1908

Résumé paru dans Le Socialisme, 15 septembre 1908.

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Le vote du budget capitaliste en Allemagne

Karl Kautsky


Notre ami Kautsky a fait l'analyse la plus remarquable et la plus objective du problème du vote des budgets dans la Neue Zeit. Nous regrettons de n'en pouvoir donner qu'un résumé très incomplet.

Les camarades du Sud invoquent leur situation politique particulière, une liberté plus grande, les « bons côtés » sont intimement liés aux mauvais. Le régime tout entier est à combattre. Les landtags font voter les budgets de l'Eglise, de la police, des prisons, etc. Les Etats particuliers tirent de grands profits des travailleurs.

Il est vrai que les Etats du Sud sont un peu plus libres. Mais s'il faut voter le budget pour quelques bribes de libertés, il faudra le voter partout et toujours. Car on peut toujours découvrir un Etat qui est encore moins libres que celui dont on votera le budget. Il faut comparer l'Etat présent avec les exigences du prolétariat et non avec des régimes inférieurs.

Kautsky cite l'exemple du Parti Unifié de la France interdisant d'une façon formelle le vote du Budget. « Il n'y a - dit-il - que des renégats et déserteurs élus comme députés socialistes pour y voter le Budget ».

Il ne faut pas croire que la démocratie se développe d'une façon régulière dans les Etats capitalistes avancés. Au fur et à mesure des progrès socialistes, le capitalisme tend à restreindre la liberté. Il tend è retomber dans le despotisme si le prolétariat ne s'y oppose pas avec la vigueur nécessaire.

Au point de vue économique, le Sud est moins avancés que le Nord. Les paysans et les petits bourgeois y prédominent. Les ouvriers eux-mêmes sont imbus d'esprit petit bourgeois. De là cette tendance aux compromissions.

Les gouvernements du Sud qui avaient, jadis, livré leur pays à Bonaparte ont été amenés à faire de la démagogie, faisant semblant de s'appuyer sur le peuple. Il ne faut pas en être dupe. Ils restent les meilleurs suppôts de la réaction prussienne avec laquelle ils s'accordent comme des larrons en foire.

Les partisans du vote du Budget capitaliste invoquent également la nécessité d'obtenir des « résultats positifs ». Il n'y a pas de classe dominante qui ne soit amenée, dans son propre intérêt, à faire des concessions pour se rallier les masses. Il serait insensé de les refuser, mais il serait aussi contraire aux intérêts du prolétariat d'en savoir gré à ses adversaires. Il faut dénoncer les motifs de ces concessions en transformant les réformes d'instrument de duperie en instrument de propagande et de lutte. Dans le cas contraire, les réformes deviendront autant de chaînes qui riveront le prolétariat à ses maîtres.

C'est le centre catholique qui domine la Bavière. Kautsky démontre le jeu démagogique de ce puissant parti qui emploie une politique de corruption. « La social-démocratie ne cherche pas à enrichir de quelques pfennigs quelques catégories d'ouvriers. Elle veut émanciper le prolétariat entier de toute sorte d'oppression aussi bien économique qu'intellectuelle. Et il faut résister à ceux qui veulent payer une élévation du salaire par l'abêtissement des masses ».

Parler contre et voter pour le Budget, c'est la tactique de l'opposition pour rire de la fronde bourgeoise qui l'a complètement discréditée. Le vote du Budget des camarades du Sud est une démonstration contre la tactique du Parti.

Même si l'on rejette la politique des principes pour celle de « résultats », la tactique des camarades votant le Budget est mauvaise : on favorise ainsi le concurrent politique. Cela n'est pas pratique en politique aussi bien qu'en affaires.

Le vote du Budget ne saurait se justifier que par des considérations électorales et locales qui n'ont rien de socialiste. C'est l'esprit du petit bourgeois qui rampe devant un ministre pour posséder une garnison dans sa ville, tout en se déclarant antimilitariste.

« Notre force et notre succès electoral - conclut Kautsky - ne réside pas dans la petite bourgeoisie, ni dans le prolétariat qui nourrit des sentiments petits bourgeois, mais dans le prolétariat conscient, dans sa combativité, dans son enthousiasme et son dévouement à la cause. Or, la conscience de classe aussi bien que son enthousiasme sont entravés par une politique reconnaissante envers nos adversaires de leur bienveillance pour les ouvriers, reconnaissance qui exprime par le vote du Budget ».


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