1932

La lutte de l'Opposition communiste en U.R.S.S. : lettres diverses.


Lettre d’exil

novembre 1932


Au cours de la dernière période, il faut remarquer le retour en exil, à un rythme toujours plus rapide, de nombreux anciens Oppositionnels devenus d'"anciens" capitu­lards. Très récemment, il en est arrivé beaucoup à Kharkov - beaucoup y avaient été arrêtés ‑ et il y avait surtout parmi les arrivants des gens qui "répètent" c'est‑à‑dire d'anciens capitulards. Ces voyageurs qui reviennent vont directement en isolateur. En exil, il y a ceux qui ne sont pas admis dans les colonies :

  1. soit parce que les déclarations qu'ils ont faites pour leur capitulation, leur reconnaissance de la justesse de la ligne, n'ont pas été jugées suffisantes, et qu'on exige d’eux un "désarmement total" (les autorités les traitent en général plus durement que les exilés; leur situation ne cesse d'empirer de mois en mois s’ils refusent de désarmer cf. le cas de V. Borchtchev, un ouvrier imprimeur de Sytinsk).
  2. soit parce qu'ils ne sont pas d'accord avec la classification politique de l'Opposition, et ne se reconnaissant pas comme tels, p.ex. V. Zurabov et Magarik à Tachkent (ils ont été aussi exilés une seconde fois parce qu'on les soupçonne d'avoir repris leurs activités oppositionnelles).

Les colonies vivent dans l'isolement dans des condi­tions de semi‑famine; par exemple, Katia X., avec son bébé d'un an, a été envoyée à Cherdine; elle n'a pas obtenu de travail, son mari a été envoyé en isolateur. Tout ce qu'elle a demandé dans ses lettres à ses amis a été qu'on s'occupe de son bébé et qu'on ne le laisse pas mourir. A la fin de ses trois ans d'exil, on l'a envoyée en convoi en Asie centrale avec une allocation quotidienne de 15 kopeks (une livre de pain coûte de 2 à 3 roubles). Le tableau des autres colonies n'est pas plus brillant. Les conditions matérielles des exilées sont horribles !

Néanmoins le moral des camarades est militant. Beaucoup sont malades, en particulier Solntsev (scorbut); bien qu'il ait fini sa peine, il reste détenu. Sa femme veut demander son transfert en exil, mais il refuse toute déclaration.

Conséquence d'une grève de la faim : trois hommes, qui étaient malades, ont été libérés. L’un d’eux est mort.

Moussia (Magid) a été libérée après être restée alitée six mois. Elle a été envoyée dans un convoi à Minoussinsk où elle est avec Kossior. Elle est de nouveau couchée. Son moral est élevé, elle a écrit à sa famille : "Nous ne nous reverrons pas de sitôt". Gaiev a été ramené de l'isolateur de Verkhné-Ouralsk à Moscou. Il est devenu aveugle à la suite d'une anémie.

Une des nôtres


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