1939

Liu Shaoqi (1898-1969), nè á Ningxiang, dans la province de Hunan, a occupé les fonctions de vice-président du Comité central du Parti communiste chinois et de président de la République populaire de Chine. Quand la Révolution culturelle a commencé en 1966, il a été  accusé d'être un tenant de la voie capitaliste et un renégat. Persécuté physiquement, il est mort de maladie en 1969. En 1980, le Comité central a adopté une résolution décrétant sa réhabilitation.


Pour Être Un Bon Communiste

Liu Shaoqi


Camarades![1]

Je voudrais vous parler de l’education des membres du Parti communiste par leurs propres efforts. Il peut n’être pas sans utilité pour l’edification et la consolidation du Parti que nous traitons maintenant cette question.

I. POURQUOI IL EST NECESSAIRE QUE LES COMMUNISTES
ENTREPRENNENT LEUR EDUCATION

Pourquoi les communistes doivent-ils entreprendre leur éducation?

Pour vivre, l’homme doit lutter contre la nature et l’exploiter afin de produire des biens matériels. La production matérielle est toujours, et quelles que soient les conditions, une production sociale. Il s’ensuit qu’en s’engageant dans la production á un stade quelqconque du développement social, les hommes doivent entrer dans tels ou tels rapports mutuels de production. Dans leur lutte continuelle contre la nature, ils ne cessent de transformer et, en même temps, de se transformer eux-mêmes et de transformer les rapports qui existent entre eux. Les hommes eux-mêmes, leurs relations sociales, leurs formes d’organisation sociale et leur conscience se transforment et progressent sans cesse au cours de la longue lutte contre la nature qu’ils mènent en tant qu’êtres sociaux. Dans les temps anciens, le mode de vie des hommes, leurs formes d’orginisation sociale et leur conscience étaient differents de ce qu’ils sont aujourd’hui, et dans l’avenir, ils seront encore différents.

L’humanité, la société humaine suivent un processus de développment historique. Quand la société humaine eut atteint un stade historique détermine, apparurent les classe et la lutte des classes. Dans une société de classes, tout homme existe en tant que membre d’une classe donnée et vit dans des conditions données de la lutte de classes. L’existence sociale des hommes détermine leur conscience. Dans une société de classes, l’idéologie des membres des différentes classes reflète les positions et les intérêts de celles-ci. La lutte est continuelle entre ces classe aux positions différentes, aux intérêts différents et aux idéolgies différentes. Ainsi, ce n’est pas seulement dans la lutte contre la nature, c’est aussi dans la lutte entre classes sociales que les hommes transforment la nature, transforment la société et en même temps se transforment eux-mêmes.

Marx et Engels disaient:

Une transformation massive des hommes s’avère nécessaire pour la création en masse de cette conscience communiste, comme aussi pour mener à bien la chose elle-même; or, une telle transformation ne peut s’opérer que par un mouvement practique, par une revolution cette révolution n’est donc pas seulement rendue nécessaire parce qu’elle est le seul moyen de renverser la classe dominante, elle l’est également parce que seule une révolution permettera à la classe qui renverese l’autre de balayer toute la pourriture du vieux système qui colle après et de devenir apte à fonder la société sur des bases nouvelles(77).

Cela signigie que la prolétariat doit s’engager consciemment dans de longues luttes sociales révolutionnaires et, au cours de ces luttes, transformer lui-même.

Nous devrions donc considérer qu’il est nécessaire et possible de nous transformer. Nous ne devrions pas nous tenir pour immuables, parfaits et sacro-saints, ni penser que nous n’avons pas besoin et ne sommes pas capables de nous transformer. S’assigner la tâche de se transformer au cours de la lutte sociale n’a rien de dégradant; les lois objectives du développement social l’exigent. Si nous ne faisons pas. nous ne pourrons progresser, ni accomplir notre tâche de transformer la société.

Nous, les communistes, sommes les révolutionnaires les plus avancés de l’histoire moderne; c’est nous, aujourd’hui, qui assumons la tâche de transformer la société et le monde et qui sommes la force motrice de cette transformation. En combattant sans relâche les contre-révolutionnaires(78), les communistrs transforment la société et le monde, et en même temps se transforment eux-mêmes.

Quand nous disons que les communistes doivent se transformer eux-mêmes en combattant les contre-révolutionnaires(79) dans tous les domaines, nous entendons par là que c’est au cours de combat qu’ils doivent réaliser des progrès personnels et élever leurs qualités et capacités de révolutionnaires. Un révolutionnaire inexpérimenté doit passer par un long processus pour sa formation et son éducation révolutionnaires, une longue processus de transformation, avant de devenir un révolutionnaire mûr et accompli, capable de saisir et d’appliquer avec maîtrise les lois de la révolution. Car premièrment, un révolutionnaire relativement inexpérimenté, qui est né et a grandi dans l’ancienne société, a tout naturellement conseervé de celle-ci des vestiges d’idéologies diverses (préjugés, habitudes et traditions), et, deuxièmement, il n’a pas passé par une longue période de pratique révolutionnaire; il ne lui est donc possible d’avoir déjà une connaissance vraiment profonde de l’ennimi, de nous-mêmes ou des lois qui régissent le développment social et la lutte révolutionnaire. Pour mettre fin à cette situation, il devra, tout en étudiant l’expérience révolutionnaire du passé ( la practique de nos prédécesseurs), participer lui-même à la pratique révolutionnaire de son temps, et dans cette pratique révolutionnaire, dans la lutte contre les différents éléments contre-révolutionnaires(80), il faudra qu’il développe son activité consciente et redouble d’efforts dans l’étude et dans l’éducation de soi. C’est seulement ainsi qu’il pourra acqérir guraduellement une compréhension et une connaissance plus approfondies des lois du développent social et des lois de la lutte révolutionnaire, conna”tre vraiment à fond l’ennimi et nous-mêmes, découvrit et corriger ses idées erronées, ses mauvaises habitudes et ses préjugés, et par là élever le niveau de sa conscience politique, cultiver ses qualités révolutionnaires et améliorer ses méthodes révolutionnaires.

Donc, pour se transformer lui-même et pour élever son niveau, un révolutionnaire doit participer à la pratique révolutionnaire et ne jamais s’en écarter; il faut de plus que, dans la pratique, il fasse des efforts personnels, entreprenne l’education de soi et s’instruise. Sinon, il lui sera également impossible de faire des progrès.

Un example. Plusieurs membres du Parti prennent part à une lutte révolutionnaire de masse et se trouvent engagés dans la pratique revolutionnaire dans des circonstances et des conditions à peu près identiques; cette lutte peut exercer sur eux une influence entièrement différente; les luns feront des progrès très rapides, et certains, qui étaient à la traine, parviendront même à prendre la tête; d’autres avancerons très lentement; il y en aura même qui commenceront à fléchir dans la lutte, et aau lieu d’être pousées en avant par la pratique révolutionnaire, resteront en arrière. Pourquoi cela?

Autre example. Beaucoup de membres de notre Parti ont fait la Longue Marche; ce fut une rapide épruve, au cours de laquelle l’immense majorité d’entre eux a réalisé de remarquables progrès. Cependant, la Longue Marche a eu sur certains membres du Parti un effet tout différent; ils ont pris peur devant la lutte aussi âpre, quelques-uns ont même cherché à s’y dérober ou à la fuir, et plus tard, succombanat aux tentations de l’extérieur, ils ont effectivement déserté les rangs de la révolution. Beaucoup de membres du Parti ont pris part à la Longue Marche, et pour tant, quelles différences pour eux dans l’effet et les conséquences! Encore une fois, pourquoi cela?

Au fond, ces phémomènes reflètent dans les rangs de la révolution les luttes de classes de la société. Les différences dans l’origine sociale des membres de notre Pati, la diversité des influences qu’ils ont subies dans la société font qu’ils n’ont pas tous les mêmes qualités. Ils diffèrent d’attitude, de position et de compréhension par rapport à la pratique révolutionnaire, aussi leur développement au cours de celle-ci prend-il des directions différentes. Cela se voit clairement dans votre Institut même. Vous recevez tous ici le même enseignement et la même formation; cependant, comme vous différez les uns des autres par vos qualités et votre expérience, par i’intensité de vos efforts personnels et votre volonté de vous éduquer, vous pouvez obtenir des résultats différents, voire opposés. Donc, pour qu’un révolutionnaire se transforme lui-même et élève son propre niveau, il est essentiel, il est absolument indispensable qu’il fournisse un effort personnel, qu’il s’eduque aucours de la lutte révolutionnaire.

Pour devenir un bon révolutionnaire, politiquement mûr, tout communiste, qu’il participe à la révolution depuis peu ou s’y consacre depuis des années déjà, doit passer par l’épruve d’une longue période de lutte révolutionnaire; il doit s’aguerrir dans la lutte révolutionnaire des masses et au milieu de toutes sortes de difficultés et de privations, faire le bilan des expériences acquises dans la pratique, redoubler d’efforts dans son éducation de soi, élever son niveau idéologique et acquérir une plus grande compétence, et il ne doit pas laisser s’emousser son sens du nouveau. C’est seulement ainsi qu’il deviendra un révolutionnaire politiquement inébranable, aux qualités morales élevées.

Confucius disait:

A quinze ans, je m’appliquais à l’étude. A trente, je prenais de l’assurance. A quarante, j’avais vaincu le doute. A cinquante, je reconnaissais la volonté du Ciel. A soixante, rein de ce que j’entendais ne pouvait me troubler. A soixante-dix ans, je pouvais me confirmer au désir de mon cœur sans transgresser ce qui est juste(81).

Ce penseur de l’époque féodale rapporte ici le processus de son éducation de soi, il ne se considérait pas comme “sage” de naissance.

Une autre penseur de l’époque féodale, Mencius, disait que personne n’avait jamais accompli une “grande mission” et joué un rôle dans l’histoire sans passer d’abord par une période de dures épreuves. Passer par une telle période, c’est “éprouver son âme par la souffrance, rompre ses muscles et ses os à la fatigue, torturer son corps par la faim, être réduit à la misère, voirr ses entreprises boulversées, et par là son esprit aiguillonné, son caaractère trempé et ses capacités accrues”(82). Comme les communistes ont à assumer la “grande mission” de transformeer le monde, mission sans pareille dans l’histoire, il faut qu’ils soient d’autant plus attentifs à se former et à s’éduquer eux-mêmes au cours de la lutte révolutionnaire.

Faire leur propre éducation communiste est indispensable aux révolutionnaires prolétariens. Cette éducation ne doit jamais être séparée de la pratique révolutionnaire ou de mouvement révolutionnaire effectif des larges masses laborieuses, en particulier des masses prolétariennes.

Le camarade Mao Zedong a dit:

Par la pratique découvrir les vérités, et encore par la pratique confirmer les vérités et les développer. Partir de la conaissance sensible pour s’élever activement à la conaissance rationnelle, puis partir de la connaissance rationnelle pour diriger activement la practique révolutionnaire afin de transformer le monde subjectif et objectif. La pratique, la connaissance, puis de nouveau la pratique et la connaissance. Cette forme cyclique n’a pas de fin, et de plus, à chaque cycle, le contenu de la pratique et de la connaissance s’élève à un niveau supérieur. Telle est dans son ensemble la théorie matérialiste-dialectique de la connaissance, telle est la conception que se fait la matérialisme dialectique de l’unité du savoir et de l’action(83).

Les membres de notre Parti doivent s’aguerrir er renforcer leur propre éducation dans la pratique révolutionnaire non seulement quand celle-ci est ardue, difficile, et même sans succès, mais encore quand elle est aisée, couronnée de succès , victorieuse. Certains membres du Parti se laissent griser par les succès et les victoires, la tête leur tourne, ils deviennent insolents, arrogants, bureaucratiques, et même ils chancellent, se laissent corrompre et dégénèrent, ayant complètement perdu leur esprit révolutionnaire. Des cas individuels de ce genre ne sont pas rares parmi les membres de notre Parti. Un tel phénomène au sein du Parti doit être pour nos membres un sérieux sujet de préoccupation.

Autrefois, avant l’entrée en scène des révolutionnaires prolétariens, presque tous les révolutionnaires se laissent corrompre et dégénéraient dès qu’ils avaient obtenu la victoire et vu réussir leur entreprise. Ils perdaient l’esprit révolutionnaire qui les animait et devenaient des obstacles au développment ultérieur de la révolution. Nous savons qu’en Chine, au cours des cent dernièrs années, ou, pour prendre une époque plus récente, au cours des cinquante dernières années, beaucoup de révolutionnaires bourgeois et petits-bourgeois se sont laissé corrompre et ont dégénéré dès qu’ils avaient obtenu quelque succès et accédé au pouvoir. Cela était déterminé par la base de classe de ces révolutionnaires et par la nature des révolutions déjà-dis. Avant la Grande Révolution socialiste d’Octobre en Russie, toutes les révolutions dans le monde aboutissaient invariablement au remplacement de la domination d’une classe exploiteuse par celle d’une autre. Ainsi, les révolutionnaires d’autrefois, sitôt devenus la classe dominante, perdaient leur esprit révolutionnaire et se retournaient contre les masses exploitées pour les opprimer; c’était une loi inexorable.

Mais tel ne peut jamais être le cas pour la révolution prolétarienne, pour le Parti communiste. La révolution prolétarienne vise à abolir toute exploitiation, toute oppression et toutes les classes. Le prolétariat que représente le Parti communiste est exploité mais n’exploite personne, il est donc en mesure de mener la révolution jusqu’au bout, de supprimer définitivement toute exploitation dans la société humaine et d’en bannir tout ce qui est corruption rt dégénérescence. Il est capable de fonder un parti porvu d’une organisation et d’une discipline rigoureuses, d’instaurer un appareil d’Etat à la foi centralisé et démocatique; par intermédiaire de ce parti et de cet appareil d’Etat, il est capable, à la tête des larges masses populaires, de mener une lutte intransigeante contre toute forme de corruption et de dégénérescence, de débrasser sans cesse le Parti et l’appareil d’Etat de tous les éléments qui seraient corrompus et auraient dégénéré (quelque élevé que soit le poste qu’ils occupent) afin de préserver leur intégrité. Ce trait caractéristique de la révolution prolétarienne et du parti révolutionnaire prolétarien n’existait et ne pouvait exister dans aucune révolution et aucun parti révolutionnaire du passé. Les membres de notre Parti doivent comprendre clairement ce trait, et c’est en particulier quand la révolution réussit et triomphe et qu’ils jouissent de la confiance et du soutien grandissants des masses qu’ils doivent aiguiser leur vigilance, intensifier leur éducation idéologique prolétarienne et garder toujours intactes en eux les qualités révolutionnaires du prolétariat, sans tomber dans l’ornière des révolutionnaires du passé, qui dégénéraient à l’heure du succès.

La formation et l’éducation de soi au moyen de la pratique révolutionnaire et de l’idéologie prolétarienne sont importantes pour chaque communiste, surtout après la prise du pouvoir. Notre Parti n’est pas tombé du ciel, il est né de la société chinoise. Chaque membre du Parti det venu de cette société, y vit encore, demeure en contact permanent avec tout ce qu’il y a en elle sordide. Il n’est donc pas étonnant que les communistes, qu’ils soient d’origine prolétarienne ou non prolétarienne, vétérans ou nouveaux, aient conservé plus ou moins en eux les idées et les habitudes de l’ancienne société. Pour guarder intactes nos vertus de combattants d’avant-garde du prolétariat, comme pour élever nos qualités révolutionnaires et notre capacité de travail, il est nécessaire que chaque membre du Parti redouble d’efforts pour se former et s’éduquer sous tous les rapports.

Telles sont les raisons pour lesquelles les communistes doivent entreprendre leur éducation. Je vais maintenant parler des critères qui régissent celle-ci.


Notes

1. Conférences faites á l’Institut Marx-Lénine á Yan’an. Incorporés en 1943 dans les Documents du Mouvement de Rectification publiés par les Editions de la Libération, ces textes ont été remaniés par l’auteur en 1962 et réédités par les soins des Editions du Peuple.


Archives Liu
Sommaire Début de page
Archive K. Marx