1923

L'engagement du combat face au stalinisme montant.


Cours Nouveau

Léon Trotsky

TRADITION ET POLITIQUE RÉVOLUTIONNAIRE

La question du rapport de la tradition et de la politique du Parti est loin d’être simple, particulièrement à notre époque. Maintes fois, ces derniers temps, nous avons eu à parler de l’immense importance de la tradition théorique et pratique de notre Parti et avons déclaré que nous ne pouvions en aucun cas permettre la rupture de notre filiation idéologique. Mais il faut bien nous entendre sur la façon de concevoir la tradition du Parti. Pour cela, nous devrons commencer par des exemples historiques afin d’y appuyer nos conclusions.

Prenons le parti " classique " de la II° Internationale, la social-démocratie allemande. Sa politique " traditionnelle " demi-séculaire était basée sur l’adaptation au parlementarisme et la croissance ininterrompue de l’organisation, de la presse et de la caisse. Cette tradition, qui nous est profondément étrangère, avait un caractère semi-automatique : chaque jour découlait naturellement du précédent et aussi, naturellement, préparait le suivant. L’organisation croissait, la presse se développait, l’encaisse enflait.

C’est dans cet automatisme que se forma toute la génération qui succéda à Bebel : génération de bureaucrates, de philistins, d’esprits obtus dont la physionomie politique se dévoila aux premières heures de la guerre impérialiste. Chacun des congrès de la social-démocratie parlait invariablement de l’ancienne tactique du Parti consacrée par la tradition. Et, en effet, la tradition était puissante. C’était une tradition automatique, acritique, conservatrice, qui en fin de compte étouffa la volonté révolutionnaire du Parti.

La guerre fit définitivement perdre à la vie politique de l’Allemagne son équilibre " traditionnel ". Dès les premiers jours de son existence officielle, le jeune Parti communiste entra dans la période orageuse des crises et des bouleversements. Néanmoins, au cours de son histoire relativement courte, on observe le rôle non seulement créateur, mais aussi conservateur, de la tradition qui, à chaque étape, à chaque tournant, se heurte aux besoins objectifs du mouvement et à la conscience critique du Parti.

Dans la première période déjà de l’existence du communisme allemand, la lutte directe pour le pouvoir devint sa tradition héroïque. Les terribles événements de mars 1921 révélèrent que le Parti n’avait pas encore suffisamment de forces pour atteindre son but. Il fallut faire volte-face vers la lutte pour les masses avant de recommencer la lutte directe pour le pouvoir.

Cette volte-face s’accomplit difficilement, car elle allait à l’encontre de la tradition nouvelle. Dans le Parti russe, actuellement, on rappelle toutes les divergences de vues, même insignifiantes, qui ont surgi dans le Parti ou dans son Comité central dans les dernières années. Peut-être conviendrait-il aussi de se rappeler le dissentiment capital qui se manifesta au moment du 3° Congrès de l’Internationale Communiste. Maintenant, il est évident que le revirement obtenu alors sous la direction de Lénine, malgré la résistance acharnée d’une partie considérable, au début de la majorité du congrès, sauva littéralement l’Internationale de l’écrasement et de la désagrégation dont elle était menacée dans la voie du " gauchisme " automatique, acritique, qui, en un court espace de temps, était déjà devenu une tradition figée.

Après le 3° Congrès, le Parti communiste allemand effectue, assez douloureusement, le revirement nécessaire. Alors commence la période de lutte pour les masses sous le mot d’ordre du front unique, avec de longues négociations et autres procédés pédagogiques. Cette tactique dure plus de deux ans et donne d’excellents résultats. Mais en même temps, ces nouveaux procédés de propagande, prolongés, se transforment… en une nouvelle tradition semi-automatique dont le rôle a été très important dans les événements du second semestre 1923.

Dès maintenant, il est incontestable que la période qui va de mai (commencement de la résistance dans la Ruhr) ou de juillet (effondrement de cette résistance) jusqu’à novembre, moment où le général Seeckt prend le pouvoir, est dans la vie de l’Allemagne une phase nettement accusée de crise sans précédent. La résistance que l’Allemagne républicaine à demi-étouffée d’Ebert-Cuno avait tenté d’opposer au militarisme français s’est écroulée, entraînant avec elle le piteux équilibre social et politique du pays. La catastrophe de la Ruhr a, jusqu’à un certain point, joué pour l’Allemagne " démocratique " le même rôle que cinq ans auparavant la défaite des troupes allemandes pour le régime des Hohenzollern.

Dépréciation incroyable du mark, chaos économique, effervescence et incertitude générale, désagrégation de la social-démocratie, afflux puissant des ouvriers dans les rangs communistes, attente unanime d’un coup d’Etat… Si le parti communiste avait modifié brusquement l’allure de son travail et avait profité des cinq ou six mois que lui accordait l’histoire pour une préparation directe politique, organique, technique à la prise du pouvoir, le dénouement des événements aurait pu être tout autre que celui auquel nous avons assisté en novembre.

Mais le Parti allemand était entré dans la nouvelle courte période de cette crise, peut-être sans précédent dans l’histoire mondiale, avec les procédés de la période diennale précédente de propagande pour l’établissement de son influence sur les masses. Il fallait alors une nouvelle orientation, un nouveau ton, une nouvelle façon d’aborder la masse, une nouvelle interprétation et application du front unique, de nouvelles méthodes d’organisation et de préparation technique, en un mot un brusque revirement tactique. Le prolétariat devait voir à l’œuvre un parti révolutionnaire marchant directement à la conquête du pouvoir.

Mais le Parti allemand continuait, en somme, sa politique de propagande, bien que sur une échelle plus large. Ce n’est qu’en octobre qu’il prend une nouvelle orientation. Mais il lui reste alors trop peu de temps pour développer son élan. Il donne à sa préparation une allure fiévreuse, la masse ne peut le suivre, le manque d’assurance du Parti se communique au prolétariat et, au moment décisif, le Parti recule sans coup férir.

Si le Parti a cédé sans résistance des positions exceptionnelles, la raison principale en est qu’il n’a pas su, au début de la nouvelle phase (mai-juillet 1923) s’affranchir de l’automatisme de sa politique antérieure, établie comme pour des années, et poser carrément dans l’agitation, l’action, l’organisation, la technique, le problème de la prise du pouvoir.

Le temps est un élément important de la politique, particulièrement à une époque révolutionnaire. Il faut parfois des années et des dizaines d’années pour rattraper des mois perdus. Il en eût été de même pour nous si notre Parti n’avait pas pris son élan en avril 1917 et ne s’était pas emparé du pouvoir en octobre. Nous avons tout lieu de croire que le prolétariat allemand ne paiera pas trop son omission, car la stabilité du régime allemand actuel, par suite surtout de la situation internationale, est plus que douteuse.

Il est clair que, comme élément conservateur, comme pression automatique du jour d’hier sur le jour d’aujourd’hui, la tradition représente une force extrêmement importante au service des partis conservateurs et profondément hostile à un parti révolutionnaire. Toute la force de ce dernier réside précisément dans sa liberté envers le traditionalisme conservateur. Est-ce à dire qu’il soit libre à l’égard de la tradition en général ? Nullement. Mais la tradition d’un parti révolutionnaire est d’une tout autre nature.

Si l’on prend maintenant notre parti bolchevik dans son passé révolutionnaire et dans la période consécutive à Octobre, on reconnaîtra que sa qualité tactique fondamentale la plus précieuse est son aptitude sans égale à s’orienter rapidement, à changer vite de tactique, à renouveler son armement et à appliquer de nouvelles méthodes, en un mot à opérer de brusques virages. Les conditions historiques orageuses ont rendu cette tactique nécessaire. Le génie de Lénine lui a donné une forme supérieure. Ce n’est pas à dire, certes, que notre Parti soit complètement affranchi d’un certain traditionalisme conservateur : un parti de masses ne peut avoir une telle liberté idéale. Mais sa force s’est manifestée en ce que le traditionalisme, la routine étaient réduits au minimum par une initiative tactique clairvoyante, profondément révolutionnaire, à la fois hardie et réaliste.

C’est en cela que consiste et que doit consister la tradition véritable du Parti.

La bureaucratisation plus ou moins grande de l’appareil du Parti s’accompagne inévitablement du développement du traditionalisme conservateur avec tous ses effets. Il vaut mieux s’exagérer ce danger que le sous-estimer. Le fait indubitable que les éléments les plus conservateurs de l’appareil sont enclins à identifier leurs opinions, leurs décisions, leurs procédés et leurs fautes avec " l’ancien bolchévisme " et tentent d’assimiler la critique du bureaucratisme à la destruction de la tradition, ce fait, dis-je, est déjà par lui-même l’expression incontestable d’une certaine pétrification idéologique.

Le marxisme est une méthode d’analyse historique, d’orientation politique, et non un ensemble de décisions préparées à l’avance. Le léninisme est l’application de cette méthode dans les conditions d’une époque historique exceptionnelle. C’est précisément par cette alliance des particularités de l’époque et de la méthode qu’est déterminée cette politique courageuse, sûre d’elle-même, de tournants brusques, dont Lénine nous a donné les plus hauts modèles et qu’il a, à maintes reprises, éclairés théoriquement et généralisés.

Marx disait que les pays avancés montrent dans une certaine mesure aux pays retardataires l’image de leur avenir. De cette proposition conditionnelle, on a tenté de faire une loi absolue qui a été en somme à la base de la " philosophie " du menchévisme russe. Par là même, on posait au prolétariat des limites découlant non pas de la marche de la lutte révolutionnaire, mais d’un schéma mécanique, et le marxisme menchéviste était et reste uniquement l’expression des besoins de la société bourgeoise, expression adaptée à une " démocratie " arriérée. En réalité, il se trouva que la Russie, alliant dans son économie et sa politique des phénomènes extrêmement contradictoires, fut poussée la première dans la voie de la révolution prolétarienne.

Ni Octobre, ni Brest-Litovsk, ni la création d’une armée paysanne régulière, ni le système de la réquisition des produits alimentaires, ni la nep, ni le Plan d’Etat, n’ont été et ne pouvaient être prévus ou prédéterminés par le marxisme ou le bolchévisme d’avant Octobre. Tous ces faits et tournants ont été le résultat de l’application autonome, indépendante, critique, marquée de l’esprit d’initiative, des méthodes du bolchévisme dans une situation chaque fois différente.

Chaque décision, avant d’être adoptée, suscitait des combats. Le simple appel à la tradition n’a jamais rien décidé. En effet, à chaque nouvelle tâche, à chaque nouveau tournant, il ne s’agit pas de chercher dans la tradition et d’y découvrir une réponse inexistante, mais de profiter de toute l’expérience du Parti pour trouver soi-même une nouvelle solution appropriée à la situation et, par là même, enrichir la tradition. On peut même dire que le léninisme consiste à ne pas regarder en arrière, à ne pas se laisser lier par des précédents, par des références et des citations de pure forme.

Lénine lui-même a récemment exprimé cette pensée par le mot de Napoléon : " On s’engage et puis on voit " [1] . Autrement dit, une fois engagé dans la lutte, ne pas s’occuper outre mesure des canons et des précédents, s’engouffrer dans la réalité telle qu’elle est et y chercher les forces nécessaires à la victoire et les voies qui y mènent. C’est en suivant cette ligne que Lénine, non pas une fois, mais des dizaines de fois, a été accusé dans son propre parti de violer la tradition et de répudier " l’ancien bolchévisme ".

Rappelons que les otzovistes [2] intervenaient invariablement sous le couvert de la défense des traditions bolchevistes contre la déviation léniniste (il existe là-dessus des matériaux extrêmement intéressants dans la Krassnaïa Liètopiss, N° 9). Sous l’égide de " l’ancien bolchevisme ", en réalité sous l’égide de la tradition formelle, fictive, erronée, tout ce qu’il y avait de routinier dans le Parti se souleva contre les " thèses d’avril " de Lénine. Un des historiens de notre parti (les historiens de notre parti, jusqu’à présent, hélas ! n’ont pas de chance) me disait au fort des événements d’Octobre : " Je ne suis pas avec Lénine parce que je suis un vieux bolchevik et je reste sur le terrain de la dictature démocratique du prolétariat et de la paysannerie. " La lutte des " communistes de gauche " contre la paix de Brest-Litovsk et pour la guerre révolutionnaire se fit également au nom du salut des traditions révolutionnaires du Parti, de la pureté de " l’ancien bolchevisme " qu’il fallait protéger contre les dangers de l’opportunisme étatique. Inutile de rappeler que toute la critique de " l’opposition ouvrière " consista en somme à accuser le Parti de violer les anciennes traditions. Nous avons vu récemment les interprétateurs les plus officiels des traditions du Parti dans la question nationale se mettre en contradiction avec les besoins de la politique du Parti dans cette question ainsi qu’avec la position de Lénine [3] .

On pourrait multiplier ces exemples, en donner une foule d’autres historiquement moins importants, mais non moins probants. Mais ce que nous venons de dire suffit pour montrer que chaque fois que les conditions objectives exigent un nouveau tournant, un revirement hardi, de l’initiative créatrice, la résistance conservatrice décèle une tendance naturelle à opposer aux nouvelles tâches, aux nouvelles conditions, à la nouvelle orientation, les " anciennes traditions ", le soi-disant ancien bolchevisme, en réalité l’enveloppe vide d’une période dont on vient de sortir.

Plus l’appareil du Parti est renfermé en lui-même, plus il est imprégné du sentiment de son importance intrinsèque, plus il réagit lentement devant les besoins émanant de la base et plus il est enclin à opposer aux nouveaux besoins et tâches la tradition formelle. Et s’il est quelque chose susceptible de porter un coup mortel à la vie spirituelle du Parti et à la formation doctrinale de la jeunesse, c’est bien la transformation du léninisme, d’une méthode réclamant pour son application de l’initiative, de la pensée critique, du courage idéologique, en un canon qui n’exige que des interprétateurs désignés une fois pour toutes.

Le léninisme ne saurait se concevoir sans envergure théorique, sans une analyse critique des bases matérielles du processus politique. Il faut sans cesse aiguiser et appliquer l’arme de l’investigation marxiste. C’est en cela précisément que consiste la tradition, et non dans la substitution d’une référence formelle ou d’une citation fortuite à l’analyse. Le léninisme ne saurait se concilier avec la superficialité idéologique et la négligence théorique.

On ne saurait découper Lénine en citations appropriées à tous les cas de la vie, car pour Lénine la formule n’est jamais au-dessus de la réalité, elle est toujours l’instrument permettant de saisir la réalité et de la dominer. On trouverait sans peine dans Lénine des dizaines et des centaines de passages qui, formellement, semblent se contredire. Mais il faut voir non pas le rapport formel d’un passage à un autre, mais le rapport réel de chacun d’eux à la réalité concrète dans laquelle la formule a été introduite comme un levier. La vérité léninienne est toujours concrète.

En tant que système d’action révolutionnaire, le léninisme présuppose un sens révolutionnaire aiguisé par la réflexion et l’expérience et qui, dans le domaine social, équivaut à la sensation musculaire dans le travail physique. Mais on ne saurait confondre le sens révolutionnaire avec le flair démagogique. Ce dernier peut donner des succès éphémères, parfois même sensationnels. Mais c’est là un instinct politique d’un ordre inférieur. Il tend toujours vers la ligne de moindre résistance. Alors que le léninisme tend à poser et à résoudre les problèmes révolutionnaires fondamentaux, à surmonter les principaux obstacles, sa contrefaçon démagogique consiste à éluder les problèmes, à susciter un apaisement illusoire, à endormir la pensée critique.

Le léninisme est avant tout le réalisme, l’appréciation qualitative et quantitative supérieure de la réalité, du point de vue de l’action révolutionnaire. Aussi est-il inconciliable avec la fuite devant la réalité, avec la passivité, la perte de temps, la justification hautaine des fautes d’hier sous prétexte de sauver la tradition du parti.

Le léninisme est l’indépendance véritable à l’égard des préjugés, du doctrinarisme moralisateur, de toutes les formes du conservatisme spirituel. Mais croire que le léninisme signifie " tout est permis " serait une faute irrémédiable. Le léninisme renferme la morale non pas formelle, mais révolutionnaire réelle, de l’action de masse et du parti de masse. Rien ne lui est aussi étranger que la morgue fonctionnariste et le cynisme bureaucratique. Un parti de masse a sa morale, qui est la liaison des combattants, dans et pour l’action. La démagogie est inconciliable avec l’esprit d’un parti prolétarien parce qu’elle est mensongère : donnant telle ou telle solution simplifiée des difficultés de l’heure présente, elle sape inévitablement l’avenir prochain, affaiblit la confiance du parti en soi-même.

Battue par le vent et aux prises avec un danger sérieux, la démagogie se résout facilement en panique. Or, il est difficile de juxtaposer, même sur le papier, la panique et le léninisme.

Le léninisme guerroie des pieds à la tête. Or, la guerre est impossible sans ruse, sans faux-fuyant, sans tromperie. La ruse de guerre victorieuse est un élément constitutif de la politique léninienne. Mais en même temps, le léninisme est l’honnêteté révolutionnaire suprême à l’égard du Parti et de la classe ouvrière. Il ne comporte ni fiction, ni battage, ni pseudo-grandeur.

Le léninisme est orthodoxe, obstiné, irréductible, mais il n’implique ni formalisme, ni canon ou bureaucratisme. Dans la lutte, il prend le taureau par les cornes. Vouloir faire des traditions du léninisme une garantie supra-théorique de l’infaillibilité de tous les dires et pensées des interprétateurs de ces traditions, c’est bafouer la tradition révolutionnaire véritable et la transformer en bureaucratisme officiel. Il est ridicule et vain de chercher à hypnotiser un grand parti révolutionnaire par la répétition des mêmes formules en vertu desquelles il faudrait chercher la ligne droite non pas dans l’essence de chaque question, non pas dans les méthodes de position et de solution de cette question, mais dans des renseignements… de caractère biographique.

Puisque je dois pour un instant parler de ma personne, je dirai que je ne considère pas la voie par laquelle je suis venu au léninisme comme moins sûre que les autres. Mes actes au service du Parti en sont la seule garantie : je ne puis en donner d’autre. Et si l’on pose la question dans le champ des recherches biographiques, encore faut-il le faire comme il faut.

Il faudrait alors répondre à des questions épineuses : tous ceux qui ont été fidèles au maître dans les petites choses lui ont-ils été fidèles aussi dans les grandes ? Tous ceux qui ont manifesté de la docilité en présence du maître ont-ils donné par là même des garanties qu’ils continueraient son œuvre en son absence ? Le léninisme est-il tout entier dans la docilité ? Je n’ai nullement l’intention d’analyser ces questions en prenant comme exemple des camarades isolés avec lesquels j’ai, en ce qui me concerne, l’intention de continuer à travailler la main dans la main.

Quelles que soient les difficultés et les divergences de vues futures, on n’en triomphera que par le travail collectif de la pensée du Parti, se vérifiant chaque fois elle-même et par là maintenant la continuité du développement.

Ce caractère de la tradition révolutionnaire est lié au caractère particulier de la discipline révolutionnaire. Là où la tradition est conservatrice, la discipline est passive et enfreinte au premier moment de crise. Là où, comme dans notre Parti, la tradition consiste dans la plus haute activité révolutionnaire, la discipline atteint son maximum, car son importance décisive se vérifie constamment dans l’action. De là, l’alliance indestructible de l’initiative révolutionnaire, de l’élaboration critique, hardie, des questions, avec la discipline de fer dans l’action. Et ce n’est que par cette activité supérieure que les jeunes peuvent recevoir des anciens et continuer cette tradition de discipline.

Autant que personne, nous chérissons les traditions du bolchevisme. Mais que l’on n’assimile pas le bureaucratisme au bolchevisme, la tradition à la routine officielle.


NOTES

[1] En français dans le texte.

[2] Fraction de gauche représentée par A. Bogdanov, Volsky, Lounatcharsky, Alexinsky, Manouilsky, qui publia le journal Vperiod ; fut exclue du Parti.

[3] Allusion au différend qui opposa le point de vue de Staline, Ordjonikidzé et Dzerjinsky à celui de Lénine et de Trotsky.


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