1931

Brochure rééditée dans les "Ecrits" de Trotsky, tome III, Supplément à la revue "4ème Internationale", 1959


Contre le national-communisme

Léon Trotsky

(les leçons du plébiscite "rouge")

25 août 1931


Que dit la " Pravda " ?


Mais que dit la Pravda, le premier journal du premier Parti de l'Internationale Communiste ? La Pravda n'a pas donné un seul article sérieux ni fait une seule analyse sur la situation en Allemagne. Du grand discours programmatique de Thaelmann, elle ne cite pudiquement qu'une demi-douzaine de phrases sans consistance. Et que peut bien dire la Pravda d'aujourd'hui, la Pravda servile de la bureaucratie, cette Pravda sans tête, sans échine, embrouillée dans des contradictions ?

De quoi peut bien parler la Pravda quand Staline se tait ?

Le 24 juillet, la Pravda expliquait comme suit le tournant berlinois : " ne pas participer au référendum aurait signifié que les communistes sont pour le Landtag réactionnaire actuel ". Tout est réduit ici à un simple vote de méfiance. Mais pourquoi, dans ce cas, les communistes n'ont-ils pas pris l'initiative du référendum ; pourquoi ont-ils lutté pendant des mois contre cette initiative et pourquoi se sont-ils mis subitement à genoux devant elle le 21 juillet ? L'argument de la Pravda n'est qu'un argument à retardement du crétinisme parlementaire et rien de plus.

Le 11 août, après le référendum, la Pravda change d'argumentation : " Le sens de la participation au référendum consistait pour le Parti dans la mobilisation extra-parlementaire des masses ". Mais c'est précisément dans ce but, c'est-à-dire pour une mobilisation extra-parlementaire des masses qu'avait été désignée la journée du 1er août. Ne nous arrêtons pas aujourd'hui sur la critique des journées rouges du calendrier. Mais de toutes façons cette mobilisation des masses du 1er août s'est produite sur les mots d'ordre et sous la direction propres du Parti communiste. Pourquoi avait-on besoin d'une nouvelle mobilisation huit jours après, et cela dans des conditions où les mobilisés ne se voient pas les uns les autres, où personne ne peut les compter, où ni eux-mêmes, ni leurs amis, ni leurs ennemis, où personne ne peut les différencier de leurs ennemis mortels ?

Le lendemain, dans le numéro du 12 août la Pravda déclare ni plus ni moins que : " Les résultats du vote signifient... le plus grand coup que la classe ouvrière ait jamais porté à la social-démocratie ". Nous ne citerons pas les chiffres du référendum. Ils sont connus de tous (sauf des lecteurs de la Pravda), et ils frappent en plein visage la vantardise inepte et honteuse de la Pravda. Ces gens croient normal de mentir aux ouvriers et de leur jeter de la poudre aux yeux.

Le léninisme officiel est écrasé et piétiné sous le talon de la bureaucratie des épigones. Mais le léninisme non officiel est vivant. Que les fonctionnaires déchaînés ne croient pas qu'on leur passera tout impunément. Les idées scientifiquement fondées de la révolution prolétarienne sont plus fortes que l'appareil, que n'importe quelle caisse, que les répressions les plus cruelles. Par l'appareil, la caisse et la répression, nos ennemis de classe étaient incomparablement plus forts que la bureaucratie stalinienne actuelle. Et malgré cela, nous les avons vaincus sur le territoire de la Russie. Nous avons démontré qu'on peut les vaincre. Le prolétariat révolutionnaire les vaincra partout. Il lui faut pour cela une politique juste. Dans la lutte contre l'appareil stalinien, l'avant-garde prolétarienne conquerra son droit de mener la politique de Marx et de Lénine.

Le 25 août 1931.


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