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Benjamin Péret

(1899-1959)

Peret

Benjamin Péret (1899-1959) est né à Rezé (Loire-Atlantique un 4 juillet, ce "primitif", qui consacra sa vie à la cause surréaliste et révolutionnaire, eut très tôt la conviction que les forces de l’imagination et celles de l’action révolutionnaire, loin d’être incompatibles, devaient se soutenir et se dépasser mutuellement. C’est de Nantes que Péret déboula en 1920 dans le cercle des dadaïstes parisiens. Il fit plusieurs séjours dans des hôpitaux parisiens et en rapporta une aversion définitive pour l’armée. Sa rencontre avec les jeunes poètes de la revue Littérature fut saluée par Breton comme un de ces hasards objectifs qui scellent un destin. Lors du "procès Barrès", Péret, revêtu d’une capote de soldat français, mais parlant allemand, incarne le "soldat inconnu" venant témoigner contre l’illustre propagandiste. Cette provocation exprimait théâtralement ce qui allait être le caractère constant, et le plus controversé, de la personnalité de Péret: un engagement absolu à la cause révolutionnaire, une hostilité inflexible à tout ce qui s’y oppose: l’armée, l’Église et, bientôt les staliniens.

Il collabore à tous les numéros de La Révolution surréaliste, signe la plupart des déclarations du groupe, mais n’en poursuit pas moins la recherche d’une poésie originale. L’écriture automatique est à l’œuvre, mais son principe moteur, plus que l’association d’idées et la métaphore, chères à Breton et à Eluard, est le saugrenu syntaxique de la phrase, indéfiniment prolongée dans ses parallélismes, ses bifurcations et ses saccades.

En 1927, Péret apporte son concours à la réorientation politique du surréalisme: il adhère lui aussi au parti communiste et collabore à L’Humanité, le temps de comprendre que l’espoir révolutionnaire a déserté un parti en cours de bureaucratisation.

Il suit alors son épouse, la cantatrice Elsie Houston, au Brésil, d’où il sera expulsé en 1931 pour ses activités politiques. À Paris, il retrouve le groupe surréaliste en proie aux dissensions qu’accentue encore la "trahison" d’Aragon.

Signe de cette radicalisation, les poèmes de Je ne mange pas de ce pain-là (1936) sont une bordée d’invectives contre ses cibles préférées, prêtres, militaires, bourgeois. Les années 1934-1936 sont aussi celles de la collaboration avec Picasso pour De derrière les fagots (1934), Ernst pour Je sublime (1936), Tanguy pour Trois cerises et une sardine. Mais la littérature ne lui suffit plus, lors de l’insurrection militaire en Espagne, il gagne la Catalogne comme délégué du parti ouvrier internationaliste, travaille à la radio du POUM à Barcelone, puis s’engage dans la division Durruti et gagne le front d’Aragon.

Il revient à Paris et est mobilisé en 1939 à Nantes et incarcéré pour activité subversives.

Libéré sous caution, il ne tarde pas à franchir la ligne de démarcation pour rejoindre, à Marseille, André Breton, et nombre d’artiste étrangers en attente de visa pour les Etats-Unis. À cause de son passé politique il n’obtient pas son visa et part pour le Mexique où il séjournera six ans avec sa compagne le peintre Remedios Varo. Son intérêt croissant pour la culture indienne le conduit à traduire Le Livre de Chilam Balam de Chumayel (1955) et à établir une Anthologie des mythes, légendes et contes populaires d’Amérique.

Il rentre en France en 1948 et tente de réactiver avec Breton le groupe surréaliste mais à l’heure où tous les chantres de la Résistance prolifèrent, son pamphlet, Le Déshonneur des poètes (1945), dirigé contre toute forme de poésie militante, lui retire beaucoup de sympathies.

Les astreintes de son emploi de correcteur de presse et des conditions de vie difficiles altèrent sa santé. Il meurt le 28 septembre 1959. Sur sa tombe, au cimetière des Batignolles; figure cette épitaphe: "Je ne mange pas de ce pain-là."


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