1937

La Lutte Ouvrière, 24 juin 1937

Source : B. Stora, Nationalistes algériens et révolutionnaires français au temps du Front Populaire, 1987.

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Parti Ouvrier Internationaliste

800 travailleurs au meeting du POI et du Parti du Peuple Algérien

Front prolétarien à Saint-Denis

La Lutte Ouvrière, 24 juin 1937

La municipalité doriotiste nous ayant refusé les salles municipales pour les élections, nous avions retenu pour le jeudi 17 juin le cinéma Chabrol pour y faire une réunion publique. La veille du meeting, la direction vint nous avertir que la salle nous était retirée. Nous apprîmes que les staliniens de Saint-Denis avaient fait une pression et un chantage inimaginable sur la direction du cinéma pour qu’on refuse la salle aux trotskystes.

En quarante-huit heures nous organisâmes une autre réunion dans la plus grande salle privée de Saint-Denis, au Casino.

Le succès enregistré dépassa largement nos espérances puisque c’est plus de 800 travailleurs qui se trouvaient dans la salle et qui applaudissaient sans arrêt nos orateurs du POI et du Parti du Peuple Algérien.

Dés 20 heures, les travailleurs entraient dans une salle magnifiquement décorée de nos grands panneaux, des banderoles, mots d’ordre et drapeaux rouges.

Sans cesse avant que le meeting commence, « L’Internationale » , «La Jeune Garde» , « La Carmagnole » , « El Ouma » , diffusée par les haut-parleurs, étaient repris en chœur par la salle.

La réunion est présidée par Gérard Rosenthal, avocat de Léon Trotsky, assisté de Caussin-Vert, secrétaire du POI de Saint-Denis et d’un responsable de Saint-Denis d’El Ouma.

Gérard Rosenthal expose les buts de la réunion et montre notre volonté de faire échec à Doriot à Saint-Denis et en Afrique du Nord.

Puis Barhouche vint dénoncer la trahison du front populaire en Afrique du Nord et la déception des peuples coloniaux vis-a-vis de la politique de Blum.

Fred Zeller fait ensuite le bilan de l’expérience Blum sur le plan intérieur et extérieur et montre avec des exemples que par ses capitulations le gouvernement de front populaire, malgré ses phrases prépare en réalité la voie au fascisme. II conclut en développant le programme d’action du POI. Il est très applaudi, et la parole est donnée à un représentant d’El Ouma qui critique la position de Blum. La salle lui fait un chaleureux accueil.

Hadjame, secrétaire de la section de Saint-Denis du Parti du Peuple Algérien, dans un exposé haché d’applaudissements, fait ressortir la misère inimaginable qui secoue les colonies.

Rousset, accueilli par l’« Internationale » , fait un bilan serré de l'expérience Blum sur le plan colonial. Il montre comment on peut faire échec au fascisme en Afrique du Nord. Avec une série d’exemples précis il prouve que la misère a atteint des proportions gigantesques (...). La salle lui fait un grand succès et, debout, chante « L’Internationale » .

Boumendjel, du parti du peuple algérien, se félicite de la tenue de ce beau meeting qui resserre les liens entre son parti et le POI qui est le seul parti ouvrier qui, en France, a pris position pour le soutien des peuples coloniaux opprimés par l'impérialisme.

La conclusion marquant la nécessité d’engager la lutte révolutionnaire contre la bourgeoisie avec les travailleurs de France sera accueillie par des applaudissements enthousiastes et par « L’Internationale » chantée par la salle entière qui s’écoule ensuite aux cris de : « Vive Lénine et Trotsky, Libérez l’Afrique du Nord ! »