1932

La collaboration Trotsky - Sedov au jour le jour...

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Œuvres

L. Trotsky

Lettre à L. Sedov

11 mars 1932


Mon cher Ljova ,

Le dernier numéro du S(ocialistische) A(rbeiter) Z(eitung) reçu ici contient une résolution du congrès des jeunes, d'un côté, et un article dédié à la mémoire de Burian de l’autre. La résolution est excellente, l'article de deuxième ordre ; on ne peut concevoir un type plus réactionnaire et plus idiot de pacifisme même si on le voulait. Ce seul numéro du S.A.Z, nous donnera quelques indications infaillibles pour notre politique à l'égard du S.A.P. L'Opposition de gauche doit assumer l'initiative de la lutte contre la direction Rosenfeld‑Seydewitz. La situation au moment précis est tout à fait favorable Tous les autres groupes sont empêtrés dans leurs contradictions et ne peuvent dire toute la vérité. Seule l’Opposition de gauche a la possibilité de frapper la direction centriste du S.A.P. ‑ en totale liberté, d'un angle et d’un autre, tout en respectant les justes proportions. Le temps est me semble‑t‑il venu d’adresser une Lettre ouverte à l'union de la Jeunesse socialiste et aux membres prolétariens du S.A.P. Elle doit être écrite sur un ton très calme, amical, explicatif, mais en même temps sans concessions vis‑à‑vis de la direction du S.A.P. La lettre pourrait être construite plus ou moins de cette façon :

“ Nous avons abordé et nous abordons votre organisation sans inimitié préconçue. Nous comprenons les conditions qui vous ont conduits à former une organisation indépendante. Ce sont les mêmes conditions en vertu desquelles nous, bolcheviks‑léninistes, nous sommes trouvés en dehors du parti communiste officiel. Nous considérons comme notre tâche de changer le régime et la politique du parti communiste officiel. Vous considérez comme essentiel de former un nouveau parti révolutionnaire du prolétariat. L'avenir montrera quelle voie est la plus juste. Mais si vous parlez sérieusement de former un parti vraiment révolutionnaire, comment pouvez‑vous alors supporter la direction sur vous des centristes et des pacifistes ? "

(Ici, tu peux être amené à proposer quelques exemples, faisant surtout référence à la respectueuse nécrologie pour Briand, un des plus répugnants renégats et des plus vils laquais de l'impérialisme français).

“ Plus d'une fois, vous avez appelé les bolcheviks-léninistes à entrer dans les rangs de votre organisation. Nous avons décliné et déclinons encore cette proposition non pas parce que nous ne voulons pas travailler avec vous, membres révolutionnaires du S.A.P. Au contraire nous l'essayons de toutes nos forces. Mais nous ne pouvons permettre même pour un seul jour que les adorateurs du renégat Briand parlent à la classe ouvrière et à toute l'Internationale officiellement en notre nom. Dans des discussions avec nous, vous avez plus d'une fois fait référence au mouvement à gauche du S.A.P. sous la pression des couches profondes. En fait, c'est une illusion d'optique. Que signifient ces phrases révolutionnaires sur un système soviétique et sur la dictature du prolétariat si en même temps, on soutient le plan de Tardieu pour une action internationale ? Comment peut‑on jurer par les noms de Lénine, Liebknecht, Paul Levi et Briand simultanément ? C’est là prostituer les bases même de la pensée révolutionnaire. Nous vous proposons de condamner impitoyablement les rédacteurs du S.A.Z., de proclamer l’incompatibilité entre la défense du briandisme et une attitude de tolérance à l'égard de telle défense, avec l'appartenance à votre organisation, et d'exiger la transformation du S.A.P. en une organisation révolutionnaire qui se rapproche du communisme".

Dans l’ensemble des transgressions de S.A.Z ., il ne faut pas oublier l'article de Rosenfeld sur l'histoire du front uni, où il rappelle que dix ans auparavant, le P.C., s'engageant dans le front unique, "calomniait" ses alliés et détruisait ainsi le front uni. Le P.C., dit‑il, n'a rien appris depuis ce temps. Ainsi ce type considère‑t‑il que le front unique exige un affaiblissement de la critique : il dit même que critiquer, c’est calomnier. Il faut éliminer de ce document cette interprétation du front uni. Dans une telle Lettre ouverte, un paragraphe peut et doit être consacré aux brandlériens en train de faire scission : “ Vous dites que vous avez promis de lutter pour transformer le S.A.P. en une organisation communiste. Vous êtes‑vous prononcés contre le brandlérisme ? Avez‑vous exigé l'exclusion de l'auteur de l’article et des rédacteurs de l'organisation ? “ et ainsi de suite. J'insiste beaucoup sur ce document. Il peut acquérir une énorme importance dans l'évolution du S.A.P. et de l'Opposition de gauche.

Il faut néanmoins réagir quelque peu à la lettre de Lacroix dans laquelle il démontre son droit à avoir sa propre opinion. Puisque Lacroix exige que sa lettre soit diffusée, il faut que le secrétariat accompagne sa diffusion d'une note brève ou, si la lettre est déjà diffusée, la fasse suivre d'une note à la première occasion; le sens général de cette note, me semble‑t‑il, devrait être de cet ordre :

"Dans sa lettre, le comité central de l'Opposition de gauche espagnole a selon notre opinion mal posé la question. Ni le camarade Trotsky ni le secrétariat n’ont même pensé à refuser au comité central de l’Opposition espagnole le droit de vote pour ou contre tel ou tel candidat ou de faire telle ou telle appréciation de l'un ou de l’autre. Mais tout autre membre de l'organisation et tout membre de l'Opposition a également le droit de soumettre à une critique de camarade les activités et opinions du comité central espagnol. Concevoir cela comme si seules les critiques du camarade Lacroix dirigées contre d'autres, seraient la réalisation de la démocratie du parti tandis que la critique des activités de Lacroix de la part des autres signifie qu'ils s'arrogent le commandement et portent atteinte à la démocratie, nous semble tout à fait faux”

‑ quelque chose dans ce sens.

Ma brochure, L’Allemagne est la clé n’a évidemment pas été publiée […un blanc dans la transcription…(ndlr) ] cela démontre le peu d'intérêt qu'ils prennent à tout au‑delà des Pyrénées et en même temps combien ils rejettent facilement toute direction à partir du moment où leurs propres écrits ou […] sont […].

Il faut éclaircir cette question avec tact, sans vacarme, mais fondamentalement dans le sens des "preuves". Il faut donner à ces gens une sévère leçon.


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