1940

En mai 1940, Trotsky rédige le manifeste de la IV° Internationale sur la guerre. Ce texte basé sur les principes de l'internationalisme prolétarien servira de base à l'activité trotskyste durant toute cette période et sera l'un des derniers de Trotsky avant son assasinat.


Manifeste d'alarme de la IV° Internationale

Léon Trotsky

Les Mots d'ordre de guerre des nazis


Les mots d'ordre officiels de Hitler ne résistent pas en général à l'examen. La lutte pour l' « unification nationale » a depuis longtemps été démasquée comme un mensonge, car Hitler est en train de transformer un Etat national en un Etat multinational, piétinant la liberté et l'unité d'autres peuples. La lutte pour « un espace vital » n'est rien qu'un camouflage de l'expansion impérialiste, c'est‑à‑dire de la politique d'annexion et de pillage. La justification raciale de cette expansion est un mensonge : le national‑socialisme modifie ses sympathies et antipathies raciales en accord avec ses considérations stratégiques. Peut-être un élément quelque peu plus stable de la propagande fasciste est‑il l'anti‑sémitisme, auquel Hitler a donné une forme zoologique, découvrant le véritable langage de la « race » et du «sang » dans l'aboiement du chien et le grognement du porc. Ce n'est pas pour rien qu'Engels a appelé l'anti‑sémitisme « le socialisme des imbéciles [1] » ! L'unique trait du fascisme qui ne soit pas une imposture, c'est sa volonté de puissance, de conquête, de pillage. Le fascisme est une distillation chimiquement pure de la culture de l'impérialisme.

Les gouvernements démocratiques qui en leur temps ont salué Hitler comme un champion de la croisade contre le bolchevisme, en font maintenant une sorte de Satan surgi à la surprise générale des profondeurs de l'enfer et qui viole la sainteté des traités, des frontières, des règles et des règlements. S'il n'y avait pas Hitler, le monde capitaliste fleurirait comme un jardin Quel mensonge misérable ! Cet épileptique allemand, avec une machine à calculer dans le crâne et un pouvoir illimité entre les mains, n'est pas tombé du ciel ni surgi de l'enfer : il s'est rien d'autre qu'une personnification de toutes les forces destructives de l'impérialisme. Exactement comme Gengis Khan et Tamerlan [2] apparurent aux peuples pasteurs plus faibles comme les fléaux destructeurs de Dieu, alors qu'en Mité ils ne faisaient qu'exprimer le besoin de toutes les tribus de pasteurs de plus de terres à pâturage et de pillages des régions habitées, de même Hitler, ébranlant jusqu'à leurs fondations les puissances coloniales, ne fait que donner une expression plus achevée à la volonté de pouvoir impérialiste. Par l'intermédiaire de Hitler, le capitalisme mondial, poussé au désespoir par sa propre impasse, a commencé à s'enfoncer dans les flancs une dague aiguisée.

Les bouchers de la seconde guerre impérialiste ne réussiront pas à faire de Hitler le bouc émissaire de leurs propres péchés.

C'est devant le tribunal du prolétariat que tous les gouvernements actuels auront à répondre. Hitler ne fera rien de plus que d'occuper la première place parmi les criminels sur le banc des accusés.


Notes

[1] Cette même formule est très souvent attribuée à Bebel.

[2] Gengis Khan (1162‑1227), khan des Mongols en 1206, conquit le Nord de la Chine et de l'Inde, la Corée, l'Iran, l'Iraq et une partie de la Russie. Tamerlan, forme dégradée de Timur Lang (1336‑1405), descendant de Gengis Khan, parti du Turkestan, conquit la Perse, l'Asie centrale, envahit Russie, Inde et Asie Mineure et battit les Turcs.


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