1920

 

Source : numéro 24 du Bulletin communiste (deuxième année), 9 juin 1921, précédé de l'introduction suivante :
« Nous sommes heureux de publier ci-dessous les résolutions adoptées par le récent Congrès du parti Communiste de Russie concernant l'organisation de ce parti. »
Il s'agit du Xe congrès du parti, qui a eu lieu du 8 au 16 mars 1921. Corrections d'après l'original russe (10-й съезд РКП(б): Протоколы. - 1933)

 

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Sur les questions de construction du parti

Parti Communiste de Russie (bolchevik)


I. — Principes généraux

  1. Le parti du marxisme révolutionnaire s'oppose à la tendance qui voudrait donner à l'organisation et aux méthodes de travail du parti une forme absolue et valable à tous les degrés du processus révolutionnaire. Au contraire, l'organisation et les méthodes sont toujours déterminées dans leur forme par les particularités de la situation historique et par les tâches qui surgissent immédiatement de cette situation ;

  2. Partant de ce point de vue, il faut reconnaître que chaque forme d'organisation et les méthodes de travail correspondantes peuvent, avec le changement des conditions de développement de la révolution, se transformer de facteurs favorisant la croissance du parti en des obstacles qui l'entravent, et qu'au contraire, une forme d'organisation qui était devenue inutilisable peut redevenir nécessaire et utile, au cas où les conditions de fait correspondantes se renouvelleraient ;

  3. La contradiction entre les besoins de la situation nouvelle, d'une part, et, d'autre part, les formes traditionnelles de l'organisation et de ses méthodes de travail se fera sentir avant qu'on ait reconnu la nécessité de changer d'orientation. Un changement d'orientation n'est à envisager qu'au cas où (dans ses points essentiels) la tâche principale qui avait créé la forme d'organisation précédente, avec la méthode de travail correspondante, aura été accomplie ;

  4. On ne doit pas transporter d'une façon mécanique les formes de travail et de méthodes de l'organisation du parti correspondant à une certaine situation historique, dans d'autres organisations, soviets ou organes administratifs et économiques. En voulant le faire, nous négligerons complètement la différence entre l'organisation de l'avant-garde de la classe ouvrière — le parti — et d'autres organisations, les différences entre les classes, entre les divers groupes de la classe laborieuse elle-même, et entre les diverses tâches qui, suivant les nécessités historiques, incombent au parti, etc.

II. — La période de guerre et notre parti.

  1. La première période de la révolution a été caractérisée par l'agression armée de l'impérialisme mondial contre la république soviétiste et la lutte acharnée sur les fronts, notamment sur les fronts extérieurs. L'existence même de la république était menacée et, se défendant contre l'ennemi, elle devait assurer ses ressources économiques vitales, les territoires donnant le charbon, le naphte, etc. ;

  2. L'action militaire et guerrière constituait donc la tâche immédiate fondamentale. Elle a tout primé, même la tâche éducative du parti. Toute la république se transformait en un camp militaire, et le parti du prolétariat devait s'adapter à cette œuvre fondamentale, et s'appliquer à l'accomplir ;

  3. La forme d'organisation du parti, dans cette période, devait donc forcément être la militarisation du parti. La forme de la dictature prolétarienne ayant pris le caractère d'une dictature militaire-prolétarienne, la forme de l'organisation du parti a pris un caractère qui correspondait à cette situation et, du point de vue de l'utilité révolutionnaire, elle ne pouvait que prendre ce caractère. Ce fait se traduisait par la centralisation extrême et la contraction des organes collectifs de l'organisation du parti ;

  4. Les méthodes de travail dans le parti résultaient également de la nécessité de l'action militaire. C'était, en général, le système des ordres militaires, émis par les organes dirigeants du parti et suivis inconditionnellement sans discussion dans les rangs du parti. Les mesures qui caractérisaient cette époque, c'étaient les mobilisations incessantes, surtout sur le front militaire, et la répartition des forces du parti suivant cette optique fondamentale ;

  5. C'est seulement grâce à cette structure du parti que nous avons pu briser la résistance de l'ennemi et sortir victorieusement de la lutte. Cette structure était donc la plus adaptée dans la période de guerre.

III. — Contradictions de la période de guerre et du parti

  1. La contradiction principale de cette période réside dans le fait que, d'une part, la croissance numérique rapide du parti et le caractère de son activité empêchaient l'éducation communiste de toute la masse du parti et surtout, des membres nouveaux, et qu'en même temps, la participation de presque tous les membres du parti au travail actif, participation obtenue par voie de mobilisation, suscitait même chez les adhérents les plus arriérés le désir de prendre des initiatives et de résoudre eux-mêmes les problèmes qui se posaient alors, ce qui était en contradiction avec la centralisation extrême et le système des ordres militaires.

  2. Les énormes sacrifices de guerre, qui avaient pour conséquence l'appauvrissement du pays, faisaient en même temps ressortir la nécessité de maintenir dans le parti les institutions et les groupes de lutte composés d'ouvriers, parmi lesquels des membres du parti. Il en résulta inévitablement – dans une large mesure c'était inévitable à un niveau social - que l'inégalité matérielle entre les membres du parti s'accentuait en même temps qu augmentait l'appauvrissement général.

  3. La dislocation des anciens groupements de classe (en particulier la dissolution de l'intelligentsia), ainsi que la dislocation des partis socialistes (mencheviks et socialistes-révolutionnaires), ont eu pour résultat l'affluence de ces éléments dons notre parti. Étant donnée la stagnation relative du travail éducatif dans l'ensemble du parti et le manque d'un nombre suffisant de travailleurs actifs et éprouvés, ces éléments, possédant déjà une expérience de par leur travail antérieur, ont gravi rapidement les hiérarchies soviétistes, militaires, syndicales et du parti.

  4. Dans le contexte de cette pénurie, les nécessités d'une centralisation extrême de l'appareil, sur la base d'un niveau culturel très bas dans les masses, ont amené le gonflement de l'appareil bureaucratique et ont suscité chez lui des tendances à l'autonomisation.

  5. Ainsi la période de guerre a créé une organisation utile dans ses grandes lignes, mais elle a créé en même temps une série de contradictions, et comme ces contradictions se développaient sur la base de la perturbation et de l'insuffisance de forces organisatrices, elle a favorisé la tendance au bureaucratisme et à la séparation d'avec les masses. Le système des ordres militaires prit peu à peu le caractère d'une contrainte inutile ; les privilèges qui en découlèrent forcément favorisaient les abus les plus divers, la centralisation nécessaire des organes du parti eut pour conséquence l'affaiblissement de la vie intellectuelle du parti, etc. Tout cela amena la crise interne du parti.

IV. — La nouvelle période, ses tâches et l'organisation du parti

  1. La situation actuelle est caractérisée, d'une part, par la liquidation complète des fronts extérieurs, d'autre part, par l'aggravation extraordinaire de la crise intérieure, résultant des contradictions existantes. Les nouvelles formes de l'intervention étrangère qui se manifestent par des complots et des soulèvements, la grave crise économique et son résultat, la crise alimentaire, la tension extrême entre la classe ouvrière et les paysans, tension aggravée encore par la mauvaise récolte, le bas niveau intellectuel des larges masses prolétariennes, épuisées par la lutte acharnée contre leurs innombrables ennemis, tous ces phénomènes se manifestèrent d'une manière aiguë à l'époque de la démobilisation et rendirent extraordinairement critique la situation de la république soviétiste. Il en résulta également que les liens entre l'avant-garde prolétarienne, le parti, et la masse des ouvriers sans-parti, qui, par suite de la crise, subirent l'influence de la petite bourgeoisie, se relâchèrent, et qu'à l'intérieur du parti même, la solidarité diminua et l'unité fut compromise.
    L'époque actuelle a donc aussi un caractère contradictoire, puisque le passage à l'état de paix dans les conditions historiques actuelles, conduit à de nouvelles formes de lutte sur le front intérieur.

  2. Si, dans la période précédente, le parti, aux dépens du travail éducatif, devait s'orienter sur les tâches militaires immédiates, des tâches nouvelles apparaissent maintenant au premier plan, comme l'élévation du niveau intellectuel des membres du parti, en les faisant participer activement à la vie collective, ensuite l'augmentation de l'influence du parti sur les masses sans parti, un rapprochement avec elles et la préparation du combat contre la contre-révolution.

    Plus que jamais, il est maintenant nécessaire d'affermir l'unité absolue et la cohésion absolue du parti et non pas seulement l'unité formelle et mécanique, mais l'unité morale et combative. Cette unité doit être construite sur une base nouvelle, sur la base du développement intellectuel des membres du parti, sur la base de la participation de tous les membres à l'action du parti, sur la base des riches expériences qu'avaient acquises les membres du parti en travaillant pendant la période de guerre dans des domaines différents. Il s'agit de rassembler le parti qui, pendant la guerre, était fractionné en des troupes différentes. Il s'agit de réunir les fonctionnaires supérieurs et inférieurs de l'administration militaire, civile, syndicale et soviétiste, les anciens et les nouveaux membres du parti, les « jeunes » et les « vieux ». L'avant-garde prolétarienne, ne saurait, sans résoudre ce problème fondamental, remplir son puissant rôle constructif dans le domaine économique.

  3. Cette tâche ne saurait non plus être accomplie si l'on voulait maintenir les anciennes formes de l'organisation. Les nécessités de l'heure requièrent une forme organisationnelle différente. Cette forme est une forme de la démocratie ouvrière et il faut en prendre le chemin avec la même énergie qu'on avait dans la période précédente déployée à militariser le parti — dans la mesure où cela n'empêche pas la lutte directe contre les forces contre-révolutionnaires.

  4. On doit, au point de vue de la politique communiste de parti, comprendre par démocratie ouvrière à l'intérieur du parti, une forme d'organisation qui assure à tous les membres du parti, jusqu'aux plus arriérés, la participation activée à la vie du parti, aux discussions sur toutes les questions surgissant dans le parti et à la solution de ces questions, ainsi qu'une participation active à la construction du parti. La forme de la démocratie ouvrière exclut tout système de nomination aux postes, et est caractérisée par l'éligibilité de tous les organes, du haut en bas, par la large responsabilité de tous les organes, le contrôle qui leur est imposé, etc.

  5. Les méthodes de travail consistent en de larges discussions sur toutes les questions importantes, la liberté absolue de critique à l'intérieur du parti, l'élaboration collective des décisions du parti — tant que sur ces questions n'ont pas été prises des décisions générales et obligatoires pour tout le parti. Ces méthodes sont actuellement aussi nécessaires et importantes que la méthode des ordres militaires et d'obéissance inconditionnelle dans la période de guerre civile aggravée. Il va sans dire que les décisions, une fois prises, sont obligatoires et doivent être mises à exécution le plus rapidement et le plus exactement possible. Le parti doit naturellement avoir assez de souplesse pour, si besoin en est, passer de nouveau au système des ordres militaires.

  6. La tâche générale à l'intérieur du parti ne consiste donc pas dans l'augmentation du nombre des adhérents, mais dans leur perfectionnement qualitatif, le développement de la conscience, de l'éducation communiste, du travail personnel et de l'initiative de tous les membres du parti, et l'unité absolue de toutes les sections du parti sur cette base.

V. — Mesures générales pour assainir le parti

  1. Étant donné que le parti renferme des éléments intellectuel et semi-intellectuels, d'origine petite-bourgeoise, qui ne sont pas encore suffisamment pénétrés des idées communistes, et que la majorité écrasante des ouvriers communistes est presque entièrement absorbée par l'œuvre d'édification soviétiste, et par conséquent est forcée de s'abstenir du travail direct dans les usines, et vu aussi les grandes pertes subies par le parti sur les fronts de la guerre civile, il est absolument nécessaire de diriger la politique du parti dans le sens du recrutement des ouvriers et d'épuration des éléments non-communistes. A chaque membre du parti, il faut assigner une tâche précise, dans le parti aussi bien que dans l'administration soviétiste.

  2. Au cas où un nouveau membre enfreindra la discipline imposés par le parti, etc., les communistes qui l'avaient recommandé au parti seront poursuivis devant les instances disciplinaires, du parti et pourront même être exclus, surtout s'ils se rendaient coupables d'une nouvelle négligence.

    Pour protéger le parti contre les éléments incapables, les candidats, avant d'être admis au parti, doivent faire un stage. La durée de ce stage est d'un an, pour les candidats qui ne sont pas ouvriers ou paysans.

  3. Le parti fait un devoir au Comité Central et à son Bureau d'Organisation de consacrer son attention spéciale aux ouvriers qui se font remarquer par leurs qualités et de les faire participer systématiquement et d'une façon permanente aux responsabilités dans les centres et dans les localités. Le Congrès considère comme une des plus grandes anomalies dans le parti qu'on n'ait pas encore trouvé le moyen d'utiliser les forces à la disposition du parti, en leur assignant des postes correspondant aux talents, et en offrant à ceux-ci des chances de se perfectionner.

  4. Le Congrès confirme les décisions de la conférence de septembre 1920 et oblige le Comité Central et la Commission de Contrôle à mener une lutte résolue contre les abus dont se rendraient coupables des membres du parti, en raison de leur position et de leurs privilèges. Le Congrès approuve entièrement la tendance à l'égalité des appointements.

  5. Le Congrès considère comme la plus Importante tâche le travail dans le parti et parmi les sans-parti, dans le but de fondre le parti dans les larges masses du prolétariat et de la classe paysanne. Pour cela, il est nécessaire que tous les membres responsables du parti accomplissent périodiquement un travail qui leur est assigné, c'est-à-dire que même ceux des membres du parti qui s'occupent d'autres travaux participent activement à l'œuvre d'organisation et de propagande au milieu de la vie prolétarienne.

VI. — La démocratie ouvrière et la répartition planifiée des travailleurs

  1. La répartition des travailleurs doit se faire du point de vue de l'utilité. Les camarades qui ont été nommés à leurs postes par des organes supérieurs du parti doivent de manière générale se mettre à la disposition des organes inférieurs comme ouvriers de telle ou telle qualité et sans aucun mandat complémentaire

  2. Il est nécessaire d'exécuter systématiquement les décisions du 8e Congrès du parti, d'après lesquelles les ouvriers qui étaient longtemps au service du soviet ou du parti, doivent être occupés dans l'industrie ou l'agriculture, dans les conditions de vie habituelles des ouvriers.

  3. Pour arriver à une participation plus active des masses du parti aux tâches quotidiennes de l'organisation, ainsi qu'au travail des organes exécutifs, il faut, s'il ne s'agit pas d'un cas d'urgence, faire connaître dans les séances plénières les listes des membres désignés à la mobilisation et expliquer pourquoi ces camarades ont été portés sur les listes des mobilisés. Au cas où cela ne peut se faire avant la mobilisation, les explications doivent être données dans une séance ultérieure.

  4. Pour vaincre la bureaucratie sous toutes ses formes, les camarades doivent être transférés d'une branche de travail à une autre ; mais il faut observer toutefois la règle que le camarade doit occuper un certain temps le poste qui lui est assigné, afin de mener à bonne fin sa tâche et d'accomplir le travail dont il est responsable devant le parti.

VII. — La démocratie ouvrière et la vie interne du parti

  1. Pour intensifier la vie du parti, il faut prendre les mesures suivantes ;

    1. De larges discussions doivent être ouvertes sur toutes les questions importantes de politique générale et locale intéressant le parti, dans les séances plénières jusqu'aux réunions de groupes, d'après les plans élaborés périodiquement par le comité correspondant du parti. Ce plan doit prévoir la discussion de questions générales qui sont d'une importance spéciale pour la localité, ainsi que les questions qui surgissent dans la vie politique du parti, des rapports des organes du parti aussi bien que des rapports des organes soviétistes. Les commissions du parti doivent faire en sorte que ces discussions n'aient pas uniquement lieu dans les villes, mais qu'elles embrassent méthodiquement la province. Pour cela, il est nécessaire que les ouvriers responsables soient dirigés, à tour de rôle, sur les districts. A force d'expliquer systématiquement tous les problèmes aux membres du parti, on rendra ceux-ci capables de prendre vis-à-vis d'eux une position nette, et on contribuera à élever le niveau général du parti ;

    2. Des réunions ouvertes des organes dirigeants du parti doivent avoir lieu méthodiquement. Il faut en élaborer soigneusement les ordres du jour de sorte que les simples membres du parti en puissent tirer le maximum de profit ;

    3. Il est nécessaire que les organes directeurs soient soumis au contrôle permanent de l'opinion publique, que des relations étroites s'établissent entre les organes directeurs et le parti pris dans son ensemble, et que les commissions du parti, supérieures et inférieures, rendent compte de leur activité. Les commissions provinciales doivent présenter périodiquement des rapports aux assemblées de villes ou régionales, aux réunions de délégués ou aux réunions plénières, aux conférences de districts ou de communes. Les commissions régionales dans les villes et les commissions communales dans les districts rendent périodiquement compte de leur activité aux grandes assemblées de groupes ;

  2. Une organisation inférieure ne peut être dissoute par un organe supérieur que si elle a enfreint les décisions du Congrès du parti ou les instructions et décrets faisant suite à ces décisions. Dans les autres cas, l'organe supérieur convoque une conférence ou une réunion de délégués qui décidera sur la question litigieuse.

VIII. — Les groupes d'usines (noyaux) et leurs fonctions

  1. Comme nous devons entreprendre la reconstruction économique du pays et nous rapprocher des masses, il faut consacrer une attention spéciale au renforcement des groupes communistes dans les usines. Pour cela, il faut réviser, dans le mois qui suivra le congrès du parti, tous les groupes existant en Russie et diriger sur les usines le plus grand nombre possible de communistes occupés dans les institutions soviétistes. Un nombre suffisant de membres du parti doivent être transférés des entreprises moins importantes aux entreprises plus importantes. Ce regroupement doit s'effectuer avec la participation des organes syndicaux.

  2. Le renforcement des groupes ne doit pas se limiter à une simple augmentation numérique. En même temps, on doit s'efforcer de rendre plus efficaces leurs fonctions. Les groupes, sans se contenter du travail de propagande et éducatif, doivent se transformer en organes de combat de première ligne sur le terrain économique. Il faut faire attention à ce que les communistes, occupés dans les usines et dans l'agriculture, participent le plus possible à la production immédiate, comme tourneurs, laboureurs, etc., et qu'ils n'exercent pas seulement des fonctions administratives et économiques.

  3. L'activité des groupes communistes doit être l'objet d'une attention spéciale, de la part des comités exécutifs de provinces et de districts. Le programme général du travail des groupes doit être élaboré dans des conférences provinciales de secrétaires, de fonctionnaires, de sections d'organisation et d'instruction, avec participation de représentants des syndicats. Ce programme doit s'adapter aux particularités économiques de la province et doit être différent pour les groupes des campagnes et des villes. A la base du programme général provincial, il faut, avec la participation des syndicats, élaborer des plans pour les districts, conformément aux conditions spéciales de chaque district. Le service d'informations doit correspondre a ces plans. La chronique de la vie du parti doit refléter la vie et l'activité des groupes communistes, il faut distinguer les groupes modèles des groupes arriérés, ce qui fera ressortir de quelle façon le travail des groupes du parti influence la productivité de l'entreprise.

  4. Le parti doit attacher la plus grande importance au travail des groupes. Les meilleurs camarades doivent être désignés pour le travail direct qui s'y fait. En même temps, il faut choisir systématiquement et d'une façon permanente des camarades responsables pour assumer des fonctions dans les groupes sous le contrôle du parti. Il serait désirable de déterminer un jour dans la semaine où n'aurait lieu aucune réunion et qui seraient entièrement consacré au travail de parti. (« le jour du parti »)

  5. En ce qui concerne le travail de parti proprement dit, le groupe doit :

    1. tenir un registre de tous les membres et faire en sorte que tous les membres aient à' remplir une fonction ; prendre toutes mesures propres à en finir avec l'analphabétisme politique et veiller à ce que tous les membres fréquentent l'école du parti.

    2. faire de l'agitation et de la propagande parmi les sans-parti, organiser des conférences, des discussions, des compte rendus publics, etc.;

    3. en vue de propager les idées communistes, organiser méthodiquement des meetings où seront discutées les questions relatives à la vie des soviets et des syndicats, les questions sur la situation de l'entreprise, la vie quotidienne des ouvriers et des employés, etc. ; faire participer le plus possible, les masses sans-parti à ces discussions ;

    4. dans les réunions publiques de groupe, discuter les derniers décrets, ordonnances et instructions du gouvernement soviétiste, afin d'amener les masses sans-parti dans le cercle actif du pouvoir soviétique et ainsi diriger les masses vers leur éducation soviétique ;

    5. en vue de protéger les intérêts des travailleurs et de relever le rendement des usines, agir par l'exemple personnel sur les larges masses sans-parti et appuyer l'initiative prise par chaque membre du parti et chaque sans-parti pour l'amélioration du travail des organes soviétistes dans les entreprises, dans les districts, dans les villes ;

    6. participer activement, par ses membres, aux élections et aux travaux des comités d'usines, comités d'employés, commissions de contrôle et prendre toutes mesures qu'il juge bonnes, pour que ces organes fonctionnent dans l'esprit du Parti Communiste Russe ;

    7. choisir les camarades que leur aptitude désigne pour être transférés des institutions soviétistes aux organismes du parti et les camarades sans-parti capables de remplir des fonctions dans le sein des soviets et

    8. faire attention à ce que les forces communistes soient utilisées le plus efficacement possible pour les soviets ; la rectification des erreurs éventuelles doit être le fait du groupe par l'intermédiaire de la fraction communiste de l'organe qui contrôle l'entreprise ou l'institution en question. Au cas où le groupe ne serait pas satisfait de la décision de la fraction, il s'adresse au comité du parti.

IX. — Sur le travail du Comité Central

  1. Le Congrès du parti fait un devoir au nouveau Comité central d'observer l'unité parfaite dans sa structure : il est également nécessaire d'unifier et de simplifier le service d'informations et d'élaborer un plan général de travail, car c'est le seul moyen pour donner au travail du parti, dans tout le pays, une direction réelle basée sur l'expérience et l'étude des conditions locales.

  2. Pour unifier les plans et recueillir les expériences qui permettent une vue d'ensemble sur le travail quotidien accompli dans chaque domaine particulier, il faut convoquer des conférences générales des administrateurs des organes de provinces ;

  3. Les conférences panrusses du parti doivent avoir lieu deux fois par an.

  4. La séance plénière du Comité Central doit avoir lieu régulièrement, au moins tous les deux mois. Pour vaquer aux affaires courantes, les bureaux administratifs et politiques du Comité Central sont maintenus. Les membres suppléants du Comité central peuvent prendre part, avec voix consultative, aux séances du Comité Central.

  5. Il serait désirable que les questions de principe ayant surgi dans la vie du parti soient discutées par le Comité Central, en présence des représentants des organisations des plus grands centres ouvriers ;

  6. Les thèses sur les questions à l'ordre du jour des congrès et conférences panrusses doivent être publiées un mois au plus tard avant la session du congrès ou de la conférence.

  7. Le Comité Central rend compte mensuellement de son activité au parti.

  8. Le nombre des membres du Comité Central est élevé à 25. Sur ce nombre, au plus 5 doivent se consacrer entièrement au travail dans le parti, leurs fonctions consistant à inspecter les organisations locales et à assister, en première ligne, aux conférences de provinces.

    Lors de ces visites, les membres du Comité Central auront l'occasion de connaître les conditions et les travailleurs locaux, pourront donner les instructions nécessaires dans toutes les questions concernant le parti, rendront compte de l'activité du Comité Central, donneront des informations sur les tâches prochaines et les perspectives du parti, et, en cas d'un séjour prolongé, prendront part aux travaux des organisations locales. Les rapports sur ces tournées seront publiés dans les Actualités du Comité Central.

  9. En outre, le Comité Central informe chaque mois par lettres confidentielles les Comités des provinces de la situation politique intérieure et extérieure, des affaires du parti et des tâches prochaines qu'assigne le Comité Central aux comités des provinces.

X. — Premières mesures concernant l'organisation.

  1. Le Congrès se déclare pour la suppression des départements pour le travail à la campagne, devenus superflus avec le développement et le renforcement des comités du parti et empêchant la direction générale du travail dans le parti par un centre unique. Ces sections étant supprimées, il est nécessaire :

    1. de mettre à la disposition des sections d'agitation et de propagande des camarades connaissant suffisamment les campagnes pour travailler avec succès parmi les paysans ;

    2. de former, dans les sections d'organisation et d'instruction un état-major d'instructeurs habitués au travail dans les campagnes .

  2. Il est nécessaire de transformer d'urgence les sections des minorités nationales en sous-sections d'agitation et de propagande, en faisant en sorte que les fonctions ayant un caractère d'organisation générale soient transmises aux sections d'organisation et d'instruction. Le Comité Central est chargé de mettre en accord rapidement les différentes situations des département et des sections des minorités nationales.

  3. Le Congrès maintient les Samedis Communistes, qui doivent avoir lieu au moins une fois par mois et qui sont obligatoires pour tous les membres du parti. Ces samedis communistes doivent servir d'écoles pratiques de communisme et être employés :

    1. à exécuter des travaux de l'utilité desquels chaque participant est convaincu, comme l'amélioration des transports, la lutte contre la crise du combustible, etc. ;

    2. à améliorer les conditions de vie et de travail des ouvriers et de l'armée rouge ;

    3. à élever le niveau de culture des ouvriers et des soldats de l'Armée Rouge ;

  4. Le Comité central élaborera des instructions spéciales sur les rapports entre les comités du parti, les sections syndicales, les divers bureaux et surtout entre les sections politiques et les organisations communistes des unités et institutions militaires qui se trouvent dans la circonscription de chaque Comité du parti.

XI. — L'Union de la Jeunesse Communiste Russe.

  1. Pour le développement de la vie du parti et le recrutement de nouveaux communistes, il est d'una grande importance d'établir une liaison étroite entre le parti et l'Union de la Jeunesse communiste, en vue de faire participer cette dernière au travail dans le parti.

    Pour cela, il faut observer les règles suivantes :

    1. Tous les membres du parti, jusqu'à leur 21e année, doivent faire partie de l'Union de la Jeunesse Communiste et participer activement à ses travaux ;

    2. Les représentants des comités du partis dans les comités de l'Union de la Jeunesse Communiste prennent part à la direction et la vie idéologique de celle-ci dans le cours de toute l'activité de l'Union. Ils doivent rendre compte de leur activité et de la situation de la Fédération aux assemblées générales, aux réunions de délégués et aux congrès du parti ;

    3. Les comités du parti doivent aider l'Union de la Jeunesse Communiste à faire l'éducation politique de ses membres et à les rendre aptes à collaborer à la réorganisation soviétiste et économique ;

    4. Il faut renouveler périodiquement les militants actifs de l'Union de la Jeunesse Communiste par un échange de militants entre le parti et l'Union, tout en prenant garde de remplir toutes les obligations du parti ;

    5. Les membres de l'Union de la Jeunesse Communiste, en qualité de membres du parti, sont obligés de prendre part d'une façon permanente au travail dans le parti et de remplir tous les devoirs imposés aux membres du parti ;

    6. L'Union de la Jeunesse Communiste doit être mise en état de prendre part aux discussions sur les questions qui concernent la politique générale et la vie des soviets et du parti. Pour cela, il faut, d'une part, que les membres de l'Union soient admis aux assemblées générales des organisations du parti, et d'autre part, que l'Union puisse déléguer des représentants avec voix consultative aux réunions de délégués, conférences et congrès.


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