2009

Dossier LO, La crise de l’économie capitaliste 04.04.2009

 


La crise de l’économie capitaliste

La crise économique grave qui frappe actuellement le monde n’est pas un accident de parcours du système capitaliste. Elle fait partie du fonctionnement même de ce système économique dément, qui produit en fonction des seuls profits et non en fonction des besoins. C’est la raison pour laquelle des milliers d’entreprises ont aujourd’hui des stocks considérables de marchandises qu’elles n’arrivent plus à vendre, parce que les consommateurs n’ont plus les moyens de les acheter. La crise financière, en poussant les banques à refuser des crédits aussi bien aux entreprises qu’aux particuliers, n’a fait qu’aggraver la situation.

Nul ne sait – pas même les propres dirigeants de ce système – jusqu’où va aller cette crise. Tout juste les travailleurs peuvent-ils dès aujourd’hui en mesurer les premières conséquences – explosion du chômage, fermetures d’entreprise, commerces menacés, familles expulsées de leurs logements, fréquentation en hausse des soupes populaires. Aux États-Unis, les annonces dramatiques se succèdent : l’économie américaine détruit, depuis l’automne dernier, plus d’un demi million d’emplois chaque mois ! À ce rythme-là, aux USA comme en Europe, le nombre de chômeurs risque rapidement de grossir de plusieurs dizaines de millions, ce qui n’aura comme conséquence que d’aggraver encore un peu plus la crise, du fait de la baisse du pouvoir d’achat de ces nouveaux chômeurs.

Les dirigeants politiques n’ont aucun remède pour résorber la crise. Ils ont beau distribuer des centaines de milliards d’euros, de dollars ou de yen pour tenter de sauver la mise aux capitalistes – à l’heure où, paraît-il, il n’y aurait pas un centime dans les caisses des États pour les budgets sociaux – cela ne changera rien. Les capitalistes prennent l’argent, continuent de spéculer avec… et continuent de fermer les usines et réduire la production.

Quelles seront les conséquences sociales, économiques et politiques de cette crise – que tout le monde décrit, à juste titre, comme la plus grave depuis celle de 1929 – personne n’est en mesure de le dire. La question qui se pose dans l’immédiat, c’est de savoir comment les travailleurs peuvent se défendre face à l’offensive redoublée du patronat et du gouvernement, bien décidés à sauver, pour les premiers, leurs capitaux et leurs profits, et pour les seconds, leur position, au détriment de la classe ouvrière et plus généralement des classes populaires.

Ce combat, vital, reste encore à mener.

1973-2009 : une seule et même crise

Cela fait en réalité plus de 30 ans que le monde capitaliste est en crise. Annoncée par la crise financière de 1972, puis le choc pétrolier de 1973, la crise économique a fini par éclater en 1974-75. Depuis, le capitalisme ne continue de fonctionner que sous respirateur artificiel.

Ces trente années ont certes connu un certain nombre de brèves périodes de reprise économique. Mais elles ont surtout été marquées par une succession de phases de récession (notamment en 1980-1981 et 1993) et de crises financières plus ou moins générales (krach de 1987, crise asiatique de 1997, éclatement de la « bulle internet » en 2001). En 2007, c’est la crise dite des « subprimes » qui a révélé la profonde fragilité du système bancaire mondial, gangréné jusqu’à l’os par l’abus de spéculation. Cette crise a entraîné l’effondrement général du système auquel nous assistons en ce moment.

Les capitalistes de notre époque ne souhaitent plus investir massivement dans la production. Ils préfèrent les profits rapides et faramineux que permet, pour un temps du moins, la spéculation financière.

Pour réaliser ces taux de profits élevés sans investir dans la production, les capitalistes se sont lancés dans une véritable guerre contre le monde du travail, depuis le début des années 1980, avec les armes du chômage de masse permanent, du blocage des salaires, de la lente destruction des acquis sociaux, de l’explosion de la précarité et du recours à l’intérim. Ces mesures se sont très concrètement traduites par un appauvrissement de la classe ouvrière au profit direct des capitalistes : depuis 1980, la part des salaires dans le revenu national, en France, a baissé de près de 10% au profit du capital.

Pour tenir la tête hors de l’eau, les capitalistes ne cessent, là encore depuis trente ans, de tendre leur sébile pour demander la charité aux États. Charité que ceux-ci leur dispensent avec largesse ! Exonérations de cotisations, cadeaux fiscaux, subventions, commandes publiques, nationalisations des pertes et privatisations des profits… c’est en centaines, maintenant en milliers de milliards d’euros au niveau mondial que se chiffre l’argent public distribué à fonds perdus pour soutenir les entreprises. Cet argent ne vient pas de nulle part : pour pouvoir distribuer ces milliards aux capitalistes, les États n’ont cessé, depuis les années 1980, de laisser se dégrader, voire de supprimer des services publics, de tailler dans les effectifs des fonctionnaires, d’attaquer les systèmes de protection sociale et de retraite.

Enfin, pour masquer un peu les effets de cette crise permanente, et permettre aux salariés de pouvoir consommer un peu, le recours au crédit s’est intensifié comme jamais dans la même période. Aujourd’hui tout le monde, consommateurs, États et entreprises, vit à crédit. Il aura suffi que, suite au krach financier de septembre 2008, le marché du crédit s’effondre pour que survienne la catastrophe annoncée : un effondrement général du système économique mondial.


Pour pouvoir comprendre ce phénomène, il est utile de revenir en arrière et d’expliquer la crise depuis ses origines, c’est-à-dire depuis 1972-1973. C’est pourquoi nous publions ici un certain nombre d’articles rédigés à cette époque.

Vous trouverez dans ce dossier des articles récents de Lutte Ouvrière et Lutte de classe qui expliquent les mécanismes de la crise actuelle, ainsi que des extraits de la série de meetings tenus par Nathalie Arthaud et Arlette Laguiller en mars 2009. Ils montrent que cette crise n’a rien d’un coup de tonnerre qui aurait éclaté dans un ciel serein.

Ceux qui voudront aller plus loin trouveront donc également, en téléchargement, des articles de la revue Lutte de classe écrits entre 1972 et 1993, qui permettent de comprendre les origines de la crise actuelle. Nous présentons également un bref texte d’Engels, écrit en 1847 (à l’aube du développement capitaliste) qui montre que le système a commencé à générer des crises semblables à celle d’aujourd’hui dès sa naissance. Et un extrait du Programme de transition de Trotsky qui fixait, en 1938, des objectifs de lutte aux travailleurs en période de crise.


Textes sur les derniers développements de la crise

Pour aller plus loin : Aux origines de la crise


Haut de la page Sommaire