1936

Lettre à Henri Molinier, Bibliothèque du Collège de Harvard, 9149. Déjà publiée sans indication de destinataire dans Bulletin intérieur du G.B.L., n' 12, 18 mars 1936. Original en français.


Œuvres – mars 1936

Léon Trotsky

1er mars 1936

Lettre à Henri Molinier

[Pas de politique personnelle]


Cher Camarade [1],

Je ne crois pas, et je vous l'avoue, que vous fassiez un bon emploi de votre temps en m'envoyant des lettres pleines d'insultes pour notre organisation nationale et internationale, dont vous vous êtes séparé d'une manière préméditée. Mon opinion est faite, et ce n'est pas par des expressions, même très énergiques, qu'on peut la changer. Dans cette époque agitée, n'importe qui peut créer une organisation   sans programme, sans idées, sans perspectives et sans liaisons internationales  , mais cette organisation va s'écrouler comme un château de cartes, à la première secousse sérieuse. Nous sommes une organisation internationale. Les ouvriers qui s'orientent vers la IVº Internationale trouveront leur chemin vers nous.

Quand votre groupe a jeté par dessus bord son " programme " improvisé en faveur de la " Lettre ouverte [2] ", je me suis dit : " Peut être vont ils réparer au moins partiellement ce qu'ils ont cassé ?  " Mais il s'avère que ce n'est pas le cas. On crée un " Comité pour la IVº Internationale ", en tournant le dos à cette même IVº Internationale [3]. Mais permettez moi de vous dire que notre organisation internationale prend très au sérieux sa mission, pour tolérer des procédés pareils. Nous sommes peut-être un peu lents   précisément parce qu'on a voulu permettre aux éléments plus raisonnables, ou, du moins, moins déraisonnables, de rebrousser chemin  , mais nous trouverons des procédés efficaces contre ces procédés qui n'ont rien à voir avec les nôtres. Puisque vous vous adressez à moi, je ne puis que répéter que je ne fais pas de politique personnelle : mon activité est indissolublement liée avec le S.I. à Genève et le bureau de la IVº à Amsterdam.

Pour résumer : vous ne pourrez attendre aucune intervention de ma part avant que vous mêmes ayez abouti à la compréhension que vous ne pourrez faire bande à part et que vous êtes obligé de chercher modestement la voie vers l'organisation de la IVº Internationale.


Notes

[1] Henri Molinier (1898-1944), ingénieur, était le frère aîné du dirigeant Raymond Molinier. Il avait été comme lui à l'origine du groupe de La Vérité, et avait ensuite servi à Trotsky de fondé de pouvoirs dans plusieurs affaires délicates. Depuis la rupture intervenue entre Trotsky et les camarades de son frère, il continuait avec Trotsky une correspondance où il s'était présenté d'abord comme plus " neutre " dans cette affaire qu'il ne l'était en réalité.

[2] Les militants bolcheviks léninistes qui avaient commencé la publication de La Commune, avaient fondé à la mi janvier le " comité pour la IVº Internationale " et immédiatement après, le 20 janvier, avaient écrit au " secrétariat d'Amsterdam " (organe de contact entre les signataires de la " Lettre ouverte pour la IVº Internationale ") afin d'exprimer leur accord avec la " Lettre ouverte " et réclamer leur affiliation.

[3] Il était évident que le groupe autour de La Commune s'orientait vers la constitution d'une organisation se réclamant de la IVº Internationale. Ils se réclamaient déjà d'un " comité de la IVº Internationale " et se préparaient à fonder une organisation qui allait revendiquer la qualité de section de la IV* Internationale.


Archives Trotsky Archives Internet des marxistes
Début Précédent Haut de la page Sommaire Suite Fin