1917

«Pravda » (édition du soir) du 19 (6) novembre 1917

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Œuvres t. 26, pp. 310-312, Paris-Moscou,


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Lénine

Appel à la population


 

Aux camarades ouvriers, soldats, paysans, à tous les travailleurs !

La révolution ouvrière et paysanne a définitivement triomphé à Pétrograd, après avoir dispersé et arrêté les derniers restes des cosaques peu nombreux trompés par Kérenski. La révolution a triomphé aussi à Moscou. Avant l'arrivée à Moscou des quelques convois de troupes venus de Pétrograd, les élèves-officiers et autres korniloviens avaient signé les conditions de paix, leur désarmement et la dissolution du Comité du Salut public [1].

Du front et des campagnes affluent chaque jour, à chaque instant, des informations sur le soutien que l'énorme majorité des soldats dans les tranchées et des paysans dans les districts apportent au nouveau gouvernement et à ses décrets concernant la proposition de paix et la remise immédiate de la terre aux paysans. La victoire de la révolution des ouvriers et des paysans est assurée, car déjà la majorité du peuple la soutient.

Il va de soi que les propriétaires fonciers et les capitalistes, les hauts fonctionnaires et employés étroitement liés à la bourgeoisie, en un mot, tous les riches et tous ceux qui se rangent de leur côté, accueillent en ennemis la révolution nouvelle, s'opposent à sa victoire, menacent de mettre fin à l'activité des banques, sabotent ou paralysent le fonctionnement des différentes institutions, entravent la révolution de toutes les manières, la freinent ouvertement ou non. Tout ouvrier conscient se rendait parfaitement compte que nous nous heurterions inévitablement à une résistance de ce genre ; toute la presse bolchévique l'a indiqué maintes fois. Les classes travailleuses ne se laisseront pas intimider un seul instant par cette résistance, elles ne trembleront pas le moins du monde devant les menaces et les grèves des partisans de la bourgeoisie.

Nous avons pour nous la majorité du peuple. Nous avons pour nous la majorité des travailleurs et des opprimés du monde entier. Nous avons pour nous la cause de la justice. Notre victoire est assurée.

La résistance des capitalistes et des hauts fonctionnaires et employés sera brisée. Nul ne sera privé par nous de ses biens, sans une loi spéciale de l'Etat sur la nationalisation des banques et des cartels. Cette loi est en préparation. Pas un travailleur ne perdra un copeck ; bien au contraire, il sera aidé. A part le recensement et le contrôle les plus stricts, à part la perception sans dissimulation des impôts établis, le gouvernement n'entend prendre aucune autre mesure.

Au nom de ces légitimes revendications, l'immense majorité du peuple s'est ralliée au gouvernement provisoire ouvrier et paysan.

Camarades travailleurs ! Rappelez-vous qu'à présent c'est vous-mêmes qui dirigez l'Etat. Nul ne vous aidera si vous ne vous unissez pas vous-mêmes et si vous ne prenez toutes les affaires de l'Etat entre vos mains. Vos Soviets sont désormais les organismes du pouvoir d'Etat, nantis des pleins pouvoirs, des organismes ayant pouvoir de décision.

Rassemblez-vous autour de vos Soviets. Renforcez-les. Mettez-vous vous-mêmes à l'œuvre à la base, sans attendre personne. Instaurez l'ordre révolutionnaire le plus rigoureux, écrasez sans pitié les tentatives d'anarchie venant des ivrognes, de la racaille, des élèves-officiers contre-révolutionnaires, des korniloviens et autres.

Etablissez le contrôle le plus sévère de la production et tenez l'inventaire des denrées alimentaires. Arrêtez et livrez au tribunal révolutionnaire du peuple quiconque osera porter atteinte à la cause du peuple, qu'il s'agisse du sabotage de la production (détérioration, freinage, travail de sape), de la dissimulation des stocks de blé et de vivres, du retard des arrivages de blé, de la désorganisation des chemins de fer, des postes, du télégraphe, du téléphone, ou de toute résistance, quelle qu'elle soit, à la grande cause de la paix, à la remise de la terre aux paysans, à la réalisation du contrôle ouvrier de la production et de la répartition.

Camarades ouvriers, soldats, paysans, camarades travailleurs ! Prenez tout le pouvoir et confiez-le à vos Soviets. Gardez comme la prunelle de vos yeux la terre, le blé, les fabriques, l'outillage, les denrées alimentaires, les moyens de transport - tout cela sera désormais totalement votre bien, le bien du peuple tout entier. En accord avec la majorité des paysans et avec leur approbation en suivant les voies indiquées par l'expérience pratique des paysans et des ouvriers, nous marcherons graduellement mais avec résolution vers la victoire du socialisme que les ouvriers d'avant-garde des pays les plus civilisés consolideront, qui donnera aux peuples une paix durable et les délivrera de toute oppression et de toute exploitation.

Pétrograd, le 5 novembre 1017

V. Oulianov (Lénine)

Président du Conseil des Commissaires du peuple


Notes

Les notes rajoutées par l’éditeur sont signalées par [N.E.]

[1]. Le Comité du Salut public fut créé le 25 octobre (7 novembre) 1917 auprès de la Douma municipale de Moscou pour la lutte armée contre le pouvoir des Soviets. Il prit la tête de l'émeute contre-révolutionnaire des élèves-officiers commencée le 28 octobre (10 novembre). Le 2 (15) novembre, l'émeute fut écrasée et le Comité de salut capitula devant le Comité révolutionnaire militaire de Moscou.


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