1848-49

Marx et Engels journalistes au coeur de la révolution...

Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec.


La Nouvelle Gazette Rhénane

K. Marx

Montesquieu LVI [1]

n° 201, 21 janvier 1849


Un rédacteur anonyme que l'« honorable » Joseph Dumont ne paie pas, mais qui le paie, et dont le feuilleton cherche à influencer les électeurs au premier degré, adresse à la Nouvelle Gazette rhénane l'apostrophe suivante :

« Il a plu à la Nouvelle Gazette rhénane, organe de la démocratie, de prendre note des articles parus dans notre feuille sous le titre : « Aux électeurs au premier degré » et de les désigner comme des emprunts faits à la Neue Preussische Zeitung. Face à ce mensonge, il suffit de déclarer que ces articles sont payés comme articles à insérer, que lesdits articles, à l'exception du premier, emprunté à la correspondance parlementaire, sont écrits à Cologne et que leur auteur n'a jamais vu la Neue Preussische Zeitung et l'a encore moins lue [2]. »

Nous comprenons combien il est important pour Montesquieu LVI de constater que ces articles sont sa propriété. Nous comprenons aussi combien est importante pour M. Dumont la déclaration suivant laquelle il est « payé », même pour les tracts et les articles insérés qu'il fait composer, imprimer et diffuser dans l'intérêt de sa propre classe, la bourgeoisie.

Quant au rédacteur anonyme, il connaît le proverbe français : Les beaux esprits se rencontrent. Ce n'est pas sa faute si les produits de son propre esprit ressemblent à ceux de la Neue Preussische Zeitung et des Preussenvereine comme un œuf ressemble à s'y tromper à un autre œuf.

Nous n'avons jamais lu ses articles insérés dans la Kölnische Zeitung, mais honoré seulement d'un coup d'œil rapide les tracts sortis de l'imprimerie de Dumont qui nous ont été envoyés de droite et de gauche, mais maintenant, en les comparant, nous trouvons que ces torchons jouent simultanément leur rôle comme article et comme tract.

Pour expier notre péché contre l'anonyme Montesquieu LVI nous nous sommes infligé la rude pénitence de lire de bout en bout l'ensemble de ses articles parus dans la Kölnische Zeitung et, pour le public allemand, de verser au patrimoine commun la propriété privée de son œuvre intellectuelle.

Telle est la sagesse !

Montesquieu LVI s'occupe avec prédilection du problème social. Il a trouvé pour le résoudre la « voie la plus aisée et la plus simple » et il offre ses pilules de Morrison [3] avec une emphase de charlatan pleine d'onction et de naïve impudence.

« La voie la plus aisée et la plus simple (pour résoudre le problème social) est d'accepter la constitution octroyée le 5 décembre dernier, de la réviser, de la faire approuver de tous les côtés et de la promouvoir. C'est la seule voie qui mène au salut. Si on a dans la poitrine un cœur qui compatit à la détresse de ses frères miséreux, qui veut nourrir ceux qui ont faim, vêtir ceux qui sont nus..., en un mot, résoudre le problème social... alors qu'on n'élise personne qui se soit prononcé contre la constitution [4]. » (Montesquieu LVI.)

Votez pour Brandenburg-Manteuffel-Ladenberg, et le problème social sera résolu par la voie « la plus aisée » et « la plus simple » ! Votez pour Dumont, Camphausen,Wittgenstein ou pour des dii minorum gentium [5] comme Compes, Melvissen et autres, et le problème social sera résolu. Le « problème social » en échange d'une voix ! Si quelqu'un « veut nourrir ceux qui ont faim et vêtir ceux qui sont nus », qu'il vote pour Hansemaun et Stupp ! Pour chaque voix, un problème social de moins ! Accepter la constitution octroyée, - voilà la solution du problème social !

Nous ne doutons pas un instant que non seulement Montesquieu LVI mais aussi ses patrons de la Ligue des bourgeois [6] n'attendront pas que la constitution octroyée [7] soit acceptée, revue, approuvée et promue pour « nourrir, etc... ». On a d'ailleurs déjà pris des mesures à cet effet.

Depuis quelques semaines, on répand des circulaires où les capitalistes indiquent aux maîtres artisans, boutiquiers, etc. que, pour des raisons philanthropiques, et en considération des circonstances actuelles et du crédit qui renaît, les intérêts passeront de 4 à 5 % ! Première solution du problème social !

Dans le même esprit, le Conseil municipal de la ville a rédigé la « carte de travail » pour les malheureux qui meurent de faim ou qui se trouvent dans l'obligation de vendre leurs bras à la ville (cf. n° 187 de la Nouvelle Gazette rhénane). Dans cette charte octroyée aux ouvriers, on se rappelle que l'ouvrier ayant perdu son gagne-pain se trouve engagé par contrat à se placer sous surveillance policière. Deuxième solution du problème social !

À Cologne, le Conseil municipal a créé, peu après les affres de mars, une cantine à prix coûtant, bien agencée, avec des salles magnifiques, chauffées, etc. Après le don de la constitution octroyée, ce local a été remplacé par un autre, dépendant de l'assistance publique, il n'est pas chauffé, la vaisselle y manque, il n'est pas permis de consommer sur place, mais un quart d'innommable bouillon y est vendu 8 pfennigs. Troisième solution du problème social !

À Vienne, les ouvriers, pendant qu'ils étaient au pouvoir ont veillé sur la banque, les maisons et les biens des bourgeois en fuite. Lorsqu'ils revinrent, les mêmes bourgeois dénoncèrent à Windischgrætz ces « brigands » pour qu'ils soient pendus. Les chômeurs qui s'adressèrent au Conseil municipal furent mis de force dans l'armée contre la Hongrie. Quatrième solution du problème social !

À Breslau, le Conseil municipal et le gouvernement ont voué tranquillement au choléra en leur retirant les vivres indispensables les misérables qui avaient dû chercher refuge dans un asile; ils n'ont remarqué les victimes expiatoires de leur cruelle charité qu'au moment où l'épidémie s'en est prise à eux-mêmes. Cinquième solution du problème social !

À l'Association berlinoise « avec Dieu, pour le Roi et la Patrie », un ami de la constitution octroyée a déclaré qu'il était pénible de toujours devoir dire des compliments aux « prolétaires » pour faire triompher ses intérêts et ses projets.

Voilà la solution de la « solution du problème social ».

« Les espions prussiens sont justement dangereux parce qu'ils ne sont jamais payés, mais qu'ils espèrent toujours l'être», dit notre ami Heine. Et les bourgeois prussiens sont justement si dangereux parce qu'ils ne paient jamais, mais promettent toujours de le faire.

Les bourgeois anglais et français dépensent beaucoup pour une élection. Leurs manœuvres de corruption sont universellement connues. Les bourgeois prussiens « sont les gens les plus malins qui soient ! » Bien trop moraux et sérieux pour tirer leur porte-monnaie, ils paient avec la « solution du problème social ». Ça ne coûte rien ! Mais Montesquieu LVI paie au moins - ainsi que Dumont l'assure officiellement - les droits d'insertion à la Kölnische Zeitung et lui donne en sus et gratis la solution du « problème social ».

Voilà donc en quoi consiste la partie pratique des petites œuvres de notre Montesquieu : votez pour Brandenburg-Manteuffel-Ladenberg ! Élisez Camphausen-Hansemann ! Envoyez-nous à Berlin, commencez par y installer nos gens ! Voilà la solution du problème social !

L'immortel Hansemann a résolu ces problèmes. En premier lieu rétablir l'ordre pour rétablir le crédit. Puis, comme en 1844 « lorsque la nécessité et le devoir nous obligèrent à venir en aide à mes chers tisserands silésiens », de la poudre et du plomb pour résoudre le « problème social».

Votez donc pour des amis de la constitution octroyée !

Mais Montesquieu LVI n'accepte la constitution octroyée que pour ensuite la « réviser » et l'approuver.

Excellent Montesquieu ! Quand tu auras accepté la constitution, tu ne la réviseras que sur sa propre base, c'est-à-dire dans la mesure où cela conviendra au bon plaisir du roi et de la seconde Chambre composée de hobereaux campagnards, de barons de la finance, de hauts fonctionnaires et de prêtraille. Cette révision, la seule possible, est déjà soigneusement prévue dans la constitution. Elle consiste à abandonner le système constitutionnel et à rétablir l'ancien régime chrétien germanique.

C'est la seule révision possible, la seule révision autorisée après l'adoption de la constitution; ce qui n'a pas pu échapper à la sagacité d'un Montesquieu.

La partie pratique des petits œuvres de Montesquieu LVI vise donc à ceci : votez pour Hansemann-Camphausen ! Votez pour Dumont-Stupp ! Votez pour Brandenburg-Manteuffel ! Adoptez la constitution octroyée ! élisez des grands électeurs qui adopteront la constitution octroyée, et le tout sous prétexte de résoudre « le problème social ».

Peu nous chaut le prétexte, quand il s'agit de la constitution octroyée en vigueur.

Mais notre Montesquieu a fait naturellement précéder d'une partie théorique sa méthode pratique pour résoudre « le problème social », véritable sommet de son œuvre gigantesque. Examinons cette partie théorique.

Ce profond penseur explique d'abord ce que sont les « problèmes sociaux ».

« Qu'est-ce donc en réalité que le problème social ?
L'homme doit et veut vivre.
Pour vivre l'homme a besoin de logement, d'habillement, de nourriture.
La nature ne produit ni logement, ni habillement. La nourriture à l'état brut ne pousse qu'avec parcimonie et insuffisance.
L'homme doit donc se procurer de quoi satisfaire ces besoins.
Il le fait en travaillant.
Le travail est par conséquent la condition première de notre vie; sans travail, nous ne pouvons pas vivre.

Chez les peuples primitifs, chacun se construisait lui-même sa chaumière, se confectionnait lui-même son habillement en peaux de bêtes, cueillait lui-même les produits qu'il mangeait. C'était l'état primitif.
Mais si l'homme n'a besoin de rien d'autre que de logement, d'habillement et de nourriture, si donc il satisfait uniquement ses besoins physiques, il est au même rang que la bête, car cela la bête le fait aussi.
Mais l'homme est un être supérieur à la bête; pour vivre, il a besoin de plus : il doit s'élever à une valeur morale. Or il ne le peut que s'il vit en société.
Or dès que les hommes vécurent en société, de tout autres rapports entrèrent en jeu. Ils remarquèrent bientôt que le travail était bien plus facile quand chaque individu ne faisait qu'un travail déterminé. Et c'est ainsi que l'un confectionna l'habillement, que l'autre construisit des maisons, que le troisième veilla à la nourriture et que le premier donna au second ce qui lui manquait. Les différents états de l'homme se constituèrent donc spontanément : l'un devint chasseur, l'autre artisan, le troisième agriculteur. Or les hommes n'en restèrent pas là, car l'humanité doit aller de l'avant. On fit des inventions. On inventa le filage et le tissage, le travail du fer, le tannage des peaux de bêtes. Plus on faisait de découvertes, plus l'artisanat devenait varié, plus l'agriculture à qui l'artisanat fournissait charrue et bêche, devenait plus facile. Tout le monde s'aidait, tout le monde coopérait. On en vint à rencontrer d'autres peuples; l'un avait ce qui manquait à l'autre - et celui-ci possédait ce que le premier n'avait pas. On l'échangea. C'est ainsi que naquit le commerce, et avec lui, une nouvelle branche de l'activité humaine. C'est ainsi que, la culture progressant de degré en degré, on passa enfin au cours des siècles, des premières inventions maladroites à celles de notre époque.
C'est ainsi que parmi les hommes se formèrent les sciences et les arts, que la vie devint de plus en plus riche, de plus en plus diverse. Le médecin guérit le malade, le prêtre prêcha, le commerçant négocia, le campagnard cultiva les champs, le jardinier fit pousser des fleurs, le maçon bâtit des maisons que le menuisier pourvut de meubles, le meunier moulut la farine dont le boulanger fit du pain - l'un coopérait avec l'autre; personne ne pou­vait vivre pour soi, personne ne pouvait se procurer soi-même de quoi se satisfaire.
Ce sont les rapports sociaux.
Ils sont nés d'eux-mêmes, conformément à la nature. Et si aujourd'hui, vous faites une révolution qui détruit ces rapports de fond en comble, quand demain vous recommencerez à vivre, les rapports se reconstitueront exactement comme ils sont maintenant. Il en a été ainsi depuis des millénaires chez tous les peuples de la terre. Si maintenant quelqu'un fait une différence entre ouvriers et bourgeoisie - c'est un gros mensonge. Nous travaillons tous, chacun à sa manière, chacun suivant ses forces et ses capacités. Le médecin travaille quand il visite ses malades, le musicien quand il fait danser, le commerçant quand il écrit ses lettres, tous travaillent chacun à sa place. »

Voilà la vérité. Que celui qui a des oreilles entende !

Où en est-on exactement avec la question physiologique !

Tout être corporel suppose une certaine pesanteur, une certaine densité, etc. Tout corps organique se compose de toutes sortes d'éléments dont chacun exerce sa propre fonction et où les différents organes coopèrent.

« Voilà les rapports physiologiques ».

Montesquieu LVI, on ne peut le nier, possède un talent original pour simplifier la science. Un brevet (sans garantie du gouvernement) pour Montesquieu LVI !

Les fruits du travail ne sont produits que par le travail. Sans semailles, pas de récolte, sans filage, pas de tissu, etc.

L'Europe s'inclinera avec admiration devant ce génie gigantesque qui a révélé ces vérités, à Cologne même, sans aucune aide de la Neue Preussische Zeitung.

Dans le travail, les hommes vont présenter entre eux des relations déterminées. Une division du travail a lieu qui est plus ou moins diversifiée. L'un boulange, l'autre forge, l'un s'agite, l'autre hurle. Montesquieu LVI écrit et Dumont imprime. Adam Smith, reconnais ton maître !

Ces découvertes, à savoir que le travail et la division du tra­vail sont les conditions vitales de toute société humaine, permettent maintenant à Montesquieu LVI de conclure que les « différents états » sont conformes à la nature, que la différence entre « bourgeoisie et prolétariat » est un «gros mensonge », que, si aujourd'hui une « révolution » détruisait de fond en comble les « rapports » sociaux existant, « ils se reformeraient exactement comme ils étaient » et qu'enfin il n'est pas indispensable, dans l'esprit de Montesquieu et de la constitution octroyée, d'élire des électeurs au premier degré, si par ailleurs « on a dans la poitrine un cœur qui compatit à la détresse de ses pauvres frères », et si l'on pense s'attirer la considération de Montesquieu LVI.

« Il en a été ainsi depuis des millénaires chez tous les peuples de la terre » !!! En Égypte il y avait le travail et la division du travail - et des castes ; en Grèce et à Rome, il y avait le travail et la division du travail - et des hommes libres et des esclaves; au moyen âge il y avait le travail et la division du travail - et des seigneurs féodaux et des serfs, des corporations, des états, etc. À notre époque il y a le travail et la division du travail - et des classes : l'une est en possession de tous les instruments de production et de tout ce qui est nécessaire à la vie, tandis que la vie de l'autre est subordonnée à son travail, et cela aussi longtemps que l'achat de son travail enrichit la classe qui le lui fournit.

Il est donc clair comme le jour qu'« il en a toujours été ainsi depuis des millénaires chez tous les peuples de la terre » comme il en est ainsi en Prusse de nos jours parce que le travail et la division du travail existent sous une forme ou sous une autre. Ou bien s'avère-t-il inversement que les rapports sociaux, les rapports de propriété furent sans cesse renversés justement par la forme toujours modifiée du travail et de la division du travail ?

En 1789 les bourgeois n'ont pas dit à la société féodale : noblesse reste noblesse, serf reste serf, membres des corporations restez dans vos corporations - car sans travail et sans division du travail pas de société ! Sans respirer l'air pas de vie ! Respirez donc l'air vicié et n'ouvrez surtout pas les fenêtres. C'est ainsi que raisonne Montesquieu LVI.

Il faut toute la bêtise effrontée et lourdement naïve d'un petit bourgeois allemand, vieilli dans une ignorance crasse, pour trancher comme un oracle les problèmes sur lesquels notre siècle s'est cassé les dents, après s'être enfoncé, de travers et superficiellement, dans son indolente matière grise, les pre­miers rudiments d'économie politique - travail et division du travail.

« Sans travail et sans division du travail, pas de société ! »

Donc

« Élisez comme grands électeurs des amis de la constitution octroyée et seulement des amis de la constitution octroyée. »

Cette épitaphe brillera un jour en lettres majuscules sur les murs du splendide mausolée de marbre que la postérité reconnaissante se sentira dans l'obligation d'édifier à celui qui a résolu le problème social, à Montesquieu LVI (à ne pas confondre avec Heinrich de Reuss-Schleiz-Greiz-Lobenstein-Eberswalde [8]).

Montesquieu LVI ne nous cache pas est la difficulté, ni ce qu'il pense faire dès qu'il sera proclamé législateur.

« C'est pourquoi, nous apprend-il, l'État doit veiller à ce que chacun reçoive autant d'éducation qu'il lui en faut pour acquérir des connaissances universellement valables. »

Montesquieu LVI n'a jamais entendu dire que dans les conditions existantes la division du travail met le travail simple à la place du travail compliqué, les enfants à celle des adultes, les femmes à celle des hommes, les automates à celle du travailleur indépendant; il ne sait pas que l'éducation de l'ouvrier devient alors superflue et impossible dans la mesure même où l'industrie moderne se développe. Nous ne renvoyons le Montesquieu colonais ni à Saint-Simon, ni à Fourier, mais à Malthus et à Ricardo. Que ce brave homme apprenne d'abord à connaître dans leurs grandes lignes les conditions actuelles avant de les améliorer et - de prononcer des oracles.

« La commune doit s'occuper des gens appauvris par la maladie et l'âge. »

Et si la commune elle-même est appauvrie, ce qui ne peut manquer d'arriver avec les états de siège épidémiques et les cent millions d'impôts octroyés en même temps que la nouvelle constitution, alors Montesquieu, comment faire ?

« L'État doit venir en aide et trouver une solution là où de nouvelles inventions ou crises commerciales détruisent des branches entières d'industrie. »

Malgré le peu de familiarité du Montesquieu colonais avec les choses de ce monde, il lui est difficile d'ignorer que les « nouvelles inventions » et les crises commerciales sont aussi permanentes que les terrains juridiques et les décrets ministériels prussiens. C'est en particulier lorsque la concurrence avec les peuples étrangers fait de leur introduction une question de vie ou de mort, que les nouvelles inventions sont introduites en Allemagne, et que les branches d'industrie en pleine croissance se ruinent pour venir en aide à celles qui périclitent. Les branches d'industrie que les inventions rendent florissantes, se développent précisément parce qu'elles produisent à meilleur marché que celles qui périclitent. Où diable serait l'avantage s'il leur fallait subventionner celles qui périclitent ? Mais l'État, le gouvernement, on le sait, ne donne qu'en apparence. Il faut d'abord lui donner pour qu'il donne. Or qui doit lui donner, Montesquieu LVI ? La branche d'industrie qui périclite, pour qu'elle périclite encore plus vite ? Ou celle en plein développement pour qu'elle dépérisse avant même de s'être épanouie ? Ou bien les branches d'industrie qui ne sont pas touchées par les nouvelles inventions afin que l'invention d'un nouvel impôt provoque leur faillite ? Penses-y mûrement, Montesquieu LVI !

Et maintenant, très cher, les crises commerciales ? Quand une crise commerciale européenne éclate, la plus grande inquiétude de l'État prussien est de savoir comment il tirera les dernières gouttes d'eau des sources habituelles d'impôts au moyen de la saisie, etc. Pauvre État prussien ! Pour que l'État prussien rende les crises commerciales inoffensives, il devrait posséder en dehors du travail national une troisième source de revenus dans les nuages. Toutefois, si grâce au message de nouvel an de Sa Majesté, aux ordres à l'armée de Wrangel ou aux décrets ministériels de Manteuffel on réussissait à faire jaillir de l'argent d'un coup de baguette magique, le « refus des impôts » n'aurait pas provoqué un effroi aussi panique chez les « féaux » prussiens et le problème social aurait été résolu sans constitution octroyée.

On sait que la Neue Preussische Zeitung a déclaré que notre Hansemann était un communiste parce qu'il pensait supprimer les exemptions d'impôt. Notre Montesquieu, qui n'a ja­mais lu la Neue Preussische Zeitung, découvre de lui-même, à Cologne, que. sont « communistes » et « républicains rouges » tous ceux qui menacent la constitution octroyée ! Votez donc pour Manteuffel, sinon vous êtes non seulement des ennemis personnels du travail et de la division du travail, mais vous êtes aussi des communistes et des républicains rouges. Reconnaissez le « terrain juridique » le plus récent de Brüggemann ou renoncez au Code civil.

Figaro, tu n'aurais pas trouvé ça ![9]

Demain nous reparlerons de Montesquieu LVI !

n° 202, 22 janvier 1849

Cologne, 21 janvier.

Montesquieu LVI cherche avec toute l'astuce et la roublardise d'un maquignon très expérimenté, à refiler le « cheval donné » [10], c'est-à-dire la constitution octroyée, aux électeurs au premier degré. Il est le Montesquieu de la foire aux chevaux.

Qui ne veut pas la constitution octroyée veut la république, non pas la simple république, mais la république rouge ! Malheureusement, lors de nos élections il ne s'agit nullement de république, ou de république rouge. Il s'agit simplement de ceci :

Voulez-vous l'ancien absolutisme avec un système corporatif retapé - ou voulez-vous un système représentatif bourgeois ? Voulez-vous une constitution politique qui corresponde aux « conditions sociales » des siècles passés ou voulez-vous une constitution politique qui convienne aux « conditions sociales existantes » du siècle qui est le vôtre ?

Dans cette affaire il ne s'agit donc de rien moins que d'une lutte contre les rapports de propriété bourgeoise, telle qu'elle a lieu en France et se prépare en Angleterre. Il s'agit plutôt de la lutte contre une constitution politique qui met en péril les « rapports de la propriété bourgeoise » en confiant le gouvernail de l'État aux représentants des « rapports de propriété féodaux », au roi de droit divin, à l'armée, à la bureaucratie, aux hobereaux campagnards, à quelques barons de la finance et à quelques bourgeois ayant partie liée avec eux.

Dans l'esprit de ces messieurs, le problème social est résolu par la constitution octroyée, sans aucun doute.

Qu'est-ce que le « problème social » dans l'esprit du fonctionnaire ? C'est maintenir son traitement et sa position, supérieure jusqu'à présent à celle du peuple.

Et qu'est-ce que le « problème social » dans l'esprit de la noblesse et de ses grands propriétaires fonciers ? C'est maintenir leur juridiction seigneuriale, c'est réserver à leurs familles les postes militaires et civils lucratifs, et finalement recevoir directement des aumônes de la caisse publique. En dehors des intérêts matériels tangibles, et de ce fait « les plus sacrés »,de ces messieurs, qui sont « avec Dieu pour le roi et la Patrie », il s'agit naturellement pour eux de maintenir les distinctions sociales qui séparent leur race de la mauvaise race des bourgeois, des paysans, des plébéiens. L'ancienne Assemblée nationale fut dispersée justement parce qu'elle osa porter la main sur ces « intérêts les plus sacrés ». Ce que ces messieurs entendent par « révision » de la constitution octroyée - nous l'avons déjà indiqué antérieurement - ce n'est rien d'autre que l'introduction du système corporatif, c'est-à-dire d'une forme de régime politique qui représente les intérêts sociaux de la noblesse féodale, de la bureaucratie, et de la royauté de droit divin.

Encore une fois ! Il n'y a aucun doute dans l'esprit de la noblesse et de la bureaucratie que la constitution octroyée ne résolve le «problème social», c'est-à-dire qu'elle offre à ces messieurs une forme de gouvernement qui assure à ces demi-dieux l'exploitation du peuple.

Mais le « problème social » est-il résolu dans l'esprit de la bourgeoisie par la constitution octroyée ? En d'autres termes : la bourgeoisie obtient-elle un régime dans lequel elle puisse gérer librement les affaires communes à sa classe, ses intérêts commerciaux, industriels, agricoles, employer les fonds publics de la façon la plus rentable, organiser le budget le plus économiquement possible, protéger efficacement le travail national à l'extérieur et ouvrir à l'intérieur toutes les sources de la richesse nationale, sources obstruées par la vase féodale ?

L'histoire nous montre-t-elle un seul exemple où la bourgeoisie puisse, avec un roi octroyé par le droit divin, imposer un régime politique correspondant à ses intérêts matériels ?

Pour fonder la monarchie constitutionnelle elle a dû chasser en Angleterre deux fois les Stuart, en France la monarchie héréditaire des Bourbons, en Belgique Guillaume de Nassau [11].

D'où vient ce phénomène ?

Un roi héréditaire de droit divin n'est pas un individu isolé, il est le représentant en chair et en os de la vieille société au sein de la nouvelle. Le pouvoir de l'État aux mains du roi de droit divin, c'est le pouvoir de l'État aux mains de la vieille société dont ne subsistent plus que des ruines, c'est le pouvoir de l'État aux mains des féodaux, dont les intérêts s'opposent avec le plus d'hostilité à ceux de la bourgeoisie.

Or le principe de la constitution octroyée, c'est justement le « roi de droit divin ».

De même que les éléments de la société féodale voient dans la royauté de droit divin leur sommet politique, la royauté de droit divin voit dans les féodaux sa base sociale, le « mur royal » bien connu [12].

Aussi la royauté de droit divin est-elle poussée à faire un coup d'État chaque fois que les intérêts des seigneurs féodaux et ceux de l'armée et de la bureaucratie qu'ils dominent se croisent avec ceux de la bourgeoisie, et une crise révolutionnaire ou contre-révolutionnaire se prépare.

Pourquoi l'Assemblée nationale a-t-elle été dispersée ? Uniquement parce qu'elle représentait l'intérêt de la bourgeoisie contre l'intérêt du féodalisme; parce qu'elle voulait supprimer les rapports féodaux paralysant l'agriculture, subordonner l'armée et la bureaucratie au commerce et à l'industrie, mettre un terme au gaspillage du Trésor public, abolir les titres de la noblesse et de la bureaucratie.

Dans toutes ces questions, il s'agissait surtout et directement de l'intérêt de la bourgeoisie.

Donc, coups d'État et crises contre-révolutionnaires, voilà les conditions d'existence de la royauté de droit divin, contrainte par les événements, ceux de mars entre autres, à s'humilier et à accepter à son corps défendant l'apparence d'une royauté bourgeoise.

Dans un régime où les coups d'état, les crises contre-révolutionnaires et les états de siège mettent le sel indispensable, le crédit peut-il jamais se rétablir ?

Quelle illusion !

L'industrie bourgeoise doit briser les chaînes de l'absolutisme et du féodalisme. Une révolution contre ces deux forces prouve une seule chose, c'est que l'industrie bourgeoise a atteint un point où il lui faut conquérir un régime politique qui lui convienne ou bien sombrer.

Le système de la tutelle bureaucratique garanti par la constitution octroyée est la mort de l'industrie. Considérez seulement l'administration prussienne des mines, les règlements d'usines, etc. ! Si le fabricant anglais compare ses frais de production à ceux du fabricant prussien, il mettra en première ligne la perte de temps que subit le fabricant prussien en observant les prescriptions bureaucratiques qui lui sont imposées.

Quel patron de raffineries de sucre ne se rappelle le traité commercial prussien avec la Hollande de 1839 [13] ? Quel industriel prussien ne rougit au souvenir de l'année 1846 où le gouvernement prussien, par sa complaisance à l'égard du gouvernement autrichien, retira à toute une province ses exportations vers la Galicie et où le ministère prussien, étonné des faillites qui se succédaient à Breslau, déclara n'avoir pas connu toute l'importance des exportations en Galicie.

Par la constitution octroyée, des hommes de la même race sont placés à la tête de l'État, de la façon même où ce cadeau est sorti des mains de ces mêmes hommes. Regardez-y donc à deux fois.

L'aventure avec la Galicie attire notre attention sur un autre point.

Le gouvernement prussien sacrifia alors l'industrie et le commerce silésiens à la contre-révolution alliée à l'Autriche et à la Russie. Cette manœuvre se renouvellera quotidiennement. Le banquier de la contre-révolution austro-russo-prussienne chez qui la royauté de droit divin et ses murs royaux chercheront et devront toujours chercher leur soutien extérieur... c'est l'Angleterre. L'adversaire le plus dangereux de l'industrie allemande c'est la même Angleterre. Nous croyons que ces deux faits sont suffisamment éloquents.

À l'intérieur, l'industrie paralysée par les liens bureaucratiques, l'agriculture par les privilèges féodaux, à l'extérieur le commerce vendu à l'Angleterre par la contre-révolution - voilà ce qui attend la richesse nationale prussienne sous l'égide de la constitution octroyée.

Le rapport rédigé par la « Commission des finances » de l'Assemblée nationale dispersée a répandu une lumière suffisante sur la manière dont l'administration de droit divin gère la fortune de l'État.

Cependant le rapport n'indique qu'à titre d'exemple les sommes soustraites à la caisse publique pour soutenir les murs royaux chancelants et redorer à l'étranger le blason des prétendants à la royauté absolue (Don Carlos). Mais ces sommes détournées des poches des autres citoyens pour que l'aristocratie mène une existence conforme à son état, et que les « soutiens » de la royauté féodale subsistent, ne sont que des à-côtés si l'on considère le budget octroyé en même temps que la constitution de Manteuffel. Avant tout une forte armée pour que la minorité domine la majorité; puis une armée de fonctionnaires aussi grande que possible pour qu'elle aliène le plus possible l'intérêt général à son intérêt privé; une utilisation, la moins productive possible, des fonds publics pour que, comme le dit la Neue Preussische Zeitung, la richesse ne rende pas insolents les sujets de Sa Majesté; enfin la thésaurisation maxima des fonds publics au lieu de leur emploi dans l'industrie, et ce, afin que le gouvernement de droit divin puisse, en toute indépendance affronter le peuple dans des moments de crise facilement prévisibles - voilà les traits essentiels de la politique de l'État. Utiliser les impôts pour maintenir le pouvoir de l'État, force d'oppression indépendante et sacrée, face à l'industrie, au commerce et à l'agriculture au lieu de le faire descendre au rang d'instrument profane de la société bourgeoise - voilà le principe vital de la constitution prussienne octroyée !

Le don ressemble au donateur. La constitution donnée par l'actuel gouvernement prussien lui ressemble. Pour caractériser l'hostilité de ce gouvernement à l'égard de la bourgeoisie, il suffit d'attirer l'attention sur son projet d'organisation industrielle [14]. Le gouvernement cherche à retourner aux corporations sous le prétexte de progresser vers l'association. La concurrence oblige à produire à des prix toujours plus avantageux, donc sur une échelle de plus en plus grande, c'est-à-dire avec un capital de plus en plus grand, une division du travail de plus en plus poussée et une application accrue du machinisme. Toute nouvelle division du travail dévalue l'ancienne habileté de l'artisan, toute nouvelle machine refoule des centaines d'ouvriers; tout travail sur une plus grande échelle, c'est-à-dire avec un plus grand capital, ruine le petit commerce et la petite entreprise. Le gouvernement promet sa protection à l'artisanat contre l'entreprise industrielle, à l'habileté professionnelle contre la division du travail, au petit capital contre le grand capital, et ce, grâce à l'institution de corporations féodales. Donc la nation allemande, et spécialement prussienne, qui lutte avec beaucoup de peine et au prix des plus grands efforts pour ne pas succomber à la concurrence anglaise, sera jetée sans résistance dans les bras de cette concurrence parce qu'on lui impose une organisation industrielle qui contredit les moyens de production moderne et que l'industrie moderne a fait exploser !

Nous sommes certainement les derniers à vouloir la domination de la bourgeoisie. Nous sommes les premiers en Allemagne à avoir élevé notre voix contre elle lorsque les actuels « hommes d'action » s'agitaient, satisfaits d'eux-mêmes, dans des querelles subalternes.

Mais nous disons aux ouvriers et aux petits bourgeois : plutôt que de revenir à une forme sociale périmée qui, sous prétexte de sauver vos classes replongera la nation tout entière dans la barbarie moyenâgeuse, il vaut mieux souffrir dans la société bourgeoise moderne dont l'industrie crée les moyens matériels nécessaires à la fondation d'une société nouvelle qui vous libérera tous.

Mais le gouvernement de droit divin, comme nous l'avons vu, a pour base sociale des corporations et des conditions moyenâgeuse. Il ne convient pas à la société bourgeoise moderne. Il lui faut une société à son image. Il est parfaitement logique qu'il cherche à refouler la libre concurrence par la corporation, le filage industriel par le rouet, et la charrue à vapeur par la pioche.

Comment se fait-il donc, dans ces conditions, que la bourgeoisie prussienne, en contradiction complète avec ses prédécesseurs français, anglais et belges, publie à son de trompe, comme étant son shibboleth [15], la constitution octroyée et avec elle la royauté de droit divin, la bureaucratie et le féodalisme ?

La partie commerciale et industrielle de la bourgeoisie se jette dans les bras de la contre-révolution par peur de la révolution. Comme si la contre-révolution n'était autre chose que le prélude à la révolution.

En outre il y a une partie de la bourgeoisie qui, indifférente aux intérêts communs de sa classe, poursuit un intérêt particulier qui peut même leur être antagoniste.

Ce sont les barons de la finance, les grands créanciers de l'État, banquiers, rentiers, dont la richesse croît dans la même proportion que la pauvreté du peuple et finalement des gens dont l'activité est tournée vers les situations politiques du passé, par exemple Dumont et son prolétariat littéraire en guenilles, ce sont des professeurs ambitieux, des avocats et autres personnages du même genre qu ne peuvent espérer récolter des postes en vue que dans un État où il est lucratif de trahir le peuple au profit du gouvernement.

Ce sont des fabricants isolés qui font de bonnes affaires avec le gouvernement, des fournisseurs qui tirent d'importants bénéfices de l'exploitation générale du peuple, des petits bourgeois dont l'influence se gaspille dans une grande activité politique, des conseillers municipaux qui, sous la protection des institutions que nous avons eues jusqu'à présent, ont fait triompher leurs sales intérêts privés aux dépens des intérêts publics, des négociants en huile qui, en trahissant la révolution, sont devenus des Excellences et des chevaliers de l'ordre de l'Aigle, des marchands de drap en faillite et des spéculateurs sur les chemins de fer devenus des directeurs de la Banque royale, etc., etc. [16]

« Voilà les amis de la constitution octroyée ». Si la bourgeoisie a dans la poitrine un cœur qui batte pour ses pauvres frères, et si elle veut être digne de la considération de Montesquieu LVI, qu'elle élise des grands électeurs dans l'esprit de la constitution octroyée.


Notes

Texte en bleu : en français dans le texte

[1] Marx compare ironiquement le rédacteur anonyme des articles publiés du 12 au 20 janvier 1849 (n° 10 à 17) dans la Kölnische Zeitung sous le titre « Aux électeurs au premier degré », au philosophe du XVIII° siècle, partisan du partage des pouvoirs et de la monarchie constitutionnelle.

[2] Kölnische Zeitung, n° 17 du 20 janvier 1849.

[3] Nom d'un dépuratif.

[4] Cf. Kölnische Zeitung, n°11 du 13 janvier 1849.

[5] Expression latine : les dieux de moindre importance.

[6] Le Bürgerverein est une organisation qui fut fondée en Prusse après la révolution de mars. Elle groupait des bourgeois libéraux modérés qui s'étaient donné pour tâche de maintenir la « légalité » et l'« ordre » dans le cadre de la monarchie constitutionnelle et de lutter contre l'« anarchie », c'est-à-dire contre le mouvement démocratique révolutionnaire.

[7] Le dernier article de la constitution prussienne octroyée le 5 décembre 1848 et la patente sur la convocation des Chambres prévoyaient une révision du texte de la constitution par les Chambres, avant qu'il soit définitivement adopté et qu'on lui prête serment.

[8] Allusion ironique à Henri LXXII, prince de Reuss-Lobenstein-Ebersdorf.

[9] Citation légèrement modifiée du Mariage de Figaro (Acte V scène 8) de Beaumarchais.

[10] Allusion à un proverbe allemand : « Einem geschenkten Gaul sieht man nicht ins Maul » (Àcheval donné, on ne regarde pas les dents).

[11] En 1649 en Angleterre, le roi Charles I° de la maison des Stuart, fut exécuté et en janvier 1689, Jacques II qui s'était enfui fut déclaré déchu de ses droits au trône.
En France, la dynastie des Bourbons fut renversée une première fois en 1792 et pour la seconde fois en 1830.
En 1830, en Belgique, le roi Guillaume I° des Pays-Bas (de la maison d'Orange-Nassau) fut renversé.

[12] À la séance de clôture du comité corporatif unifié (Vereinigter ständischer Ausschuss),le 6 mars 1848, le roi Frédéric-Guillaume IV dit : « Serrez-vous comme un mur d'airain... autour de votre roi, autour de votre meilleur ami. »

[13] Le traité commercial conclu le 21 janvier 1839 entre la Prusse (au nom du Zollverein) et les Pays-Bas, en établissant des droits d'importation très bas sur le sucre hollandais, portait un sévère préjudice à l'industrie sucrière prussienne et au commerce des villes allemandes.

[14] Projet de décret pour compléter l'organisation industrielle fédérale du 17 janvier 1845.

[15] Mot hébreu signifiant « épi et fleuve », dont les gens de Galaad se servirent pour reconnaître ceux d'Ephraïm qui prononçaient sibboleth, et qu'ils égorgeaient aussitôt. (Juges, XII.) On l'emploie familièrement pour désigner l'épreuve qui décide de la capacité ou de l'incapacité d'une personne.

[16] Allusion à Camphausen et Hansemann.


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