1948

Manifeste du II° congrès de la IV° Internationale aux exploités du monde entier
Source : brochure IV° Internationale, 1948.

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Contre Wall Street et le Kremlin.

IV° Internationale

Pour le programme du « manifeste communiste ». Pour la révolution socialiste mondiale.


Pour les Etats-Unis Socialistes de l'Amérique latine

Les immenses territoires de l'Amérique latine furent pendant quatre siècles la proie préférée des brigands internationaux et la source la plus importante de leurs richesses. Après l'Espagne des conquistadores, ce fut l'Angleterre de Manchester qui découvrit ses mines d'or sous la forme d'un marché illimité et d'une source d'approvisionnement bon marché en vivres et en matières premiè­res, Puis l'impérialisme américain submergea le continent de ses courtiers, de ses banques, de ses chercheurs de pétrole et de ses plan­teurs de caoutchouc. Ayant éliminé ses concurrents allemands et japonais et forcé son partenaire anglais à se retrancher en Argenti­ ne, l'impérialisme yankee règne aujourd'hui en maître absolu sur les peuples latino‑américains. A travers les conférences de " bon voisi­nage " ou de " défense de l'hémisphère occidental ", par la standar­disation des armements ou les crédits savamment répartis, Wall Street et le Stade Department jouent avec les semi‑dictateurs (Brésil) ou les "démocrates" authentiques (Chili) comme bon leur semble. Par ses agents diplomatiques et ses serviteurs de la bureaucra­tie de l’AFL, ils interviennent brutalement dans le mouvement ouvrier, achetant par brassées journalistes, députés et hommes d'Etat ", organisant la chasse aux communistes et scissionnant de force les syndicats.

Enfermée dans d'étroits cadres nationaux qui ne permettent pas la constitution d'un marché national, manquant d'une base démographique suffisante, liée aux propriétaires fonciers à travers le grand commerce extérieur et au capital étranger à travers les banques, la misérable bourgeoisie retardataire des pays latino­-américains a été incapable de résoudre un problème quelconque, Elle n’a pas réussi à intégrer dans le circuit de production capitaliste les larges communautés d'indiens et de nègres qui forment autant d'îlots arriérés sur tout le continent. Elle n'a pas pu arracher ces pays à la servitude de la monoculture qui les expose aux pires secousses des crises économiques mondiales. Elle n'a pas réussi à s'opposer sérieusement à l'impérialisme et lui a fourni depuis un siècle, dans ses différentes cliques politiques, mille et un agents serviles. Elle n'a pas réussi à unifier dans une seule nation latino‑américaine ces différents pays d'une même langue et d'une économie complémentaire dont la division et les querelles mutuelles sont autant d'éléments d'asservissement des peuples et de renforcement du capital international.

Dans tous les pays latino‑américains le poids du prolétariat, dépasse de loin celui de la bourgeoisie nationale. Voués à une existence souvent intolérable (mineurs, ouvriers, agricoles), ces prolétaires se dressent périodiquement dans des mouvements révolutionnaires d'une violence farouche et désespérée. Effrayée par la force élémentaire du mouvement des masses, la bourgeoisie se trouve invariablement forcée d'instaurer des régimes dictatoriaux, après des intermèdes démocratiques (Cardenas, A.P.R.A., Bettancourt) pendant lesquels elle utilise souvent le mouvement ouvrier comme un moyen de chantage et de pression sur l'impérialisme étranger. Entre cette bourgeoisie faible et hétérogène mais rapace, l'impérialisme étranger, une large couche de petits bourgeois et le jeune prolétariat grandissant en nombre et en confiance, l'État louvoie le plus souvent sous une forme bonapartiste sui generis.

C'est au jeune prolétariat latino‑américain, qu'incombe la tâche de résoudre les problèmes historiques que la bourgeoisie n'a pas dominés. La révolution bolivienne, les grandes grèves du Chili et du Brésil, la montée du mouvement ouvrier au Venezuela, les récentes journées sanglantes de Bogota ont prouvé que les masses laborieuses de l'Amérique latine ne sont plus prêtes à rester les victimes éternelles des marchandages capitalistes. Posant sa candidature au pouvoir, le prolétariat latino‑américain prendra la tête du mouvement national anti‑impérialiste et réunira autour de son programme d'émancipation nationale et sociale la petite bourgeoisie citadine appauvrie et les paysans prêts à se libérer des grands prolétaires. Son avant‑garde révolutionnaire apprendra à partir de toute crise sociale dans un pays déterminé, de tout conflit entre les masses et l'impérialisme, pour poser hardiment le programme des Etats-­Unis Socialistes Soviétiques d'Amérique latine, Le devoir du prolétariat américain consiste à l'assister de toutes ses forces. Au moment même où l'impérialisme yankee étend la main vers la domination mondiale, la base de sa puissance en Amérique latine sera ébranlée. Avant que les travailleurs des Etats‑Unis lui feront face dans des batailles décisives, il recevra les coups les plus imprévus des travailleurs au sud du Rio Grande.


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