1918

Les 1re et 6e interventions ont paru pour la première fois en 1922 dans les Œuvres de Lénine (V. Oulianov), t. XV ; les interventions 2 à 5 en 1922 dans le recueil «Procès-verbaux du C.C. du P P.O.S.D.(b)R. Août 1917-février 1918»
Conforme à l' exemplaire manuscrit du procès-verbal

Œuvres t. 26, pp. 536-538, Paris-Moscou


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Lénine

Interventions au Comité central du P.O.S.D.(b)R.

19 janvier (1er février) 1918

Procès-verbal


1

Le camarade Lénine demande quelle conférence il s'agit de réunir [1]. Il faut, à son avis, avoir une franche explication avec les partisans de la guerre révolutionnaire, car on peut interpréter leur Zwischenruf [2] comme une accusation selon laquelle, dans le parti, un groupe suspecte l'autre de faire de la diplomatie à propos de la paix ; en réalité, il n'y a pas la moindre diplomatie, puisqu'il a été tout à fait ouvertement déclaré dans la décision sur l'armistice que la partie contractante qui voudrait la dénoncer devait annoncer sa décision sept jours avant la reprise des hostilités. C'est pourquoi nous faisons traîner en longueur la conclusion de la paix. Comment la décision a-t-elle été prise au IIIe Congrès des Soviets ? Sur proposition du Comité exécutif central ; celui-ci s'était prononcé conformément à la décision de la fraction, laquelle avait repris la décision du Comité central. Lénine pense que, pour faire changer d'avis les camarades partisans de la guerre révolutionnaire, le mieux serait qu'ils se rendent sur le front où ils se convaincraient sur place de l'impossibilité absolue de faire la guerre. Il ne voit pas de raison de réunir une conférence, pour cette raison supplémentaire que les décisions de celle-ci ne sauraient engager le Comité central ; peut-être est-il nécessaire, dans ces conditions, de réunir un congrès [3], afin que le parti nous donne des directives précises. En faisant traîner les pourparlers de paix, nous donnons à la fraternisation la possibilité de continuer ; mais, en concluant la paix, nous pourrions tout de suite procéder à l'échange des prisonniers de guerre et renvoyer ainsi en Allemagne quantité d'hommes qui ont vu notre révolution à l'œuvre, qui ont été à son école et pourront mieux travailler à la susciter en Allemagne. En outre, Lénine estime que nous devrions, pour savoir exactement ce qui se passe en Allemagne, envoyer des aviateurs à Berlin, ce qui, de l'avis des aviateurs eux-mêmes, est parfaitement faisable.

2

Le camarade Lénine propose, dans une motion d'ordre, d'inviter Boukharine à donner des informations précises sur la situation au sein du Comité de Pétrograd.

3

Le camarade Lénine fait une proposition concrète. Il montre aux partisans d'une conférence que celle-ci ne fermera pas la lézarde qui s'est creusée. Un congrès du Parti s'impose ; une conférence ne ferait que sonder l'opinion du Parti, alors qu'il est indispensable de la déterminer avec précision. Il propose pour cette raison de convoquer une réunion dans laquelle toutes les opinions, tous les points de vue, seront représentés, chacun par trois personnes. Cette réunion devra élaborer un accord.

4

Le camarade Lénine est d'avis que la réunion ait lieu dans deux ou trois jours, mais sans publication de thèses, car nous ne devons pas les faire connaître à l'Allemagne. Ne pas trancher la question de la conférence jusqu'à la réunion ; par contre, laisser pendante jusqu'au congrès la question de la paix, et cela sans publication de thèses, serait absurde.

5

Le camarade Lénine propose d'organiser une réunion à l'intention de ceux des membres du IIIe Congrès des Soviets qui sont en instance de départ, mais de ne leur remettre aucun texte écrit.

6

Le camarade Lénine indique que le programme du Parti ne saurait être prêt pour le 15 février, et propose :

de convoquer la réunion pour le 20 janvier, avec la composition suivante : 1° Le Comité central. 2° Les représentants des opinions nettement exprimées, à savoir : Lénine, Sokolnikov, Boukharine, Obolenski, Stoukov. Si Smirnov, Obolenski, Stoukov et Piatakov ont des divergences entre eux, ils envoient deux délégués, dans le cas contraire un seul. 3° Le Comité de Pétrograd représenté par Feningstein. 4° Un Letton.

Charger Boukharine et Lomov de s'entretenir avec les Moscovites et Piatakov. Chaque groupe présente ses thèses [4].


Notes

Les notes rajoutées par l’éditeur sont signalées par [N.E.]


[1]. Le groupe des «.communistes de gauche » (Boukharine, Lomov (Oppokov), Ossinski (Obolenski) et d'autres) adressa au Comité central du parti une demande datée du 15 (28) janvier 1918 et réclamant la réunion d'une conférence du parti qui aurait été chargée d'examiner la question de la paix. [N.E.]

[2] Interruption d'un délégué parlant de sa place. (N.R.)

[3]. La proposition de Lénine sur la convocation du congrès fut adoptée. A la séance du C.C. du 19 janvier (1er février) 1918, il fut décidé de convoquer le congrès pour le 20 février. Cette date fut reportée par la suite au 6 mars 1918. [N.E.]

[4]. La proposition de Lénine de réunir une conférence des représentants de diverses tendances sur la question de la paix fut acceptée. Cette conférence eut lieu le 21 janvier (3 février) 1918. Son procès-verbal n'a pas été retrouvé. On n'a gardé que le sténogramme du vote sur les dix points concernant la conclusion de la paix. (Cf. les Procès-verbaux du Comité. central du P.O.S.D.(b)R. Août 1917-février 1918, 1958, pp. 190-191). A la question « Est-il possible de conclure maintenant la paix annexionniste avec l'Allemagne ? », cinq participants ont répondu « oui » : Lénine, Staline, Mouranov, Artem (Serguéev), Sokolnikov ; 9 contre : Lomov (Oppokov), Krestinski, Boubnov, Kossior, Ossinski (Obolenski), Stoukov, Préobrajenski, Spunde, Finigstein. Zinoviev, Boukharine et Ouritski quittèrent la conférence avant le vote. [N.E.]


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