1912

Comment parlaient les dirigeants socialistes à la veille de la I° guerre mondiale....

Source : Le Socialisme, 2 novembre 1912

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Lettre à J. Guesde

Gheorgi Plekhanov

2 novembre 1912


Paris, le 27 octobre 1912

Mon cher Guesde

De passage à Paris, j’apprends que vous voudriez avoir de moi, pour le Socialisme, un article sur la guerre qui nous menace à l’heure présente. Le temps me manquant, je vous prie, mon cher ami, d’accepter, comme un acompte, les quelques lignes suivantes :

Pour nous, la suprême loi, c’est l’intérêt du prolétariat international. Or, la guerre est tout à fait contraire à cet intérêt. Aussi, le prolétariat international tout entier doit-il se cabrer résolument contre les chauvins de tous les pays.

D’ailleurs, il est hors de doute que cette fois, comme l’année passée à propos du Maroc, le prolétariat saura faire son devoir, tout son devoir. Je pars justement pour Bruxelles à la réunion du B. S. I. où les représentants des travailleurs organisés du monde entier vont se prononcer avec la plus grande énergie pour le maintien de la paix.

Oui, nous sommes pour la paix. Cependant nous ne sommes pas des pacifistes dans le goût de ceux qui ont tenu, au mois de septembre dernier, à Genève, un congrès international de la paix. Nous ne croyons pas à la vertu magique des mots. Nous savons qu’il n’existe au monde qu’une seule force capable de maintenir la paix, la force du prolétariat international organisé. Qu’on crie au paradoxe tant que l’on voudra, il n’en est pas moins incontestable que seule la guerre des classes pourra être opposée avec succès à la guerre entre les peuples.

Naturellement, dans chaque cas particulier, le succès sera plus ou moins complet. Si le socialisme international a pu prévenir, l’année passée, la guerre entre la France et l’Allemagne, il n’a pas pu cette année empêcher le fléau de sévir dans les Balkans. Mais aussi notre organisation n’a pas partout atteint le même développement et la même influence.

Ce qui est incontestable, ce qui est d’une évidence absolue, c’est que plus devient puissante cette organisation, et plus diminuent les possibilités d’une guerre internationale.

Ce fait suffirait à lui seul à nous rendre doublement persévérants dans notre labeur quotidien de propagande et de recrutement.

Vive le prolétariat international !

Vive la guerre des classes, seule garantie efficace contre la guerre entre les peuples !

Cordialement à vous.

G. Plékhanoff.


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