1918

Source : numéro 15 du Bulletin communiste (deuxième année), 14 avril 1921, précédé de l'introduction suivante : « Le livre d'Henriette Roland-Holst, De revolutionnaire massa-aktie (L'action des masses révolutionnaires), a obtenu un rare succès parmi les érudits et les théoriciens du socialisme, qui le considèrent comme une œuvre de premier ordre dans la littérature socialiste moderne. Il n'est malheureusement pas encore traduit eh français mais il le sera, espérons-le, bientôt. En attendant la publication de l'ouvrage complet dans ce pays, nous publions ici l'Introduction de l'auteur. »


Le nouveau socialisme et l'action des masses

Henriette Roland-Holst



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La lutte pour le nouveau socialisme, c'est-à-dire pour de nouvelles idées, de nouvelles formes d'organisation et de nouveaux moyens de combat se développe dans tout le mouvement ouvrier. Et cette lutte ne prendra pas fin avant que le nouveau socialisme ait triomphé.

Le nouveau socialisme signifie l'adaptation active dans la pensée comme dans l'action au processus de l'évolution sociale. En le désignant ainsi, nous voulons exprimer l'opposition du nouveau avec le vieux socialisme, lequel aujourd'hui encore est incorporé dans la plupart des partis socialistes officiels et des syndicats réformistes. Ce vieux socialisme a vécu pendant l'intervalle qui sépare la chute de la Commune de Paris de l'explosion de la guerre mondiale, ses périodes de croissance, de prospérité et de déclin. Après s'être élevé, comme « nouveau socialisme », en opposition aux opinions et aux moyens de combat de Proudhon, Bakounine, Blanqui, etc., il se trouve dépassé à son tour par l'évolution sociale. Il est lié aux idées, aux formes de l'organisation et aux méthodes de combat nécessaires dans une période antérieure, mais tombées à présent en désuétude.

Quant aux idées, la science marxiste, pendant la période qui finit avec la guerre mondiale, s'était peu à peu réduite, dans l'essentiel, à une pure interprétation des phénomènes sociaux. Cette interprétation impliquait la croyance fataliste et mécaniste en un devenir par lequel ces relations et ces phénomènes (militarisme et capitalisme, par exemple) aboutiraient d'eux-mêmes à leurs contraires dès qu'ils auraient atteint un certain degré de leur évolution. Les principaux théoriciens de la période antérieure développaient le marxisme avant tout d'un point de vue passif, c'est-à-dire qu'ils étudiaient principalement l'influence des transformations techniques et des conditions de la production sur la pensée et l'action des hommes.

Ils considéraient donc surtout ces dernières comme des produits et non comme des forces actives du processus social. Quelques-uns d'entre eux — Plekhanov entre autres — retombaient dans le vieux matérialisme naturaliste dont Marx a fait ressortir vivement le caractère borné et unilatéral. A l'encontre de la vieille génération, ceux qui aujourd'hui s'intitulent « marxistes révolutionnaires » donnent une importance nouvelle à l'activité spontanée de l'homme, à ses qualités morales et spirituelles, à des forces de compréhension, de volonté et d'amour, en tant que forces réelles tendant à la transformation sociale, à l'élévation de l'humanité. A leurs yeux, la philosophie de Dietzgen, qui envisage le contenu de la conscience humaine comme fixé par le Tout, par le flux éternel et infini de la vie, constitue la base générale du déterminisme économique. Les marxistes révolutionnaires s'étaient d'ailleurs rendu compte des progrès accomplis par les sciences naturelles et par la psychologie depuis les jours où Marx se consacrait à sa grande œuvre. S'en référant aussi bien aux résultats provisoires de ces progrès qu'à la conception dialectique de Dietzgen, ils soulignent le rôle de l'action humaine comme agent des transformations sociales, c'est-à-dire le rôle que l'activité spontanée, le désir et le vouloir, les forces spirituelles conscientes et subconscientes de l'homme, jouent dans le processus social.

En ce qui concerne l'organisation, le socialisme était incorporé, pendant la période antérieure, dans les divers partis nationaux, adaptés de la façon la plus étroite, dans leurs formes et dans leur action, aux institutions particulières de chaque Etat. Ces partis n'étaient unis entre eux que par le faible lien fédératif du « Bureau Socialiste International » !

Le nouveau socialisme, au contraire, prend comme base d'organisation l'unité internationale des organisations prolétariennes.

L'adaptation toujours marquée au milieu politico-national a miné la tendance internationale au sein du vieux socialisme. L'internationalisme était devenu un mot qu'on faisait résonner dans les occasions solennelles, mais qu'il ne convenait pas d'employer pour l'usage de tous les jours. Cette hésitation, jointe au danger toujours approchant de la guerre mondiale impérialiste, dénaturait la seconde Internationale par la distinction vieillie et devenue, du fait de l'évolution des choses, une simple formule, entre la guerre défensive, autorisée par le socialisme, et la guerre offensive, incompatible avec lui.

Le vieux socialisme n'avait pas préparé la masse à comprendre, le jour où éclaterait la guerre toujours menaçante, la nécessité de choisir entre l'union sacrée, c'est-à-dire l'union nationale avec la classe dirigeante nationale, et la rupture de l'unité prolétarienne internationale, et, d'autre part, la lutte de classe contre ses propres oppresseurs en toutes circonstances, c'est-à-dire la solidarité prolétarienne internationale.

Le nouveau socialisme proclame comme base de sa politique en temps de guerre, le rejet absolu de la défense nationale par le prolétariat dans tous les pays dirigés par la classe capitaliste. Il veut pousser ses plus extrêmes conséquences et développer la solidarité prolétarienne internationale jusqu'en sa forme la plus extrême, précisément dans les circonstances qui, selon l'opinion du marxiste Kautsky et d'autres, devaient donner le signal d'une trêve dans cette lutte, complètement écarter pour un temps cette solidarité.

Le nouveau socialisme veut agir ainsi parce qu'il considère que dans la période impérialiste, toutes les guerres entre les prétendus civilisés, c'est-à-dire entre les pays capitalistes développés1 ont pour cause la concurrence agressive des différents groupes d'Etats capitalistes en vue de la domination de la plus grande part possible du marché mondial et de l'exploitation de la plus grande part possible de l'humanité. Or, cette évolution a nécessairement pour résultat de rendre la grande masse du peuple travailleur plus misérable, plus dépendante et plus privée de droits que jamais.

C'est pourquoi le nouveau socialisme professe que les prolétaires ont le devoir de lutter jusqu'au bout contre toute guerre, et que leur action, avant tout, doit être surtout dirigée contre la classe dominante de leur propre pays.

Ce point de vue révolutionnaire et d'un internationalisme conséquent détermine l'attitude du nouveau socialisme vis-à-vis de tous les militarismes, seraient-ils affublés d'oripeaux démocratiques. Son attitude dans la politique étrangère, dans la politique financière et en dernière instance dans toute la politique intérieure, résulte également de ce même point de vue.

Vaine phrase pour la vieille Internationale : ne pas connaître de patrie, — cela, pour la nouvelle, devient une vérité Le prolétariat met toute son espérance d'une libération totale, y compris la prétendue « libération nationale », c'est-à-dire la cessation de toute oppression des peuples faibles par les plus torts, dans la victoire des masses ouvrières, obtenue grâce à une lutte menée internationalement contre l'impérialisme. Ainsi, le nouveau socialisme voit dans l'Internationale, — c'est-à-dire dans l'unité du prolétariat et de la lutte pour la société socialiste, — la patrie unique du prolétaire.

Sur le terrain politique, le vieux socialisme menait principalement la lutte de classes, pour et par « le bulletin de vote ». Il considérait l'action parlementaire comme le moyen le plus propre à renverser la société capitaliste et à la transformer selon une direction socialiste.

Il attendait surtout cette transformation d'une conquête progressive du pouvoir par la classe ouvrière au sein des institutions représentatives.

Il acceptait bien, il est vrai, la pression des masses sur les institutions par des réunions, des démonstrations, et, dans les cas extrêmes, par la grève ; il se servait de cette pression. Pourtant, il ne la considérait que comme un moyen auxiliaire destiné, soit à constituer les conditions de la lutte parlementaire (conquête du suffrage universel), soit à l'orienter conformément aux exigences essentielles de l'intérêt public.

Quant à l'action économique, le vieux socialisme s'appliquait avant toute chose à perfectionner le mécanisme organisateur des syndicats. Dans la lutte contre les entrepreneurs, il se fiait principalement aux capacités financières de résistance des organisations, à la discipline exercée de leurs membres, et aux connaissances générales des métiers et du marché, aux capacités personnelles de persuasion et aux facultés diplomatiques des chefs. Il tendait par conséquent de plus en plus à remplacer la lutte des masses contre les entrepreneurs par des négociations avec ces derniers, par des tarifs conventionnels et des arbitrages. Il faisait ses idoles de certaines institutions et élevait jusqu'au dogme certaines méthodes (centralisation, action légale et grèves partielles), c'est-à-dire qu'il proclamait leur excellence dans tous les cas et en toute circonstance.

Il cultivait la discipline, l'empire sur soi-même et la persévérance dans le prolétariat organisé, mais il affaiblissait en lui l'esprit d'initiative, la hardiesse de l'élan et les formes les plus hautes d'un idéalisme généreux et combatif. Par sa politique de protection ouvrière, il creusait un fossé toujours plus profond entre les prolétaires organisés et les prolétaires non organisés. Il cultivait un esprit de formalisme bureaucratique et d'exclusivisme chez les prolétaires organisés et leur enseignait le mépris de leurs compagnons non organisés.

Dans le vieux socialisme, les organisations politiques et économiques étaient nettement séparées. Cette séparation avait résulté des circonstances et des besoins de la lutte de classes à une certaine période, et les chefs du vieux socialisme y demeurèrent attachés même pendant la période impérialiste ; or celle-ci, par la fusion du pouvoir de l'Etat et du grand capital en un gigantesque dragon à deux corps, a fait de l'union organique entre la lutte économique et la lutte politique, une exigence impérieuse de toute tactique efficace.

Le vieux socialisme évitait le plus possible les luttes d'une large étendue et d'une grande portée ; il essayait d'arriver à des résultats immédiats par l'amoindrissement des exigences socialistes. Il recherchait les compromis, les négociations et l'entente avec certaines parties des classes bourgeoises et de la petite bourgeoisie. Il négligeait de mettre au premier plan les points principaux de son programme, comme la séparation de l'Église et de l'Etat par exemple, la république, l'expropriation des grands capitalistes ; il aurait craint d'effrayer par là ceux des ouvriers encore séduits par l'idéologie petite-bourgeoise et chrétienne-bourgeoise ; enfin, il s'adaptait aux habitudes de pensée des intellectuels amis des réformes.

Il dirigeait toute l'attention des ouvriers vers la poursuite de leurs intérêts immédiats de groupes ; pratiquement, il rejetait toute générosité véritable comme inutile et déraisonnable. Il traitait de romantisme révolutionnaire tous les efforts vers les buts généraux et lointains, c'est-à-dire idéaux : la libération entière du travail et de l'humanité.

Par-dessus tout, le vieux socialisme habituait les ouvriers à se figurer que leurs intérêts seraient effectivement soutenus par leurs mandants et leurs délégués, que le long combat pour la transformation des fondements généraux de la vie sociale serait livré avant tout dans les parlements et les bureaux des syndicats. Il perpétuait ainsi sous une nouvelle forme la séculaire et périlleuse erreur selon laquelle la libération viendrait d'en haut et pourrait s'accomplir sans le propre effort spirituel et moral et sans cesse maintenu des masses, sans d'innombrables actes de courage et de sacrifice de leur part.

En opposition à ces vieilles formes d'organisation et à ces vieilles méthodes de combat, dont s'est avérée la banqueroute avec la débâcle de la seconde Internationale, le nouveau socialisme proclame la nécessité de l'intervention directe des masses internationalement coordonnées.

Les masses ont levé le masque de l'impérialisme ; leur enthousiasme va à un idéalisme hardi et combatif, et le nouveau socialisme sait que leur action sera le moyen de combat essentiel au cours de la période qui s'ouvre avec la guerre mondiale.

Il sait que l'organisation la plus solide, la discipline la plus vigoureuse, resteront impuissantes contre l'impérialisme, tant qu'elles ne seront pas accompagnées d'initiative personnelle, de vaste clairvoyance, d'élan révolutionnaire et de générosité.

Il sait que les peuples seront délivrés de l'enfer impérialiste seulement lorsque le lien idéal des masses ne cessera pas de grandir et lorsque leur tension spirituelle et morale aura atteint le degré où les individus et les groupes sont prêts à sacrifier leurs intérêts particuliers et provisoires au salut perpétuel de la classe ouvrière et, par celle-ci, de l'humanité.

Le nouveau socialisme sait que l'autonomie respective des mouvements politique et économique est appelée à disparaître dans la période actuelle, de même que tombera la barrière qui sépare les prolétaires organisés des prolétaires non organisés.

Il sait que les organisations économiques du prolétariat devront, dans cette période, être employées sans cesse à des fins générales, c'est-à-dire politiques, particulièrement dans la lutte contre la faim, le chômage, les impôts excessifs, le militarisme, la réaction et la guerre. Il est convaincu que l'utilisation de la force économique de la classe ouvrière dans la lutte contre l'impérialisme et pour le socialisme sera avant toutes choses le moyen d'élever cette classe ouvrière au-dessus de l'étroitesse des intérêts de groupes, de combler la séparation qui existe entre ses couches supérieures, ouvriers qualifiés et organisés, et la masse des ouvriers non qualifiés ou demeurés en retard en raison d'autres circonstances (ouvriers agricoles, ouvriers des ports, un grand nombre de femmes, etc.).

Si la contradiction des principes se manifeste plus fortement entre le vieux et le nouveau socialismes, dans le problème de la soi-disant défense nationale, c'est dans la question de l'action des masses que l'opposition de leurs tactiques apparaît avec le plus d'acuité.

Les chefs du parti national-réformiste et les chefs des organisations ouvrières, dans lesquelles se trouve organisée « l'aristocratie du travail », combattent déjà les socialistes révolutionnaires en raison de leur internationalisme ; mais ils le combattent aussi, et non moins également, parce que ces derniers présentent l'action des masses comme le moyen de lutte prolétarienne par excellence pendant la période impérialiste.

Quelques-uns de ces chefs, dans leur folle présomption et leur arrogance vaniteuse, rejettent purement et simplement ce moyen de combat. Leur sentiment à l'égard de l'action des masses est le plus souverain des mépris ; elle n'est, à leurs yeux, que la première forme non dégrossie de protestation spontanée au sein de masses non organisées ou organisées de façon primitive ; ce serait une forme de protestation devenue superflue, à les croire, dans la période actuelle du mouvement, grâce à d'autres formes qui entraîneraient beaucoup moins de pertes et à des moyens de lutte plus « opportuns ».

Ils nous accusent, nous les révolutionnaires, de défendre dans l'action des masses un moyen de lutte dont la pratique a démontré plusieurs fois l'inopportunité, un moyen de lutte qui égare le prolétariat, qui l'incline à une témérité aventureuse, qui le détourne de la tâche « modeste et quotidienne », laquelle, avec lenteur mais persévérance, ronge effectivement le capitalisme. Pour eux, cette tactique nouvelle est simplement la vieille tactique réchauffée des anarchistes syndicalistes.

Or, de toutes ces affirmations, une seule est vraie : les marxistes révolutionnaires d'Allemagne, de Russie, de Suisse et des Pays-Bas ont aussi peu découvert l'action des masses en 1914 que les syndicalistes français et italiens en 1895 et les chartistes anglais en 1830.

On ne remonte pas seulement des mouvements de masses dans le passé du prolétariat, mais aussi dans celui de toutes les classes opprimées. L'argument avec lequel les réformistes veulent nous atteindre, nous les révolutionnaires, se retourne contre eux-mêmes. L'apparition générale de l'action des masses au cours de toutes les luttes de classes démontre précisément leur nécessité à un certain degré des oppositions sociales, quand la tension révolutionnaire a atteint une certaine intensité.

L'histoire moderne, — à entendre par là le processus de l'évolution sociale qui a amené : 1° la lutte de la classe bourgeoise contre la féodalité et l'absolutisme, 2° la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie, — nous apprend que les mouvements des masses peuvent être de nature, d'étendue et de tendance très différentes. Des démonstrations pacifiques alternent avec de sanglantes violences, les jacqueries spontanées avec l'action la plus exactement préparée ; ici, les instincts élémentaires, le souci immédiat de la conservation de la vie, poussent les masses à des luttes désespérées ; là, c'est le combat pour tel idéal social, pour l'affranchissement des opprimés et des serfs, pour la conquête des droits politiques, à la possession desquels sont liés les plus hauts espoirs.

L'histoire de la classe ouvrière n'est pas moins riche en mouvements de masses.

Si l'action directe, au cours des années qui suivirent la chute de la Commune de Paris jusqu'au début de notre siècle, est passée au second plan dans une certaine mesure, — si pendant cette période, la lutte parlementaire, où l'action directe et active des masses se résout en agitations partielles innombrables, semble le combat par excellence et le dernier mot de la sagesse tactique, — le grand nombre et l'étendue des actions des masses prolétariennes qui ont fait souvent trembler sur ses bases notre société dans les quinze premières années du XXe siècle, ont pu convaincre ceux qui ont le souci de s'instruire auprès de la réalité, de quelle importance est à nouveau devenue l'action des masses dans la période impérialiste actuelle.

Le nouveau socialisme ne se contente pas de constater que l'action des masses a toujours été le moyen de combat le plus important pendant la période révolutionnaire de l'histoire moderne, le moyen de combat qui lorsque l'évolution sociale obligeait à prendre des décisions capitales, a toujours fait pencher la balance des relations de puissance entre les classes opposées.

Afin de nous faire une idée claire de ce que nous avons à attendre de l'action des masses dans la nouvelle période de la lutte prolétarienne qui s'ouvre avec la guerre mondiale, il est nécessaire d'étudier, en premier lieu, dans quelles circonstances l'action des masses a atteint ses buts au cours des périodes révolutionnaires antérieures, dans quelles autres elle les a manqués, et quels rapports soutenaient ses aspects et ses formes avec le milieu social.

En second lieu, il est important de rechercher ce qui différencie les actions de masses du prolétariat en général d'avec celle des autres classes ; de faire connaître leur force, leur étendue et leurs buts dans la période initiale du capitalisme ; de découvrir les causes de « l'intermède parlementaire » et de son antidote « le mouvement syndicaliste », de même que celle de la recrudescence de l'action des masses dans la période impérialiste, de déterminer ses conditions actives et passives, c'est-à-dire économico-sociales et psycho-sociales, et ses caractéristiques spéciales dans cette période.

Enfin, il faut encore étudier l'action des masses en tant que phénomène psychique, c'est-à-dire comprendre quelles sont les qualités humaines qui en forment le fondement et se manifestent en elle.

Plus nous aurons acquis une connaissance profonde et universelle de l'action des masses, tant historiquement que psychologiquement, plus nous serons capables de la susciter, aussi bien pour réduire les arguments de ses adversaires réformistes et fatalistes que pour arriver à une conscience claire de ses conditions, de ses possibilités et de ses limites dans le plus prochain avenir.

Puisse ce travail contribuer à éclaircir la notion de l'action des masses, et puisse-t-il collaborer ainsi à l'effort qui libérera l'humanité ! — c'est là le souhait qui nous a stimulés et enthousiasmés sans cesse pendant la rédaction de ce livre.

Henriette ROLAND-HOLST

Note

1 Par conséquent pas les guerres de nationalités économiquement en retard comme l'Egypte, la Perse, les Indes anglaises, les Indes néerlandaises, contre les états capitalistes qui les oppriment.


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