1930

La lutte de l'Opposition communiste en U.R.S.S. : lettres diverses.


Lettre d’un ouvrier

15 janvier 1930


Bulletin de l’Opposition n° 9

En ce qui concerne nos tâches et notre tactique immédiate, notre opinion est la suivante, il est particulièrement important que Rakovsky, Mouralov, Kossior et les autres camarades préparent pour le seizième congrès une déclaration au nom de l'opposition toute entière. Cette déclaration doit être adressée aux masses par‑dessus la tête des dirigeants. Le sens de cette déclaration doit être le suivant : expliquer la déclaration précédente et répliquer aux bureaucrates de l'appareil; dissiper toute illusion possible sur le centrisme; dénoncer une fois de plus sa nature ‑ en particulier sur le problème des ouvriers, du régime du parti et les problèmes de l'I.C.

Le centrisme n'a pas changé le moins du monde et il reste fidèle à sa vraie nature, mais en se voilant sous un barrage de phraséologie "de gauche".

Sur les problèmes de l’Internationale : nous vivons encore une période de réaction qui touche à sa fin. Nos tâches sont : reprendre les positions perdues; organiser systématiquement et préparer le prolétariat aux batailles qui viennent, démontrer l’inexpérience et la stupidité des politiciens tous‑puissants qui ne découvrent aujourd'hui une situation révolutionnaire que pour, demain, après s'être huilé les doigts, lui tourner le dos alors qu'elle existe réellement; souligner les causes du fiasco de toutes les manifestations rouges; faire le bilan de la "bolchévisation" de l'I.C. et combattre particulièrement la néfaste théorie anti‑internationaliste du socialisme dans un seul pays ‑ qui déforme la signification mondiale de la révolution d'octobre et suscite dans nos rangs l'aventurisme économique; une fois de plus, lancer le mot d'ordre des Etats‑Unis soviétiques d'Europe.

Dans notre déclaration, il faut dire toute la vérité au parti et à la classe ouvrière. Il faut les avertir de la crise qui vient et qui est aujourd'hui plus proche que jamais. Une minorité infinitésimale incline aujourd’hui à faire des concessions au centrisme au moment du seizième congrès. Ce chemin n'est pas le nôtre. Sans poussée de la base, nous n'influencerons pas le centrisme. Il faut préparer cette "poussée". C'est là le problème.

Il semble que nous vivons l'un, des moments les plus sérieux avec la situation malodorante dans les kolkhozes, ce qui s'explique dans une large mesure par l'impossibilité d'éviter les difficultés, d’utiliser machines et crédits. Il faut plus que jamais organiser les unions de paysans pauvres.Seules ces unions avec une direction juste, pourront donner un caractère de classe aux kolkhozes et orienter en ce sens leur mouvement.

L'appareil qui n'agit que par des mesures administratives et en vociférant dans la presse peut faire des kolkhozes le contraire de ce qu’ils devraient être. Ils peuvent devenir les centres de l'organisation de tous les éléments hostiles à la campagne. Le mouvement koulak grandit indiscuta­blement. Un sérieux avertissement est donné par l'incident survenu dans le district d'Ivanovo‑Voznessensk où une foule de paysans, sous l'influence directe des koulaks, s’est soulevée pour rosser les communistes.

Il est urgent et important d'analyser les causes de l'énorme destruction de bétail. En dépit d'une certaine pause dans la crise du grain et d'une amélioration dans le rationnement de la viande, le salaire réel de l'ouvrier ne montre aucun signe d'augmentation. Il faut accorder une attention particulière à l'état d'esprit du prolétariat. Les menchéviks profitent déjà du mécontentement...

En continuant de porter ses coups à l'opposition léniniste, le centrisme a favorisé la possibilité pour tous les éléments anti­soviétiques de relever la tête. Il faut attirer l'attention de toute l'opposition sur cet aspect des choses ‑ la résistance de la contre‑révolution. Il faut mener une lutte sans merci contre ces éléments, des social‑démocrates aux droitiers du parti.

(...) Toute la pratique centriste avec son aspect "'gauche" actuel est en train de se transformer de plus en plus en aventure bureaucratique. Les contre‑révolutionnaires mobilisent rapidement, leurs forces et la politique du centrisme leur donne des armes. C'est pourquoi il faut dire brutalement la vérité et poser le problème de façon à être compris de tous les camarades : le cours du parti doit changer, ou bien la réaction triomphera.

Un ouvrier


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