1936

« Staline défend non pas des idées progressives, mais les privilèges de caste de la nouvelle couche sociale, de la bureaucratie soviétique, qui, depuis longtemps déjà, est devenue un frein au développement socialiste de l'U.R.S.S. Il est impossible de défendre ces privilèges par les méthodes de la démocratie prolétarienne ; on ne peut les défendre qu'à l'aide de falsifications, de calomnies et d'une sanglante répression. »

Lev Sedov

Le livre rouge du procès de Moscou

Avant-propos

Ce LIVRE ROUGE n'est qu'une première contribution à l'analyse du procès de Moscou.

Sauf le premier chapitre, qui a un caractère de politique générale, et le deuxième, qui rappelle les faits antérieurs, chapitres susceptibles de présenter un intérêt moins immédiat pour le lecteur, ce travail, basé sur le compte rendu officiel, est consacré à l'analyse du procès lui-même. Il a déjà paru en langue russe, comme article rédactionnel dans le Bulletin de l'Opposition ; l'auteur l'a revue pour l'édition française.

L'enquête en est à son début. De nouvelles informations et de nouveaux témoignages ne se feront pas attendre. Certains documents n'ont pas trouvé place dans ces pages, car nous ne croyons pas possible de les rendre publics avant de les avoir rigoureusement vérifiés, de même que les circonstances qui y sont liées.

L'auteur de ces lignes se tient à l'écart de la politique active. Il ne s'est jamais adressé à l'opinion publique. S'il le fait aujourd' par cette étude, c'est que des raisons impérieuses l'y ont contraint.

Des hommes, à Moscou, ont été piétinés dans la boue, fusillés pour des crimes qu'ils n'avaient jamais commis, assassinés.

Léon Trotsky – père de l'auteur – est calomnié ignominieusement, calomnié comme rarement personne le fut dans l'Histoire. Tout son honneur de révolutionnaire, toute son œuvre de quarante années sont mis en cause.

Et la calomnie a déjà porté ses fruits : Léon Trotsky est interné, condamné au silence pour que d'accusé, il ne se fasse pas accusateur.

L'auteur de ces lignes est aussi l'un des accusés du procès de Moscou. Il a le droit de se défendre. Mais un double devoir s'imposait surtout à lui. Le devoir du seul accusé resté en liberté, de rétablir la vérité : le devoir de défendre l'honneur de Trotsky.

Le véritable procès, celui des fusilleurs de Moscou, ne fait que commencer. Nous n'avons d'autres armes que la vérité. Nous poursuivrons notre tâche jusqu'au bout, sans faiblesse, quelles que soient les difficultés à surmonter. La vérité se fera.

Il ne restera pas pierre sur pierre de la monstrueuse machination stalinienne. L'effroyable responsabilité en retombera sur les thermidoriens de Moscou.

Le crime de Staline apparaîtra tel qu'il est, l'un des plus grands de l'Histoire moderne.

L. Sédov

Le 28 octobre 1936

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