1934-38

Ce texte est constitué d'articles écrits entre 1934 et 1938 sur la situation politique en France. Ces articles ont étés publiés en Français dans "Le mouvement communiste en France".


 
 

Où va la France ?

Léon Trotsky

Encore une fois, où va la france?

(fin mars 1935)

Au moment où Flandin succéda à Doumergue, nous avons posé devant l'avant-garde prolétarienne la question : "Où va la France ?" Les quatre mois et demi écoulés n'ont rien changé d'essentiel et n'ont affaibli ni notre analyse, ni notre pronostic. Le peuple français est arrivé à un carrefour : une voie mène à la révolution socialiste, l'autre, à la catastrophe fasciste. Le choix de la voie dépend du prolétariat. A sa tête se trouve son avant-garde organisée. Nous posons de nouveau la question  : où l'avant-garde prolétarienne va-t-elle mener la France ?

LE DIAGNOSTIC DE L'INTERNATIONALE COMMUNISTE EST FAUX ET FUNESTE

La C.A.P. du Parti socialiste a lancé en janvier un programme de lutte pour le pouvoir, de destruction de l'armature de l'Etat bourgeois, d'instauration de la démocratie ouvrière et paysanne, d'expropriation des banques et des branches concentrées de l'industrie. Pourtant, le Parti jusqu'à maintenant n'a pas remué le petit doigt pour porter ce programme devant les masses. A son tour, le Parti communiste se refuse bel et bien à se mettre sur la voie de la lutte pour le pouvoir. La cause ? "La situation n'est pas révolutionnaire."

La milice ? L'armement des ouvriers ? Le contrôle ouvrier ? Un plan de nationalisation ? Impossible ! "La situation n'est pas révolutionnaire." Que peut-on faire ? Lancer de grandes pétitions avec les cléricaux, s'exercer à l'éloquence creuse avec les radicaux et attendre. Jusqu'à quand? Tant que la situation ne deviendra pas d'elle-même révolutionnaire. Les savants médecins de l'Internationale communiste ont un thermomètre qu'ils mettent sous l'aisselle de la vieille femme qu'est l'Histoire et par ce moyen déterminent infailliblement la température révolutionnaire. Mais ils ne montrent leur thermomètre à personne.

Nous affirmons: le diagnostic de l'Internationale communiste est radicalement faux La situation est révolutionnaire autant qu'elle peut être révolutionnaire avec la politique non-révolutionnaire des partis ouvriers Le plus exact est de dire que la situation est pré-révolutionnaire. Pour que cette situation mûrisse, il faut une mobilisation immédiate, hardie et inlassable des masses sous les mots d'ordre de conquête du pouvoir au nom du socialisme. C'est à cette seule condition, que la situation pré-révolutionnaire se changera en situation révolutionnaire. Dans le cas contraire c'est-à-dire si on continue à piétiner sur place, la situation pré-révolutionnaire se changera infailliblement en situation contre-révolutionnaire et amènera la victoire du fascisme.

La phrase sacramentelle sur la "situation non-révolutionnaire" sert actuellement uniquement à bourrer le crâne aux ouvriers, à paralyser leur volonté et à délier les mains à l'ennemi de classe. Sous le couvert de pareilles phrases s'assemblent dans les sommets du prolétariat le conservatisme, la mollesse, l'étourderie, la lâcheté, et se prépare la catastrophe comme en Allemagne.

LA TACHE ET LE BUT DE CE TRAVAIL.

Dans les pages qui suivent, nous, bolcheviks-léninistes, nous soumettons le diagnostic et le pronostic de l'Internationale communiste à une critique marxiste détaillée. A l'occasion, nous nous arrêterons sur les points de vue des divers chefs socialistes dans la mesure où cela sera nécessaire pour notre but fondamental: montrer la fausseté radicale de la politique du Comité central du Parti communiste français. Aux cris et aux injures des staliniens nous opposerons des faits et des arguments.

Nous ne nous bornerons pas, bien entendu, à une simple critique. Aux points de vue et aux mots d'ordre faux nous opposerons les idées et les méthodes créatrices de Marx et de Lénine.

Nous demandons au lecteur une attention concentrée. Il s'agit, dans le sens le plus direct et le plus immédiat, de la tête du prolétariat français. Pas un seul ouvrier conscient n'a le droit de rester impassible devant ces questions, de la solution desquelles dépend le sort de sa classe  !


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