LES TROIS SEMAINES DE CONGÉ PAYÉ      10 décembre 1956

Il y a un peu plus d'un an, à la suite d'une lutte gigantesque des travailleurs de province et en premier lieu de ceux de Nantes et de St Nazaire, le flot de la lutte revendicative fut endigué par la signature "d’accords" entre les patrons et les dirigeants syndicaux.

On nous présenta alors ces "accords" comme une forme nouvelle des rapports entre patrons et ouvriers. Finies les "ridicules luttes de classes qui ne rapportent rien à personne".

Il fallait mieux s'entendre à l'amiable et résoudre les difficultés par la discussion.

Le malheur c'est que les ouvriers n'avaient pas accès à la discussion. Le dialogue avait lieu entre patrons et "représentants syndicaux". On nous a fait beaucoup de propagande et nous nous sommes laissé berner.

Les "représentants syndicaux" se félicitaient d'avoir obtenu quelque chose de très substantiel.

Les patrons se félicitaient d'avoir évité les conflits sociaux, d'avoir même pris des garanties contre les luttes futures.

Les syndicats nous ont affirmé que nous aurions 3 semaines de congés payés mais ils se sont bien gardés de préciser que le patron s'était réservé le droit de les donner au moment où cela gênerait le moins sa production.

La direction a toujours montré qu'elle entendait nous faire travailler à sa guise. Même quand nous avons une fête légale payée elle nous fait récupérer. Aujourd'hui que la crise du pétrole risque de gêner "sa" trésorerie, elle envisage de faire l'opération inverse.

La plupart d'entre nous s'interroge : devrons-nous passer une partie de nos vacances l'hiver, au coin du feu, parce que ça arrange la direction ?

Chez Simca c’est déjà fait.

Dans le Bâtiment dès l’année dernière, les syndicats patronaux du bâtiment ont obligé leurs ouvriers à prendre une partie de leurs vacances l’hiver, faisant ainsi l’économie des 75 % versés en cas d’intempéries.

Notre standing de vie ne dépend pas des "accords" entre patrons et irresponsables syndicaux. Il dépend de notre lutte. Nous voulons profiter du soleil, nous voulons nos vacances l’été.