1848-49

Marx et Engels journalistes au coeur de la révolution...

Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec.


La Nouvelle Gazette Rhénane

K. Marx

Le ministère est mis en état d’accusation [1]

n° 143, 15 novembre 1848


La ville de Brandebourg ne veut rien savoir du ministère Brandenburg et envoie une adresse de remerciements à l'Assemblée nationale.

Dans toutes ses adresses le pays tout entier ne reconnaît que le gouvernement de l'Assemblée nationale.

Le ministère se rend à nouveau coupable de haute-trahison en ayant déclaré l'état de siège en contradiction avec l'Habeas Corpus Act [2] et en ayant expulsé à la baïonnette l'Assemblée nationale du Pavillon de chasse.

L'Assemblée nationale a son siège dans le peuple et non dans les environs de tel ou tel tas de pierres. Si on l'expulse de Berlin, elle siégera ailleurs, à Breslau, à Cologne ou bien où bon lui semble. À sa séance du 13 elle a pris cette résolution.

Les Berlinois se rient de l'état de siège et ne se laissent en aucune façon arrêter par lui. Personne ne livre ses armes.

De différentes régions des hommes armés sont venus au secours de l'Assemblée nationale.

Les gardes refusent d'obéir. Les soldats fraternisent de plus en plus avec le peuple.

La Silésie et la Thuringe sont en pleine insurrection.

Mais nous, citoyens, nous vous crions : Envoyez de l'argent au Comité central démocratique de Berlin. En revanche ne payez pas d'impôts au gouvernement contre-révolutionnaire. L'Assemblée nationale a déclaré que le refus de payer l'impôt avait une base juridique. Elle ne l'a pas encore décidé par égard pour les fonctionnaires. La diète alimentaire apprendra à ces fonctionnaires le pouvoir du citoyen et fera d'eux de bons citoyens.

Affamez l'ennemi et refusez de payer les impôts ! Rien de plus insensé que d'offrir à un gouvernement de haute trahison les moyens de lutter contre la nation, et le moyen des moyens, c'est l'argent.


Notes

[1] Au cours de sa cent-unième séance, le 13 novembre 1848, dans le Pavillon de chasse de Berlin, l'Assemblée nationale prussienne approuva un mémoire proposé par une commission, dans lequel les mesures prises par le ministère Brandenburg étaient qualifiées de haute trahison. Elle décida de publier ce mémoire et de le transmettre au procureur pour qu'il puisse faire son devoir.

[2] Par analogie avec la loi anglaise de 1679 interdisant l'arrestation de citoyens sans mandat d'amener, on appelait Habeas Corpus Act la « loi sur la protection de la liberté personnelle » adoptée par l'Assemblée nationale prussienne le 28 août 1848. Cette loi fut grossièrement violée par le gouvernement prussien.


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