1940

En mai 1940, Trotsky rédige le manifeste de la IV° Internationale sur la guerre. Ce texte basé sur les principes de l'internationalisme prolétarien servira de base à l'activité trotskyste durant toute cette période et sera l'un des derniers de Trotsky avant son assasinat.


Manifeste d'alarme de la IV° Internationale

Léon Trotsky

Que faire ?


Ce manifeste est adopté par la conférence extraordinaire de la IV° Internationale à un moment où, après avoir submergé la Hollande et la Belgique et écrasé la résistance initiale des troupes alliées, les armées allemandes sont en train de rouler, comme une marée de feu, en direction de Paris et de la Manche. A Berlin, on s'empresse de célébrer la victoire. Dans le camp des Alliés, c'est l'inquiétude, proche de la panique. Nous n’avons ici ni la possibilité ni le besoin de nous engager dans des spéculations stratégiques sur les prochaines étapes de la guerre. L’énorme supériorité militaire de Hitler marque de toute façon de son sceau la physionomie politique de la terre entière.

« Mais la classe ouvrière n'est‑elle pas obligée, dans les conditions actuelles, d'aider les démocraties dans la lutte contre le fascisme allemand ? » C'est ainsi que la question est posée par de larges cercles petits‑bourgeois pour lesquels le prolétariat n'est jamais qu'un outil auxiliaire de telle ou telle fraction de la bourgeoisie. Nous rejetons avec indignation cette politique. Naturellement, il existe une différence entre les régimes politiques bourgeois dans la société bourgeoise, exactement comme il existe une différence de confort entre les wagons de classes différentes dans un train. Mais quand le train plonge dans un abîme, la distinction entre la démocratie décadente et le fascisme meurtrier disparaît devant l'effondrement de l'ensemble du système capitaliste.

Par ses victoires et ses actes pleins de bestialité, Hitler a provoqué la haine aiguë des ouvriers dans le monde entier. Mais entre la haine légitime que lui vouent les ouvriers et l'aide apportée à ses ennemis plus faibles mais non moins réactionnaires il y a un gouffre infranchissable. La victoire des impérialistes de Grande‑Bretagne et de France ne serait pas moins effrayante pour le sort ultime de l'humanité que celle de Hitler et Mussolini. La démocratie bourgeoise ne peut pas être sauvée. En aidant leur bourgeoisie contre le fascisme étranger, les ouvriers ne feraient qu'accélérer la victoire du fascisme dans leur propre pays. La tâche que pose l'histoire n'est pas de soutenir une partie du système impérialiste contre une autre mais d'en finir avec le système dans son ensemble.


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