2003

Cette section de notre site présente des textes et documents divers concernant, en particulier, des discussions en cours avec d'autres organisations révolutionnaires.


28/06/2003 - Une lettre de Lutte Ouvrière à la Ligue Communiste Révolutionnaire

     Le Comité Exécutif de Lutte Ouvrière a pris la décision, le 28 juin 2003, d'adresser la lettre qui suit à la direction de la LCR, pour préparer une rencontre, en septembre, destinée, avant nos congrès respectifs, à discuter d'éventuelles candidatures et campagnes communes aux élections régionales et européennes à venir.

Paris, le 28 juin 2003, au Bureau Politique de la LCR

     Chers Camarades,

     Du fait des mouvements sociaux, vous avez dû repousser au week-end de la Toussaint votre congrès prévu en juin 2003 et, selon ce que nous a dit Alain Krivine, cela vous pose un problème concernant nos attitudes respectives aux élections régionales et européennes. En effet vous ne deviez primitivement prendre en juin que des décisions de principe, vos décisions définitives étant repoussées à une réunion spéciale en décembre et la nouvelle date de votre congrès vous amène maintenant à arrêter vos choix définitifs début novembre.
     Pour ces raisons, Alain Krivine nous a dit qu'il lui paraissait souhaitable d'avoir au moins un échange de vues à la rentrée. Il est évident qu'un tel échange est souhaitable mais, comme le délai sera court -deux mois entre septembre et votre congrès de début novembre- et que pour notre part, comme vous le savez, nous avons nos propres échéances début décembre où nous déciderons définitivement de notre attitude à ces élections, nous pensons qu'il n'est pas inutile de préparer un tel échange de vues en vous exposant ou vous ré-exposant dès maintenant notre façon de voir les choses sur ces futures campagnes électorales.
     Tout d'abord, nous réaffirmons que nous n'avons aucune objection de principe à nous présenter avec vous. Notre attitude l'a amplement prouvé les années passées, en particulier pour les Européennes où nous nous sommes présentés deux fois en commun et où, par trois fois, c'est vous qui n'avez pas souhaité vous présenter ni avec nous, ni seuls.
     Le seul problème d'un accord entre nous pour une campagne ou des candidatures communes est uniquement un problème politique, c'est-à-dire du centre de gravité d'une telle campagne.
     Il se trouve que vos et nos options politiques sont, bien souvent, différentes. De ces divergences il en est de circonstancielles, voire tactiques, qui ne sont pas forcément fondamentales et il en est de plus fondamentales. Ces dernières concernent en particulier le parti révolutionnaire à construire, c'est-à-dire sa composition, son programme ou son absence de programme défini, et la politique qu'il peut mener vis-à-vis des autres partis, associations ou courants se donnant des objectifs politiques avoués ou non. Nous avons, vous le savez, des conceptions profondément différentes sur cette question.
     Il en est cependant d'autres, apparemment plus circonstancielles, mais qui pourraient se révéler importantes pour l'avenir. Par exemple, l'élection présidentielle où nous nous sommes présentés séparément a vu, entre les deux tours, apparaître une cassure grave et profonde entre nous.
     Nous nous sommes refusés à appeler à voter Chirac tandis que vous l'avez fait sans réserve. Bien sûr, vous avez utilisé une formule qui vous évitait d'avoir à dire précisément que vous appeliez à voter Chirac. Vous avez dit, de façon détournée, qu'il fallait "battre Le Pen dans la rue et dans les urnes". "Votez Chirac!" n'était pas dit. Mais le militant, le sympathisant, le travailleur qui voulait faire ce que vous demandiez, c'est-à-dire battre Le Pen dans les urnes, que devait-il faire dans l'isoloir, sinon voter Chirac ?
     Cette formulation ambiguë pouvait paraître astucieuse à certains de vos militants, mais il n'empêche que vous faites, aujourd'hui et pour longtemps, partie de la majorité qui a élu ou plutôt plébiscité Chirac.
     Nous pouvons vous dire qu'à ce moment-là, nous étions quasi unanimes à Lutte Ouvrière, à l'exception peut-être de certains camarades de la Fraction, à être heureux de ne pas avoir présenté une candidature commune au premier tour, pour voir, 48 heures après, nos deux organisations se séparer sur un point politique crucial car, pour notre part, nous considérons votre attitude comme une trahison de vos idées et des nôtres.
     Vous dites que c'était pour être dans le courant de la "politisation de la jeunesse" contre Le Pen. Mais la mobilisation de cette jeunesse entraînée par vous et par d'autres à considérer Chirac comme un moindre mal, un sauveur potentiel, n'était pas une prise mais une perte de conscience, car on en voit depuis un an les conséquences.
     Vous vous êtes, sous ce prétexte, placés dans le courant de la majorité chiraquienne. De la part du PCF et du PS, cela ne nous étonne pas. Au gouvernement pendant cinq ans, ils ont agi de telle façon qu'ils ont perdu une grande partie de leur électorat, faisant ainsi le lit de la droite -ce n'est d'ailleurs pas la première fois- mais en démoralisant les travailleurs pendant cinq ans. Et, cerise sur le gâteau, en appelant à voter Chirac, ils livraient les travailleurs à l'offensive antiouvrière actuelle. Et pour votre modeste part vous y avez contribué. Et si nous avons perdu de nombreuses voix aux législatives qui ont suivi, vous en avez perdu presque autant, c'est-à-dire que vous n'avez pas même reçu le prix de votre absence de courage politique.
     C'est dire qu'il ne suffit pas d'un accord superficiel pour se présenter en commun. Vous avez dit et répété que nous étions sectaires, mais n'était-ce pas là une façon de cacher votre opportunisme? Et ce que vous appelez sectarisme, n'est-ce pas une simple fidélité aux idées?
     Pour en revenir aux élections et définir le cadre dans lequel nous pourrions rechercher un tel accord, nous rappelons que notre objectif premier est justement de profiter des campagnes électorales pour défendre nos idées. Ce qui signifie défendre le rôle que le monde du travail peut jouer dans la transformation sociale, sans faire le jeu de courants petits-bourgeois, c'est-à-dire opportunistes par définition, même si leurs luttes ou leurs idées sont, pour un temps ou pour longtemps, nobles et généreuses et si certaines de leurs actions méritent d'être soutenues, mais sans concession aucune pour leur idéologie réformiste.
     Nous militons pour construire un parti qui défende les intérêts politiques et sociaux du monde du travail, c'est-à-dire un parti qui a pour objectif de détruire le capitalisme pour construire une société basée sur la propriété collective des grands moyens de production. Cela signifie un parti communiste prolétarien, dont tous les militants acceptent ces objectifs, car l'idée qu'il puisse y avoir divers anticapitalismes, comme vous l'écrivez, nous est totalement étrangère. Bien sûr, une campagne électorale n'est pas la préparation d'une révolution sociale et, en fonction de la situation sociale et politique, elle doit reposer sur un ou des axes limités, mais nous considérons que nos campagnes ne peuvent que s'inscrire dans nos objectifs plus généraux.
     Nous ne pensons pas que "l'altermondialisation" soit un "nouvel internationalisme", ni que des manifestations comme Porto Alegre, Seattle, Gênes, etc., pour légitimes et positives qu'elles puissent être, soient l'ébauche d'une lutte anti-impérialiste efficace et l'ébauche d'une organisation internationale des travailleurs. Et vous ne nous feriez donc pas dire ou écrire de telles affirmations.
     Non seulement nous refusons de nous aligner sur des organisations comme Attac ou les Verts, mais nous tenons à nous démarquer de leurs objectifs affichés, pour les deux, et de leur politique pour les seconds.
     Il est profondément erroné selon nous de considérer le féminisme, la lutte contre l'homophobie, l'écologie ou l'altermondialisme comme des luttes placées toutes sur le même plan et en particulier sur le même plan que la lutte anticapitaliste, car cela revient à minorer cette dernière. Nous rappelons en passant que nous sommes la première organisation politique à avoir choisi une femme comme porte-parole aux élections et que nous sommes toujours la seule organisation d'extrême gauche à le faire. C'est par nos choix et nos actes que nous menons un combat féministe, et non par des mots. C'est le remplacement de la société capitaliste basée sur la propriété privée, l'exploitation, la recherche du profit, les inégalités qui pourra définitivement résoudre les autres problèmes. Faire croire le contraire, ou ne pas le dire explicitement, c'est conduire ceux qui peuvent nous rejoindre sur des voies sans issue. C'est pourquoi nous n'utilisons aucune formulation de cet ordre. Nous nous refusons aussi, autre exemple, à employer des formules ambiguës que vous utilisez pour définir le parti que vous souhaitez, du genre "à gauche de la gauche" ou "100% à gauche". Si vous avez pour but, dans ces campagnes, d'attirer à vous les courants dont vous reprenez les idées à votre compte, il ne faut pas compter sur nous. D'abord, parce que nous ne défendons pas des formulations ambiguës qui cachent des idées qui ne sont pas les nôtres. Ensuite, parce que tout le passé récent a montré que ceux dont vous dites qu'ils sont "orphelins de parti" sont foncièrement hostiles à toute idée de parti, surtout avec vous (et encore plus avec nous).
     Pour nous, il faut que le monde du travail puisse compter sur au moins un parti qui défende les intérêts politiques et sociaux, autrement dit les intérêts de classe, des travailleurs. Un parti qui dénonce les mensonges de la bourgeoisie et de ses hommes politiques, mais aussi qui éclaire les travailleurs sur le discours de courants opportunistes dont on ne peut pas affirmer qu'ils ne rejoindront pas le camp de la bourgeoisie. Un parti qui ne mente pas, qui ne truque pas, qui n'utilise pas d'astuces pour justifier politiquement ses alignements, comme au 2e tour de la présidentielle, sur la gauche gouvernementale, soi-disant pour combattre un danger fasciste alors inexistant.
     En résumé, le contenu de nos campagnes est la raison majeure de notre présence dans les élections.
     Le nombre de voix, ou avoir des élus, ne sont pour nous qu'une mesure de l'écho rencontré par nos propos. C'est pourquoi nos campagnes doivent refléter clairement les idées que nous défendons. De plus, bien évidemment, nous n'avons aucune intention, pour obtenir des élus, de passer, entre les deux tours des régionales, des accords avec des membres des partis ayant participé au gouvernement, car nous ne voulons pas cautionner la politique qui a mené les travailleurs dans la situation où ils sont aujourd'hui. Donc, si nous faisons ensemble des listes communes aux régionales et aux européennes, cela ne pourra être que sur la base d'une politique commune qui défende explicitement cette attitude.
     Nous ne pourrons accepter, aux régionales comme aux européennes, qu'un texte de profession de foi identique pour toutes les listes, rédigé nationalement, commun à nos deux organisations.
     De plus, un accord entre nous devrait comprendre, pour les régionales comme pour les européennes, une liste commune dans toutes les régions, et non une répartition des régions avec soutien réciproque.
     Nous ne ferions évidemment pas obstacle à ce qu'il y ait, sur de telles listes, des personnes représentant d'autres tendances que LO ou la LCR, mais en aucun cas nous n'accepterions qu'elles soient tête de liste. Par ailleurs, ces listes devraient apparaître sous le sigle LO-LCR, puisque l'accord serait entre nous.
     Nous vous faisons remarquer que, bien que nos discussions lors des municipales précédentes sur d'éventuels accords aient été paralysées par votre désir d'explorer 36000 pistes auprès d'associations et de mouvements aussi divers que mal définis, vous n'avez jamais réussi à trouver quelqu'un d'autre que LO pour conclure un tel accord à l'échelle nationale. Dans la situation actuelle, des élections régionales n'ont aucun caractère local, il s'agit de fait d'une élection nationale et nous n'avons pas à tenir aux travailleurs un langage différent suivant les régions. Il en va évidemment de même pour les européennes, malgré le changement de mode de scrutin. C'est pourquoi nous mettons cela au point dès le départ, afin que nos entretiens démarrent sur des bases claires et ne se noient pas au milieu du gué.
     Alain Krivine nous a dit que la majorité des camarades de la LCR était pour des candidatures communes avec nous. Mais nous avons pu noter dans ce qui était exprimé dans les textes préparatoires que c'était, comme allant de soi, à la condition que nous adoptions votre politique et vos formulations. Cela, nous le refuserons et vous devez savoir que ce n'est pas négociable.
     Nous vous envoyons donc ce courrier à la seule fin que vous puissiez discuter sur des bases claires de nos éventuelles possibilités d'accords électoraux lors de la préparation de votre congrès.
     Nous vous rappelons que nous n'avons, ni les uns, ni les autres, rien perdu à nous présenter séparément à l'élection présidentielle. Comme nous vous l'avions dit avant la présidentielle, toute la presse, vous compris, a constamment utilisé dans ses raisonnements le total des scores de l'extrême gauche, c'est-à-dire que nos candidatures, pour séparées qu'elles aient été, n'ont pas divisé notre impact.
     En ce qui vous concerne, vous avez d'ailleurs pu vérifier, ou plus exactement vérifier pour la deuxième fois après les municipales de 2001, que votre politique sous votre propre drapeau trouvait un électorat non négligeable. Dans ce sens nous vous avons rendu service, et sans nuire ni à vous ni à nous, puisque nous avons fait le même score qu'en 1995.
     De plus, sur le plan militant vous avez, dites-vous, gagné de l'influence mais vous avez pu juger dans les derniers mouvements que sur le plan du crédit ainsi que sur celui de l'influence militante, nous n'avons perdu par rapport à vous depuis un an ni crédit ni forces, bien au contraire.
     Enfin, dès à présent, nous répétons notre opposition totale pour les régionales à des accords avec qui que ce soit entre les deux tours, sauf accord formel de nos deux organisations. Le non-respect d'une telle clause, même dans une seule région, entraînerait automatiquement la rupture de notre accord pour les européennes, accord qui devrait d'ailleurs, pour des raisons de proximité des deux campagnes, être bouclé en même temps que celui sur les régionales.
     En cas de candidatures communes, nous n'envisageons absolument pas de vous imposer nos propres idées et nos propres formulations, mais nous n'accepterions pas l'inverse. C'est pourquoi nous avons tenu à vous préciser à l'avance le cadre et les limites de ce que nous pourrions envisager et il nous paraît évident que les régionales conditionnent les européennes, car il est impossible de se présenter séparément aux régionales et ensemble aux européennes, étant donné la semi-régionalisation de ces dernières et la proximité dans le temps de ces deux scrutins.
     Cela dit, il serait tout à fait possible et utile de trouver un accord pour transformer ces campagnes électorales en une lutte sur le terrain des revendications essentielles et vitales du monde du travail. Avant tout sur la question de l'emploi, des licenciements collectifs et du chômage, avec comme revendications essentielles l'interdiction absolue des licenciements collectifs et la réquisition des entreprises qui licencieraient tout en faisant du profit, et surtout le contrôle public de la collectivité sur la comptabilité des grandes entreprises.
     Une telle campagne devrait prolonger la lutte contre les mesures gouvernementales sur les retraites, la régionalisation à venir de toute l'Éducation nationale, et devrait dénoncer les ambiguït;és syndicales et celles (pour ne pas dire plus) du PS.
     En développant une campagne sur ces questions dont dépendent la vie quotidienne et l'avenir des travailleurs, sans faire un catalogue de revendications tout azimut, nous avons largement les moyens d'un tel combat en commun. Surtout après les dernières grèves où le mot "travailleur" a pris tout son sens pour de nombreuses catégories de salariés qui, comme les enseignants, ont pris conscience qu'ils appartenaient, comme les cheminots, les postiers et bien d'autres, à la même classe sociale.
     Dans un tel cadre, si nous voulons nous entendre, nous le pouvons, et vous avez maintenant, au moment de préparer votre congrès, tous les éléments pour juger sur quelles bases nos discussions pourraient s'engager.

     Avec nos salutations fraternelles, pour le CE de Lutte Ouvrière, Georges KALDY

 
16/07/2003 - La Ligue Communiste Révolutionnaire à la direction nationale de Lutte Ouvrière

Montreuil, le 16 juillet 2003

     Chers camarades,

     C'est avec grand intérêt que nous avons lu votre lettre du 28 juin 2003. En effet, après vos refus successifs de présenter des listes ou candidats communs aux municipales de 2001, à l'élection présidentielle de 2002, et aux législatives de 2002, il semble, cette fois-ci, que vous proposez une discussion sérieuse pour explorer les possibilités d'action commune lors des prochaines échéances électorales.
     C'est un changement de position que nous accueillons positivement.
     Comme vous le savez, et comme l'indique le projet de thèses de notre prochain congrès, "Nous avons des désaccords programmatiques et des divergences d'orientation politique mais l'unité d'action, avec Lutte Ouvrière constitue une préoccupation permanente" et une des dimensions de notre politique. C'est dans ce sens que tant dans les élections que dans les luttes, nous veillons, chaque fois que c'est possible, à échanger les points de vue et à évaluer les possibilités d'action commune.
     C'est une constante dans notre politique depuis les élections européennes de 1999, où nous avons réussi une campagne commune et obtenu l'élection de cinq députés au parlement européen.
     Mais une discussion sérieuse entre organisations révolutionnaires exige d'abord le respect mutuel. Or certains termes ou caractérisations de votre lettre sont inacceptables. Sur la question des consignes de vote au deuxième tour des élections présidentielles de 2002, vous dites : "Nous considérons votre attitude comme une trahison de vos idées et des nôtres". Plus loin, vous expliquez "Vous vous êtes, sous ce prétexte, placés dans le courant de la majorité chiraquienne.". Rien que ça !
     De deux choses l'une : "ou nous sommes des traîtres chiraquiens" et Lutte Ouvrière fait preuve d'une inconséquence totale, car comment une tendance communiste prolétarienne pourrait-elle discuter d'éventuelles actions communes avec "des chiraquiens" !
     Ou nous discutions actions communes, et ce qui relève plus de l'insulte que du jugement politique doit être banni de nos relations. Il s'agit de discussions entre organisations révolutionnaires.
     Quant au fond politique, discutons-en !
     Il est vrai que nous avons des désaccords programmatiques et des divergences circonstancielles, comme celle des consignes de vote du deuxième tour des élections présidentielles.
     Comme vous le reconnaissez vous-mêmes, nous n'avons pas appelé à "voter Chirac", ni d'ailleurs au vote blanc ou à l'abstention. Nous avons dit qu'il "fallait battre Le Pen dans la rue et dans les urnes".
     On pouvait discuter de telle ou telle formulation pour le vote de ce deuxième tour des présidentielles, formulation forcément piégée par la logique des votes à deux tours de la Vème République, mais il s'agissait d'une question tactique. Car pour nous, l'essentiel, c'était, à ce moment, d'oeuvrer à la mobilisation unitaire contre Le Pen et le danger fasciste. Les consignes de vote devant s'adapter à cet objectif prioritaire. Et, c'est sur ce point qu'il y a une divergence entre nos deux organisations.
     Pour la LCR, et les prochaines échéances électorales risquent malheureusement de le démontrer une nouvelle fois : la crise sociale, politique, institutionnelle et le discrédit des partis traditionnels, sont tels que le Front National peut, dans certaines conditions, exploiter la situation, pour opérer des percées et jouer un rôle central. Et dans ce type de situation, l'expérience historique et la fidélité à nos idées nous conduisent, à mettre au centre de la lutte anti-fasciste, la bataille pour la mobilisation unitaire de l'ensemble des travailleurs, de la jeunesse et de leurs organisations pour la défense de leurs droits sociaux et démocratiques. Libre à vous était d'estimer que le Front National ne constituait pas un danger. Mais beaucoup plus grave est le fait que vous vous êtes opposés à ce mouvement de masse, en le dénigrant et en l'assimilant à une opération politique de soutien... à Chirac. En ce qui nous concerne, s'opposer à un mouvement de masse anti-fasciste, constitue une erreur bien plus importante que telle ou telle formulation pour une consigne de vote !
     Preuve supplémentaire que la consigne de vote était une question tactique, c'est qu'elle n'a en aucun cas divisé le mouvement de grève du printemps 2003 entre ceux qui avaient voté Chirac et ceux qui s'étaient abstenus. Des centaines de milliers de gréviste et, parmi eux, pas les moins combatifs, ont, la mort dans l'âme, sûrement voté pour Chirac.
     Deuxième question que vous soulevez, celle de l'anti-globalisation. Comment après les manifestations de centaines de milliers de jeunes dans le monde, après l'émergence de nouveaux mouvement contre la mondialisation capitaliste et la guerre, pouvez-vous encore pratiquer la politique de la chaise vide dans ces mobilisations ? Ne croyez-vous pas qu'il y a un lien entre les grèves, les mobilisations sociales, notamment dans les personnels de l'éducation nationale et ce mouvement ? Combien de discussions n'ont-elles pas eu lieu, dans des assemblées générales, sur la mondialisation, les rapports entre le libéralisme et l'éducation, sur la question des privatisations, etc. Vous pensez vraiment que ces mobilisations de milliers de jeunes peuvent se réduire à des manifestations de courants petit-bourgeois ?
     Troisième question, celle du parti. C'est en effet, une question fondamentale. Nous sommes une organisation marxiste révolutionnaire, mais nous pensons que la fin de tout un cycle historique dominé par le stalinisme et la social-démocratie, pose la question d'un nouveau parti. Plus, la situation politique française, avec le développement de luttes sociales, le déclin accéléré du PCF, l'évolution social-libérale de la social-démocratie, l'émergence de nouvelles générations de lutte pose le problème avec plus d'acuité. Les résultats exceptionnels de l'extrême gauche aux dernières présidentielles comme le rôle des révolutionnaires dans les luttes leur confèrent une responsabilité particulière. Il s'agit d'essayer aujourd'hui, sur la base d'un plan d'urgence sociale et démocratique, d'un programme transitoire anti-capitaliste, de rassembler tous les militants, courants, organisations se situant sur le terrain de la lutte de classes. Bien sûr, nous ne proposons pas un nouveau parti sur la totalité de notre programme, mais comme nous l'avons affirmé de nombreuses fois, il s'agit de construire un parti défendant jusqu'au bout les intérêts des travailleurs, rejetant toutes les politiques de collaboration de classes, et se situant dans une perspective de rupture avec le capitalisme. De même, lorsque nous utilisons la référence de "100 % à gauche", nous partons de l'aspiration de secteurs importants de la classe ouvrière et du peuple de gauche pour qui, historiquement, la gauche, c'est la satisfaction de leurs propres revendications, et nous opposons ce sentiment à la politique des directions de la gauche officielle. Nous sommes convaincus que ce type de formule ne constitue pas une altération de notre programme mais bien ce que nous sommes et où nous nous situons. C'est le moyen de nouer un dialogue fécond avec les classes populaires qui ont encore des illusions sur la gauche et qui votent encore dans leur majorité pour la gauche. Telle est notre conception d'une nouvelle force anticapitaliste. C'est dans ce sens que nous articulons une perspective anti-capitaliste et les combats féministes, écologistes, ou altermondialistes. Il s'agit de prendre en compte les spécificités de ces luttes et en même temps de leur donner une orientation anticapitaliste. En effet, si le remplacement du capitalisme par une société socialiste démocratique est la condition fondamentale pour libérer l'humanité de l'exploitation et de toutes les oppressions, l'expérience historique montre que ce n'est pas suffisant et qu'il faut définir aussi des objectifs et des moyens spécifiques contre toutes les oppressions. C'est par exemple le sens que nous donnons à la construction d'un mouvement autonome des femmes.
     Enfin, plus récemment, lors des mobilisations sociales du printemps 2003, nous pourrions aussi discuter des divergences entre nos deux organisations. Vous n'en dites pas un mot dans votre lettre. Elles sont, peut-être, à vos yeux secondaires, c'est-à-dire que peu ou prou, la LCR et ses militants se sont globalement opposés au projet Fillon et au gouvernement Chirac-Raffarin. Ne croyez-vous pas que, à l'aune de ce que nous avons fait dans les dernières luttes, les accusations de "trahison" ou de "chiraquien" sont absurdes et disqualifient le jugement porté dans votre lettre ?
     Mais si nous faisons une vraie discussion sur l'intervention des révolutionnaires dans les dernières luttes, celle-ci - comme cela s'est fait lors du débat LO-LCR de votre fête - fera apparaître les convergences et les divergences entre les deux organisations. Les convergences - elles ne sont pas moindres dans ce type de situation - c'est de pousser dans le même sens, de défendre les mêmes revendications, celles du mouvement, de mobiliser, d'étendre et d'essayer de généraliser les grèves. Mais il y a eu aussi des divergences. Nous avons été surpris par votre opposition à l'objectif d'une grève générale pour exiger le retrait du plan Fillon. Il semble même, propos rapportés par la presse, qu'un de vos dirigeants aurait déclaré qu'il s'agissait "d'une ânerie de la LCR". Vraiment, alors que des centaines de milliers de manifestants scandaient ce mot d'ordre et que les dirigeants syndicaux s'y opposaient frontalement ? La divergence sur ce point porte peut-être sur des questions de termes : entre grève générale et généralisation des grèves. Mais il y a peut-être eu des appréciations divergentes sur la dynamique du mouvement et sur la possibilité pour le mouvement de se poser pratiquement cette question ? Nos camarades enseignants ont aussi débattu des modalités d'organisation de la coordination des établissements en lutte. Nous avons insisté dès le début pour construire une direction du mouvement unitaire et démocratique. Cela supposait de combiner auto-organisation des grévistes et unité des syndicats présents dans la lutte. Cela impliquait aussi des coordinations qui représentent des délégués d'établissements élus par les personnels de l'Education nationale réunis en assemblées générales et dûment mandatés par elles. Vous n'avez pas cru bon suivre cette voie, et vous avez transformé les coordinations en assemblées de tous ceux et de toutes celles qui voulaient y participer sans respecter des règles élémentaires de démocratie. Ce qui vous a conduits parfois à des initiatives hasardeuses. Ces divergences renvoient sûrement à des désaccords sur des questions comme la démocratie ou les rapports aux organisations syndicales...
     Sachez aussi que, comme vous, "nous n'envisageons absolument pas de vous imposer nos propres idées et nos propres formulations mais nous n'accepterions pas l'inverse" et que si nous comprenons que votre lettre présente "le cadre et les limites" d'un accord pour LO, la LCR vous indiquera après son CC de rentrée, ce qui à nos yeux trace "le cadre et les limites" de ce que devrait être une base politique, que nous soumettrons à la discussion publique, permettant de mener efficacement les deux campagnes électorales de l'année prochaine.
     Nous ne pensons pas avoir fait le tour des questions politiques soulevées dans votre lettre, ni des divergences que nous pointons entre les deux organisations... Mais sachez que nous avons, nous aussi, nombre de désaccords, qui expliquent d'ailleurs que nous sommes des organisations séparées et qu'il est souvent difficile d'agir ensemble...
     Mais, nous pensons aussi que ces divergences ne sont pas des obstacles insurmontables pour l'action commune dans les élections ou dans les luttes. Nous avons des positions politiques qui convergent dans les luttes contre le patronat et le gouvernement, des réactions communes face à des combats pour les libertés démocratiques, contre la guerre, contre les politiques des classes dominantes à l'échelle européenne autour de revendications comme l'interdiction des licenciements, la défense du service public, celle des retraites et de la sécurité sociale. Enfin, nous sommes deux organisations qui agissent en toute indépendance de tous les gouvernements, y compris celui de la gauche plurielle. Cela fait pas mal de questions qui permettent de formuler des prises de positions communes même si chacune des organisations le fait avec son orientation et son style. Cela fait aussi pas mal de différences entre, d'une part, nos deux organisations et, d'autre part, les autres organisations de l'ex-gauche plurielle.
     Comme vous le voyez, ce sont ces considérations qui nous conduisent à explorer les possibilités d'action commune et d'un accord électoral pour les prochaines élections régionales et européennes dans une situation qui donne des responsabilités particulières à nos deux organisations.
     C'est avec cet état d'esprit que nous aborderons la discussion avec votre organisation. Sur l'ensemble des questions politiques et organisationnelles liées aux campagnes électorales des régionales et des Européennes, nous aurons une première discussion à notre comité central de septembre, et c'est notre congrès de fin Octobre qui décidera des dispositions définitives pour les deux campagnes électorales. Nous vous proposons donc d'engager la discussion, dès le mois de septembre 2003.

     Recevez nos salutations révolutionnaires. Pour la LCR : Léonce Aguirre et François Sabado
 
25/07/2003 - Réponse de Lutte Ouvrière à la Ligue Communiste Révolutionnaire

A la direction de la LCR

     Chers camarades,

     Nous accusons réception de votre courrier du 16 juillet faisant suite à notre lettre du 28 juin.
     Nous notons que vous ne nous donnez pas le moindre avis, à défaut de réponse, sur le cadre et les limites que nous vous avons soumis pour un éventuel accord et qui sont pour nous essentiels à régler avant toute autre démarche.
     Nous vous rappelons que notre lettre répondait à la proposition d'Alain Krivine de nous rencontrer en septembre et qu'elle avait justement pour objet d'écarter, préalablement à toute négociation proprement dite, ce qui pourrait constituer un obstacle majeur.
     Redisons-le, nous sommes prêts à nous rencontrer pour discuter des axes politiques et sociaux d'une campagne commune aux régionales et aux européennes, car nous avons des terrains d'entente, mais sous la réserve que nous soyons au préalable d'accord sur les points que nous vous avons exposés et que nous vous rappelons :
     - nous n'accepterons qu'un accord qui se limite exclusivement à nos deux organisations et pas un front électoral mal défini ;
     - notre accord pour les européennes devra être conclu avec celui des régionales. Toute rupture de l'accord aux régionales entraînant automatiquement la rupture de l'accord aux européennes ;
     - nous nous présenterons, dans toute la France, en commun sous nos deux sigles ;
     - toutes nos listes devront être communes à nos deux organisations, avec un texte national unique pour les professions de foi de toutes les régions, aussi bien aux régionales qu'aux européennes ;
     - nous refuserons toute entente, pour le second tour des élections régionales, avec d'autres formations politiques même si cela implique de perdre d'éventuels élus et chaque organisation sera responsable de l'attitude de ses candidats ;
     - nous refuserons l'appellation "100% à gauche" pour nos listes ou nos bulletins communs ;
     - nous ne ferons pas l'apologie des idées des maîtres à penser réformistes de l'altermondialisation ;
     - nous n'appellerons pas à soutenir aux régionales qui que ce soit de l'ex-gauche gouvernementale au deuxième tour même si la gauche est menacée par la droite ou si la droite est menacée par le Front National. C'est que pour la présidentielle vous aviez affirmé que vous n'appelleriez pas à voter pour la gauche au deuxième tour : les circonstances ont fait que vous avez tenu parole mais vous avez appelé à voter Chirac ! Au cas où une liste de gauche serait menacée par le Front National, l'attitude de notre liste entre les deux tours devra faire l'objet d'un accord formel de nos deux organisations. Là aussi chaque organisation sera responsable de l'attitude de ses candidats.
     Rappelons que nous ne nous engagerons pas à nouveau dans une impasse comme nos négociations des municipales 2001 où nous avons eu une discussion de plusieurs mois que vous semblez avoir oubliée et où il s'est révélé que vous ne souhaitiez pas un réel accord avec nous mais un accord à géométrie variable selon les villes avec des mouvements dont vous avez été incapables de nous dire à l'avance qui ils étaient. L'accord avec nous étant surtout, pour vous, un moyen de convaincre ceux que vous vouliez attirer et, en faisant durer la négociation, vous pouviez prétendre que l'accord était en cours.
     Si vous souhaitiez, une fois de plus, maintenir indéfiniment plusieurs fers au feu, ce serait sans nous.
     C'est pourquoi nous souhaitons un engagement précis sur ces problèmes avant même toute négociation compte tenu que la date butoir pour un accord complet et définitif sera, par nécessité, début décembre, après nos congrès respectifs. Si nos négociations n'étaient pas closes, chacun reprendrait alors sa liberté d'action.
     Dans ce cas, chacune de nos deux organisations obtiendrait moins de voix mais, comme pour la présidentielle, le public comme les commentateurs feront le total de nos voix et cela ne changera rien à l'impact politique d'un bon résultat éventuel. La différence est que nous aurions beaucoup moins de chances d'obtenir quelques élus mais, pour nous, ce n'est pas l'essentiel de notre démarche électorale et ce n'est pas cela qui nous ferait conclure un mauvais accord.
     C'est pourquoi nous pensons qu'il serait bon que vous discutiez rapidement en votre sein de nos propositions car si vous voulez en discuter, nous souhaitons le faire publiquement, par écrit, avant d'envisager de nous rencontrer pour que nos éventuelles négociations ne s'engagent pas dans une impasse.
     Vous reportez la suite de cette discussion à deux mois, après votre comité central de septembre. Soit ! Mais nous vous ferons remarquer que des négociations proprement dites, c'est-à-dire des entretiens entre nous, ne pourront commencer qu'une fois d'accord sur le cadre, commun à nos deux organisations, que nous vous proposons. La négociation sur les axes politiques ne venant qu'ensuite. Si vous refusiez ce cadre, élémentaire entre deux alliés, il nous sera impossible de nous présenter en commun et toute négociation politique ultérieure deviendrait de ce fait inutile.
     Par contre, si nous sommes d'accord sur le cadre de cette campagne que nous vous avons proposé le 28 juin, et que nous rappelons au début de cette lettre, nous aurons à mener des négociations, qui prendront du temps, sur la répartition des listes et des têtes de listes, la profession de foi aux régionales et celle aux européennes, mais nous ne nous engagerons pas dans des négociations avant d'avoir réglé le cadre général dans lequel s'inscrira notre accord. Nous espérons donc ne pas rencontrer d'obstacles après la réunion de votre Comité central de septembre, c'est-à-dire avant même d'avoir pu négocier.
     Dans ce cas nous risquons de nous retrouver dans une impasse, comme en 2001 lors de notre négociation marathon sur les municipales.
     Il y aurait, en cas d'accord, suffisamment de choses à négocier : l'axe de la campagne, le texte de la profession de foi, la répartition des têtes de liste entre nos deux organisations, les affiches, les tracts et meetings, la campagne matérielle et ses frais etc. Et puis, bien sûr, les modalités d'une campagne commune.
     En ce qui concerne la campagne elle-même, vous citez nos positions politiques qui convergent telles que les luttes contre le patronat et le gouvernement, pour les libertés, contre les politiques des classes dominantes, pour l'interdiction des licenciements, la défense des services publics, des retraites, de la sécurité sociale, auxquels nous ajouterons le contrôle sur les comptabilités des grandes entreprises et ces axes seraient aussi les nôtres.
     Il serait donc dommage que vous refusiez ce que nous vous proposons en voulant nous imposer d'éventuelles alliances. Nous espérons donc que vous accepterez nos propositions d'accord, dans le cadre que nous vous avons soumis.
     Cependant, sans que cela change quoi que ce soit à ce qui précède, nous ne pouvons passer sans commentaires certaines affirmations de votre lettre.
     Vous saviez depuis longtemps ce que nous pensons de votre attitude au second tour de la présidentielle et votre attitude à ce moment-là ne nous empêche pas d'envisager une campagne commune. Mais ce n'est pas cette éventualité qui nous fera revenir sur ce que nous pensons.
     Vous pouvez juger cela inconséquent mais alors il serait tout aussi inconséquent de votre part, soit d'accepter une campagne commune, soit d'exiger que nous ne pensions plus ce que nous pensons.
     Par ailleurs, pourquoi déformer nos propos ? Où avez-vous pris que nous vous aurions traités de "traîtres chiraquiens" ou que nous aurions écrit que vous seriez définitivement devenus des "chiraquiens" ? Cette technique bien connue de discussion aggravant les propos de l'interlocuteur n'est pas la plus propre à nous convaincre de votre bonne foi et ce n'est guère une manifestation du "respect mutuel" dont vous parlez.
     Personne ne peut nier que vous avez, de fait, appelé à voter Chirac et que vous vous êtes ainsi placés, à l'époque, dans la majorité qui a élu Chirac. Dire cela est un simple constat politique et ce n'est pas une injure. Si cela vous gêne autant qu'il semblerait, il ne fallait pas prendre une telle position.
     Et si nous ne relevons pas toutes les autres déformations de nos propos de votre lettre, c'est pour ne pas polémiquer et parce que ce n'est pas l'objet de ce courrier, mais nous nous réservons le droit d'en discuter dans un autre contexte.
     Vous nous faites remarquer que notre lettre ne fait pas allusion à la lutte des enseignants, vous nous reprochez de nous être opposés à des coordinations avec des délégués élus, alors que nous étions pour la plus large participation des grévistes aux assemblées générales dans lesquelles chacun pouvait intervenir et participer aux décisions, démocratie directe qui était la base même de leur motivation, de leurs initiatives, de leur volonté de lutte. Votre politique visait au contraire à fabriquer un appareil dirigeant, qui ne fasse pas appel à la volonté collective des grévistes et ce n'était pas le meilleur exemple du "respect des règles élémentaires de démocratie" dont vous parlez.
     Enfin, nous avons lu attentivement tout ce que vous disiez sur votre politique par rapport à la nôtre. Nous savions déjà tout cela avant de vous écrire. Vous avez vos conceptions, nous avons les nôtres. Nous ne vous demandons pas de changer les vôtres. Nous garderons notre appréciation de votre politique mais cela ne nous empêche pas d'envisager une campagne commune aux élections régionales et européennes.
     Donc, nous répétons que nous sommes dans l'attente de vous lire.

     Salutations fraternelles, pour Lutte Ouvrière, Georges Kaldy
 

Haut de la page Sommaire