1948

Manifeste du II° congrès de la IV° Internationale aux exploités du monde entier
Source : brochure IV° Internationale, 1948.

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Contre Wall Street et le Kremlin.

IV° Internationale

Pour le programme du « manifeste communiste ». Pour la révolution socialiste mondiale.


La lutte pour le programme de transition

L ‘expérience nécessaire pour devenir la réelle direction révolutionnaire du prolétariat, les cadres de la IV° Internationale ne l'acquièrent que par une participation inlassable et organisée dans toutes les luttes et dans tous les mouvements des masses, véritable école de stratégie de la lutte des classes. Pour cette participation, la IV° Internationale se trouve armée de son programme de transition, somme de l'enseignement de toutes les luttes ouvrières passées.

L'activité de la IV° Internationale vise d'abord à exprimer clairement et consciemment les aspirations profondes mais confuses des masses exploitées. Que celles‑ci se dressent contre les méfaits de l'inflation ou du chômage, que le poids des guerres ou de l’oppression nationale leur semble insupportable, qu'elles réclament la paix, plus de pain ou plus de liberté, la IV° Internationale est à leurs côtés, stimulant leur esprit critique, aiguillant leur mécontentement sur la voie de la conscience socialiste, éduquant, organisant et dirigeant les exploités pour qu'ils passent d'une révolte latente contre les effets du régime à une révolte ouverte contre la cause de leurs maux, le capitalisme décadent.

Face à toute préoccupation ou à toute revendication des masses, la IV° Internationale lance les mots d'ordre appropriés pour les mobiliser en vue de résoudre les problèmes qui les agitent. C'est pourquoi la IV° Internationale combat de toute ses forces le scepticisme, le fatalisme et la passivité comme les pires freins du développement de la conscience de classe du prolétariat. C'est pourquoi elle explique toujours à nouveau que toutes les décisions sur les questions vitales qui se posent devant la classe ouvrière dépendent en dernière analyse du choc vivant entre les classes dans lequel le prolétariat peut remporter la victoire à l'usine comme dans la rue.

Aujourd'hui, le capitalisme ne peut plus vivre qu'en alourdissant sans cesse le fardeau de misère qui écrase les masses laborieuses. Déflation et inflation ; politique des prix et politique d'impôt ; campagne d'exportation et restriction de consommation ravitaillement insuffisant et surproduction ‑ c'est dans tous les pays, sous différentes formes successives, une seule et même attaque contre le pouvoir d'achat des masses. Garantir un minimum vital, basé sur les besoins de consommation des familles ouvrières, à travers un système d'échelle mobile des salaires, des traitements, des allocations, des pensions et des assurances sociales, tel est l'objectif que les sections de la IV° Internationale proposent aux luttes ouvrières. L'exemple du Japon, de la Corée, de l'Italie, et des Etats‑Unis a clairement démontré que ce mot d'ordre est déjà assimilé par des millions de travailleurs qui ont déclenché des grèves grandioses pour en arracher la conquête.

Au milieu de la sous‑consommation générale des trois‑quarts de l'humanité apparaissent déjà partout des signes de pléthore capitaliste Aujourd'hui encore menace secondaire, le chômage pèsera, demain comme charge principale sur le prolétariat, Avertissant constamment les masses de la crise qui, inévitablement, approche, la IV° Internationale appelle les travailleurs à la lutte pour la réouverture forcée des entreprises fermées et pour leur remise en marche sous gestion ouvrière, pour la diminution progressive des heures de travail sans diminution du salaire global ; pour le blocage des licenciements et le partage du travail existant parmi tous les travailleurs auxquels reste garanti le minimum vital.

Cependant, les questions des prix, des salaires, des bénéfices, du chiffre d'affaire et du nombre de salariés, dépendent de toute la vie économique du pays. S'ils désirent effectivement s'attaquer au problème du pouvoir d'achat et du plein emploi, les travailleurs ne peuvent laisser au patronat ou à son gouvernement le soin de déterminer l'index du coût de la vie ou les modalités d'embauchage et de débauchage. C'est pourquoi aucun des mots d'ordre précédents n'a de valeur s'il n'est lié à celui du contrôle ouvrier. Les sections de la IV° Internationale ne perdent aucune occasion pour éveiller la méfiance des travailleurs dans la bonne foi et la compétence des capitalistes et de leur Etat. Il faut que les ouvriers puissent ouvrir les livres de comptes ; qu'ils puissent saisir sur le vif le véritable fonctionnement de l'économie capitaliste ; qu'ils puissent jeter un regard sur tout le mécanisme d’exploitation et le gaspillage sordide qui expliquent leurs propres privations. C'est à cette condition seulement que la lutte pour les objectifs économiques immédiats devient effectivement un pont vers la mobilisation révolutionnaire du prolétariat contre le capitalisme.

Après l'expérience de la grande crise économique, du chômage massif, du marché noir, la grande masse des travailleurs comprend aujourd'hui qu'aucun degré de sécurité économique n'est compatible avec le maintien de la propriété privée des moyens de production. La domination de l'économie de toutes les nations par un groupe restreint de monopoleurs est devenue aujourd'hui un lieu commun. Cependant, face aux expériences des nationalisations bourgeoises, en premier lieu celles de l'Angleterre et de la France, il est nécessaire d'expliquer à nouveau que la revendication révolutionnaire de l'expropriation des banques et des industries­-clés se distingue fondamentalement des misérables rafistolages réformistes du capitalisme décadent. Exiger que les nationalisations se fassent sans indemnisation aucune, à l'exception des petits actionnaires, exiger le contrôle ouvrier dans les entreprises nationalisées ; exiger le rassemblement de toutes les industries expropriées dans le cadre d'un plan de reconstruction établi et exécuté par les comités ouvriers ; et lier la lutte pour ces nationalisations à la lutte pour le gouvernement ouvrier et paysan, c'est opposer, à la volonté tenace de la bourgeoisie de maintenir sa, domination sous une forme modifiée, le programme de la transformation communiste et révolutionnaire de la société.

L'époque du capitalisme décadent est également l'époque de la paupérisation constante des classes moyennes. Distinguant soigneusement entre les couches d'exploiteurs et les couches exploitées de la petite bourgeoisie citadine ou paysanne, les sections de la IV° Internationale lancent les mots d'ordre appropriés pour cimenter dans l'action l'union des masses laborieuses contre le grand capital. A l'opposé des partis staliniens et réformistes, pour qui " l'alliance " avec les classes moyennes est un prétexte bon marché pour abandonner le programme prolétarien révolutionnaire afin de s'allier aux dirigeants et partis qui trahissent en fait les intérêts de la petite bourgeoisie les sections de la IV° Internationale s'appuient sur le mécontentement profond des couches moyennes particulièrement frappées (fonctionnaires aux salaires de famine, paysans sans terre, artisans écrasés par les impôts, petits commerçants ruinés, etc,), pour guider leur désir de bouleversement social dans la voie socialiste. C'est le plus sûr moyen d'éviter, dans des pays comme l'Italie, le Japon ou la France, le développement de nouvelles organisations semi‑fascistes s'appuyant sur le désespoir des classes moyennes.

Toutes les questions économiques, syndicales et sociales sont aujourd'hui des questions politiques. Tout ce que le prolétariat peut, par la grève, arracher au patronat lui est enlevé systématiquement par le gouvernement qui, quelle que soit sa forme, reste le véritable conseil d'administration de la classe dirigeante. C'est pourquoi le gouvernement de la bourgeoisie, que ce soit un gouvernement réactionnaire ou un gouvernement de coalition des dirigeants "ouvriers" avec les partis bourgeois, la IV° Internationale oppose le gouvernement des ouvriers et des paysans .

A la propagande inlassable pour ce mot d'ordre, s'ajoute, au moment des crises gouvernementales violentes ou des combats généralisés de la classe ouvrière, une agitation précise à l'adresse des partis qui se réclament de la classe ouvrière et dans lesquels les masses placent encore leur confiance. A ces partis, la IV° internationale lance l'appel : "Rompez avec la bourgeoisie ! Prenez le pouvoir  ! ", afin d'appliquer un véritable programme ouvrier avec l'appui des masses mobilisées et sous leur contrôle.

Il ne suffit cependant pas que les partis "ouvriers" soient seuls au gouvernement pour constituer vraiment un gouvernement ouvrier. Il faut encore un programme véritablement anticapitaliste la mobilisation révolutionnaire des masses, débordant les cadres de la légalité bourgeoise. Là se pose la question de l'État. Les ministres travaillistes britanniques, scandinaves ou australiens n'ont que l'illusion du pouvoir. Le véritable pouvoir reste entre les mains de la bureaucratie administrative aux ordres des tout‑puissant monopoleurs. Les gouvernements changent, mais la police, les généraux, les juges 'et les hauts fonctionnaires, toute la bureaucratie au service de la bourgeoisie restent inamovibles. Cet obstacle ne peut être brisé que par la création du pouvoir réel des masses organisées dans des comités d'usine, de quartier, de village.

Le coût de cette bureaucratie d'Etat avec ses budgets militaires, son gaspillage et ses fraudes écrase toujours davantage le économies nationales exsangues et est la source principale de l'inflation qui dévore les revenus des petites gens. Reprenant l'exemple incomparable d'agitation révolutionnaire posé par Lénine, la IV° Internationale dénonce sans cesse le caractère oppresseur, exploiteur et parasitaire de l'Etat bourgeois. Partant de mille incidents concrets, elle lui oppose constamment l'Etat bon marché, l'État dans lequel la machine bureaucratique a été totalement brisée et où les fonctions exécutives passent entre les mains de l'ensemble de la population laborieuse : l’Etat prolétarien, l’Etat des conseils, l’Etat de la Commune et de la révolution d’Octobre.


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