1868-94

«Dans tous ces écrits, je ne me qualifie jamais de social-démocrate, mais de communiste. Pour Marx, comme pour moi, il est absolument impossible d'employer une expression aussi élastique pour désigner notre conception propre. »
Fr. Engels - Préface à la brochure du Volksstaat de 1871-1875.

Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec.


La social-démocratie allemande

K. Marx - F. Engels

2
Sous le régime de la loi anti-socialiste


Commentaire juridique sur la mise hors la loi des socialistes et de la révolution

Marx : Notes marginales sur les débats du Reichstag relatifs à la loi anti-socialiste
Séances des 16 et 17-09-1878.


Vice-Bismarck - von Stolberg parla 4 minutes et 7 secondes [1].
Extrait du compte rendu sténographique.
Reichstag : 4° séance lundi, le 16 septembre 1878 - Président : Forckenbeck
.

La séance s'ouvre à 11 heures 30 minutes et s'achève à 3 heures 40 minutes.

Suppléant du chancelier, le ministre d'État, comte de Stolberg-Wernigrode :

« ... Il s'agit... de se préoccuper que cette agitation (sic) ne puisse à l'avenir être menée sous quelque apparence de légalité que ce soit. »

Extraits des discours tenus à la séance du 16 septembre : Attentat.

Bebel : « Messieurs, au début de la séance d'aujourd'hui, le représentant du chancelier a particulièrement insisté sur les attentats, comme l'avait d'ailleurs déjà fait l'Empereur dans son discours du trône il y a quelques jours et comme on l'avait fait expressément encore dans l'exposé des motifs de la loi en discussion. Aujourd'hui même tous les orateurs ont, eux aussi, abordé plus ou moins la question des attentats, et tous ont cité ces attentats comme étant le motif de cette loi d'exception - et en fait, il est manifeste qu'ils en sont la cause.

« Messieurs, dans ces conditions, on aurait pu attendre, pour le moins, que le gouvernement s'exprime de manière claire et précise sur ce sujet et qu'il démontre pièces à l'appui quelles découvertes il a faites, quels faits accablants ont pu être mis au jour contre nous jusqu'ici, et qu'il prouve l'existence ne serait-ce que d'un lien idéal entre les auteurs des attentats et la social-démocratie. Or, on ne nous a rien démontré de pareil aujourd'hui, et on est resté aux phrases creuses et aux incriminations, Et néanmoins on a continué avec le slogan : la social-démocratie est responsable des attentats. Et c'est l'accusation : La social-démocratie est le parti des assassins du Kaiser, etc.

« Nous n'avons aucunement l'intention de nous laisser faire et d'admettre qu'on étouffe cette affaire... Au contraire, nous avons l'intérêt le plus vif dans l'immédiat de savoir ce que renferment les nombreux procès-verbaux qui ont été rédigés sur ces attentats. Nous insistons tout particulièrement pour qu'on nous fasse savoir ce qui a pu venir à la lumière du jour dans les si nombreux interrogatoires auxquels on a soumis, dans les contrées les plus diverses d'Allemagne, des membres du parti et même des gens qui n'en faisaient pas partie et appartenaient bien plutôt aux tendances les plus diverses et, en tout cas, n'avaient ni de près ni de loin un quelconque rapport avec les auteurs des attentats. Nous sur qui on fait peser la responsabilité et la faute, nous exigeons enfin la clarté, particulièrement aussi en ce qui concerne le dernier attentat qui a servi de prétexte immédiat au renouvellement du Reichstag et au dépôt de cette loi [2] ...

« Voici comment j'appris la nouvelle de l'attentat : je sortais du Vorwärts où j'étais allé quérir des informations sur le Dr. Nobiling, le 2 juin 1878 très tard dans la soirée. J'étais très satisfait de ma journée et je m'arrêtai quelques minutes devant un magasin, sur la devanture duquel on avait apposé une dépêche, dont le contenu me surprit au plus haut point. La voici :

« Berlin, 2 heures du matin. Au cours du dernier interrogatoire judiciaire l'auteur de l'attentat, Nobiling, a reconnu qu'il avait des inclinations socialistes, qu'il avait également assisté à plusieurs reprises à des meetings socialistes et qu'il avait déjà eu l'intention il y a huit jours de tuer sa Majesté le Kaiser parce qu'il avait jugé utile d'éliminer le chef de l'État. »

« ... La dépêche qui lança cette information dans le monde est expressément de source officielle. J'ai ici dans la main la dépêche que la rédaction de la « Kreuzzeitung » a reçue des autorités constituées avec des notes de la main du rédacteur en chef de ce journal. Il ne fait absolument pas le moindre doute que cette dépêche est de source officielle. Or, des informations diverses de source tout à fait digne de foi démontrent que Nobiling n'a subi aucun interrogatoire judiciaire le jour de l'attentat ou la nuit qui l'a suivi, que rien n'a été établi qui, de quelque manière que ce soit, puisse être considéré comme un point sérieux auquel on pourrait rattacher les raisons du meurtrier et ses idées politiques. Chacun de vous, messieurs, sait ce qu'il en est du bureau télégraphique de Wolff (Approbations), chacun sait que de telles dépêches ne peuvent absolument pas passer sans avoir l'approbation officielle. Au demeurant, cette dépêche porte expressément le mot « Officiel ». Il ne fait donc pas de doute, à mon avis, que cette dépêche ait été consciemment et intentionnellement falsifiée par les autorités constituées pour être envoyée aux quatre coins du monde. « (Écoutez ! Écoutez !) » La dépêche renferme l'une des calomnies les plus infâmes qui ait jamais été lancée dans le monde par les autorités officielles, et ce, avec l'intention de faire suspecter de la façon la plus basse tout un grand parti et lui faire endosser la co-responsabilité d'un crime.

« Je demande encore : d'où vient-il que les organes gouvernementaux, la totalité de la presse officielle et officieuse, auxquels presque tous les autres journaux ont emboîté le pas, aient pu en se fondant sur ladite dépêche, lancer contre nous durant des semaines et des mois, jour après jour, la campagne la plus inouïe de diffamation qui soit, que jour après jour ils aient pu lancer dans le monde les comptes rendus les plus épouvantables et les plus inquiétants sur la découverte de complots et de complicités, etc. sans qu'une seule fois de côté gouvernemental... Au contraire, du côté gouvernemental, tout a été réalisé pour diffuser et accréditer encore davantage dans l'opinion publique la croyance en la vérité de ces affirmations mensongères - et jusqu'à cette heure, les représentants officiels du gouvernement n'ont absolument rien fait pour donner le moindre éclaircissement sur les obscurités existantes... »

Bebel en vient ensuite (p. 39 colonne II) à la campagne de dénigrement : « On a manifestement tout mis en oeuvre pour provoquer des désordres; on a cherché à nous exciter à l'extrême, afin que nous nous laissions aller à des actes de violence. Il apparaît de toute évidence que l'on ne considère pas les attentats comme suffisants. Dans certains milieux, on se serait indubitablement réjoui, si, à la suite de ces incitations à des actes de violence, nous eussions perdu notre sang-froid. On aurait alors disposé des prétextes pour prendre contre nous les mesures les plus sévères, etc. ».

Et Bebel de réclamer que l'on exhibe enfin au grand jour les procès-verbaux, et qu'ils soient imprimés pour être présentés au Reichstag, et plus particulièrement à la Commission chargée d'examiner ce projet de loi. « Je dépose ici une demande analogue à celle qui a déjà été déposée à bon droit il y a quelques jours lors de la discussion de l'accident du « Grand Prince Électoral [3] » avec l'approbation de presque tous les membres de l'Assemblée, afin de discuter de l'accident susmentionné : le ministre de la Marine (von Stosch) n'a-t-il pas donné lui-même son assentiment exprès, pour autant que la décision lui appartenait ( !) ? » Cette demande de Bebel a été saluée au Reichstag par des « Très juste ! Très bien ! »

Or que répond le gouvernement prussien à cette accusation foudroyante ? Il dit par la bouche de Eulenburg, qu'il ne présentera pas les procès verbaux et qu'il n'existe absolument aucun élément matériel d'accusation.

Ministre de l'Intérieur, le comte de Eulenburg : « A ce premier sujet (information des représentants du gouvernement fédéral « sur l'enquête effectuée contre le criminel Nobiling décédé dans l'intervalle »), j'ai à déclarer sur la possibilité ou l'admissibilité de la communication des comptes rendus judiciaires du procès contre Nobiling, que c'est aux autorités judiciaires prussiennes qu'il reviendra de décider, si la demande de communication est introduite auprès d'elles. Mais d'ores et déjà, Messieurs, je puis vous dire qu'un interrogatoire de Nobiling a eu lieu et que dans cet interrogatoire, pour autant que je sache, il a déclaré avoir participé à des réunions sociales-démocrates et avoir trouvé satisfaction aux doctrines qu'on y exprimait. Je dois m'abstenir de vous faire d'autres communications, étant donné que le ministère de la Justice prussien doit encore décider de l'opportunité de communiquer ces actes. »

Ce que l'on peut dire de la déclaration de Eulenburg, c'est simplement : 1. Qu' « un » interrogatoire a eu lieu; mais il se garde de préciser s'il est « judiciaire ». Il ne dit pas non plus quand cet interrogatoire a eu lieu (certainement après qu'une balle soit passée par sa tête emportant des parties de sa cervelle). Or ce que Eulenburg fait dire à Nobiling (en admettant que celui-ci se soit trouvé dans un état où il jouissait de toutes ses facultés) démontre premièrement : qu'il ne s'est pas déclaré social-démocrate, membre du parti social-démocrate; il a dit simplement avoir assisté à certaines réunions de ce parti comme un misérable philistin et « avoir trouvé satisfaction aux doctrines qu'on y exposait ». Ces doctrines n'étaient donc pas les siennes. Il se comportait vis-à-vis d'elles comme un novice. 2. Que son « attentat » n'a aucun lien avec les réunions et les doctrines qu'on y exposait.

Mais nous n'en avons pas encore fini avec les bizarreries ! « Tout ce que Monsieur Eulenburg peut dire » - et il le prétend lui-même - est problématique. Par exemple : « que dans cet interrogatoire, pour autant que je sache, il a déclaré ». A l'en croire, monsieur Eulenburg n'a donc jamais vu les procès-verbaux; il ne le sait que par ouï-dire et il ne peut en dire que « ce qu'il a su lui-même par cette voie », mais aussitôt il s'inflige un démenti à lui-même. Tout à l'heure il vient de dire « tout ce dont on l'a informé », mais dans la phrase qui suit immédiatement il dit : « Je dois m'abstenir de vous en communiquer davantage, en considération du fait que le ministère de la Justice prussien doit encore décider de l'opportunité de communiquer ces actes. » En d'autres termes : le gouvernement se compromettrait s'il « communiquait » ce qu'il sait.

Soit dit en passant : Si un seul interrogatoire a eu lieu, on doit bien savoir « quand », c’est-à-dire quel jour Nobiling a été arrêté avec une balle dans le crâne et des coups de sabre sur la tête, à savoir le jour où le fameux télégramme a été lancé, à 2 heures du matin, le 2 juin. Aussitôt après le gouvernement a cherché à rendre le parti ultramontain responsable pour Nobiling. L'interrogatoire n'avait donc établi aucune espèce de rapport entre l'attentat de Nobiling et la social-démocratie.

Mais Eulenburg n'est pas encore au bout de ses aveux. Il doit « souligner expressément qu'en mai déjà j'ai dit ici que l’affirmation ne tend pas à signifier [sic] [4] que ces actes avaient été directement fomentés par la socialdémocratie; je ne suis pas davantage en mesure aujourd'hui d'étayer cette affirmation OU EN GÉNÉRAL D'AJOUTER QUOI QUE CE SOIT EN CE SENS ». Bravo ! Eulenburg avoue carrément que toute l’infâme campagne et la chasse policière et judiciaire, depuis l'attentat de Hödel jusqu'à la session du Reichstag, ne fournit pas un atome de consistance à la « thèse » de l'attentat chère au gouvernement !

Les Eulenburg et consorts - qui ont pour le domaine des compétences du « ministère prussien de la Justice » des « égards » si tendres qu'ils y trouvent un obstacle présumé à la divulgation des « procès-verbaux » au Reichstag, et ce, même après que Hödel ait été décapité et que Nobiling soit mort, autrement dit après que l'enquête soit définitivement close, - n'éprouvent aucun embarras, au début de l'enquête contre Nobiling, le jour même de son attentat, pour susciter le delirium tremens du philistin allemand au moyen d'une « dépêche » tendancieusement rédigée sur le prétendu premier interrogatoire .de Nobiling et pour y dresser tout un monument de mensonges par le truchement de la presse ! Quel respect pour la Justice et notamment pour ceux qui sont tenus pour coresponsables par le gouvernement !

Après que Eulenburg ait déclaré qu'il n'existe aucun élément dans ces attentats pour étayer une accusation contre la social-démocratie et qu'il refusa en conséquence de présenter les procès-verbaux qui projettent sur cette circonstance écœurante un jour grotesque, il poursuit en disant que le projet de loi ne repose en fait que sur une « théorie » - du gouvernement, bien sûr - , à savoir que la manière dont les doctrines de la sociale-démocratie, ont été diffusées par une agitation passionnée, pourrait très bien faire mûrir DANS DES TEMPÉRAMENTS SAUVAGES les mêmes tristes fruits que ceux que nous avons eu le plus grand regret de constater. (Les tristes fruits que sont Sefeloge, Tschech, Schneider, Becker, Kullmann, Cohen, alias Blind ?) « Et en faisant cette affirmation, messieurs, je crois aujourd'hui encore être en accord avec toute la presse allemande » (soit toute la presse des reptiles, et non pas les différents journaux indépendants de toutes tendances) « à l'unique exception de la presse social-démocrate ». (Encore un mensonge pur et simple !)

(Les réunions auxquelles Nobiling a assisté ont toutes eu lieu sous la surveillance policière d'un agent de la police; rien n'y est donc répréhensible; les doctrines qu'il y entendait, ne peuvent que se rapporter aux sujets qui se trouvaient à l'ordre du jour.)

Après ces affirmations effectivement mensongères sur « toute la presse allemande », Monsieur Eulenburg est « sûr de ne pas se heurter à un démenti en suivant cette voie ».

Face à Bebel, il doit « rappeler quelle position la presse sociale-démocrate a prise vis-à-vis de ces événements », afin de démontrer « que la social-démocratie n'abhorre pas », comme elle le prétend, « le meurtre, sous quelque forme qu'il se présente ».

Démonstration:

1. « Dans les organes de la social-démocratie, on a d'abord tenté de prouver que les attentats avaient été perpétrés sur commande » (Kronprinz).
(Doléances de la Norddeutsche Allgemeine Zeitung sur le caractère légal de l'agitation de la social-démocratie allemande.)

2. « Lorsqu'on s'aperçut que l'on n'arrivait à rien sur cette piste.... on affirma que les deux criminels ne jouissaient pas de toutes leurs facultés et on présenta les actes de ces idiots isolés comme des phénomènes qui se sont toujours produits dans le passé » (n'est-ce pas exact, au demeurant ?) « et pour lesquels il n'y a pas à rendre responsable qui que ce soit » (démontre l'amour pour le « Meurtre ») (C'est ce qu'ont affirmé aussi de nombreux journaux qui n'étaient pas sociaux-démocrates).

Monsieur Eulenburg, non content de garder par-devers soi les procès-verbaux, dont, à l'en croire, il ne sait rien - ou dont il doit s'abstenir de parler par respect du « ministère de la Justice prussien » - , réclame à présent en se fondant sur lesdits procès-verbaux (qu'il s'abstient de nous communiquer) qu'on le croit lorsqu'il dit ceci : « Messieurs, l'enquête qui a été menée n'a pas fourni le moindre indice permettant de dire que les deux hommes n'ont pas été d'une manière ou d'une autre en mesure de peser les conséquences et la signification de leurs actes. Au contraire, tout ce que l'on a pu constater, c'est qu'ils ont agi avec un total discernement et, dans le dernier cas (donc Hödel que l'on a décapité ?), avec la préméditation d'un fieffé coquin. »

3. « De nombreux organes de la social-démocratie se sont laissés aller à excuser ces actes, à justifier leurs auteurs. Ce n'est pas eux, mais la société [le gouvernement l'a excusée, en rendant responsable non pas elle-même, mais les « doctrines de la social-démocratie » et l'agitation de la classe ouvrière - soit encore une partie de la société et de ses « doctrines »] qui est rendue responsable des crimes qui ont été commis » [on n'excuse donc pas les actes, puisqu'autrement on ne les aurait pas appelés « crimes » et l'on n'aurait même pas discuté de la question de la « responsabilité »].

Après avoir sonné ainsi l'hallali :

4. « Parallèlement à tout cela, messieurs, on se mit à citer des actes criminels qui ont été tentés, voire même commis, contre des hauts fonctionnaires en Russie. En ce qui concerne l'attentat de Véra Zassoulitch (cf. le Journal de Pétersbourg et la presse du monde entier !) et l'assassinat du général de Mézensoff (à ce propos, cf. Bismarck), vous avez lu qu'un journal paraissant ici posait la question : et puis que leur restait - il à faire d'autre ? Comment pouvait - il se tirer d'affaire autrement [5] ? »

5. « Enfin à l'étranger la social-démocratie a, expressément et sans mâcher ses mots, exprimé sa sympathie pour ces actes. Le Congrès de la Fédération du Jura qui a tenu ses assises en juillet de cette année a déclaré expressément que les actes de Hödel et de Nobiling étaient des actes révolutionnaires qui avaient toutes ses sympathies, etc. »

Mais la social-démocratie allemande est-elle « responsable » des déclarations et des agissements d'une clique qui lui est antagoniste et dont les méfaits commis jusqu'ici en Italie, en Suisse, en Espagne (et même en Russie, cf. Netchaïev) ne visent que la « tendance Marx ? »

Auparavant Monsieur Eulenburg avait déjà dit à propos de ces mêmes anarchistes qu'il avait dû abandonner l'hypothèse selon laquelle « les attentats avaient été effectués sur commande, lorsque des organes de la social-démocratie eux-mêmes ont déclaré à l'étranger - j'en donnerai ci - après un échantillon - qu'ils étaient convaincus que rien de semblable n'était arrivé » : il oublie de citer un passage le démontrant !

Suit maintenant le beau passage sur la « tendance Marx » et la « tendance des prétendus anarchistes » (p. 50, colonne I). Elles sont différentes, mais « il n'est pas niable que ces associations ont toutes entre elles une certaine » [laquelle ? antagonique] « liaison, comme cette certaine liaison fait partie de tous les phénomènes d'une seule et même époque ». Si l'on veut faire de cette « liaison » un cas pendable (en fr.), il faut avant tout démontrer la nature précise de cette liaison et ne pas se contenter d'une phrase, qui est si « universelle » qu'elle peut s'appliquer à tout et à rien, dans un univers où tout a une « certaine » liaison avec tout. La « tendance Marx » a démontré qu'une « liaison » déterminée existait entre les doctrines et les actes des « anarchistes » et ceux de la « police » européenne. Lorsque dans la publication L'Alliance etc. cette liaison a été révélée jusque dans les détails, toute la presse bien pensante et reptilienne se tut. Ces « révélations » ne correspondaient pas à sa conception de cette « liaison ». (Cette clique n'a jamais commis d'attentats que contre des membres de la tendance « Marx » ! )

Après ce faux fuyant (en fr.), Monsieur Eulenburg relie la suite de ce qu'il dit par un « et » qui s'efforce de démontrer cette « liaison » par un faux lieu commun qu'il exprime sous une forme particulièrement « critique » : « et », poursuit - il, « c'est un fait d'expérience dans de tels mouvements, qui reposent sur la loi de la pesanteur [un mouvement peut reposer sur la loi de la pesanteur, par exemple, le mouvement de chute, mais l'expérience repose tout d'abord sur le phénomène de la chute], que les tendances extrêmes (par exemple, dans le christianisme l'automutilation) prennent progressivement le dessus et que les tendances plus modérées ne peuvent se maintenir face aux premières. » Premièrement, c'est un faux lieu commun : en effet, il n'est pas vrai que, dans les mouvements historiques, les prétendues tendances extrêmes l'emportent sur le mouvement adapté à l'époque - Luther contre Thomas Münzer, les puritains contre les niveleurs, les jacobins contre les hébertistes. L'histoire démontre précisément l'inverse. Deuxièmement : La tendance des « anarchistes » n'est pas un courant « extrême » de la social-démocratie allemande; si Eulenburg pense le contraire, il devrait le démontrer, au lieu de l'affirmer gratuitement. Dans la social-démocratie, il ne s'agit que du mouvement historique réel de la classe ouvrière; l'autre n'est qu'un mirage de la jeunesse sans issue (en fr.) qui veut faire l'histoire et ne fait qu'illustrer la manière dont les idées du socialisme français se trouvent caricaturées chez les hommes déclassés (en fr.) des classes supérieures. C'est pourquoi l'anarchisme est en fait vaincu partout, et il ne fait que végéter là où il n'existe pas de véritable mouvement ouvrier. Et ceci est un fait.

Tout ce que démontre Monsieur Eulenburg, c'est combien il est dangereux que la « police » se mette à « philosopher ».

Que l'on se réfère à la phrase qui suit (colonne I, p. 51), où Eulenburg parle comme si la chose était déjà faite.

Il s'efforce maintenant de démontrer ce qui est condamnable dans « les doctrines et les buts de la social-démocratie » ! Et comment ? Par trois citations qu'il juge bon de faire précéder de cette brillante phrase de transition :

« Et lorsque vous considérez d'un peu plus près ces doctrines et ces buts de la social-démocratie, vous voyez alors que ce n'est pas - comme on l'a dit précédemment - l'évolution pacifique qui en est le but, mais que cette évolution pacifique n'est qu'une étape qui doit conduire à ces buts ultimes, qui ne peuvent être atteints par aucune autre voie si ce n'est celle de la violence. » C'est un peu comme la Ligue nationale (Nationalverein) a été une « étape » dans le processus violent de prussianisation de l'Allemagne. C'est du moins ainsi que Monsieur Eulenburg s'imagine la chose avec « le sang et le fer ».

Si l'on considère la première partie de la phrase, elle n'exprime qu'une tautologie ou une bêtise : si l'évolution a un « but », des « buts ultimes », alors ce « but » etc., et non le caractère de l'évolution, est « pacifique » ou « non pacifique ». En fait, ce que Eulenburg veut dire, c'est : l'évolution pacifique vers le but n'est qu'une étape qui doit conduire au développement violent du but, et aux yeux de Monsieur Eulenburg cette transformation ultérieure de l'évolution « pacifique » en « violente » se trouve dans la nature même du but recherché. En l'occurrence, le but est l'émancipation de la classe ouvrière et le bouleversement (transformation) de la société qu'elle implique.

Une évolution historique ne peut rester « pacifique » qu'aussi longtemps, que ceux qui détiennent le pouvoir dans la société ne lui barrent pas la route par des obstacles violents. Si, par exemple, en Angleterre et aux États-Unis la classe ouvrière conquiert la majorité au parlement ou au congrès, elle pourrait écarter par la voie légale les lois et institutions qui gênent son développement, et ce dans la mesure où l'évolution sociale le mettrait en évidence. Néanmoins le mouvement « pacifique » pourrait se transformer en mouvement « violent » par la rébellion des éléments intéressés au maintien de l'ancien état de choses, et alors - comme dans la guerre civile américaine et la révolution française - ils seraient écrasés par la force, étant traités de rebelles à la violence « légale ».

Mais ce que Eulenburg prêche, c'est la réaction violente de la part des détenteurs du pouvoir contre l'évolution qui se trouve dans une « étape pacifique », et ce pour éviter d'ultérieurs conflits « violents » (de la part de la classe montante de la société). C'est le cri de guerre de la contre-révolution violente contre l'évolution effectivement « pacifique ». En effet, le gouvernement cherche à écraser par la violence un développement qui lui est défavorable, mais est légalement inattaquable. C'est l'introduction à des révolutions inévitablement violentes. Tout cela est de l'histoire ancienne, mais reste éternellement neuf.

Or donc Monsieur Eulenburg démontre les doctrines de violence de la social-démocratie grâce à trois citations :

1. Marx dit dans son ouvrage sur le Capital : « Nos buts etc. [6]. » Or, « nos buts », c'est ce qui est dit au nom du parti communiste, et non de la social-démocratie allemande [7]. En outre, ce passage ne se trouve pas dans le Capital publié en 1867, mais dans le Manifeste communiste, paru en « 1847 », soit vingt ans avant la création effective de la « social-démocratie allemande » !

2. Et de citer un autre passage extrait de la brochure de Monsieur Bebel intitulée « Nos buts », où l'on présente comme étant une formule de Marx le passage suivant [après que Monsieur Eulenburg ait cité un passage du « Capital » qui ne s'y trouve point, il en cite un autre qui s'y trouve, naturellement, puisqu'il extrait sa citation de l'ouvrage de Bebel : cf. le passage dans le Capital 1, 2e édition] :

« Ainsi donc nous voyons quel est le rôle de la violence dans les différentes périodes de l'histoire, et ce n'est certes pas à tort que Karl Marx écrit (dans son livre le Capital, où il décrit le cours du développement de la production capitaliste) : La violence est l'accoucheuse de toute vieille société qui est grosse d'une nouvelle. C'est une puissance économique. »

3. Voici maintenant la citation extraite de Bebel, « Nos buts » (colonne I, p. 51). Il y est précisément dit : « Le cours de ce développement dépend de l'intensité (force) avec laquelle les milieux participants conçoivent le mouvement; il dépend de la résistance que le mouvement trouve chez ses adversaires. Une chose est certaine : plus cette résistance sera violente, plus violent sera le passage aux nouvelles conditions sociales. La question ne peut en aucun cas être résolue par aspersion d'eau de rose. » C'est ce que Eulenburg cite à partir de Bebel, « Nos buts ». Cela se trouve page 16, cf. le passage annoté 16 et ibid. 15; cf. ibid. le passage annoté page 43 (qui est de nouveau « falsifié », parce que cité hors de son contexte).

Après ces colossales prouesses, que l'on considère les insanités puériles, qui se contredisent et s'annulent réciproquement, à propos des « contacts » de Bismarck avec les « dirigeants de la social-démocratie [8] » (p. 51, colonne II).

Dans la même séance :

Après Stolberg, la parole est à Reichensperger [9]. Sa plus grande peur : que la loi qui soumet tout à la police, s'applique également à d'autres partis déplaisant au gouvernement. Et de se lancer dans les éternels coassements des catholiques. (Cf. les passages annotés, pp, 30 - 35).

Après Reichensperger, la parole est à von Helldorf-Bedra. On ne saurait être plus candide: « Messieurs, la présente loi se caractérise comme une loi préventive au sens le plus éminent du terme; elle ne prévoit aucune sanction pénale, mais autorise seulement les interdictions de la police et déclare punissables les violations de ces interdictions extérieurement reconnaissables » (p. 36, colonne I). Elle permet tout bonnement à la POLICE de tout interdire et ne punit aucune violation de loi quelconque, mais les « violations » d'oukases de la police. C'est une façon parfaite de rendre superflues les lois pénales. Monsieur von HeIldorf avoue que le « danger » réside dans les victoires électorales des sociaux-démocrates, victoires qui ne sont même pas compromises par la campagne de provocation suscitée à l'occasion des attentats. Application du suffrage universel d'une manière qui déplaît au gouvernement ! (p. 36, colonne Il).

Le gaillard approuve néanmoins Reichensperger : les « instances de doléance », la « commission de la Diète fédérale » sont de la foutaise. « Il s'agit simplement de la décision d'une question policière, et entourer une telle instance de garanties juridiques serait carrément erroné; ce qui aide contre les abus, c'est « la confiance dans les fonctionnaires politiques haut placés » (p. 37, 1 et Il). Il demande que l' « on corrige notre droit électoral » (p. 38, colonne 1).


Notes

[1] S'agissant d'un brouillon, Marx écrit pour éclaircir le problème qui se pose, sans se préoccuper de la présentation littéraire qui permettrait au lecteur de suivre son raisonnement. Il se place sur le terrain de l'adversaire pour réfuter son argumentation juridique à partir de la légalité existante, c’est-à-dire en mettant l'adversaire en contradiction avec lui-même. Marx ne prend donc pas la peine de démontrer ici que la légalité n'est que violence systématisée, potentielle (tant que le « châtiment » ne suit pas) - comme tout le droit appartient aux superstructures juridiques de contrainte de l'État de classe bourgeois, violence concentrée.
Dans la critique du programme de Gotha, Marx ne s'en prend pas à la revendication d'un « libre État populaire » parce que c'est simplement une formule fausse pour la dictature du prolétariat, mais essentiellement - comme il ressort du texte - parce que cette formule repose sur une conception sociale-démocrate de l'État existant ou de l'État en général. Pour les marxistes, « dès que l'on pourra parler de liberté, il n'y aura plus d'État ». Dans la situation d'alors, les sociaux-démocrates, avec, leurs revendications démocratiques, entendaient agir « à l'intérieur de l'État existant » avec la prétention d'en faire un « libre État populaire » !
La critique de Marx-Engels se comprend toujours à partir de leurs conceptions fondamentales, ainsi le problème de la légalité entre -t -il dans celui de l'État.
C'est toujours en détachant un argument ou une citation du contexte général que les faussaires ont démontré que Marx avait changé d'opinion.
De même, on ne saurait déduire d'une situation isolée que Marx est contre la violence individuelle, il cherche simplement ici à démontrer qu'on ne saurait imputer à la social-démocratie un crime qu'elle n'a pas commis, surtout lorsque ce déni de justice vise à légaliser l'interdiction du mouvement ouvrier et à le persécuter sans tenir compte des lois édictées par le gouvernement lui-même.
Dès le 17 septembre, Marx écrivit à Engels : « Monsieur Eulenburg (cf. les journaux d'aujourd'hui) n'apporte pas d'eau à la rivière [jeu de mot intraduisible en français l'expression allemande équivalente étant « trägt auch keine Eulen nach Athen », ne porte pas de hibou à Athènes]. Je n'ai jamais lu quelque chose d'aussi lamentable que l'extrait qui forme la quintessence de son discours. Celui de Stolberg est de la même veine. La loi d'exception sera votée pour retirer au mouvement social-démocrate l'apparence de la légalité. C'est une méthode éprouvée. Mettre hors la loi (en fr.) est depuis toujours un moyen infaillible pour mettre en opposition à la loi les mouvements hostiles au gouvernement - la légalité nous tue... Bebel en a manifestement imposé, cf. Daily News d'aujourd'hui. Ce début est bon. » Plus loin, Marx remarque :
« Les socialistes russes commettent les « atrocités », et les social-démocrates allemands qui se conforment à la loi, doivent en conséquence être mis hors la loi - c'est ce que ce nigaud de Stolberg a exposé avec le plus grand sérieux. Il oublie simplement d'ajouter qu'en face de ces « atrocités » perpétrées en Russie, il existe un « état légal » que le hobereau Bismarck s'efforce d'atteindre avec ses projets de loi, mais ce but ne sera jamais pour lui qu'un idéal hors de sa portée. »
Bracke avait envoyé à Marx les comptes-rendus sténographiques. Dans sa lettre à Engels du 24 septembre 1878, Marx écrit à ce propos : « Il faut avoir lu ce document sténographique pour avoir une idée de la bêtise d'un ministre prussien moyen, du « génie » de leur maître, ainsi que de la vulgarité des représentants de la bourgeoisie allemande qui sont pendus à leur basque. Je m'occupe à l'occasion de ces extraits, afin d'en faire profiter la presse anglaise; cependant je ne sais pas encore si finalement ce sera adapté au Daily News. »

[2] « Après le rejet par 251 voix contre 57 du projet de toi anti-socialiste du gouvernement le 24 mai 1878, Bismarck prit le second attentat contre Guillaume I° comme prétexte pour dissoudre le Reichstag le 11 juin 1878. Les élections nouvelles furent « préparées » pour le 30 juin, et Bismarck obtint une majorité docile au Reichstag. La social-démocratie obtint, en dépit de la menace de représailles politiques et économiques, un nombre de suffrages encore jamais atteint auparavant : 437 158 voix, et neuf socialistes entrèrent au Reichstag.

[3] Le 31 mai 1878, le cuirassier allemand « Grand Prince Électoral » entra en collision avec le cuirassier « Roi Guillaume » et sombra avec ses 270 hommes d'équipage. Cet incident provoqua le dépôt d'une interpellation au Reichstag à laquelle le ministre de la marine von Stosch répondit le 13 septembre 1878.

[4] Le suffrage universel a un sens différent selon que la population ouvrière est largement minoritaire ou majoritaire dans un pays : « Le suffrage universel qui fut, en 1848, une formule de fraternisation générale, est donc en Angleterre un cri de guerre. En France, le contenu immédiat de la révolution, c'était le suffrage universel; en Angleterre, le contenu immédiat du suffrage universel, c'est la révolution. » (Marx, Neue Oder Zeitung, 8-06-1855). A propos du parlementarisme révolutionnaire et de la politique social-démocrate , cf. Marx-Engels, le Parti de classe, I, pp. 124 - 138.

[5] L'attentat de Véra Zassoulitch contre le commandant de la ville de Pétersbourg, Trépoff, le 2 février 1878 et son acquittement par un tribunal de jurés firent sensation dans toute l'Europe. Le 16 août 1868, Kravchintsky tua d'un coup de poignard le commandant de gendarmerie Mézensoff. Est - il besoin de dire que Marx-Engels n'étaient pas opposés par principe aux attentats individuels (qui sont des actes sociaux de politique, et non privés), comme il ressort par exemple de la citation suivante - « En Russie le meurtre politique est le seul moyen dont disposent des hommes, intelligents, convenables et ayant du caractère pour se défendre contre les agents d'un despotisme inouï » (Engels, lettre à Bignami du 21 mars 1879).

[6] Il s'agit du passage suivant du Manifeste : « Les communistes... déclarent ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par une révolution violente de tout l'ordre social qui a existé jusqu'ici. »

[7] Engels fait ici une distinction, désormais classique, entre parti formel (pratique) et parti historique (programmatique, théorique). Marx et Engels représentaient au plus haut point le parti historique, c’est-à-dire le communisme comme résultat de l'expérience de toute l'évolution humaine. De ce point de vue ils critiquaient le parti formel, - en l’occurrence social-démocrate - , qui tendait seulement vers une politique communiste. Même alors il ne fallait jamais perdre de vue la continuité, le fil vers ce but, quel que fût l'éloignement de son action de départ. Il ne doit pas y avoir d'opposition entre ces deux notions de parti, même à l'époque où la distinction est encore historiquement inévitable. Comme Marx n'a cessé de le montrer, ils doivent tendre à se rejoindre de plus en plus, jusqu’à coïncider.
En somme, le danger qui guettait toujours la social-démocratie était ce qu'on appelle l'immédiatisme, forme d'opportunisme qui ne considère que le mouvement actuel; Marx-Engels défendaient essentiellement l'avenir, le but et la continuité d'action et s'efforçaient de réaliser la formule du Manifeste, selon laquelle les communistes représentent dans le mouvement actuel l'avenir du mouvement, en défendant « toujours au cours des différentes phases de l'évolution que traverse la lutte entre prolétariat et bourgeoisie l'intérêt de l'ensemble du mouvement ».

[8] Dans son discours au Reichstag du 16-09-1878, Bebel avait noté que Bismarck, qui accusait la social-démocratie de vouloir renverser le pouvoir par la violence, avait eu néanmoins des contacts étroits avec Lassalle; à quoi le ministre de l'Intérieur Eulenberg, se tournant vers Bebel, répondit : « Lorsqu'un mouvement de la dimension du mouvement ouvrier prend son essor, il n'est pas seulement souhaitable, mais encore nécessaire pour le gouvernement de se tenir au courant de ses buts par ouï-dire et par écrit. Il doit apprendre si possible de la bouche même de ses dirigeants leurs intentions, leurs motifs, afin, le cas échéant, de canaliser d'une manière ou d'une autre, un mouvement aussi puissant dans le flot paisible du développement légal - en procédant ainsi nous ne faisons que notre devoir... En disant cela, je n'ai absolument pas voulu dire qu'à l'époque où ces contacts ont eu lieu le mouvement se trouvait dans une voie tout autre que celle où il évolue aujourd'hui : à l'époque c'était Lassalle et ses partisans qui se trouvaient à la tête, alors que chacun sait que, par la suite, cette tendance a été opprimée et évincée par la suivante, celle que l'on appelle la direction internationale, celle-ci imposant ses vues a présent. » (Cf. Comptes rendus sténographiques des débats du Reichstag allemand, IV° législature, 1° session 1878; vol. I. Berlin 1878.)

[9] Dans cette dernière partie, Marx cite des extraits de discours de bourgeois allemands. On constate qu'ils sont particulièrement veules : « Reichensperger représente le bourgeois rhénan du Centre. Bamberger reste fidèle à la formule : Nous sommes tout de même des chiens ! » (Marx à Engels, 17-09-1878.) Le député national-libéral avait utilisé cette formule pour caractériser la manière dont Bismarck traitait les députés du parti de l'opposition.


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