1910

Suite à la révolution de 1905, en plein reflux, la social-démocratie russe se réunifie pour un temps. Mais Lénine comprend vite qu'il a hérité "d'un bébé couvert d'abcès" et mène l'offensive...
Un extrait du "Parti Bolchévique" de P. Broué, afin de permettre d'apprhénder les contexte historique et politique dans lesquelles Lénine écrit ses Notes d'un publiciste.


Le Parti Bolchévique

Pierre Broué

(extraits)


La révolution de 1905 et la réunification.

La révolution éclate effectivement en 1905, précipitant dans l'action politique au grand jour des centaines de milliers d'ouvriers. La manifestation pacifique des ouvriers de Saint-Pétersbourg, le 5 janvier, avec icônes et banderoles, est accueillie à coups de fusil : il y a des centaines de morts et des milliers de blessés. Mais ce « dimanche rouge » reste une date : le prolétariat apparaît désormais à tous compris à ses propres yeux, comme une force avec laquelle il faut compter. Dans les mois suivants, l'agitation économique puis politique, va entraîner dans des grèves de tout type des centaines de milliers d'ouvriers jusque-là résignés ou simplement passifs. Après les mutineries dans l'armée et la flotte - la célèbre odyssée du Potemkine -, elle culmine dans une grève générale au mois d'octobre. Face au danger, le tsar s'efforce de briser le front uni des forces sociales qui l'affrontent : son Manifeste satisfait les revendications politiques essentielles de la bourgeoisie, qui se rallie aussitôt et abandonne ses inquiétants alliés de la veille. Les ouvriers de Moscou se battront seuls du 7 au 17 décembre, mais ils sont impuissants face à une armée bien reprise en mains; le pavsan sous l'uniforme accomplit sans faiblir la tâche répressive que lui assigne l'autocratie. Le mouvement révolutionnaire sera liquidé en quelques mois, secteur après secteur, et les organisations ouvrières durement frappées. La défaite est pourtant riche d'enseignements, car le déroulement des événements a posé tous les problèmes que les socialistes doivent résoudre, en premier lieu celui du parti.

En fait, les bolcheviks ne se sont que lentement adaptés aux conditions révolutionnaires nouvelles : les conspira­teurs  ne savent pas, du jour au lendemain, se faire orateurs et rassembleurs de foules. Ils sont notamment surpris par l'apparition des premiers conseils ouvriers, les soviets, élus dans les usines, puis les quartiers, qui s'étendent au cours de l'été à toutes les grandes villes et y dirigeront le mouve­ment révolutionnaire. Ils ne comprennent que tardivement le rôle qu'ils peuvent y jouer, l'intérêt qu'ils présentent pour y accroître leur influence et y lutter pour la direction des masses. Les mencheviks, au contraire, se laissent plus facilement emporter par un courant dans lequel ils se fondent. Le seul social-démocrate de premier plan qui jouera un rôle dans cette première révolution soviétique est  le jeune Bronstein, dit Trotsky, coopté autrefois, sur insistance de Lénine, au comité de rédaction de l'Iskra, mais qui, au II° Congrès, s'est rangé au côté des mencheviks et a vivement critiqué les conceptions « jacobines » à propos de ce qu'il appelle « la dictature sur le prolétariat [1] » En désaccord avec les mencheviks de l'émigration, il devient, grâce à son influence sur le groupe menchevique de Pétersbourg et ses immenses qualités per­sonnelles, vice-président, puis président du soviet de la capitale sous le nom de lanovski : son action pendant la révolution et son attitude devant les juges qui le condamnent valent un prestige immense. Les bolcheviks de Pétersbourg, que dirige Krassine, font pâle figure à ses côtés.

L'organisation bolchévique se transforme rapidement pendant cette période : l'appareil clandestin demeure, certes, mais la propagande se développe et les adhésions se multiplient. La structure se modifie : les élections de responsables apparaissent. Les nouveaux, d'ailleurs, comprennent mal l'importance des désaccords passés. De nombreux comités bolchéviques et mencheviques fusionnent, sans attendre une décision centrale, que chacun réclame. Fin décembre 1905, une conférence bolchévique se tient à Tammerfors, en Finlande. Les délégués - au nombre desquels figure, sous le nom d'Ivanovitch, le futur Staline - décident, contre Lénine, de boycotter les élections promises par le gouvernement tsariste. Grèves et insurrection sont à l'ordre du jour, et c'est dans le même esprit qu'ils adoptent le principe de la réunification dont, quelques jours plus tard, Lénine et Martov jettent les bases. Martov accepte d'inclure dans les statuts la formule rédigée au II° Congrès par Lénine et qui fut à l'origine de la scission. Les organisations locales des deux fractions élisent des délégués au congrès d'unification sur la base de deux plates-formes, avec représentation proportionnelle au nombre des voix obtenues par chacune.

La fraction bolchévique dans le parti unifié.

Au moment où le congrès d'unification se réunit à Stockholm, en avril 1906, le reflux a partout commencé en Russie. Les dirigeants du soviet de Saint-Pétesbourg sont en prison, l'insurrection des ouvriers de Moscou vient d'être réprimée. De nouvelles divergences apparaissent sur l'analyse du passé comme sur les tâches présentes. Les bolcheviks veulent boycotter les élections à la Ill° douma. Nombre de mencheviks pensent, avec Plékhanov, qu'« il ne fallait pas prendre les armes » et veulent orienter le parti vers l'action parlementaire. Ni les uns ni les autres ne pensent pourtant à revenir en arrière et à perpétuer la scission. Lénine, selon le témoignage de Kroupskaïa, pense que les mencheviks vont, très vite, admettre leurs erreurs : il escomptait, selon elle, qu'« un nouvel essor de la révolution les entraînerait et les réconcilierait avec la politique bolchévique ». Aussi est-ce bien la réunification qui est décidée : 62 délégués mencheviques, représentant 34 000 militants, 46 bolchéviques, en représentant 14 000, décident la reconstitution du parti, dans lequel ils admettent le Bund et les partis social-démocrates letton et polonais. Le comité central élu comprend deux Polonais, un Letton, sept mencheviks et trois bolcheviks, Krassine, Rykov et Desnitski. Vingt-six « délégués de l'ancienne fraction bolchévique », dont Lénine, déclarent que, malgré leurs divergences avec la majorité du congrès, ils sont hostiles à toute scission et continueront à défendre leurs positions afin de les faire triompher dans le parti. La fraction bolchévique sera bientôt dirigée par un « centre », clandestin par rapport au parti. Elle aura une tribune avec Proletari (Le Prolétaire), l'organe du comité de Saint-Pétersbourg, que dirige un militant de vingt-cinq ans, Radomylski, dit Zinoviev.

Dans les mois qui suivent, ses progrès sont rapides à l'intérieur du parti. Le désaveu par certains mencheviks de l'action insurrectionnelle de 1905, le déclin des soviets, qui laisse de nombreux cadres ouvriers libres de se consacrer à un travail de parti, l'acharnement enfin des bolcheviks et la cohésion de leur organisation de fraction, parviennent à renverser le rapport de forces. Le congrès de Londres, réuni en mai 1907, est élu par 77 000 militants du parti russe; il comprend, outre 44 délégués du Bund, 26 Lettons, 45 Polonais, 175 délégués russes divisés en 90 bolcheviks et 85 mencheviks. Avec l'appui des social-démocrates lettons et polonais, les bolcheviks s'assurent la majorité contre la coalition des mencheviks et des bundistes. Parmi les bolcheviks élus au comité central figurent Lénine, Noguine, Krassine, Bogdanov, Rykov et Zinoviev. Le congrès introduit dans ses statuts le principe du « centralisme démocratique » : les décisions prises après une large discussion sont applicables strictement, et la minorité doit toujours se soumettre aux décisions de la majorité. Comme garantie de la liberté des décisions et du contrôle démocratique du centre, on décide la tenue d'un congrès annuel et de conférences trimestrielles rassemblant chaque fois des délégués élus pour la circonstance. Malgré sa victoire, Lénine, qui prévoit des « temps difficiles », où il faudra « la force de la volonté, l'endurance et la fermeté d'un parti révolutionnaire trempé pour savoir résister au doute, la faiblesse, à l'indifférence, au désir d'abandonner la « lutte [2] », maintient et renforce la fraction : après le congrès, les délégués bolchéviques élisent un centre de 15 membres; celui-ci est destiné à diriger la fraction, qui n'est d'ailleurs pas, pour Lénine, l'embryon d'un parti nouveau, mais « un bloc pour faire appliquer, dans le parti ouvrier, une tactique déterminée [3] ».

La réaction.

Les événements vont bientôt donner raison au pessimisme de Lénine. Le mouvement ouvrier s'affaisse; 1905 avait vu 2 750 000 grévistes, et 1906, 1 750 000; 1907 n'en verra plus que 750 000; 1908, 174 000; 1909, 64 000; et 1910, 50 000. Au milieu de 1907, le gouvernement Stolypine décide d'abattre le mouvement socialiste. La conjoncture est favorable : les répercussions en Russie de la crise mon­diale, le chômage et la misère permettent au tsarisme d'uti­liser le reflux pour essayer de liquider les éléments d'orga­nisation. La répression se déchaîne, les comités sont déman­telés par les arrestations. Le moral des ouvriers s'effondre, beaucoup de militants abandonnent leur activité. De plusieurs milliers à Moscou en 1907, ils ne sont plus que 500 à la fin de 1908, 150 à la fin de 1909 : il n'y a plus d'organisation en 1910. Pour l'ensemble du pays, les effectifs passent de presque 100 000 à moins de 10 000. Dans ce qui reste du parti, d'ailleurs, les désaccords s'accentuent entre les fractions qui s'émiettent. Seule l'extrême décomposition générale empêche d'autres scissions formelles : le désir de conciliation à tout prix naît de l'impuissance et semble prévaloir dans la décrépitude de toutes les fractions.­

Chez les mencheviks se développe le courant que Lénine appellera « liquidateur » : l'action clandestine paraît sans perspectives, il faut la limiter, sinon l'abandonner, recher­cher avant tout l'alliance de la bourgeoisie libérale, gagner avec elle des positions parlementaires, limiter les dégâts. L'action révolutionnaire de 1905, aux yeux des liquidateurs, n'a pas été réaliste. Axelrod écrit : « L'élan de l'his­toire pousse ouvriers et révolutionnaires même avec beau­coup plus de force vers le révolutionnarisme bourgeois ». Martynov dit que le parti « doit pousser en avant la démocratie bourgeoise ». Potressov affirme qu'il n'y a pas de parti et que tout est à faire. Martov dénonce comme une « utopie réactionnaire » l'idée d'un « parti-secte ». En fait, les mencheviks, dans cette situation nouvelle, en sont à reconsidérer l'objet même de leur action, parti ouvrier ou non, action clandestine ou non.

Les bolcheviks, malgré la désillusion de beaucoup et de nombreuses défections, reprennent la tâche entreprise clandestinement avant 1905. Pourtant, ils ne sont pas non plus à l'abri des divergences internes. La majorité d'entre eux voudraient encore boycotter les élections, cette fois parce que la loi électorale de Stolypine annule en fait toute représentation ouvrière équitable. Lénine juge qu'un tel mot d'ordre, dans une période d'apathie et d'indifférence ouvrière, risque d'isoler les révolutionnaires, qui doivent au contraire saisir toutes les occasions de développer publiquement leur programme. Les élections et la III° douma elle-même doivent servir de tribune aux socialistes, qui ne se font aucune illusion sur leur caractère, mais ne doivent pas négliger cette forme de publicité. Isolé dans sa fraction, il n'hésite pas, à la conférence de Kotka, en juillet 1907, à voter, seul avec les mencheviks, contre le boycott des élections. Mais les partisans du boycott reprennent l'offensive après les élections, demandant la démission des élus socialistes. Ces partisans du « rappel », surnommés les « otzovistes », animés par Krassine et Bogdanov, sont bientôt renforcés par le groupe des « ultimatistes » du comité de Saint-Pétersbourg, qui se prononcent contre toute participation à des activités légales, y compris celle des syndicats, étroitement tenus par la police. Lénine rallie finalement la majorité des bolcheviks, mais ne peut empêcher le départ des opposants qui se constituent à leur tour en fraction et publient leur propre organe, Vpériod, deuxième du nom.

En fait, le parti tout entier semble se décomposer en violents soubresauts. La polémique fait rage autour de l'activité des boïéviki, ces groupes armés qui se livrent au terrorisme, attaquent banques et caisses publiques pour financer le parti par ces « expropriations ». Bolcheviks et mencheviks se disputent âprement l'argent des commanditaires sympathisants, se battent autour d'un héritage, réclament d'une même voix l'arbitrage des dirigeants allemands. A la fin de 1908, Plékhanov condamne les liquidateurs, rompt avec le gros des mencheviks et fonde sa propre fraction dite des « mencheviks du parti », en front unique avec les bolcheviks. Le désir d'unité à tout prix est renforcé par ces scissions successives. Les mencheviks proposent la tenue d'une conférence groupant des délégués de toutes les organisations légales et illégales, de toutes les fractions, qui reconstruirait l'unité brisée. Lénine y voit une opération inspirée par les liquidateurs, mais d'autres bolcheviks, qu'on appellera « conciliateurs », Doubrovinski, Rykov, Sokolnikov Noguine, se rallient à cette politique unitaire. Trotsky, condamné et déporté, s'est évadé. A partir de 1908, il publie à Vienne la Pravda (Vérité), dont il organise la diffusion en Russie et dont il veut faire une nouvelle lskra. Sa position est qu'il faut construire un parti ouvert à tous les socialistes, des liquidateurs aux bolcheviks. Il se proclame étranger à toutes les fractions, et, en fait, se trouve bientôt allié aux conciliateurs qui, sous le nom de « bolcheviks du parti », sont maintenant majoritaires chez les bolcheviks.

En janvier 1910, une séance plénière du comité central, qui s'étale sur trois semaines, semble consacrer le succès de la réunification réclamée par Trotsky et ses alliés. L'alliance de tous les « conciliateurs » l'impose aux récalcitrants de toutes les fractions : les journaux bolchévique et menchevique, Prolétaire et la Voix social-démocrate, vont disparaître pour laisser la place au Social-démocrate, que dirigeront Lénine et Zinoviev avec Dan et Martov. Le bolchevik Kamenev est coopté au comité de la Pravda de Trotsky. Lénine a accepté toutes ces décisions. Il écrit à Gorki que de puissants facteurs l'y ont poussé, notamment « la situation difficile du parti », et « la maturation d'un nouveau type d'ouvriers social-démocrates dans le domaine pratique ». Il s'inquiète pourtant : au comité central se sont manifestées des tendances dangereuses, « un état d'esprit de conciliation en général, sans idée claire, sans savoir avec qui, pourquoi, comment », et, outre la « haine contre le centre bolchévique pour son implacable guerre d'idées », le « désir des mencheviks de faire du scandale [4] ».

L'accord sera de courte durée. Dès le 11 avril, Lénine écrit à Gorki : « Nous avons un bébé couvert d'abcès. [ ... ] Ou bien nous les ferons crever, nous guérirons l'enfant et nous l'élèverons [ ... ], ou, si cela tourne mal, l'enfant mourra ». Il ajoute, constant dans son objectif : « Dans ce cas, nous vivrons quelque temps sans enfant (c'est-à-dire : nous reconstituerons la fraction), et ensuite nous enfanterons un bébé plus sain [5] ». En août, la conférence social-démocrate de Copenhague voit se préciser un nouvel alignement des forces : bolcheviks et « mencheviks du parti » viennent de décider la publication en commun de deux journaux en Russie, la Rabotchaïa Gazeta (Gazette ouvrière), illégale, et la Zvezda (l'Étoile), légale, dont le premier numéro paraît le 16 décembre 1910 : la caution de Plékhanov est précieuse pour Lénine, qui combat les liquidateurs allié à celui qui est encore, aux yeux de beaucoup, le père de la social-démocratie russe.

La nouvelle scission : 1912.

A partir de 1910, les signes d'un réveil du mouvement ouvrier se multiplient en Russie. Les étudiants, les premiers, ont repris les manifestations. Les ouvriers, dont les conditions de vie sont devenues plus supportables avec la fin de la crise et la résorption du chomâge, reprennent courage et goût à la lutte. Il y aura 100 000 grévistes en 1911, dans des grèves partielles, et 400 000 le 1° mai. La fusillade de la Léna, en avril 1912 - 150 morts, 250 blessés -, marque le nouveau départ de la lutte ouvrière.

Lénine a jusque-là accepté, parfois à contrecoeur, unité et conciliation. Mais la remontée ouvrière impose à ses yeux un tournant radical. En fait, tout le monde dans le parti viole les décisions du comité central de 1910 : le comité ne s'est plus jamais réuni, la Pravda, le Vpériod, la Voix social-démocrate paraissent toujours, tandis que, grâce au soutien du Polonais Tychko, Lénine et Zinoviev ont fait du Social-démocrate un organe bolchévique. Lénine pense que des événements révolutionnaires se préparent et qu'il faudra y faire face avec un parti solidement structuré. Sous la direction de Zinoviev, les bolcheviks organisent à Longjumeau une école de cadres : les militants ainsi formés pénètrent illégalement cri Russie pour y resserrer les contacts et préparer une conférence nationale. Mais la police veille : successivement Rykov, puis Noguine sont arrêtés; c'est finalement « Sergo », le Géorgien Ordjonikidzé, qui parvient à mettre sur pied en Russie un comité d'organisation, avec l'aide du clandestin Sérébriakov. Dan et Martov protestent contre ces préparatifs et quittent le comité de rédaction du Social-démocrate.

Le 18 janvier 1912, la conférence projetée se réunit à Prague. De l'émigration, seuls les bolcheviks et quelques mencheviks du parti y participent; par contre, il y a plus de vingt représentants d'organisations clandestines de Russie. La conférence de Prague déclare agir au nom du parti tout entier; elle exclut les liquidateurs et se prononce pour la création de « noyaux social-démocrates illégaux entourés d'un réseau aussi étendu que possible de sociétés ouvrières légales ». Elle élit un comité central où figurent notamment Lénine, Zinoviev, Ordjonikidzé, Sverdlov et l'ouvrier métallurgiste Malinovski. L'accord avec la Pravda de Trotsky est annulé. Rabotchaïa Gazeta devient l'organe du comité central. C'est aussitôt après que sera coopté à la direction le militant géorgien Joseph Djougachvili, qui est « Koba » après avoir été « Ivanovitch. » et avant de devenir « Staline ». Les militants de Russie, appliquant la décision de la conférence, se tournent vers les activités légales. Le parti se rallie à la proposition de Voronski d'un journal légal quotidien.

Après plusieurs mois de campagne et une souscription dans les principales usines des grandes villes, paraît, le 22 avril-5 mai 1912, le premier numéro de la Pravda : organe bolchévique en fait, elle comptera, pendant plus d'une année encore, Georges Plékhanov parmi ses collaborateurs. Interdite au bout de quarante jours, elle reparaît sous le titre de Rabotchaïa Pravda pour 17 numéros; à nouveau interdite, elle sera successivement la Severnaïa Pravda pour 31 numéros, la Pravda Trouda pour 20, Za Pravkou pour 51, Proletarskaïa Pravda pour 16 numéros, Pout Pravdy pour 91 : à cette date elle se transformera en revue, Rabotchii, puis Troudovskaïa Pravda, et sera supprimée définitivement le 8 juillet 1914.

Quoique les appréciations, dans ces circonstances, soient extrêmement difficiles à porter, il semble bien que les bolcheviks, qui ont conservé l'étiquette du parti, aient été les grands bénéficiaires de la scission en Russie. C'est du moins l'opinion du chef de la police tsariste, qui déclare en 1913 : « Il y a maintenant des cercles, des cellules et organisations bolchéviques dans toutes les villes. Une correspondance et des contacts permanents ont été établis avec presque tous les centres industriels. [ ... ] Il n'est rien d'étonnant à ce que, actuellement, le rassemblement de tout le parti clandestin se fasse autour des organisations bolchéviques, et que ces dernières représentent en fait le parti ouvrier social-démocrate russe [6] ».


Notes

[1] L. Trotsky : Nos tâches politiques (1905)

[2] Cité par Trotsky : Staline.

[3] Lénine : Lettres à Gorky; 25 février 1908.

[4] Lénine : Lettres à Gorky; 25 février 1908.

[5] Lénine : Lettres à Gorky; 25 février 1908.

[6] Cité par Trotsky : Staline.


Archives Lenine Archives Internet des marxistes
Haut de la page Sommaire