1932

Au jour le jour, le combat de Trotsky pour souder une force authentiquement communiste. Une série de lettres à son principal collaborateur: son fils, Léon Sedov.


Œuvres - février 1932

Léon Trotsky

Lettre à L. Sedov

16 février 1932

Mon cher Ljova

1 . Je t'envoie la conclusion de ma brochure ( le texte russe ). Jan t'enverra la conclusion de la traduction allemande probablement après-demain. Je suis vraiment heureux de m'être débarrassé de ce travail. Fischer me presse cruellement. Maintenant je vais en revenir totalement au second volume de l'Histoire, voilà tout un mois que j'ai arrêté le travail dessus. Pendant ce mois, s'il te plaît ne me contacte pas du tout, car je ne regarderai même les journaux que d'un oeil.

2 . La menace d'une tentative d'assassinat de Litvinov doit être exploitée. Le gouvernement soviétique a envoyé au secrétariat de la S.D.N. une requête pour que des mesures soient prises pour protéger Litvinov du danger d'un acte terroriste. Par cet acte même, le gouvernement soviétique a montré qu'il attribue une grande importance aux révélations qu'il a faites par l'intermédiaire de la presse communiste. En même temps, le gouvernement soviétique a montré par son appel qu'il est au courant des conspirateurs.

Il y a une question : qu'a-t-il fait sur la tentative d'assassiner Trotsky ? A-t-il communiqué à Trotsky l'information sur les faits parvenue à l'agence stalinienne, qui aurait pu aider Trotsky et ses amis à prendre les précautions nécessaires ? Non, à ce jour, il n'a rien communiqué. En d'autres termes, la fraction stalinienne s'est fait complice des conspirateurs Gardes Blancs. Il est impossible d'échapper à la logique des faits et de la responsabilité politique.

Sur ces lignes, on pourrait préparer une courte déclaration que les sections nationales pourraient transmettre aux endroits qui conviendraient. Il serait très important de transmettre une telle déclaration à Litvinov en Suisse.

A propos ; quelles sont les sections qui ont transmis la première déclaration et à qui exactement ?

3 . En ce qui concerne le secrétariat, bien entendu, il faut préparer une mise en garde sur les faits avec un exposé aussi exact que possible et l'envoyer à toutes les sections. Elle doit être aussi peu polémique que possible, mais froide, terne, comme un texte d'affaires.

Il semble qu'Ellin doive arriver bientôt. Son arrivée va immédiatement rendre les choses plus solides.

4 . La question sur la conférence espagnole est une question importante et inquiétante. Peut-être pourrait-on vraiment envoyer quelqu'un. Mais une seule personne, ce n'est pas beaucoup. L'atmosphère y sera telle qu'un homme seul sera incapable de rester dans son rôle, jouera une fausse note, etc. Si on envoie quelqu'un, le minimum doit être deux. La meilleure combinaison serait Erwin et Jan. Jan est nécessaire ne serait-ce que parce qu'il est au courant de toute l'histoire de l'Opposition espagnole et est familier avec toute la correspondance, etc. Lacroix semble convoquer également Frank de Paris. Si on ne lésine pas sur quelques centaines de marks supplémentaires, nous pourrions aller avec trois : Erwin, Jan et Frank. Ce serait là une délégation sérieuse qui détiendrait des mains du secrétariat les pleins pouvoirs nécessaires. Un des trois désigné comme le président de la délégation. Si Jan en fait partie, bien entendu il faudra qu'il aille d'abord à Berlin - cela décider[a] aussi la question de Sieva.

Il est tout à fait clair que Lacroix ne peut mener l'Opposition espagnole qu'à l'abîme. Une conférence dans l'avenir immédiat peut se révéler décisive en ce sens. Je vois que mon idée initiale - n'envoyer personne - était mauvaise. Mais il est également impossible d'envoyer une seule personne. Un minimum de deux est nécessaire, mais le mieux c'est trois.

Malheureusement je n'ai absolument pas la possibilité de m'intéresser à l'aspect politique de la conférence.

5 . Sur les livres. Notre dictionnaire Dahl a survécu à moitié ( c'est presque le seul livre) : il est brûlé de tous les côtés de sorte que chaque volume doit être enveloppé dans un sac de papier et chaque fois qu'on en a tourné les pages sur la table, il y a quantité de cendres. Mais pour le moment ça va.

M(aria) I(lyichna) va t'envoyer bientôt une liste des Marx-Engels et Lénine.

6 . Comment peut-on comprendre le ralliement de Neurath ? Pour le moment, il ne le sait probablement pas lui-même. Il écrit qu'il lutte pour l'union avec nous dans les rangs de l'Opposition de la droite tchèque-allemande et se moque des brandlériens qui se sont divisés à cause de leur attitude ambiguë à l'égard du " trotskysme ".

7 . Pas de réponse sur le visa de Tchéquie.

8 . Nos Américains ont mis sur pied un grand journal juif. Ils m'écrivent que la sympathie pour l'Opposition semble extraordinairement répandue parmi les ouvriers juifs d'Amérique.

9 . A propos ; selon le compte rendu de Shachtman, le journal juif n'a pas payé 200, mais 400 dollars pour réimprimer le premier volume de l'Histoire. Maintenant Shachtman espère recevoir 5 à 600 dollars. Je vais lui écrire d'envoyer cet argent au secrétariat qui le répartira lui-même.

10 . Les lettres des exilés à Alma-Ata n'ont pas brûlé. En général, les archives sont intactes.

11 . Je n'ai pas encore lu les lettres de Frey. Je ne peux donc rien dire.

12 . Pour le moment [n]'achète pas de Voitinsky. J'aimerais avoir quelque chose de nouveau et de solide sur le Japon. Même en traduction anglaise (les livres allemands sont bien meilleur marché). De même j'aimerais avoir quelque chose de nouveau sur l'Espagne, l'Italie, la Grèce.

13 . Il ne reste rien des copies supplémentaires de mes lettres à Well et Sénine. Nous pouvons t'envoyer nos copies mais il y a des plaintes que tu aurais cessé de répondre à toutes les demandes et qu'il y a un danger que tu ne renvoies pas les copies à temps. Je ne sais pas exactement ce qu'il faut faire.

14 . S'il y a des erreurs de fait dans ma brochure, bien entendu, les Allemands peuvent les corriger. S'il s'agit seulement bien entendu de corrections purement factuelles. Cependant je ne pense pas qu'il y ait des erreurs fondamentales, car j'ai progressé avec prudence.


Archives Trotsky Archives Internet des marxistes
Début Précédent Haut de la page Sommaire Suite Fin