1930

Juillet 1930 : le combat pour unifier et souder l'Opposition de Gauche Internationale face à la tourmente qui s'annonce.


Œuvres - juillet 1930

Léon Trotsky

Un autoportrait

L'irremplaçable collègue Jaroslavsky, dans l'intérêt de l’autocritique, a lu au congrès une description d’un communiste donnée par une organisation d’une localité perdue : "Consistant, politiquement instruit, il n'a pas de fermes convictions à lui. Il attend ce que les autres vont dire". Le rapport mentionne "rires". Mais si on prend la peine d’y réfléchir, ce n'est pas du tout un sujet qui fasse rire. Et c'est peut-être la raison qui le rend ridicule. Ma description a frappé juste.

Oui, prenons Jaroslavsky. En 1923, il écrivait à Trotsky un panégyrique. En 1925, il parlait de son accord avec le léninisme de Zinoviev qui était entièrement dirigé contre Staline. En 1929, il écrivait que Boukharine n'exprimait aucune déviation et qu'il éduquait la jeunesse dans "l’esprit du léninisme".

Mais peut-on dire que Jaroslavsky est inconsistant ? Non, on ne le dira pas. Il est tout à fait consistant, même trop. Politiquement illettré ? Non, bien entendu, non. Au pire semi-instruit. A-t-il des convictions fermes ? Il semble que non. Mais comment se fait-il que lui, Jaroslavsky, sans convictions fermes, se maintienne au sommet ? Très simple. "Il attend ce que les autres vont dire".

Non, le congrès n'aurait pas dû rire. La description est parfaite.


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