DIS-MOI QUI TU ASSASSINES... 14 novembre 1956

L'intervention des troupes russes en Hongrie et le cynisme manifesté à cette occasion par L’Humanité osant qualifier de "fascistes" les insurgés hongrois, ont provoqué une indignation unanime dans tout notre département. La Révolution hongroise, une contre-révolution fasciste ? Tous les faits démontrent le contraire. Personne n’a osé contester, pas même le PCF, la participation massive des ouvriers et des paysans à l'insurrection. A Gyor, à Myckolz, le comité révolutionnaire est constitué avec des représentants des conseils d'usine. A la tête de ces comités se trouvent des militants communistes (et non staliniens) sortant des geôles de Rakosi et déjà emprisonnés sous Horty.

Les intellectuels et les étudiants ont comme direction le cercle Poetofi, composé d’écrivains communistes déjà dans l’opposition sous Rakosi, de philosophes marxistes comme Georges Lucacks. Les armes des insurgés ? Ce sont les soldats hongrois qui les ont fournies aux ouvriers. Les soldats refusant de se battre contre le peuple.

Les revendications des insurgés reflètent amplement la participation active des ouvriers : suppression des normes, nugmentation des salaires, gestion ouvrière des entreprises par des conseils ouvriers. Pas un seul instant il n’a été question pour les insurgés de redonner les usines aux capitalistes et les terres aux propriétaires fonciers. Bela Lucacs représentant des petits propriétaires dans le gouvernement Nagy, élément relativement le plus réactionnaire, n’a-t-il pas déclaré lui-même qu'en aucun cas les usines ne seraient rendues à leurs anciens propriétaires et les terres aux gros propriétaires terriens. La direction du PCF n'a trouvé qu’un piètre argument pour parler de la "contre-révolution" hongroise : le cardinal Mintznsky aurait été pressenti pour former un nouveau gouvernement. Cette information mensongère trouve sa source... à Prague et n’a été confirmée par personne, ni par le nouveau gouvernement fantoche de Kadar, ni par les soviétiques. Quant à sa libération de prison, rappelons qu’en 1905 lors de la première révolution russe les révolutionnaires ont libéré tous les emprisonnés politiques même des réactionnaires comme Kérensky et Kornilov.

Les travailleurs français sont solidaires des insurgés hongrois et sont prêts à se servir de n’importe quelle occasion pour le démontrer. C’est pourquoi un certain nombre de travailleurs de notre département ont débrayé le 7 novembre bien qu'ils n'approuvent pas FO qui parle beaucoup de la révolution hongroise, mais se tait sur l'insurrection algérienne, cautionnant ainsi le gouvernement et sa politique.

C'est pourquoi aussi la plupart des travailleurs du département se sont abstenu de manifester le 13 novembre à l'appel de la CGT, car ils ne voulaient pas sous prétexte de lutter contre le fascisme, laisser croire qu’ils approuvaient la répression en Hongrie.

La grande leçon que nous devons tirer de ces débrayages sous la houlette des uns ou des autres, c’est que nous devons nous organiser nous-mêmes, pour ne plus être obligés d’attendre le bon vouloir de tel ou tel appareil pour agir.