils entendent par là autre chose, qu'est-ce donc qu'ils entendent alors ?

Mais il y a mieux encore.

Plus le parti mettra de calme, de fond et de raison dans la critique des événements contemporains et dans ses propositions pour y parer, et moins il sera possible de répéter l'opération, réussie actuellement (sous la loi contre les socialistes), par laquelle la réaction consciente a pu plier la bourgeoisie en quatre en jouant sur sa terreur devant le spectre rouge (p. 88).

Pour que dorénavant la bourgeoisie n'ait même pas une ombre de crainte, il faut lui assurer d'une façon claire et probante que le spectre rouge n'est en fait pas autre chose qu'un fantôme, qui n'existe pas dans la réalité. Mais en quoi consiste donc le mystère du spectre rouge sinon dans la frousse de la bourgeoisie devant la lutte inévitable et impitoyable entre elle et le prolétariat ? la frousse devant l'issue inéluctable de la lutte de classe contemporaine ? Qu'on supprime la lutte de classes et alors la bourgeoisie et « tous les hommes indépendants » n'auront pas peur de « marcher la main dans la main avec les prolétaires ». Or, ce sont justement les prolétaires qui seront alors dupés.

Que le parti démontre donc, par sa conduite humble et soumise, qu'il en a fini une fois pour toutes avec « les inconvenances et les extravagances » qui ont servi de prétexte à la promulgation de la loi contre les socialistes. S'il promet de bon gré de ne pas sortir des cadres de cette loi, Bismarck et les bourgeois auront bien la complaisance de l'abroger vu son inutilité dans ces conditions.

« Qu'on nous comprenne bien », nous ne voulons pas « renoncer à notre parti ni à notre programme, mais nous pensons que nous avons assez de travail pour bien des années si nous employons toute notre force, toute notre énergie pour arriver à certains objectifs plus rapprochés de nous, que nous devons atteindre coûte que coûte avant de pouvoir penser à la réalisation des fins plus éloignées ». Alors viendront aussi en masses se joindre à nous les gros et petits bourgeois, ainsi que les ouvriers qui, « à l'heure qu'il est, sont effarouchés par nos revendications extrêmes. »

Le programme ne doit pas être rejeté, mais seulement remis... aux calendes grecques. On l'accepte non pour soi-même et non pour la durée de sa vie, mais comme un programme posthume pour le laisser en héritage à ses enfants et aux enfants de ses enfants. Entre-temps, on applique « toute sa force et toute son énergie » à toutes sortes de bagatelles et au raccommodage du régime capitaliste, pour avoir l'air de faire quelque chose sans effrayer, chemin faisant, la bourgeoisie. Après cela, je commence à estimer le communiste Miquel3 qui, pour démontrer sa conviction inébranlable en ce que la société capitaliste va inévitablement crouler dans quelques centaines d'années d'ici, spécule ferme là-dessus, contribue ainsi de son mieux à la crise de 18734 et fait ainsi effectivement quelque chose pour hâter l'écroulement de l'ordre actuel.

Un autre crime contre les convenances consiste en « attaques exagérées contre les fondateurs » qui, paraît-il, n'étaient « que les enfants de leur époque » ; « il aurait mieux fallu que les outrages portés à Strousberg et aux autres personnages pareils... n'eussent pas eu lieu ». Malheureusement, tous les humains sont des « enfants de leur époque » et si c'est là une raison suprême suffisante, il ne faut jamais attaquer personne, toute polémique, toute lutte de notre part doit cesser. Nous permettrons tranquillement à nos adversaires de nous marcher sur les pieds, car nous, les sages, nous savons qu'ils ne sont que « des enfants de leur époque » et qu'ils ne peuvent agir autrement. Au lieu de leur répondre avec usure, nous devrions plutôt nous apitoyer sur ces malheureux.

De même l'attitude du parti vis-à-vis de la Commune a eu le tort d'avoir repoussé les gens qui, sur tous les autres points, sympathisent avec nous, et surtout d'avoir augmenté la haine de la bourgeoisie envers nous. Ensuite, le parti n'est pas « sans partager la responsabilité de la loi d'octobre 25, car il a excité outre mesure la haine de la bourgeoisie ».

C'est là le programme des trois censeurs de Zurich. Il ne laisse plus rien à désirer — au moins pour nous qui connaissons très bien cette phraséologie depuis 1848. Nous avons devant nous des représentants de la petite bourgeoisie affirmant, pris de terreur, que le prolétariat peut « aller trop loin », poussé qu'il est par sa situation révolutionnaire. Au lieu de l'opposition politique résolue — esprit général de conciliation ; au lieu de lutte contre le gouvernement et les bourgeois — tentatives de les convaincre et les gagner à la cause ; au lieu de la résistance opiniâtre aux persécutions d'en haut — humble soumission et aveu que le châtiment est bien mérité. Tous les conflits historiquement inévitables sont présentés comme des malentendus et toute discussion se termine par cette formule : au fond, nous sommes tous d'accord. Les gens qui, en 1848, se déclaraient démocrates bourgeois, peuvent avec autant de raison s'appeler maintenant social-démocrates. Pour ceux-là l'avènement de la république démocratique était un fait d'un avenir très lointain ; il en est de même pour ceux-ci en ce qui concerne le renversement du régime capitaliste : cette question n'a donc aucune valeur pour la pratique politique journalière ; on peut concilier, entrer en compromis et faire de la philosophie tant qu'on veut. Il en est de même de la lutte de classes entre le prolétariat et la bourgeoisie. On la reconnaît sur le papier, car on ne peut faire autrement, mais en pratique on fait tout pour la voiler, l'effacer, l'émousser. Le parti social-démocrate ne doit pas être un parti ouvrier, il ne doit pas provoquer la haine de la bourgeoisie, ni aucune autre, il doit avant tout faire une propagande énergique parmi la bourgeoisie ; au lieu de poursuivre en premier lieu des fins éloignées terribles aux bourgeois et irréalisables par notre génération, il doit plutôt appliquer toute sa force et toute son énergie aux réformes petites-bourgeoises de rapiècement qui vont consolider le régime social actuel et peut-être transformer ainsi la catastrophe finale en un processus de désagrégation progressif et autant que possible paisible. Ce sont les mêmes gens qui, sous prétexte d'une activité sans répit, non seulement ne font rien eux-mêmes, mais cherchent encore à empêcher que quelque chose soit fait en général, sauf le verbiage ; les mêmes gens qui, en 1848 et 1849, par leur crainte d'accomplir un acte quelconque entravaient le mouvement à chaque pas et l'ont amené à la fin à la défaite ; les mêmes gens qui voient bien la réaction et s'étonnent énormément de s'apercevoir qu'ils sont dans une impasse où ni la résistance ni la fuite ne sont guère possibles ; les mêmes gens qui veulent faire entrer de force l'histoire dans leur horizon étroit de petits bourgeois, tandis que l'histoire s'y refuse et passe outre.

Pour ce qui est de leurs convictions socialistes, elles ont été suffisamment soumises à la critique dans le Manifeste du parti communiste, au chapitre intitulé « Le socialisme allemand ou socialisme vrai ». Là où la lutte de classe est rejetée comme une chose « brutale », repoussante, il ne reste, en fait de base du socialisme, que le « véritable sentiment d'humanité » et les paroles en l'air sur la « justice ».

On constate souvent ce fait inévitable résultant de l'évolution : même des gens ayant appartenu jusqu'alors à la classe dirigeante se rallient au prolétariat militant et lui fournissent des éléments instruits. Nous l'avons déjà indiqué clairement dans le Manifeste. Il importe cependant d'y ajouter deux remarques.

Premièrement : Ces gens pour être réellement utiles au mouvement, doivent bien fournir de véritables éléments d'instruction. Ce n'est pourtant pas le cas, le plus souvent, des bourgeois convertis allemands. Ni la Zukunft, ni la Neue Gesellschaft6 n'ont rien apporté qui ait pu faire avancer le mouvement d'un seul pas. Il y a là un manque absolu de véritables matériaux aussi bien pratiques que théoriques, concourant à l'instruction. Au lieu de cela, on essaie de concilier les idées socialistes à peine assimilées avec les différents points de vue théoriques que ces messieurs ont apportés avec eux de l'Université ou d'ailleurs et plus embrouillés les uns que les autres, à cause du processus de putréfaction que subissent maintenant les restes de la philosophie allemande. Au lieu d'étudier tout d'abord à fond la nouvelle science, chacun d'entre eux s'évertuait à la conformer aux points de vue apportés par lui, se formait à la hâte une science à lui et prétendait aussitôt l'enseigner. C'est pour cette raison qu'on trouve chez ces messieurs autant de points de vues que de têtes. Au lieu d'apporter de la clarté dans n'importe quelle question, ils n'ont fait qu'y mettre de la confusion — par bonheur presque exclusivement dans leur milieu. Le parti peut bien se passer d'éléments instruits de cet acabit, dont le premier principe est d'enseigner ce qu'ils n'ont pas appris.

Deuxièmement : Quand des gens pareils issus des autres classes se rallient au mouvement prolétarien, la première chose qu'il faut exiger d'eux, c'est de n'apporter avec eux aucun reste de préjugés bourgeois ou petits-bourgeois, mais, de s'assimiler sincèrement la conception prolétarienne. Or, ces gens, comme nous l'avons montré, sont imbus à satiété d'idées bourgeoises et petites-bourgeoises. Ces idées sont d'ailleurs bien justifiées dans un pays petit-bourgeois comme l'Allemagne, mais cela uniquement en dehors du parti social-démocrate. Si ces messieurs avaient créé un parti social-démocrate petit-bourgeois, ç'aurait été leur droit absolu ; dans ce cas, nous aurions pu nous entendre avec eux, et même suivant les circonstances, faire bloc, etc. Mais dans un parti ouvrier ils constituent un élément étranger. S'il y a des raisons de les tolérer pendant un certain temps, nous sommes tenus à les tolérer seulement, à ne pas leur permettre d'avoir une influence quelconque sur la direction du parti et avoir toujours en vue que la rupture avec ces gens n'est qu'une question de temps. Ce moment semble d'ailleurs être venu. Nous ne comprenons pas comment le parti peut encore tolérer les auteurs de cet article. Mais si ces gens-là arrivent même à prendre plus ou moins entre leurs mains la direction du parti, ce dernier est de ce fait castré et privé à jamais de sa fougue prolétarienne.

En ce qui nous concerne, nous avons devant nous, vu tout notre passé, une seule voie à suivre. Depuis près de quarante ans, nous avons fait ressortir au premier plan la lutte de classes comme la force motrice directe de l'histoire, et en particulier, la lutte de classes entre la bourgeoisie et le prolétariat comme le plus puissant levier de la révolution sociale. Il nous est par conséquent impossible de marcher de concert avec des gens qui tendent à rayer du mouvement cette lutte de classes. En fondant l'Internationale, nous avons lancé en termes clairs son cri de guerre : « L'émancipation de la classe ouvrière sera l'œuvre de la classe ouvrière elle-même ». Nous ne pouvons donc pas marcher avec des gens déclarant à cor et à cri que les ouvriers sont trop peu instruits pour pouvoir s'émanciper eux-mêmes et qu'ils doivent être affranchis par en haut, par les philanthropes bourgeois et petits-bourgeois. Si le nouvel organe du parti prend une attitude qui correspond aux idées de ces messieurs, si cette orientation est bourgeoise et non prolétarienne, il ne nous restera plus autre chose à faire, si regrettable que ce soit pour nous, que de nous expliquer là-dessus ouvertement et de rompre la solidarité dont nous avons fait preuve jusqu'à présent, en qualité de représentants du parti allemand à l'étranger. Mais, les choses n'iront pas jusque-là, espérons-le...

Cette lettre est destinée à tous les cinq membres de la commission en Allemagne, ainsi qu'à Bracke. Rien ne s'oppose, du moins de notre part, à ce qu'elle soit également communiquée aux zürichois.

Notes

1 Article rédigé par Höchberg, Bernstein et Schramm et publié dans la revue social-réformiste Jahrbuch fur Sozialwissenschaft und Sozialpolitik (Annuaire des sciences sociales et de la politique sociale.)

2 II s'agit des combats de rue qui eurent lieu pendant la révolution des 18-19 mars 1848 à Berlin.

3 Johannes von Miquel (1828-1901), d'abord communiste et proche Marx et Engels, puis politicien bourgeois, fondateur du parti national-libéral (note de la MIA).

4 C'est par la crise de 1873 que se termina la période dite des fondateurs (Gründerjahre), celle des spéculations et des coups de Bourse effrénés qui eurent lieu après la guerre franco-prussienne.

5 Il s'agit de la loi d'exception contre les socialistes que Bismarck promulgua en octobre 1878.

6 Revues social-réformistes ; la première fut publiée à Zurich de 1877 à 1880, la seconde, à Berlin de 1877 à 1878.


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