1939

Brochure qui aurait dû paraître comme n°19 des Cahiers Spartacus en juin 1939 mais la Gestapo détruisit les matricules. Après guerre, Wilebaldo Solano remit copie d'un jeu d'épreuves (déposé à la Bibliothèque nationale de Paris) à René Lefeuvre qui l'édita dans la compilation Espagne: les fossoyeurs de la révolution sociale (Spartacus, série B, n°65, décembre 1975).


Juan Andrade

L'assassinat d'A. Nin : ses causes, ses auteurs

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La vie exemplaire d’un révolutionnaire

Nous résumerons brièvement la vie exemplaire de révolutionnaire de celui qui fut secrétaire politique du P.O.U.M. Par sa vie et par son œuvre, il fut constamment et d’une façon désintéressée non seulement au service de la classe ouvrière espagnole, mais au service du prolétariat international. Comme couronnement de toute sa vie, Nin est mort à son poste de combat, en défendant la classe ouvrière contre tous ses ennemis.

Andrès Nin naquit à Vendrell (province de Barcelone) en 1892. Fils d’un ouvrier cordonnier, il fit ses premières études au Collège National de cette localité. A 18 ans, il se rendit à Barcelone afin de devenir instituteur d’Etat. Très jeune encore, il intervint déjà dans son village au cours des événements révolutionnaires de 1909 qui avaient leur origine dans la guerre du Maroc.

C’est à l’Union Fédérale nationaliste républicaine de Catalogne qu’il commença sa vie politique. En qualité d’affilié à ce parti, il intervint dans quelques réunions politiques et fut rédacteur de El Poble Catala. Puis attiré au mouvement ouvrier, il entra dans le parti socialiste espagnol et prit encore part à de nombreuses réunions. Il fut nommé délégué au Congrès de la C.N.T. tenu à Madrid, au Théâtre de la Comédie, en 1919. C’est à ce Congrès qu’il adhéra au syndicalisme révolutionnaire. En 1920, lorsque la répression menée par Martinez Anido et Arlegui battait son plein, il fut nommé secrétaire général de la C.N.T. L’année suivante, il fit partie de la délégation que la Confédération envoya en U.R.S.S. A partir de cette époque, il milita activement dans le mouvement communiste. Plus tard, il assista au premier Congrès de l’Internationale Syndicale Rouge, et en fut nommé secrétaire avec Losovsky ; il remplit cette charge pendant huit ans, jusqu’à son départ de l’U.R.S.S.

Il intervint activement pour sauver les auteurs du meurtre de Dato, en conséquence de quoi il fut arrêté à Berlin par la police allemande. Il fut nommé membre du Soviet de Moscou. Il avait été plusieurs fois délégué par l’Internationale Communiste et par l’Internationale Syndicale Rouge dans les pays de l’est de l’Europe et en Amérique Latine. Il fut expulsé de plusieurs pays, et toujours pour des motifs essentiellement politiques. Il fut plusieurs fois expulsé d’Allemagne, d’Italie, d’Angleterre et de France. Il organisa la Conférence syndicale pan-américaine et tout le mouvement révolutionnaire d’Amérique latine. Tout en menant cette activité, il collaborait aux principales publications de l’Internationale Communiste et de l’Internationale Syndicale Rouge de tous les pays et principalement de l’Union Soviétique.

Plus tard, lorsque surgirent les luttes de tendances au sein du Parti communiste, Nin se plaça résolument aux côtés de l’Opposition de gauche. Il fut de ceux qui réclamèrent, dans le parti de Lénine, le droit de penser, de parler, et de se prononcer librement. Après une série de persécutions dont nous avons largement éprouvé la qualité en Espagne, il rentra dans notre pays, où il reprit aussitôt sa place dans le mouvement révolutionnaire. Il entra dans l’Opposition Communiste de Gauche, qui se transforma plus tard en Gauche Communiste, et dont il fut le principal dirigeant et le secrétaire général. En 1935, la Gauche Communiste fusionna avec le Bloc Ouvrier et Paysan, constituant l’actuel P.O.U.M., dont Nin devint membre du comité exécutif.

Nin avait fait partie, depuis sa constitution, du Comité de l’Alliance Ouvrière de Catalogne, qui joua un rôle si utile dans le développement de la révolution avant, pendant, et après octobre 1934. Il était directeur de la revue théorique La Nueva Era et Secrétaire général de la Fédération Ouvrière d’Unité Syndicale (F.O.U.S.). Après le 19 juillet, et par suite de l’absence de Joaquin Maurin, prisonnier en territoire fasciste, il se chargea du Secrétariat politique du P.O.U.M. Lorsque éclata le soulèvement, il fut désigné comme membre du Conseil d’Economie de Catalogne, et, plus tard, il occupa le poste de Conseiller à la Justice dans le Gouvernement de la Généralité. De ce poste, il légalisa la Révolution dans le Droit, simplifia la procédure de façon révolutionnaire, créa les Tribunaux Populaires et accorda les droits politiques à la Jeunesse à partir de 18 ans.

Au cours de sa vie, Andrès Nin prit part à des centaines et des centaines de meetings, prononça de nombreuses conférences, écrivit un grand nombre d’articles et dirigea plusieurs journaux. Il était en outre l’auteur des ouvrages et brochures suivants : Les Dictatures de notre temps, Les Organisations Ouvrières Internationales, Les Mouvements d’Emancipation Nationale, Critique du Fascisme, Le Mouvement Syndical en Espagne, Fascisme et Syndicats, Danger de guerre et Mouvement Ouvrier International, Ce que sont les Soviets, La grève générale de Janvier et ses enseignements, Réaction et Révolution en Espagne, La Mandchourie et l’Impérialisme, Le Prolétariat espagnol devant la Révolution, Les Anarchistes et le mouvement syndical, etc., etc. La plupart de ses travaux ont été publiés en espagnol et les autres en catalan, en russe, en français et en allemand.

Son activité révolutionnaire valut à Nin de nombreuses persécutions en Espagne. Avant son assassinat il avait déjà vu la mort de près. Il fut un des premiers militants ouvriers du mouvement catalan contre qui eurent lieu les attentats des bandes du « Syndicat Libre » de Barcelone. En 1920, alors qu’il se trouvait au « Bar Cycliste » en compagnie du militant libertaire Canela, les pistoleros du Syndicat Libre déchargèrent sur eux une pluie de balles. Nin échappa à la mort en se jetant sur le sol. Canela, criblé de balles, mourut dans le bar. Furieux de savoir que Nin avait échappé à la mort, les pistoleros du Syndicat Libre le recherchèrent avec une ardeur redoublée. Il lui fallut, pour se mettre à couvert, vivre dans une entière illégalité.

Telle fut, brièvement rapportée, la vie héroïque et pleine d’abnégation d’Andrès Nin, secrétaire politique du P.O.U.M., dont le nom est uni aux meilleures traditions du mouvement ouvrier espagnol et international.


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