1948

Manifeste du II° congrès de la IV° Internationale aux exploités du monde entier
Source : brochure IV° Internationale, 1948.

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Contre Wall Street et le Kremlin.

IV° Internationale

Pour le programme du « manifeste communiste ». Pour la révolution socialiste mondiale.


La « troisième force »

Pris entre la pression simultanée de l'impérialisme mondial de la bureaucratie stalinienne, les tristes héros de la social‑démocratie se distinguent par l'affolement traditionnel des petits‑bourgeois effrayés. En parole, cet affolement s'exprime par une délimitation envers les deux puissances qui se disputent aujourd’hui le monde. En fait, discours et articles en faveur d'une troisième force ne sont qu'un brouillard artificiel qui couvre l'engagement effectif des chefs réformistes dans l'un des camps en présence. Les Moch et les Van Acker brisent les grèves au profit du patronat, Flerlinger et les Cieranklevitch sont les complices des staliniens pour supprimer les dernières libertés ouvrières. Cette contradiction fondamentale de la "troisième force" a fait éclater le terne "comité d'information" des partis socialistes. Aujourd'hui, Washington et Moscou ont chacun "leurs" socialistes, comme les monarques avaient "leurs" jésuites et les princes médiévaux leurs bouffons.

De même que la guerre prend aujourd’hui une forme de plus en plus totalitaire, le processus de préparation de la guerre comporte de plus en plus l'établissement d'un contrôle absolu sur le mouvement ouvrier. L'impérialisme américain arrive à ses fins en s'appuyant à la fois sur le pape et sur la social‑démocratie. Sous sa généreuse protection "se regroupent" aussi messieurs les invalides du mouvement ouvrier, unis par une même peur aveugle de Staline et une même acceptation de fait de la domination yankee en tant que "moindre mal". Tandis que la panique des petits‑bourgeois renforce le front idéologique de Washington, des spécialistes moins délicats organisent la propagande du Plan Marshall, font expulser les "rouges" des usines et de l'administration publique et brisent l'unité syndicale. La social‑démocratie ne peut cependant accomplir ses tâches que parce que les crimes encore plus grands des staliniens renvoient périodiquement de nouvelles couches ouvrières vers elle. Face au bureaucratisme et à la corruption staliniennes, les réformistes ne représentent nullement une variété "démocratique" de la trahison, mais seulement une couche de bureaucrates plus intimement intégrés dans l'appareil de la bourgeoisie nationale.

Comme en 1919, les dirigeants sociaux‑démocrates essaient aujourd’hui d'endiguer la poussée instinctivement révolutionnaire des masses par le mythe de la "démocratie économique". Activement soutenus cette fois‑ci par les chefs staliniens, ils expliquent aux travailleurs que la révolution était inutile du moment qu'on pouvait occuper le ministère des Affaires économiques, nationaliser – avec de plantureuses indemnisations ! ‑ les houillères, établir des comités de cogestion et réaliser par la loi parlementaire d’autres réformes de structure. Après Hilferding qui voulait inscrire les soviets dans la Constitution bourgeoise de l'Allemagne, les Bevin et Morrisson proclament le progrès d'une économie "socialiste" dans le cadre de l'empire britannique.

Après la Première Guerre mondiale, le capitalisme put encore donner dans quelques pays historiquement avantagés la semaine de quarante‑huit heures et une législation sociale aux travailleurs afin de les détourner de la voie révolutionnaire. Aujourd'hui, les champions de la "démocratie économique" se chargent de faire accepter par les travailleurs la cynique surexploitation sur laquelle est basée toute la reprise économique en Europe. La politique du gouvernement travailliste est l'expression la plus nette de cette mission contemporaine de la bureaucratie ouvrière : permettre la reconstruction avec la sueur des travailleurs du capital préalablement détruit avec leur sang.

La politique honteuse d'intégration complète des dirigeants réformistes dans les campagnes de reconstruction et de réar­mement idéologique et matériel du grand capital ne peut que provoquer chaque fois à nouveau le mécontentement et la révolte de la base ouvrière socialiste, spécialement de la jeunesse. Aujourd’hui, le stalinisme est incapable d'attirer ces couches de travailleurs, se trouvant à la recherche d'un nouveau pôle d'attraction. Restant fermement attachés à leur programme qui est seul capable d’offrir une voie nouvelle aux jeunes générations ouvrières, les partis de la IV° Internationale abordent sans prévention ni sectarisme ces courants se détachant de la social‑démocratie. Par une collaboration active et une éducation patiente et fraternelle, ils les amèneront à travers leurs propre expérience à surmonter toutes les contradictions du centrisme et à adhérer à l'organisation et aux principes du bolchevisme‑léninisme.


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